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Le RN et Reconquête sont-ils des partis de droite?

Par Brice Michel
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  • Alors que les Républicains apparaissent de plus en plus comme une annexe de la République en marche, reste-il encore des partis de droite en France? Le Rassemblement National et Reconquête qui prétendent aujourd’hui incarner la vraie droite sont-ils réellement des partis de droite?

Qu’est-ce que la droite ?

Definissons tout d’abord le terme de droite et la manière dont nous l’envisageons, car sous ce terme se cachent aujourd’hui des significations bien différentes.

De l’avis de plusieurs historiens, l’utilisation du terme de droite en politique vient de l’époque de la Révolution française. Le 26 août 1789 plusieurs questions furent débattues à l’Assemblée nationale : la question de savoir s’il fallait garder un droit de veto absolu au Roi Louis XVI, celle du maintien ou non du catholicisme comme religion d’Etat du royaume et celle de l’adoption ou non de la Déclaration les droits de l’homme et du citoyen.

Derrière la question du droit de veto du Roi, ce qui était en jeu c’était la question du régime. Il s’agissait d’une confrontation entre d’une part le régime démocratique où le principe de toute souveraineté réside dans la nation et ne saurait être limité par aucune autorité supérieure et d’autre part le régime monarchique où le principe du pouvoir se trouve en Dieu et où le Roi n’est que le « lieutenant du Christ ».

De manière générale, l’événement qui a structuré initialement la vie des partis politiques avec cette polarité droite/gauche est donc la Révolution de 1789. Si l’on se replace dans le temps historique long, c’est bien le rapport qu’entretient un parti aux concepts philosophiques révolutionnaire qui nous dit s’il est de droite ou de gauche : les partis de droite sont ceux qui refusèrent la Révolution parce qu’ils entendaient rester fidèles au Roi, à l’Eglise et plus largement à la vision traditionnelle chrétienne de l’homme, tandis que ceux de gauche sont ceux qui ont accepté les idéaux révolutionnaires et la subversion de l’ordre ancien.

Par la suite, au fil des reniements et des concessions progressives faites aux idées de la Révolution par les partis de droite, le terme de droite a finalement perdu son sens premier, au point qu’aujourd’hui sont appelés à tort, partis « de droite » des partis qui ont accepté l’ensemble des faux concepts révolutionnaires. Au sens strict, si l’on s’en réfère au sens originel, seuls donc, les partis rejetant les principes révolutionnaires (souveraineté du peuple, séparation de l’Eglise et de l’Etat, Droits de l’homme) devraient avoir droit au titre de « parti de droite ».

Pour distinguer la droite de la gauche, sur le plan de philosophique, politique et religieux gardons donc à l’esprit ces trois critères importants : la conception de la souveraineté, la place du catholicisme dans la société et enfin la vision de l’homme.

L’historien René Rémond dans son ouvrage Les Droites en France (1954) distingue entre trois droites issues des conflits de la Révolution française : la droite orléaniste (droite libérale), la droite bonapartiste (droite césarienne) et la droite légitimiste (droite contre-révolutionnaire). Cependant, il fait de la droite contre-révolutionnaire la seule vraie droite. Etymologiquement en effet, c’est la seule qui légitimement peut être appelée « droite » puisque la droite orléaniste et la droite bonapartiste ont, à des degrés divers, adhéré aux principes de 1789 et devraient donc en toute logique être rangées à gauche. C’est évidemment de cette droite que nous nous revendiquons.

Sur le plan sociologique, ce rapport à la révolution a créé deux camps avec deux anthropologies radicalement différentes, ce que Jean de Viguerie appelle «les deux patries» [1] Les deux patries: essai historique sur l’idée de patrie en France 1998  : la patrie révolutionnaire -qui n’est pas la France- et la patrie traditionnelle, la terre des pères qui est la vraie France mais à laquelle s’est substituée la patrie révolutionnaire.

On peut dire, pour faire simple, que l’anthropologie de gauche remonte à la Renaissance et la Réforme. Cette anthropologie révolutionnaire se fonde sur l’humanisme et entend se substituer à l’anthropologie traditionnelle, elle veut créer un homme nouveau, un homme qui ne trouve sa raison d’exister qu’en lui-même et où la valeur suprême n’est plus Dieu, mais l’homme lui-même. Elle est tout simplement la subversion de l’ordre traditionnel dont Dieu est le centre et le principe pour lui substituer un ordre organisé autour de la seule volonté de l’homme, donc une vision anthropocentrée. Parlant de la Révolution Mgr Gaume décrit parfaitement cette vision de l’homme :

« Je suis la haine de tout ordre religieux et social que l’homme n’a pas établi et dans lequel il n’est pas roi et Dieu tout ensemble ; je suis la proclamation des droits de l’homme contre les droits de Dieu ; je suis la philosophie de la révolte, la politique de la révolte, la religion de la révolte ; je suis la négation armée ; je suis la fondation de l’état religieux et social sur la volonté de l’homme au lieu de la volonté de Dieu ! en un mot, je suis l’anarchie ; car JE SUIS DIEU DÉTRÔNÉ ET L’HOMME À SA PLACE. Voilà pourquoi je m’appelle Révolution ; c’est-à-dire renversement, parce que je mets en haut ce qui, selon les lois éternelles, doit être en bas, et en bas ce qui doit être en haut »

Mgr Jean-Joseph Gaume, La Révolution, Recherches Historiques, 1877

L’anthropologie de droite reste au contraire fidèle à l’héritage spirituel de la France où Dieu est à la première place, et où l’ordre naturel et la hiérarchie des êtres sont respectés.

Au niveau du système de valeurs, la pensée de gauche se traduit par les valeurs de changement perpétuel, le « progrès », l’émancipation de l’individu, l’égalitarisme et l’affranchissement de toute autorité constituée. C’est le système de la table rase. Cela aboutit d’ailleurs aujourd’hui au transhumanisme et à l’idéologie du genre car si l’homme n’a pas de nature immuable, on peut le modeler sans freins et le transformer non seulement idéologiquement mais physiquement.

A l’inverse on peut dire que l’homme de droite se reconnaît comme débiteur des ancêtres.Les valeurs qui en découlent sont le respect des traditions, le sens de la famille, l’attachement aux origines, l’enracinement, la filiation, la transmission.

De manière générale, la pensée de droite, qui est liée au christianisme, donne le primat au spirituel. Dans une telle vision l’histoire est donc gouvernée par la providence divine : les événements historiques sont le reflet de la vie spirituelle de la nation; la décadence et les guerres ont des causes spirituelles, la nation y expie ses infidélités. On conserve donc la mémoire des héros et des saints qui ont su en leur temps magnifier la patrie par leur vertu comme Saint Louis, ou la délivrer du danger par leur sacrifice comme Jeanne d’Arc.

Dans la pensée de gauche, l’histoire se confond au contraire avec celle de «l’émancipation» du genre humain. Religion, famille, culture sont exclusivement ou en tous cas principalement vus sous le prisme de l’aliénations : il faut se libérer de l’obscurantisme religieux, de la pression familiales, voire de son identité sexuelle ! C’est le mot d’ordre qui sous-tend la propagande des médias subventionnés du régime qui sont tous de tendance gauchiste.

On a vu qu’historiquement la ligne de fracture entre partis de droite et partis de gauche se situait autour des principes de 1789. Ni le Rassemblement National ni Reconquête ne remettent en cause ces principes, donc aucun de ces partis n’est en réalité un parti de droite.


Rassemblement National et Reconquête : des partis de gauche 

Si nous allons maintenant plus en détail dans l’analyse et que nous reprenons les trois critères que nous avions identifiés en introduction :

  • principe de souveraineté

  • place de la religion

  • droits de l’homme/rapport à la loi naturelle (qui sous-tend le positionnement sur des sujets comme l’avortement, la PMA, la GPA etc)…

…comment ces deux partis se situent ils?

Passons en revue les propositions et les idées contenues dans les programmes du Rassemblement National et de Reconquête avec ces trois critères à l’esprit.

1.Sur la conception de la souveraineté nationale:

  • Aucun de ces deux partis ne propose d’en finir avec le régime démocratique actuel en France, où la souveraineté est attribuée au peuple. Au contraire ces deux partis proposent encore plus de démocratie.
reconquête parti de droite

Zemmour dans son programme, dit vouloir « redonner la parole au peuple ». (tous les partis de gauche disent cela, il s’agit là d’un poncif de tout programme politique de gauche reposant sur le mythe du bon peuple, qui, lui, sait ce qu’on doit faire mais à qui malheureusement on ne donne pas la parole.)

Dans son programme, au chapitre Démocratie, Reconquête propose par ailleurs d’organiser après les élections présidentielles un « grand référendum sur l’immigration, la sécurité et la justice », de « favoriser l’usage du référendum » et d’instaurer un « référendum obligatoire pour toute proposition de révision de la Constitution, ratification de traité européen ou élargissement de l’Union européenne »

Si on doit situer Reconquête c’est sans doute plutôt au bonapartisme qu’il faudrait le rattacher, donc une fausse droite qui a validé tous les principes de 1789. Rappelons que Bonaparte, par son action politique a été le grand diffuseur des idéaux révolutionnaires : il les a fait appliquer en France et les a répandus en Europe. Le Bonapartisme est marqué par l’exercice autoritaire du pouvoir mais aussi par recherche permanente du soutien des masses populaires, à travers notamment la pratique du plébiscite. Ceci explique peut être ces nombreuses propositions sur le référendum faites par Reconquête, à moins que Reconquête ne fasse ici que sacrifier à l’idéologie démocratique de notre époque qui voit dans le référendum la quintessence de la démocratie directe.

Marine Le Pen, quant à elle, loin de s’opposer au principe de la souveraineté du peuple propose également plus de démocratie. En un sens, sur ce sujet elle est d’ailleurs plus à gauche que d’autres candidats. Son vocabulaire est symptomatique d’une telle pensée : elle regrette la « fracture démocratique ». [2] https://www.dailymotion.com/video/x89xb1x  

Elle aussi est très en pointe sur la question du référendum : elle ne propose rien de moins qu’une « révolution référendaire ».[3] https://www.publicsenat.fr/article/politique/marine-le-pen-detaille-sa-revolution-referendaire-202358 Avec la révision de la Constitution qu’elle propose de soumettre au peuple français, elle veut notamment affirmer la supériorité de la « décision référendaire » sur « les actes des pouvoirs publics », et propose que les traités « portant limitation de souveraineté » soient obligatoirement soumis au référendum ». Enfin, elle souhaite abaisser à 500 000 électeurs la barre de déclenchement d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC).

Elle dit par ailleurs vouloir « tordre le cou à un prêt-à-penser qui prospère dans les élites et les médias, selon lequel le peuple français ne serait pas apte à décider par lui-même » et assume ainsi de réduire le rôle du Parlement qui n’est que « représentant » et que « le peuple est le seul souverain ». De même que Zemmour, Marine Le Pen valide pleinement les principes de 1789 et reprend les poncifs de la mythologie républicaine, notamment la fable selon lequel le peuple serait apte à décider lui-même.

2.Sur le rapport au catholicisme et à la laïcité :

Même si Zemmour déclare vouloir défendre les racines chrétiennes de la France il n’a évidemment jamais été question pour lui de faire reconnaître le catholicisme comme religion d’Etat, loin de là. Au contraire, nous allons le voir, il est partisan d’une laïcité encore plus stricte.

 Lors de la campagne présidentielle, le 06 avril 2022 il a déclaré par exemple qu’il souhaitait que le catholicisme se fasse “discret”:

…et qu’il ne fasse pas l’objet de manifestations publiques! :

Zemmour pendant la campagne présidentielle de 2022 a par ailleurs annoncé qu’il souhaitait bannir « le port de signes religieux ostentatoires dans l’espace public » [4] … Continue reading(avec juste une dérogation à cette mesure. « Ceux qui portent la soutane» et les «professionnels de la religion). Sa vision de la laïcité est donc plus restrictive que la législation actuelle, elle va plus loin que ce que demande la loi. En effet, la loi de 1905 impose le respect d’une neutralité à l’école et dans l’exercice de fonctions publiques mais pas dans l’espace public. La loi de 1905, protège la liberté de tous les cultes ; une liberté qui s’étend aux actes extérieurs, et donc à des manifestations religieuses dans l’espace public.

La vision qu’a Zemmour sur ce sujet s’inscrit en réalité dans une tendance de fonds de transformation de la définition de la laïcité que décrit Philippe Portier. [5]https://legrandcontinent.eu/fr/2021/02/21/le-tournant-illiberal-de-la-laicite-francaise/ Depuis les années 2000, explique Philippe Portier, l’on voit en effet le modèle de laïcité passer d’un modèle de laïcité procédurale -dont le propre est d’articuler des libertés- à un modèle de laïcité substantielle, assimilationniste, une laïcité de combat-dont le propre est de vouloir promouvoir le “commun” contre les singularités religieuses et protéger les valeurs léguées par l’histoire. C’est ce dernier modèle que défend Zemmour à l’évidence. Notons que dans la vision de Zemmour « ces valeurs léguées par l’histoire, ce commun » qu’il revendique dans sa définition de la laïcité, ce sont les valeurs républicaines, révolutionnaires qui sont incompatibles avec le christianisme qu’il prétend par ailleurs défendre.

Rappelons en effet que la laïcité est condamnée par le Magistère de l’Eglise.

« Les lois de laïcité sont injustes parce qu’elles sont contraires aux droits formels de Dieu (…). Substituant au vrai Dieu des idoles (la liberté, la solidarité, l’humanité, la science), tendant à déchristianiser toutes les vies et toutes les institutions, elles sont l’œuvre de l’impiété, qui est l’expression la plus coupable de l’injustice, comme la religion catholique est l’expression de la plus haute justice »

Assemblée des cardinaux et archevêques de France, Déclaration sur les « lois dites de laïcité », 10 mars 1925, La Documentation catholique, no 282, 21 mars 1925, col. 707-712.

Remarquons en outre que la version de Zemmour est la version « dure » de la laïcité. Historiquement, les deux conceptions (laïcité procédurale vs laïcité substantielle) ont toujours existé et la République avait fini par adopter la conception procédurale qui repose sur un paradigme intégrationniste, avec cette idée de laïcité plurielle (qui est la conception que défendent aujourd’hui par exemple La France insoumise ou les écologistes.)

Mais Zemmour ne pense pas la laïcité comme un simple système de préservation des libertés, il la pense bien comme un système d’unification des conduite et comme un instrument de préservation du corps national contre les menaces de dislocation qu’induit la présence en son sein d’une population exogène – les « musulmans  » – dont une partie est rétive à toute perspective d’assimilation.

En cela, il renoue avec une tendance lourde de la culture française datant de l’époque des Lumières qui voit le religieux sous l’angle de l’aliénation. Ironiquement, sur ce sujet on pourrait dire qu’il est donc plus à gauche et plus radical dans l’application des principes révolutionnaires que les partis de gauche actuels !

Enfin s’il prétend défendre la civilisation et les valeurs chrétiennes comment peut-il par ailleurs se déclarer « pour l’Eglise mais… contre le Christ » comme il le fit dans un débat sur France Inter en avril 2022! C’est évidemment paradoxal et absurde (sauf dans le cadre d’une conception noachide de l’Eglise évidemment…)

-Rétablir le catholicisme comme religion d’Etat n’est évidemment pas non plus au programme de Marine Le Pen, elle, qui présente son parti comme un « parti aconfessionnel ». 

Elle explique sa vision sur ces sujets dans un entretien datant de février 2022. [6] https://www.youtube.com/watch?v=8ySkzEvzuus

Elle y déclara par exemple « Ce n’est pas au président de la République de défendre la chrétienté de la France, pays au passé lourd de guerres religieuses. C’est aux chrétiens de défendre la chrétienté. »

« Je pense que la religion est affaire personnelle, c’est la laïcité ». Marine le Pen adhère donc sans réserve à la laïcité républicaine.

Elle se dit même être une ardente défenseuse de la laïcité. Elle se dit ainsi « en désaccord avec ceux qui défendent leurs idées religieuses avant leurs idées politiques », «pour moi, l’idée nationale passe devant, la France est un pays laïque, ça a été un sujet de débats au sein du RN, cela fait presque 20 ans que je défends la laïcité» 

Mais dans son rapport au catholicisme elle ne se contente pas de prôner la laïcité, toute en se disant catholique, elle attaque les catholiques « traditionnalistes ». Elle a ainsi osé parler des catholiques traditionnalistes comme des « personnages sulfureux” qu’elle compare aux nazis et aux païens:

 « Je retrouve chez Éric Zemmour toute une série de chapelles qui, dans l’histoire du Front national, sont venues puis reparties remplies de personnages sulfureux. Il y a les catholiques traditionalistes, les païens, et quelques nazis » [7] https://www.courrier-picard.fr/id275733/article/2022-02-04/chez-zemmour-il-y-les-catholiques-traditionalistes-et-quelques-nazis-affirme-le , avait dénoncé Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle de 2022.

Ces propos de Marine le Pen sur les catholiques sont tout simplement scandaleux et sont révélateurs du logiciel exclusivement républicain qui est le sien. Comme Zemmour, sur ce sujet, on peut dire qu’elle se situe plus à gauche que des représentants de la gauche. Même un Mélenchon ne va pas aussi loin dans ses propos sur les catholiques.

Dans ses déclarations, elle assimile par ailleurs la défense légitime du catholicisme, qui est la religion qui a fait la France et sans laquelle la France n’existerait tout simplement pas à du communautarisme, en le comparant au communautarisme musulman ! La candidate du RN avait ainsi accusé également l’ancien journaliste de jouer « le communautarisme catholique conservateur contre le communautarisme musulman ». [8] https://www.la-croix.com/France/catholiques-nouvelle-ligne-fracture-entre-Marine-Le-Pen-Eric-Zemmour-2022-02-06-1201198835

3.Le rapport aux droits de l’homme et à la loi naturelle

Comment se positionnent Reconquête et le Rassemblement national sur la question du respect de la loi naturelle, la PMA, et la GPA qui sont en quelque sorte l’aboutissement de la promotion à outrance de droits individualistes engendrés par l’idéologie des droits de l’homme ?

Sur la PMA et la GPA Zemmour a déclaré qu’il « abolirait la PMA sans père et qu’il refuserait la GPA ». Bien.

Cependant sur des sujets clés de la loi naturelle comme le mariage homosexuel et l’avortement, il défend le statu quo :

Le 09 février 2022, il déclara sur BFMTV : “Je ne reviendrai pas sur le mariage homosexuel”

Parlant de l’avortement, le 24 octobre 2021 Eric Zemmour avait écrit :

« c’est un droit. Et je ne tiens absolument pas à revenir dessus. »

Zemmour reprend donc à son compte la fausse idéologie des droits de l’homme selon laquelle l’homme aurait des droits l’autorisant à transgresser les commandements de Dieu : « tu ne tueras point ».

Marine le Pen, elle, s’est prononcée contre la GPA (Gestation pour autrui) mais sur la PMA (procréation médicalement assistée) en 2019, elle s’est déclarée seulement « opposée à la PMA telle qu’elle est présentée » (elle compte « réserver la PMA aux problèmes de stérilité »).[9] https://www.leparisien.fr/societe/pma-marine-le-pen-opposee-au-texte-en-l-etat-14-09-2019-8152188.php Ceci sous-entend qu’elle en valide le principe, seules les modalités d’application lui semblant être un sujet de débat.

Par ailleurs, la présidente du RN n’a pas participé à la manifestation qui était organisée le 6 octobre 2019 contre la PMA.

Marine le Pen est par ailleurs favorable au « droit » à l’avortement. Dernièrement, suite à la révocation du droit à l’avortement par la Cour suprême des États-Unis, la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale a même envisagé de soutenir l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Interrogée par le Monde pour savoir si elle soutiendrait un projet de loi similaire en France, elle a répondu : « Pourquoi pas » [10] https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/06/26/marine-le-pen-embarrassee-par-le-droit-a-l-avortement-dans-la-constitution_6132094_823448.html et Jordan Bardella, président par intérim du Rassemblement national jusqu’en septembre 2002 a par ailleurs a déclaré que « la loi Veil », était un « acquis à protéger”.

Sur la question du mariage homosexuel, en 2017, Marine Le Pen disait vouloir abroger la loi Taubira – qui autorise le mariage aux couples homosexuels – sans toutefois annuler les unions déjà prononcées. A la place, la candidate du RN proposait de « créer une union civile (pacs amélioré) ». Mais en 2022, lors de la dernière campagne présidentielle elle a déclaré que le mariage pour tous était pour elle acquis et qu’elle ne retirerait pas ce « droit » :

S’il y a une évolution des positions du Rassemblement National c’est donc plutôt dans le sens de la renonciation à ces fondamentaux de droite que sont l’interdiction du mariage homosexuel, de la PMA et de l’avortement. Désormais, sur l’ensemble de ces sujets, la seule différence notable entre le Rassemblement National et les partis de gauche est celui de la GPA. Même s’il est vrai qu’on trouve des opposants à la GPA à gauche c’est cependant à gauche que l’on trouve le plus de partisans : écologistes, socialistes.

Dans tous les cas un parti qui ne défend pas la loi naturelle ni la religion catholique ne saurait être considéré comme un parti de droite, ou alors les mots n’ont plus de sens.

Des partis qui valident des lois immorales en faveur de l’avortement et du mariage homosexuel, qui sont pour la laïcité et pour les principes de 1789 de manière générale ne sont donc pas des partis de “droite”, ce sont des partis de gauche.


Conclusion : Où est passée la vraie droite ?

Tous ces partis qui revendiquent le titre de parti de droite, droite nationale, droite identitaire, droite authentique sont le résultat d’une imposture. Derrière les mots, la réalité aujourd’hui est qu’il n’y a plus de droite réelle. Nous avons affaire à de fausses droites. Ne parlons même pas de la droite de régime anciennement RPR (“Rassemblement pour la République »), puis UMP, puis enfin « Les Républicains ». Le vocabulaire parle de lui-même. Ces groupes servent la Révolution.

Droite arc-en-ciel de Marine Le Pen, droite laïciste et identitaire de Zemmour, « droite nationale » ou « Nouvelle droite » païennes, Droite nationaliste révolutionnaire, « extrême-droite », aucune ne représente la droite authentique, tous sont des avatars de la Révolution. Les principes philosophiques révolutionnaires constituent leur cadre de pensée, qu’il soit avoué ou non.Aucun de ces partis ne les remet en question.

Les sujet de l’immigration, de la sécurité ou de l’identité nationale qui sont généralement traités par ces partis sont des sujets, bien sûr, mais les problèmes dans ces domaines ne sont que les effets de la crise politique et spirituelle profonde que nous traversons. La cause se situe en amont : tant que la France rejettera le Règne social de notre Seigneur Jésus-Christ et que Dieu n’est pas au centre de la Constitution, il ne peut pas y avoir de solution politique. Le vrai clivage politique se situe sur la question du rapport aux principes de 1789.

Du reste on voit bien que tant qu’un parti ne remet pas les sacro-saintes valeurs de la République (athéisme légal, avortement, mariage homosexuel, euthanasie etc..) il ne représente pas un danger pour le pouvoir en place. De fait, Reconquête, qu’on a présenté comme le parti de l’alternance, n’a pas connu d’ostracisation de la part des médias pendant la campagne présidentielle. S’il était une alternative réelle au Régime républicain en place, il aurait été exclu du champs médiatique et ignoré par les journalistes. Mais comme il est aligné sur le logiciel révolutionnaire de l’oligarchie en place, il est accepté dans le jeu médiatique. Le Rassemblement National quant à lui, a toujours joué le rôle de repoussoir à chaque élection, c’est l’assurance vie de la République en quelque sorte (et c’est un bon business pour ses dirigeants). Le RN a toujours joué le rôle de neutralisation des vraies forces de droite pour les rendre compatibles avec le régime républicain.

La vraie droite a donc été oubliée, éclipsée par ces partis prétendant incarner la droit de droite mais qui ne sont rien d’autre qu’une des multiples faces de la Révolution .

Ce qu’il nous faut, c’est donc revenir à une vraie droite, une droite intégrale incarnant non pas le contraire de la droite mais conforme à l’essence de la droite : une droite anthropologiquement catholique, contre-révolutionnaire, aristo-populiste, enracinée, défendant les traditions et l’ordre naturel.

Notes

Notes
1 Les deux patries: essai historique sur l’idée de patrie en France 1998
2 https://www.dailymotion.com/video/x89xb1x  
3 https://www.publicsenat.fr/article/politique/marine-le-pen-detaille-sa-revolution-referendaire-202358
4 https://www.europe1.fr/politique/eric-zemmour-prone-une-interdiction-totale-des-signes-religieux-dans-lespace-public-4094959#:~:text=L’ancien%20journaliste%20s’est,Le%20candidat%20du%20parti%20Reconqu%C3%AAte!
5 https://legrandcontinent.eu/fr/2021/02/21/le-tournant-illiberal-de-la-laicite-francaise/
6 https://www.youtube.com/watch?v=8ySkzEvzuus
7 https://www.courrier-picard.fr/id275733/article/2022-02-04/chez-zemmour-il-y-les-catholiques-traditionalistes-et-quelques-nazis-affirme-le
8 https://www.la-croix.com/France/catholiques-nouvelle-ligne-fracture-entre-Marine-Le-Pen-Eric-Zemmour-2022-02-06-1201198835
9 https://www.leparisien.fr/societe/pma-marine-le-pen-opposee-au-texte-en-l-etat-14-09-2019-8152188.php
10 https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/06/26/marine-le-pen-embarrassee-par-le-droit-a-l-avortement-dans-la-constitution_6132094_823448.html

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2 Commentaires

Athenor 11 septembre 2022 - 17h09

Dans le langage médiatique, les notions de droite et de gauche servent souvent à situer, non sans quelque confusion, sur l’échiquier politique plutôt que de se rattacher à un ensemble de conceptions idéologiques. Sans vouloir vous offenser, les considérations historiques et politiques de votre article me semblent plus pertinentes que son fil conducteur (savoir si le RN et R! sont de droite). Il me semble que les notions de droite et de gauche me semblent avoir eu ce succès par le biais du parlementarisme, les extrêmes antiparlementaires étant situés elles-mêmes vis-à vis de ce demi-cercle. Dans un régime royaliste ou théocratique, ces notions seraient-elles encore pertinentes pour situer les positionnements idéologiques ? (Certes, ces régimes n’empêchent pas les parlements, mais ils ont une nature différente).

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Brice Michel 11 septembre 2022 - 19h27

Bonjour, merci pour votre commentaire.C’est bien ça le problème:tel qu’il est utilisé aujourd’hui le clivage droite/gauche ne correspond pas à un vrai clivage idéologique,ce sont des mots creux,ce clivage sert désormais à tromper les gens en donnant l’illusion d’un choix qui n’est qu’une fausse alternative.Ce que nous voulions montrer c’est qu’au delà de ces étiquettes droite/gauche les fondements idéologiques de tous les partis actuels sont,sur le fonds,les mêmes, les divergences n’étant que d’ordre cosmétique.Derrière l’apparente radicalité de son positionnement Reconquête partage en réalité tous les fondements idéologiques, politiques et même moraux du régime actuel et donc ne constitue en rien une alternative réelle au système actuel.Malheureusement beaucoup de gens (qui cherchent sincèrement une alternative) se laissent séduire par Reconquête,mais nous voulons les mettre en garde,il n’y a rien à attendre d’un parti qui ne remet pas en cause l’ordre républicain actuel qui est fondé sur les principes de 1789.

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