« Vous serez appelés papistes, cléricaux, rétrogrades, intransigeants : soyez-en fiers ; on ne doit pas céder là où il n’y a pas besoin de céder. » [1]
Mgr Giuseppe Sarto (futur Saint Pie X).
Précisons dans un premier temps que le mot “cléricalisme” est un néologisme qui peut prêter à équivoque. Pour comprendre le véritable sens de ce terme, on peut distinguer deux formes d’oppositions au cléricalisme. D’une part, un anticléricalisme social, visant à laïciser la société. Et d’autre part, un anticléricalisme ecclésiologique, visant à diminuer l’autorité du clergé. Le premier fut explicitement dénoncé par Pie XII, qui nous a mis en garde contre le danger de laïcisation de la société. [2] Le second fut implicitement condamné par saint Pie X qui nous a rappelé que l’Église est (et restera toujours), une société inégale. [3] Même si Bergoglio s’attaque le plus souvent au second, il n’en demeure pas moins favorable au premier (notamment lorsqu’il s’oppose à la création d’un état de confession catholique). [4] Dans cet article, nous montrerons que, conséquemment à l’apostasie progressive de la société, ces deux formes d’anticléricalisme bien distinctes ont réellement contaminé les esprits de la plupart des membres de la secte dirigée par Monsieur Bergoglio.
Le 4 mai 1877, lors d’un discours prononcé devant la chambre des députés, un futur Franc-maçon [5] du nom de Léon Gambetta a déclaré : « Le cléricalisme ? voilà l’ennemi ! » [6] Cette formule devenue tristement célèbre a malheureusement inspiré un certain Jorge Mario Bergoglio, qui, depuis bientôt 12 ans, se trouve à la tête du Vatican. En effet, depuis le début de son pseudo-pontificat, le prétendu « pape » François n’a eu de cesse de fustiger le cléricalisme qu’il considère à tort comme la cause de tous les malheurs de l’Église…
Par exemple, en mars 2016, Bergoglio affirmait que le cléricalisme annulerait la personnalité des chrétiens, diminuerait la grâce baptismale et freinerait l’onction de Dieu. [7] En mai 2016, il décrivait également le cléricalisme comme un danger et une attitude négative. [8] En décembre 2016, il désignait aussi le cléricalisme comme un grave mal dont le peuple serait toujours la victime. [9] En août 2018, il accusait en outre le cléricalisme d’être responsable des abus sexuels. [10] En février 2022, il définissait même le cléricalisme comme une perversion. [11] Et en août 2023, il insistait enfin sur la nécessité de rester vigilant face au cléricalisme. [12] En conséquence, l’anticléricalisme de Bergoglio a largement contaminé les diocèses de France, comme en témoigne le discours de certains pseudo-clercs modernistes…
Emmanuel Gobilliard : « Pour lutter contre le cléricalisme, nous devons considérer d’abord qu’il n’y a pas de vocation supérieure à une autre. » [13]
Yves-Marie Blanchard : « Je me permets de me placer sous l’autorité du pape François, qui ne cesse de dénoncer le cléricalisme, sans vergogne, ni timidité. Donc, je crois me permettre de le faire, sachant que d’autres, plus haut placés dans le magistère de l’Église, ne s’en privent guère. » [14]
En tout état de cause, l’enseignement de François semble visiblement faire plaisir aux anticléricaux ; au point même que Jean-Luc Mélenchon – dont l’appartenance à la Franc-maçonnerie n’est plus à démontrer – a commenté la publication de la pseudo-encyclique Fratelli Tutti en écrivant ce qui suit : « Ses mots ressemblent assez aux miens pour que j’en sois ému. » [15]
Notons en outre que l’anticléricalisme de Bergoglio est principalement lié à son obsession contre la tentation de la « rigidité » dont il ne cesse d’accuser l’Église. [16] Une prétendue « rigidité » qui n’existe que dans son imagination, puisque l’Église a toujours su faire preuve de miséricorde envers les pécheurs malgré l’intransigeance de sa morale…
Mgr Louis-Gaston de Ségur : « On confond d’ordinaire deux choses essentiellement distinctes : l’intolérance en fait de doctrine, et l’intolérance en fait de personnes ; et, après avoir tout mêlé, on fait l’indigné, on crie à la dureté, à la barbarie ! Si l’Église enseignait ce qu’on prétend qu’elle enseigne, oui, elle serait dure et cruelle, et l’on aurait grande peine à la croire. Mais il n’en est rien. L’Église n’est intolérante que dans la mesure juste, vraie, nécessaire. Pleine de miséricorde pour les personnes, Elle n’est intolérante que pour les doctrines. Elle fait comme Dieu, qui, en nous, déteste le péché et aime le pécheur. L’intolérance doctrinale est le caractère essentiel de la vraie Religion. La vérité, en effet, qu’elle est chargée d’enseigner, est absolue, est immuable. Tout le monde doit s’y adapter ; elle ne doit fléchir devant personne. Quiconque ne la possède point, se trompe. Il n’y a point de transactions possibles avec elle ; c’est tout ou rien. Hors d’elle, il n’y a que l’erreur. L’Église catholique seule a toujours eu cette inflexibilité dans son enseignement. C’est la preuve la plus frappante peut-être de sa vérité, de la divine mission de ses Pasteurs. Indulgente pour les faiblesses, elle ne l’a jamais été, elle ne le sera jamais pour les erreurs. « Si quelqu’un ne croit point ce que j’enseigne, dit-elle dans les règles de foi formulées par ses conciles, qu’il soit anathème ! » c’est-à-dire, retranché de la société chrétienne. La vérité seule parle avec cette puissance. » [17]
Pie XII : « La « nouvelle morale » affirme que l’Église, au lieu de promouvoir la loi de la liberté humaine et de l’amour, et d’insister sur celle-ci en tant que dynamique digne de la vie morale, s’appuie presque exclusivement et avec une rigidité excessive sur la fermeté et l’intransigeance des lois morales chrétiennes, en recourant souvent à des [formules comme] : « tu es obligé », ou : « ce n’est pas permis », qui ont trop le goût d’une pédanterie dévalorisante. […] Aussi, en prenant pour règle stricte les paroles du Christ et de l’Apôtre [Saint Paul], ne devrait-on pas dire que l’Église d’aujourd’hui est plus encline à la condescendance qu’à la sévérité ? De sorte que l’accusation de dureté oppressive, portée par la nouvelle morale contre l’Église, attaque en réalité d’abord et avant tout la personne adorable du Christ lui-même. » [18]
En résumé, de par son discours ouvertement anticlérical, Bergoglio sert incontestablement les intérêts de la franc-maçonnerie. Qu’il soit Franc-maçon (ou non) n’a guère d’importance. Le fait est qu’il utilise exactement le même langage que les ennemis de l’Église. En condamnant le cléricalisme, Bergoglio s’inscrit dans la continuité de Léon Gambetta.
De toute façon, si le cléricalisme désigne par définition une doctrine favorable à la prédominance du catholicisme dans la sphère publique, alors nous sommes fiers d’être cléricaux. Pourquoi notre religion aurait-elle vocation à rester confinée dans la sphère privée ? Notre Seigneur n’a-t-il pas déclaré : « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière, et ce qui vous est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits » ? (Matthieu 10 ; 27). Mais en fin de compte, la vrai question n’est-elle pas de savoir : de qui le cléricalisme est-il le véritable l’ennemi ?
Émile Verney : « Le cléricalisme, voilà votre ennemi déclaré, gens tarés et décriés, qui espérez faire oublier vos désordres et peut-être vos crimes, en attirant l’attention publique sur les défauts imaginaires et sur la perversité que vous prêtez gratuitement à ceux dont la vertu vous accuse. On connaît depuis longtemps la ruse des voleurs de foire qui crient les premiers : Au voleur ! pour mieux éloigner d’eux la police et les gendarmes. Le cléricalisme, voilà votre ennemi, esprits haineux et jaloux, qui ne pouvez supporter d’avoir des rivaux, et qui croyez que tout vous est dû. Vous ignorez que votre secret despotisme et votre sot orgueil font de plus en plus le vide autour de vous. […] Le cléricalisme peut-il vous aimer, vous tous qui ne rougissez pas d’inventer les plus odieuses calomnies pour paralyser dans les cœurs l’empire de la religion qui gêne vos scandales et vos sinistres projets ? Vous avez raison de le signaler comme votre ennemi, il l’est en effet, et personne, parmi nous, ne lui en fera un crime. Ne comptez pas sur l’estime ni sur l’affection du cléricalisme, conspirateurs ténébreux et hypocrites, qui souvent, pour mieux réussir dans vos machinations honteuses et sataniques, voulez paraître les protecteurs de la cause religieuse. On connaît vos ruses pénibles à avouer. Le cléricalisme n’a pas confiance en vous ; n’a-t-il pas mille fois raison ? Le cléricalisme est votre ennemi, audacieux impudents qui, pour mieux flatter les passions populaires et vous en faire un piédestal, avez l’effronterie de dénoncer le cléricalisme comme la digue qui arrête le progrès, le rocher entêté qui ne veut pas laisser passer le char de la civilisation, comme le bourreau de la liberté. Oui, vous avez raison, le cléricalisme est votre ennemi, parce qu’il est la digue qui voudrait s’opposer au torrent de tous vos excès prêts à déborder, parce qu’il voudrait être le rocher capable d’arrêter le char de la révolution, parce qu’il voudrait, s’il le pouvait, paralyser les puissants rejetons de toutes les licences qui menacent d’étouffer l’arbre de la vraie liberté. Quel homme honnête, je vous le demande, pourra blâmer le cléricalisme de vous combattre à outrance, vous qui êtes l’excès, la haine de Dieu et la haine du bien, la révolution et la licence sans frein. […] Si le cléricalisme est pour vous un ennemi, c’est une preuve qu’il est un des remparts sauveurs de notre société qui, par vos soins, s’achemine aux abîmes. […] Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! Oui, l’ennemi de vos clubs et surtout de vos sociétés secrètes, où fuyant la lumière et la craignant comme les conspirateurs de la nuit, qui ne travaillent jamais au grand soleil, vous inspirez les persécutions ouvertes ou cachées que vos sectaires et vos affidés dirigent chaque jour contre tout ce qui touche aux grands principes conservateurs de religion et d’autorité. Ne vous plaignez pas si le cléricalisme vous déteste et vous combat, car, entre nous, vous savez que vous le méritez bien. […] Vous suivez les mêmes voies que vos ancêtres de 89, et comme eux, si vous ne vous arrêtez pas, vous précipiterez infailliblement la France dans la ruine, dans le sang et dans le déshonneur, et le cléricalisme, que vous regardez avec raison comme l’ennemi mortel de toutes vos impiétés, de tous vos scandales, de toutes vos injustes préférences et de toutes les hypocrites et menteuses flatteries avec lesquelles vous trompez le peuple, le cléricalisme, malgré vos insultes, vos blasphèmes et vos calomnies, reste et restera toujours, l’ami le plus dévoué, le plus sincère et le plus désintéressé du peuple français. » [19]
En somme, si le cléricalisme est l’ennemi de Bergoglio, c’est parce que le cléricalisme est l’ennemi du modernisme ; et c’est justement la raison pour laquelle cet imposteur le combat de toutes ses forces. Parce qu’il sait parfaitement que le cléricalisme est l’ami de l’Église catholique. En revanche, le cléricalisme n’est pas l’ami de la secte Bergoglienne. Il n’est pas non plus l’ami de Vatican II. Pour la simple et bonne raison que leurs partisans sont les ennemis de Dieu et de son Église. En un mot, disons que le cléricalisme est le véritable catholicisme et que l’anticléricalisme n’est rien d’autre que l’ami de la Franc-maçonnerie.
Mgr Jean-Joseph Gaume : « Le cléricalisme n’est qu’un mot de passe, un trompe l’œil à l’usage des dupes et au profit des fripons. Comme autrefois le mot galiléen, et plus tard, les mots : jésuites, papistes, et ultramontains, aujourd’hui, les mots : cléricalisme, cléricaux, et clérical, signifient le catholicisme. » [20]
Pie XI : « Et que l’on ne dise pas que l’Italie est catholique, mais anticléricale. […] Vous, Vénérables Frères, qui vivaient dans les grands et les petits diocèses d’Italie en continuel contact avec les bonnes populations de tout le pays, vous savez et vous voyez chaque jour combien, si on ne les trompe pas et si on ne les égare pas, elles sont loin de tout anticléricalisme. Quiconque connaît un peu intimement l’histoire du pays sait que l’anticléricalisme a eu en Italie l’importance et la force que lui conférèrent la maçonnerie et le libéralisme qui la gouvernaient. » [21]
[1] Lettre pastorale du 5 septembre 1894. Cité dans : Philippe de Froberville : Saint Pie X. éd. Arthème Fayard, Chapitre IV
[2] Encyclique Summi Pontificatus (20 octobre 1939) : « Le saint Évangile raconte que, quand Jésus fut crucifié, les ténèbres se firent sur toute la terre (Matth., XXVII, 45) : effrayant symbole de ce qui est arrivé et arrive encore dans les esprits, partout où l’incrédulité aveugle et orgueilleuse d’elle-même a de fait exclu le Christ de la vie moderne, spécialement de la vie publique, et avec la foi au Christ a ébranlé aussi la foi en Dieu. Les valeurs morales selon lesquelles, en d’autres temps, on jugeait les actions privées et publiques sont tombées, par voie de conséquence, comme en désuétude ; et la laïcisation si vantée de la société, qui a fait des progrès toujours plus rapides, soustrayant l’homme, la famille et l’État à l’influence bienfaisante et régénératrice de l’idée de Dieu et de l’enseignement de l’Église, afait réapparaître, même dans des régions où brillèrent pendant tant de siècles les splendeurs de la civilisation chrétienne, les signes toujours plus clairs, toujours plus distincts, toujours plus angoissants, d’un paganisme corrompu et corrupteur : les ténèbres se firent tandis qu’ils crucifiaient Jésus (Brev. Rom., Parascev., respons. IV). »
[3] Encyclique Vehementer Nos (11 février 1906) : « Il en résulte que cette Église est par essence une société inégale, c’est-à-dire une société comprenant deux catégories de personnes : les pasteurs et le troupeau, ceux qui occupent un rang dans les différents degrés de la hiérarchie et la multitude des fidèles ; et ces catégories sont tellement distinctes entre elles, que, dans le corps pastoral seul, résident le droit et l’autorité nécessaires pour promouvoir et diriger tous les membres vers la fin de la société. »
[4] Jorge Mario Bergoglio : « Un État doit être laïque. Les États confessionnels finissent mal. Cela va contre l’Histoire. Je crois qu’une laïcité accompagnée d’une solide loi garantissant la liberté religieuse offre un cadre pour aller de l’avant. »
[5] Léon Gambetta fut en effet initié à la Franc-maçonnerie en mai 1879, dans la loge La Réforme, à Marseille.
[6] Discours et plaidoyers politiques de M. Gambetta. Publiés par M. Joseph Reinach. Quatrième Partie (1er août 1876 – 4 mai 1877). éd. G. Charpentier (1882), p. 354
[7] Lettre au « cardinal » Marc Ouellet, président de la commission « pontificale » pour l’Amérique Latine (19 mars 2016) : « Je dois dans le même temps ajouter un autre élément que je considère comme le fruit d’une façon erronée de vivre l’ecclésiologie proposée par Vatican II. Nous ne pouvons pas réfléchir sur le thème du laïcat en ignorant l’une des déformations les plus grandes que l’Amérique latine doit affronter — et à laquelle je vous demande d’accorder une attention particulière —, le cléricalisme. Cette attitude annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple. Le cléricalisme conduit à une homologation du laïcat ; en le traitant comme un « mandataire », il limite les différentes initiatives et efforts et, si j’ose dire, les audaces nécessaires pour pouvoir apporter la Bonne Nouvelle de l’Évangile dans tous les domaines de l’activité sociale et surtout politique. Le cléricalisme, loin de donner une impulsion aux différentes contributions et propositions, éteint peu à peu le feu prophétique dont l’Église tout entière est appelée à rendre témoignage dans le cœur de ses peuples. Le cléricalisme oublie que la visibilité et la sacramentalité de l’Église appartiennent à tout le peuple de Dieu (cf. Lumen gentium, n° 9-14), et pas seulement à quelques élus et personnes éclairées. Il existe un phénomène très intéressant qui s’est produit dans notre Amérique latine et que je désire citer ici : je crois que c’est un des rares espaces dans lesquels le Peuple de Dieu a été libre de l’influence du cléricalisme : je me réfère à la pastorale populaire. Ce fut l’un des seuls espaces où le peuple (y compris ses pasteurs) et l’Esprit Saint ont pu se rencontrer sans le cléricalisme qui tente de contrôler et de freiner l’onction de Dieu sur les siens. »
[8] Entretien avec l’union internationale des supérieures générales dans la salle Paul VI (12 mai 2016) : « L’autre danger, qui est une tentation très forte et j’en ai parlé plusieurs fois, est le cléricalisme. Et celui-ci est très fort. Pensons qu’aujourd’hui, plus de 60 pour cent des paroisses — dans les diocèses, je l’ignore, mais c’est seulement un peu moins — n’ont pas de conseil pour les affaires économiques ni de conseil pastoral. Qu’est-ce que cela signifie ? Que cette paroisse et ce diocèse sont conduits dans un esprit clérical, uniquement par le prêtre, qui n’applique pas la synodalité paroissiale, la synodalité diocésaine, qui n’est pas une nouveauté de ce Pape. Non ! Cela figure dans le droit canonique, c’est une obligation qu’a le curé d’avoir le conseil des laïcs, laïques et religieuses pour la pastorale et pour les affaires économiques. Et ils ne font pas cela. Et cela est le danger du cléricalisme aujourd’hui dans l’Église. Nous devons aller de l’avant et éliminer ce danger, car le prêtre est un serviteur de la communauté, l’évêque est un serviteur de la communauté, mais ce n’est pas le chef d’une entreprise. Non ! Cela est important. En Amérique latine, par exemple, le cléricalisme est très fort, très marqué. Les laïcs ne savent pas quoi faire, s’ils ne le demandent pas au prêtre… C’est très fort. Et c’est pourquoi la conscience du rôle des laïcs en Amérique latine est très en retard. L’on a sauvé un peu de cela uniquement dans la piété populaire : car c’est le peuple qui est acteur et le peuple a fait les choses telles qu’elles venaient ; et cet aspect n’intéressait pas beaucoup les prêtres, certains ne voyaient pas d’un bon œil ce phénomène de piété populaire. Mais le cléricalisme est une attitude négative. Et elle est complice car elle se fait à deux, comme le tango qui se danse à deux… C’est-à-dire : le prêtre veut cléricaliser le laïc, la laïque, le religieux et la religieuse, le laïc qui demande à être cléricalisé, car c’est plus facile. Cela est curieux. Moi, à Buenos Aires, j’ai eu cette expérience trois ou quatre fois : un bon curé, qui vient et me dit : « Vous savez, j’ai un laïc très doué à la paroisse : il fait cela, sait organiser, il s’implique, c’est vraiment un homme de valeur. Et si nous le faisions diacre ? ». En d’autres termes : « Et si nous le cléricalisions ? ». « Non ! Laisse-le rester laïc. Ne le fais pas diacre ». Cela est important. »
[9] Méditation matinale à la chapelle de la maison Sainte-Marthe (13 décembre 2016) : « Le cléricalisme dans l’Église est un grave mal qui a des racines anciennes et qui a toujours pour victime le peuple pauvre et humble. »
[10] Lettre au peuple de Dieu (20 août 2018) : « Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. Plus encore, chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d’ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites, nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans visage, sans corps et, en définitive, sans vie. Cela se manifeste clairement dans une manière déviante de concevoir l’autorité dans l’Eglise – si commune dans nombre de communautés dans lesquelles se sont vérifiés des abus sexuels, des abus de pouvoir et de conscience – comme l’est le cléricalisme, cette attitude qui « annule non seulement la personnalité des chrétiens, mais tend également à diminuer et à sous-évaluer la grâce baptismale que l’Esprit Saint a placée dans le cœur de notre peuple ». Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme. »
[11] Interview télévisée en Italie du 6 février 2022 : « Le cléricalisme est une perversion de l’Église. C’est le cléricalisme qui crée la rigidité. Et sous chaque type de rigidité, il y a de la pourriture. Toujours. » (Cf. https://www.la-croix.com/Definitions/Lexique/Quest-clericalisme-2018-06-05-1700944627).
[12] Lettre aux « prêtres » du diocèse de Rome (7 août 2023) : « Et moi, en tant que vieil homme et du fond du cœur, j’ai envie de vous dire que cela m’inquiète quand nous retombons dans les formes du cléricalisme ; quand, peut-être sans nous en rendre compte, nous montrons aux gens que nous sommes supérieurs, privilégiés, placés « au-dessus » et donc séparés du reste du peuple saint de Dieu. Comme me l’a écrit un jour un bon prêtre, « le cléricalisme est le symptôme d’une vie sacerdotale et laïque tentée de vivre dans le rôle et non dans le lien réel avec Dieu et les frères ». En bref, il s’agit d’une maladie qui nous fait perdre la mémoire du baptême que nous avons reçu, laissant à l’arrière-plan notre appartenance au même peuple saint et nous conduisant à vivre l’autorité dans les différentes formes de pouvoir, sans nous rendre compte de la duplicité, sans humilité mais avec des attitudes détachées et hautaines. […] Restons donc vigilants face au cléricalisme. Que l’Apôtre Pierre, qui, comme le rappelle la tradition, s’est humilié la tête en bas, même au moment de la mort, pour ne pas succomber à son Seigneur, nous aide à nous en éloigner. Que l’Apôtre Paul, qui, à cause du Christ Seigneur, considérait comme des déchets tous les biens de la vie et du monde (cf. Ph 3, 8), nous en préserve. Le cléricalisme, nous le savons, peut toucher tout le monde, même les laïcs et les agents pastoraux : on peut en effet assumer « l’esprit clérical » dans l’exercice de ses ministères et de ses charismes, en vivant sa vocation de manière élitiste, en se renfermant dans son propre groupe et en érigeant des murs vers l’extérieur, en développant des liens possessifs à l’égard des rôles dans la communauté, en cultivant des attitudes arrogantes et vantardes à l’égard d’autrui. Les symptômes sont précisément la perte de l’esprit de louange et de la gratuité joyeuse, tandis que le diable s’insinue en entretenant la plainte, la négativité et l’insatisfaction chronique de ce qui ne va pas, l’ironie devenant cynisme. C’est ainsi que l’on s’absorbe dans le climat de critique et de colère que l’on respire, au lieu d’être ceux qui, avec simplicité et douceur évangélique, avec gentillesse et respect, aident leurs frères et sœurs à sortir des sables mouvants de l’intolérance. »
[13] Vidéo : Paroles d’évêques 50 – Luttons contre le cléricalisme – Mgr Emmanuel Gobilliard (25 février 2019) : https://www.youtube.com/watch?v=pgf6kravWXo
[14] Vidéo : [Conférences] Face au cléricalisme, retour à l’Évangile (9 octobre 2023) : https://www.youtube.com/watch?v=sXTKQyHyN7I
[15] https://www.lavie.fr/christianisme/eglise/jean-luc-melenchon-fratelli-tutti-une-vision-partagee-entre-croyants-et-incroyants-60412.php
[16] Homélie à la Basilique Saint Pierre pour le IIIème dimanche du temps ordinaire (23 janvier 2022) : « Quand, dans l’Église, il y a les tentations de la rigidité, qui est une perversion, et qu’on croit que trouver Dieu c’est de devenir plus rigide, plus rigide, avec plus de normes, de choses justes, de choses claires… Il n’en est rien. Lorsque nous verrons des propositions de rigidité, disons-nous tout de suite : c’est une idole, ce n’est pas Dieu. Notre Dieu n’est pas comme ça. »
[17] Réponses courtes et familières aux objections les plus répandues contre la religion. éd. Tolra (1896), Chapitre XXIX, p. 147-148
[18] Message radiophonique du 28 mars 1952. Cité dans : Acta Apostolicae Sedis, Volume XLIV (1952), éd. Typis Polyglottis Vaticanis, p. 274-275
[19] Le cléricalisme : voilà l’ennemi ! Paroles de M. Gambetta. Commentées par Emile Verney. éd. Périgueux, Cassard Frères (1879), p. 6-13
[20] Morte al clericalismo. O risurrezione del sacrificio umano. éd. Ranieri Guasti (1878), Capitulo II
[21] Encyclique Non abbiamo bisogno (29 juin 1931).