Le protestantisme ne possède pas les notes de la vraie Eglise de Jésus-Christ

Le protestantisme ne possède aucune des notes à laquelle on reconnaît la véritable Eglise du Christ: il n’a ni l’unité, ni la sainteté, ni la catholicité, ni l’apostolicité. Puisse ce texte éclairer les malheureux protestants égarés et faciliter “leur retour au bercail du Sauveur, qui seul est la Voie, la Vérité et la Vie, et qui désire si ardemment qu’il n’y ait qu’un troupeau sous la houlette d’un même pasteur.”


“Il n’est plus guère de nos jours qu’une hérésie importante : le protestantisme. On comprend sous ce nom générique tout ce qui, se rattachant à la révélation chrétienne, proteste contre l’autorité de l’Eglise catholique romaine, et en appelle à l’Ecriture comme à l’unique source de la vérité révélée. En réalité, le protestantisme n’est pas une religion déterminée. Les sectes sans nombre qui portent cette dénomination ne possèdent entre elles d’autre lien qu’un même nom négatif, qui convient à toute hérésie; elles n’ont d’autre principe de vie que les dogmes et les préceptes qu’elles ont conservés de l’Eglise catholique, dont elles se sont séparées. (…)

I. Le protestantisme manque absolument d’unité, dans la doctrine, dans le ministère et dans le gouvernement

A. IL N’A PAS L’UNITÉ DE DOCTRINE

a. Les premiers fondateurs du protestantisme furent, dès l’origine, en plein désaccord entre eux en matière de croyance, et ces divergences doctrinales ne firent que s’accentuer toujours davantage. Chez leurs disciples, elles se multiplièrent au point que l’on put dire, presque à la lettre, que la diversité des croyances égalait celle des individus : quot capita, tot sensus. Luther lui-même en faisait l’aveu dès l’année 1525 : « Il y a presque autant de sectes et de croyances que de tètes, écrivait-il : celui-ci ne veut pas du baptême, celui-là rejette le sacrement de l’autel, cet autre place un monde entre le monde actuel et le jour du jugement, quelques-uns enseignent que le Christ n’est pas Dieu. Il n’est pas d’individu, si grossier soit-il, qui ne se prétende inspiré du Saint-Esprit, et qui ne donne pour prophéties ses imaginations et ses rêves (1) . »

Le nombre des sectes qui se sont affranchies de toute dépendance les unes envers les autres augmente chaque jour. D’après des rapports officiels, il y en avait, il y a peu d’années, dans les Etats-Unis d’Amérique, 56 principales; en y ajoutant les sectes secondaires, on arrivait au nombre de 288; dans la seule ville de Londres et ses environs, on trouve plus de cent sectes diverses. Dans chaque secte, les professions de foi se succèdent comme les feuilles sur les arbres ; aussi un ministre protestant de Kiel, Harms, a dit qu’il se faisait fort d’écrire sur l’ongle de son pouce toutes les doctrines encore admises d’une manière uniforme parmi les protestants.

b. Non seulement les premiers réformateurs étaient loin de s’entendre sur les croyances religieuses, mais chacun d’eux changeait sans peine son propre enseignement, rejetant ou acceptant tour à tour les mêmes points, selon les besoins du moment. Luther alla jusqu’à menacer plus d’une fois les siens de rétracter toutes ses innovations, s’ils persistaient à lui susciter des embarras. D’après Mélanchthon, le plus modéré des apôtres de la Réforme, « les articles de foi doivent être souvent changés, et être calqués sur les temps et sur les circonstances. »

c. Ces variations dans la crovance, tant chez les fondateurs du protestantisme que chez leurs adeptes des temps postérieurs, ne peuvent étonner personne : elles sont la conséquence nécessaire de la règle même de foi du protestantisme, c’est-à-dire du principe qui détermine et fixe les croyances. En effet, les protestants rejettent le principe catholique de l’autorité de l’Eglise, divinement chargée de déterminer quelles sont les Ecritures inspirées et les Traditions authentiques, et de les interpréter d’une manière infaillible. D’après eux, c’est la Bible, seule, interprétée par raison individuelle, qui doit faire connaître à chacun ce qu’il est tenu de croire. On devine aisément les conséquences inévitables d’un principe aussi dissolvant. Les protestants sont vite arrivés à rejeter comme apocryphes plusieurs livres de l’Ancien et même du Nouveau Testament, et déjà Bossuet a pu écrire le chef-d’oeuvre intitulé : L’histoire des variations protestantes (2). Bien plus, beaucoup d’entre eux n’admettent plus même la divinité de Jésus-Christ.

d. Le culte n’étant que l’expression de la foi, et la diversité des croyances entraînant nécessairement la diversité des rites et cérémonies religieuses, il devait s’introduire dans le protestantisme une grande variété de pratiques, par rapport aux sacrements, au sacrifice et aux prières. Ainsi les uns admettent tel sacrement, les autres le rejettent, et parmi ceux qui l’admettent, les uns l’entendent d’une façon, les autres d’une autre. Luther, par exemple, réduisit le nombre des sacrements de sept à deux. Encore, suivant la notion luthérienne, ne produisent-ils pas la sanctification intérieure : la justification consiste en ce que le péché est, non pas effacé, mais simplement couvert par la foi aux mérites de Jésus-Christ. Quant à l’Eucharistie, les uns affirment la présence réelle de Jésus-Christ dans la sainte Hostie, les autres n’y voient qu’une figure.

Ne pouvant se dérober à la clarté des textes sacrés qui affirment cette présence, Luther voulut cependant altérer profondément ce dogme catholique : d’après sa nouvelle doctrine, le corps et le sang de Jésus-Christ ne deviennent pas présents par la conversion des éléments du pain et du vin, par la transsubstantiation, mais ils se trouvent là avec et sous le pain et le vin. De plus, selon lui, Jésus-Christ n’est présent qu’au moment où l’on reçoit l’Eucharistie : ce sacrement, dit-il, n’a été institué que pour l’usage, et nullement pour être en même temps comme un vrai sacrifice extérieur. A ses yeux, la messe est une abominable idolâtrie. Non moins nombreuses sont les variétés relatives à la manière d’administrer les sacrements. — Enfin, les uns prient pour les morts, et les autres ne le font pas : et tandis que tous les catholiques prient les uns pour les autres, et aussi pour les hérétiques, les schismatiques, les juifs et les infidèles, on ne voit rien de semblable dans les sectes dissidentes (3).

REMARQUE. Nous reconnaissons que, en réalité, la plupart des protestants obéissent à tout ministre qui a l’art de se faire écouter, et dont l’opinion réunit un certain nombre de suffrages. Mais, outre qu’une telle autorité est purement humaine, outre qu’elle est contraire au principe fondamental du protestantisme, à l’interprétation privée de la Bible, il est impossible d’échapper ainsi à la diversité des croyances. Pourquoi donc les ministres s’accorderaient-ils mieux entre eux que les simples fidèles? Il est encore vrai que, pour conserver une ombre d’unité, certains protestants ont eu recours à des formules de foi, à
des symboles ou à des décrets synodaux. Déjà Luther, allant directement contre sa règle de foi fondamentale, avait composé un catéchisme obligatoire. Bien plus, il osa écrire ces paroles, et d’autres semblables : « Il n’y a pas d’ange dans le ciel et moins encore d’homme sur la terre, qui puisse et qui ose juger ma doctrine. Quiconque ne l’adopte pas ne peut être sauvé; quiconque croit autre chose que moi est destiné à l’enfer. » « Celui qui ne reçoit pas ma doctrine ne peut parvenir au salut. » (Sammtl Werke, t. XXVIII, p. 144.) Est-il possible de contredire plus formellement le principe du libre examen? Dans de pareilles conditions, il eût mieux valu, se sont dit avec raison bon nombre de protestants, demeurer soumis à la grande et séculaire autorité de l’Eglise romaine.

CONCLUSION. On le voit, l’absence de l’unité de foi est, chez les protestants, une plaie absolument incurable. Il y a des sectes protestantes; il n’y a pas, il ne peut pas y avoir d’Eglise protestante, puisqu’il n’y a point de foi commune, point d’unité doctrinale.

B. LE PROTESTANTISME N’A PAS L’UNITÉ DE MINISTÈRE OU DE GOUVERNEMENT.

Chaque secte, par cela seul qu’elle professe une croyance à part, est indépendante de toutes les autres ; d’ailleurs, en fait, les ministres de l’une n’ont pas le droit de s’ingérer dans le gouvernement des autres. Bien plus, dans chaque communion déterminée, les ministres sont indépendants entre eux. C’est, en effet, un des principes protestants, que chacun exerce légitimement le ministère, pourvu que dans cet exercice il ne s’écarte pas de la doctrine des articles fondamentaux. Mais, encore une fois, ces articles fondamentaux, qui donc a l’autorité requise pour les définir? Ajoutons que, selon Luther, tous les fidèles sont prêtres (4).

II . Le protestantisme n’a pas la sainteté

A. NI DANS SES FONDATEURS.

1. L’histoire nous montre dans Luther un homme violent, adonné aux excès de la table, foulant aux pieds les engagements les plus sacrés ; dans Calvin, un impudique cruel et vindicatif; dans Zwingle, un libertin, comme il l’avoue lui-même; dans Henri VIII, un adultère et un débauché. On ne pourrait, sans scandale, exposer les moeurs et les sentiments particuliers de Luther, tels qu’ils se révèlent dans ses propres écrits. On peut lire ses luttes contre le diable dans Dôllinger : La Réforme, t. III, p. 257.

2. Ces réformateurs autorisaient chez leurs adeptes les choses les plus révoltantes. Luther n’ose pas déclarer dans
ses sermons que la polygamie est défendue ; aussi est-il allé jusqu’à permettre la bigamie au landgrave Philippe de Hesse ;
sept autres réformateurs confirmèrent cette permission, et Mélanchthon assista à cette union criminelle.

3. Dans leurs écrits et leurs paroles ils montraient un caractère emporté, un coeur corrompu et un orgueil farouche; la moindre résistance suffisait pour leur faire vomir des flots d’injures et de blasphèmes; à cet égard, le langage de Luther en particulier est parfois d’une grossièreté si révoltante, qu’il inspire un insurmontable dégoût. Voyez Janssen et Audin, ouvrages cités; voyez aussi, au ch. IV de la 2e partie, ce que nous disons de l’intolérance protestante.

B. NI DANS SA DOCTRINE MORALE.

D’abord le protestantisme n’a pas plus de morale commune et obligatoire pour tous, qu’il n’a de croyance commune et s’imposant à tous. Selon lui, l’Ecriture est la seule règle de morale, comme elle est la seule règle de croyance; or, si chaque protestant peut et doit interpréter l’Ecriture suivant les lumières de sa raison, chacun, par conséquent, peut se faire sa morale à soi-même, sans que personne ait rien à y voir. Il est même permis à chacun de changer de morale, suivant les dispositions toujours variables de son esprit. Ce que je crois trouver aujourd’hui dans l’Ecriture, il se peut que je ne l’y voie plus demain, et ma pratique changera avec mes idées personnelles.

Bien plus, s’il en croit les fondateurs de la Réforme, le protestant n’est pas même obligé de pratiquer ce qu’il a lu dans l’Ecriture de la manière la plus claire. En effet, ces novateurs affirmaient que les bonnes oeuvres sont inutiles et même nuisibles au salut; que la foi suffit pour nous rendre amis de Dieu; que l’homme, une fois justifié devant Dieu, est sur d’être sauvé, quelque crime qu’il commette ensuite; qu’il est même dans l’impossibilité de pécher, puisqu’il n’a plus le libre arbitre. Luther et Calvin vont en réalité jusqu’à nier l’existence du libre arbitre dans l’homme; le premier a écrit un livre qu’il a intitulé : Du Serf arbitre, c’est-à-dire du servage de la volonté. Ce livre peut se résumer en cette phrase : « Dieu fait en nous le mal comme le bien, et de même qu’il nous sauve sans mérite de notre part, il nous damne aussi sans qu’il y ait de notre faute… Tout ce que nous faisons est fait non librement, mais par pure nécessité. » (OEuvres de Luther t. II, p. 435). Calvin tient le
même langage : « Pour des raisons incompréhensibles, dit-il, Dieu excite l’homme à violer ses lois; ses inspirations poussent au mal le coeur des méchants; l’homme tombe parce que Dieu l’a ainsi ordonné. » (Instit. chrét. 1. VII, ch. XIII. ) « Dieu, dit Zwingle, est le premier principe du péché. C’est par une nécessité divine que l’homme commet tous les crimes. » (De Provid. Ep.,1. 1e r , p. 355).

Empruntons encore quelques textes à Luther; ils en disent plus que tous les raisonnements. « Combien est riche le chrétien! quand même il le voudrait, il ne pourrait être déshérité du ciel par n’importe quelle souillure; ne pas croire au Fils de Dieu, voilà ce qui seul est péché en ce monde. Crois donc et sois assuré de ton salut. » (Luther, de Captiv. BabyL) « Il n’est pas de scandale plus dangereux, plus venimeux, que la bonne vie extérieure manifestée par les bonnes oeuvres. Les âmes pieuses qui font le bien pour gagner le royaume des cieux, non seulement n’y parviendront jamais, mais il faut même les compter parmi les impies. » (OEuvres de Luther, t. VI, p. 160.) « L’Evangile ne nous demande pas nos oeuvres pour notre justification; au contraire, il condamne ces oeuvres. » « Le meurtre, le vol, ne sont pas des péchés aussi grands que de vouloir pénétrer dans le ciel avec les bonnes oeuvres, qui sont ce qu’il y a de plus préjudiciable au salut. » (Sermons inédits publiés par Mack).

L’inutilité des bonnes oeuvres, également enseignée par Calvin, en plus de quinze endroits de son Institution chrétienne, découle de l’idée que les novateurs se faisaient de la justification. Lorsque l’homme est justifié, disaient-ils, aucun changement intérieur ne s’opère en lui; tout se réduit à une imputation gratuite et extérieure de la justice de Jésus-Christ. Le chrétien devient juste, parce que Dieu consent à le regarder comme couvert du manteau d’innocence de son Fils. La moralité de la conduite n’entre pour rien dans les conditions de l’amitié divine ; le péché importe peu, pourvu que la foi subsiste. « Sois pécheur et pèche fortement, écrit Luther à son ami Mélanehton… Il faut pécher aussi longtemps que nous sommes en ce monde;…le péché ne peut nous séparer de Dieu, dussions-nous commettre par jour mille adultères et autant d’homicides. »
Voici le texte latin : « Esto peccator et pecca fortiter, sed fortins fide, et gaude in Christo qui victor est peccati, mortis et mundi. Peccandum est quamdin hic sumus. Sufficit quod agnovimus per divitias Dei Agnum qui tollit peccata mundi : ab hoc non auellet nospeccatum, etiamsi millies st millies uno die fornicemur, et occidamus. » (Lutheri ep. a Joh. aurifabro collata, Jena, 1556. t. l , p . 545).

Une semblable doctrine renverse évidemment le principe même de la moralité. Si elle était vraie, Jésus-Christ, au lieu d’être venu sur la terre pour nous délivrer du péché et pour nous apprendre, par sa parole et ses exemples, à pratiquer toutes les vertus, même les plus héroïques, serait mort pour nous donner la liberté de vivre impunément dans le crime (5) !

C. NI DANS L’INFLUENCE QU’IL A EXERCÉE SUR LES MOEURS.

On devine sans peine où devait aboutir une doctrine qui, en définitive, met sur la même ligne Marat et S. Vincent de Paul. Pourquoi l’homme se gênerait-il; pourquoi ne lâcherait- il pas la bride à ses passions? On ne peut donc s’étonner de voir, après quelques années seulement, Calvin écrire que « parmi cent évangéliques, on en trouve à peine un seul qui se soit fait évangélique, par un autre motif que pour pouvoir s’abandonner avec plus de liberté à toutes sortes de voluptés et d’incontinences. » Luther lui-même ne tarda pas à être épouvanté du fruit de son enseignement. « Peu s’en faut, dit-il, que notre Allemagne, depuis qu’elle a vu la lumière de l’Evangile, ne paraisse possédée du diable;…. la crainte de Dieu a disparu; c’est un déluge de tous les vices. » (Comment, in II Pétri, 2). « Ils prennent l’Evangile pour une doctrine gastronomique qui enseigne à s’enivrer et à crever de manger. C’est la manière actuelle de voir de tout le monde indistinctement. » « Qui d’entre nous se fût mis à prêcher, si nous avions prévu qu’il en résulterait tant de calamités et de scandales? A présent que nous avons commencé, il faut bien que nous en subissions les conséquences. » (OEuvres de Luther, éd. de Walch, Halle, 1737-53). « J’en conviens, dit-il ailleurs…, ma doctrine a donné lieu à bien des scandales. Je ne nierai même pas que le nouvel état de choses me fait souvent trembler, surtout lorsque ma conscience me reproche d’avoir porté atteinte à l’ancien ordre de l’Eglise, qui était si tranquille, si paisible sous la papauté, et d’avoir fait naître, par mes doctrines, la discorde et le trouble. »
(OEuvr. t. 2, p. 387) (6).

Ces aveux que nous pourrions multiplier, et que l’on trouvera dans L’ Allemagne et la Réforme, du Dr Janssen, montrent que Dieu n’était pas avec ceux qui prétendaient réformer l’Eglise romaine. Tandis que, dès l’origine, les sectes réformées encouraient ces reproches amers et mérités, les Pères du concile de Trente, assistés de l’Esprit-Saint remédiaient efficacement, par des règlements pleins de sagesse et de circonspection, aux abus qui s’étaient introduits dans la discipline ecclésiastique(7).

III . Le protestantisme n’a pas la catholicité

Il est trop évident que le protestantisme n’a l’universalité ni dans le temps ni dans l’espace. D’abord il n’a commencé qu’au XVIe siècle; puis, dans les contrées où il est parvenu à s’introduire, s’il porte un nom générique, il est, en réalité, fractionné en une multitude de sectes parfaitement indépendantes les unes des autres, séparées même par leurs noms spécifiques et ennemies acharnées, n’ayant souvent d’autre lien que leur haine commune contre l’Eglise catholique. Comment formeraient elles une seule religion, alors qu’il n’y a et qu’il ne peut y avoir aucun corps de vérités uniformément enseignées partout?L’uniformité des croyances serait d’ailleurs le renversement de son principe fondamental : la Bible librement interprétée par chacun. Enfin, non seulement aucune des fractions du protestantisme n’approche du nombre des fidèles de l’Eglise romaine, mais la somme totale des adhérents aux sectes réformées est bien loin d’atteindre ce chiffre.

IV. Le protestantisme n’a pas l’apostolicité

A. IL NE L’A POINT PAR SA DOCTRINE

Nous l’avons surabondamment prouvé où est la doctrine apostolique imposée à la croyance de tous? Evidemment les apôtres
n’ont pas reçu de Jésus et transmis à leurs successeurs toutes les opinions diverses, et souvent contradictoires, qui divisent les sectes protestantes entre elles.

B. IL NE L’A PAS DAVANTAGE PAR SON GOUVERNEMENT OU SON MINISTERE

Comment les fondateurs du protestantisme pourraient-ils tenir leur autorité des apôtres, eux qui se sont révoltés contre les successeurs des apôtres? A la vérité, Luther, Calvin et les autres chefs du protestantisme, sentant le besoin de justifier leur révolte, prétendirent avoir reçu des apôtres ce qu’ils appelaient leur mission réformatrice ; mais pour être autorisé à changer ou à perfectionner une oeuvre divine, il faut plus qu’une affirmation. Jésus- Christ lui-même a cru devoir donner des preuves abondantes de sa mission. Les réformateurs auraient dû présenter au moins quelques miracles, pour s’accréditer auprès
des peuples. Luther sentit bien la nécessité où il se trouvait de donner cette preuve. De là son embarras extrême. Tantôt il disait tenir sa mission du magistrat de Wittemberg, tantôt de sa dignité de docteur. Dans l’espace de vingtquatre
ans, il changea quatorze fois d’avis sur ce point (8). La vérité est que personne n’a reçu et que personne ne recevra jamais pareille mission : nous avons vu que les apôtres ont expressément reçu l’ordre d’enseigner aux hommes à garder tout ce que Jésus-Christ leur a confié ; et S. Paul a lancé lanathème contre quiconque oserait transmettre une autre doctrine que celle des apôtres. Il reste donc avéré que c’est de leur autorité privée que se sont arrogé leur prétendue mission, et l’Eglise de Jésus- Christ est en droit de leur dire : « Vous n’êtes que d’hier et je ne vous connais pas. »

Quant aux anglicans, il est certain que leurs évêques ne possèdent ni le pouvoir d’ordre, ni le pouvoir de juridiction (9). Nous avons vu que la juridiction se transmet par l’autorité qui en est investie, et d’après les règles canoniques en vigueur à l’époque de sa transmission. Or, à qui succèdent les ministres protestants? De qui et comment ont-ils reçu la juridiction? Certes, ce n’est pas davantage de ceux de leurs évêques qui ont abandonné le catholicisme pour embrasser la Réforme. Ceux-là tenaient, il est vrai, leur juridiction de l’Eglise romaine. Mais les sujets que Rome leur avait confiés, Rome les leur a ôtés; c’était son droit de faire l’un comme l’autre.

CONCLUSION. Le protestantisme n’a donc aucune des notes caractéristiques dont le Sauveur a marqué son oeuvre ; il n’est donc point l’édifice bâti par la main divine pour abriter les élus durant leur passage sur la terre.”


Source : Cours d’apologétique chrétienne ou exposition raisonnée des fondements de la foi ( Tome 2) – P.W DEVIVIER S.J. 19 ème édition revue et augmentée. 1904
CHAPITRE LE PROTESTANTISME NE POSSÈDE POINT LES NOTES DE LA VRAIE ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST

Notes:

(1) Janssen, An meine Kritiker, p. 181.

(2) Etudes, 20 Janv. 1905, L’histoire du Protestantisme, par Yves de la
Briérc, p. 248.

(3) Voyez Lacordaire, 27e conf.

(4) V. Janssen, Luther jugé par lui-même, t. 2, p. 104.

(5) Est-il étonnant que beaucoup de protestants de nos jours ne puissent supporter les enseignements des fondateurs de la Réforme, et qu’ils réclament l’observation du décalogue? A leurs yeux comme aux yeux de tout homme de bon sens, les bonnes oeuvres sont une condition nécessaire du salut, parce qu’elles sont l’indice d’une foi véritable, qui, selon eux, justifie réellement.

(6) V. Lacordaire, 23^ conf.

(7) V. Janssen, Luther jugé par lui-même, t. 2, p. 182.

(8) V. Dôllinger : La Réforme, t. 3, trad. Perrot, p. 199.

(9) Voyez la Lettre Apostolique de Léon XIII sur la nullité des ordinations
anglicanes (1895). Cette lettre, dans laquelle le Saint-Père motive
par de puissantes raisons sa sentence définitive, met fin pour les catholiques
à la discussion sur la valeur des ordinations anglicanes. Puissent
nos frères séparés être frappés de l’idée qu’ils n’ont ni vrai sacerdoce, ni
sacrifice, ni présence réelle de Jésus-Christ, ni absolution valide; puissent-
ils répondre au pressant appel du suprême Pasteur des âmes, et
revenir au centre de l’unité catholique !