Il règne aujourd’hui une grande confusion dans l’esprit des catholiques aujourd’hui sur le sujet de la laïcité. Depuis la révolution de Vatican 2, de nombreux fidèles conciliaires, sans doute de bonne foi, mais trompés par leurs clercs et infectés par la propagande républicaine sur le sujet, croient que les principes de la laïcité sont désormais reconnus par l’Eglise catholique et qu’ils font donc aujourd’hui partie de la doctrine catholique. Cet article vise donc à dissiper une telle erreur : la condamnation des principes de la laïcité dans le Magistère de l’Eglise est en effet indéniable.
Nous rappellerons dans un premier temps la définition de la notion de laïcité et les différents principes qu’elle inclut. Nous présenterons ensuite les multiples textes du Magistère de l’Eglise dans lesquels se trouvent condamnés les principes de la laïcité.
Qu’est-ce que la laïcité ?
Si l’on se réfère au site du Ministère de l’intérieur il nous est dit que la laïcité consiste en différents principes :
« La laïcité repose sur trois principes : la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l’ordre public, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, et l’égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions » [1] https://www.interieur.gouv.fr/Publications/Cultes-et-laicite/La-laicite#:~:text=La%20la%C3%AFcit%C3%A9%20repose%20sur%20trois,leurs%20croyances%20ou%20leurs%20convictions.
Du principe des séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, il faut par ailleurs déduire un autre principe : « De cette séparation se déduit la neutralité de l’État, des collectivités et des services publics, non de ses usager ».
Ce qui nous amènerait donc à 4 principes fondamentaux constituant le noyau dur de ce concept de laïcité:
-La liberté de conscience : c’est-à dire liberté religieuse. Chacun est libre de professer la religion qu’il souhaite ou de n’en professer aucune
-La séparation de l’Eglise et de l’Etat
-L’égalité de tous les croyants ou non-croyants : la laïcité impose l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction. « La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs croyances ou convictions »[2]https://www.gouvernement.fr/qu-est-ce-que-la-laicite
-La neutralité de l’Etat vis-à vis de la religion : la laïcité s’oppose en effet à la reconnaissance d’une religion d’État. L’Etat ne reconnaît officiellement aucune religion, il n’y a pas de culte officiel et il se doit de pratiquer la neutralité à l’égard du fait religieux : il «ne doit en favoriser aucune et n’afficher dans les bâtiments publics aucun signe religieux, les membres de la fonction publique doivent être totalement neutres en matière religieuse (ce qui est d’ailleurs particulier à la France où les principes de laïcité ont été appliqués dans toutes leur implications)
Si on prend la définition Encyclopédie philosophique universelle, la laïcité prend en effet un sens distinct, plus large que le sens juridique, elle ne consiste plus seulement en l’impartialité ou la neutralité de l’Etat mais elle vise en outre à empêcher toute influence de la religion dans la sphère publique :
« Laïcité : construction intellectuelle tendant à empêcher l’emprise de toute confession sur la société, ce qui a pour conséquence de proscrire l’imposition d’une religion civile par le politique tout en renvoyant les affaires spirituelles à la sphère privée. »
C’est ce principe qu’invoquent les partisans d’une laïcité dure pour interdire par exemple les crèches dans les mairies ou récemment tenter de déboulonner une statue de Saint-Michel parce qu’elle est dans un espace public ! https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/les-sables-dolonne-85100/la-statue-saint-michel-doit-etre-enlevee-aux-sables-d-olonne-confirme-la-cour-administrative-d-appel-0e933ff0-3591-11ed-a858-f7410f1f4331
La laïcité est au cœur de l’idéologie républicaine, il s’agit d’un des principes définissant la République qui est “indivisible, laïque, démocratique et sociale” nous dit l’art. 1 de la Constitution. Elle est Inscrite dans la Constitution de 1946 et reprise par la Constitution de 1958 et c’est la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État qui a sanctuarisé ces principes en France.
Que dit le Magistère de l’Eglise sur les principes de la laïcité ? : séparation de l’Eglise et de l’Etat, liberté religieuse, neutralité, égalité des religions…
Passons en revue ces différents principes de laïcité et confrontons les maintenant au Magistère de l’Eglise:
La condamnation du principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat :
La loi de 1905 fut condamnée initialement par le Pape Pie X. Le pape Pie X condamne cette loi d’abord parce qu’elle est une insulte à Dieu (Dieu étant l’auteur des sociétés ; celles-ci doivent l’honorer d’un culte public) ensuite parce qu’elle est une négation de l’ordre surnaturel, et enfin parce qu’elle bouleverse l’ordre naturel établi par Dieu entre la société civile et religieuse et qu’elle sera donc inévitablement source de troubles pour la société civile.
« Fausseté du principe de la Séparation
Qu’il faille séparer l’Etat de l’Eglise, c’est une thèse absolument fausse, une très pernicieuse erreur. Basée, en effet, sur ce principe que l’Etat ne doit reconnaître aucun culte religieux, elle est tout d’abord très gravement injurieuse pour Dieu, car le créateur de l’homme est aussi le fondateur des sociétés humaines et il les conserve dans l’existence comme il nous soutient.
Nous lui devons donc, non seulement un culte privé, mais un culte public et social, pour l’honorer. »
En outre, cette thèse est la négation très claire de l’ordre surnaturel ; elle limite, en effet, l’action de l’Etat à la seule poursuite de la prospérité publique durant cette vie, qui n’est que la raison prochaine des sociétés politiques, et elle ne s’occupe en aucune façon, comme lui étant étrangère, de leur raison dernière qui est la béatitude éternelle proposée à l’homme quand cette vie si courte aura pris fin.
Et pourtant, l’ordre présent des choses qui se déroulent dans le temps se trouvant subordonné à la conquête de ce bien suprême et absolu, non seulement le pouvoir civil ne doit pas faire obstacle à cette conquête, mais il doit encore nous y aider.
Cette thèse bouleverse également l’ordre très sagement établi par Dieu dans le monde, ordre qui exige une harmonieuse concorde entre les deux sociétés.
Ces deux sociétés, la société religieuse, et la société civile, ont, en effet, les mêmes sujets, quoique chacune d’elles exerce dans sa sphère propre son autorité sur eux.
Il en résulte forcément qu’il y aura bien des matières dont elles devront connaître l’une et l’autre, comme étant de leur ressort à toutes deux.
Or, qu’entre l’Etat et l’Eglise l’accord vienne à disparaître, et de ces matières communes pulluleront facilement les germes de différends qui deviendront très aigus des deux côtés.
La notion du vrai en serra troublée et les âmes remplies d’une grande anxiété.
Enfin, cette thèse inflige de graves dommages à la société civile elle-même, car elle ne peut pas prospérer ni durer longtemps lorsqu’on n’y fait point sa place à la religion, règle suprême et souveraine maîtresse quand il s’agit des droits de l’homme et de ses devoirs. Aussi, les pontifes romains n’ont-ils pas cessé, suivant les circonstances et selon les temps, de réfuter et de condamner la doctrine de la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Notre illustre prédécesseur Léon XIII, notamment, a plusieurs fois, et magnifiquement exposé ce que devraient être, suivant la doctrine catholique, les rapports entre les deux sociétés. “Entre elles, a-t-il dit, il faut nécessairement qu’une sage union intervienne, union qu’on peut non sans justesse ; comparer à celle, qui réunit dans l’homme, l’âme et le corps. (…) Il ajoute encore : “Les sociétés humaines ne peuvent pas, sans devenir criminelles, se conduire comme si Dieu n’existait pas ou refuser de se préoccuper de la religion comme si elle leur était chose étrangère ou qui ne pût leur servir de rien. Quant à l’Eglise, qui a Dieu lui-même pour auteur, l’exclure de la vie active de la nation, des lois, de l’éducation de la jeunesse, de la société domestique, c’est commettre une grande et pernicieuse erreur !”
Pape Pie X, Lettre Encyclique, Vehementer Nos, 11 février 1906
On voit en particulier que « la doctrine de séparation de l’Eglise et de l’Etat » est « condamnée » et taxée sans appel par Saint Pie X de « thèse absolument fausse ». Dans ce passage Pape prend soin d’en détailler les différents motifs et il rappelle à la fin la vraie doctrine de l’Eglise qui est celle au contraire de l’union entre les deux sphères. Par ailleurs il rejette évidemment l’idée qu’il faille éliminer l’influence de l’Eglise dans la société.
Le pape Pie XI, réitéra formellement cette condamnation des lois laïques dans l’encyclique Maximam gravissimamque :
« Nous nous souvenons, dans l’amertume de Notre coeur, des jours bien tristes où s’est formé parmi vous le projet néfaste de séparer les intérêts de la République de ceux de l’Eglise, et où ce projet a malheureusement été exécuté »
Pape Pie XI, Lettre encyclique Maximam gravissimamque Sur les Associations diocésaines 18 janvier 1924
« Quoi qu’il en soit, que personne ne se permette de détourner, dans un sens qui est très loin de Notre pensée, Notre déclaration présente, comme si Nous voulions abolir les condamnations portées par Notre prédécesseur de sainte mémoire, Pie X, ou nous réconcilier avec les lois que l’on nomme laïques. Car, ce que Pie X a condamné, Nous le condamnons de même ; et toutes les fois que par « laïcité » on entend un sentiment ou une intention contraires ou étrangers à Dieu et à la religion, Nous réprouvons entièrement cette « laïcité » et Nous déclarons ouvertement qu’elle doit être réprouvée. »
Pape Pie XI, Lettre encyclique Maximam gravissimamque Sur les Associations diocésaines 18 janvier 1924
La condamnation de ce principe de séparation n’est pas nouvelle. Le pape Pie IX, dans son Syllabus, qui fut pensé comme un « résumé des principales erreurs de notre temps », l’avait déjà condamné :
Proposition 55 (condamnée) : « L’Église doit être séparée de l’État, et l’État de l’Église »
Pape Pie IX Syllabus, 8 décembre 1864,
Voyons la condamnation des autres principes de la laïcité dans les textes magistériaux :
La condamnation du principe de la liberté de conscience et de la liberté de culte :
Que nous dit l’Eglise du principe selon lequel l’Etat devrait garantir la liberté religieuse et la liberté de conscience :
« De cette source empoisonnée de l’indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire : qu’on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience ; erreur des plus contagieuses, à laquelle aplanit la voie cette liberté absolue et sans frein des opinions qui, pour la ruine de l’Église et de l’État, va se répandant de toutes parts, et que certains hommes, par un excès d’impudence, ne craignent pas de représenter comme avantageuse à la religion. Eh ! ” quelle mort plus funeste pour les âmes, que la liberté de l’erreur ! ” disait saint Augustin (S. Aug. Ep. CLXVI). »
Mirari vos, LETTRE ENCYCLIQUE PAPE GRÉGOIRE XVI, 1832
Nous voyons donc que le Pape Grégoire XVI considérait cette liberté tout simplement comme un « délire ». Car c’est une folie en effet que de laisser ceux qui sont dans l’erreur contaminer les autres par leurs erreurs et encourager ainsi l’erreur à se répandre. La mission de l’Eglise est au contraire d’empêcher que l’erreur se diffuse, elle qui a pour mission le salut des âmes.
Pie IX rappela par la suite cet enseignement du pape Grégoire XVI et qualifia, lui, cette liberté de conscience de « liberté de perdition ».
« Et contre la doctrine de la Sainte Écriture, de l’Église et des saints Pères, ils affirment sans hésitation que : « la meilleure condition de la société est celle où on ne reconnaît pas au pouvoir le devoir de réprimer par des peines légales les violations de la loi catholique, si ce n’est dans la mesure où la tranquillité publique le demande ». À partir de cette idée tout à fait fausse du gouvernement des sociétés, ils ne craignent pas de soutenir cette opinion erronée, funeste au maximum pour l’Église catholique et le salut des âmes, que Notre Prédécesseur Grégoire XVI, d’heureuse mémoire, qualifiait de « délire » [2] : « La liberté de conscience et des cultes est un droit propre à chaque homme. Ce droit doit être proclamé et garanti par la loi dans toute société bien organisée. Les citoyens ont droit à l’entière liberté de manifester hautement et publiquement leurs opinions quelles qu’elles soient, par les moyens de la parole, de l’imprimé ou tout autre méthode sans que l’autorité civile ni ecclésiastique puisse lui imposer une limite ». Or, en donnant pour certitudes des opinions hasardeuses, ils ne pensent ni ne se rendent compte qu’ils prêchent « la liberté de perdition » »
Pie IX, Encyclique « Quanta cura ».8 décembre 1864
En réalité, tous ces principes sont liés : comme l’explique le pape Léon XIII la liberté de culte repose sur l’indifférentisme en matière religieuse. Or en reconnaissant toutes les religions comme vraies cet indifférentisme, qui met l’erreur et la vérité sur le même plan, revient à n’en reconnaître aucune et aboutit donc in fine à l’athéisme d’Etat :
« La liberté de culte, considérée dans son rapport à la société, est fondée sur ce principe que l’Etat, même dans une nation catholique, n’est tenu de professer ou de favoriser aucun culte ; il doit rester indifférent au regard de tous et en tenir un compte juridiquement égal. Il n’est pas question ici de cette tolérance de fait, qui en des circonstances données, peut être concédée aux cultes dissidents ; mais bien de la reconnaissance accordée à ceux-ci des droits mêmes qui n’appartiennent qu’à l’unique vraie religion, que Dieu a établie dans le monde et a désignée par des caractères et des signes clairs et précis, pour que tous puissent la reconnaître comme telle et l’embrasser.
Aussi bien, une telle liberté place-t-elle sur la même ligne la vérité et l’erreur, la foi et l’hérésie, l’Eglise de Jésus-Christ et une quelconque institution humaine ; elle établit une déplorable et funeste séparation entre la société humaine et Dieu son Auteur ; elle aboutit enfin aux tristes conséquences que sont l’indifférentisme de l’Etat en matière religieuse, ou, ce qui revient au même, son athéisme »
Pape Léon XIII, Lettre à l’Empereur du Brésil (Lettre E giunto, du 19 juillet 1889)
Dans l’extrait qui suit le pape Léon XIII établit encore plus explicitement l’équivalence du principe de liberté de culte avec celui d’apostasie légale. La liberté des cultes implique en effet l’indifférentisme de l’Etat vis-à-vis de toutes les formes religieuses, ce qui équivaut à une apostasie sur le plan politique.
« A plusieurs reprises déjà, dans des documents officiels adressés au Monde Catholique, Nous avons démontré combien est erronée la doctrine de ceux, qui sous le nom séducteur de liberté du culte, proclament l’apostasie légale de la société, la détournant ainsi de son Auteur divin »
Pape Léon XIII, Lettre à l’Empereur du Brésil (Lettre E giunto, du 19 juillet 1889)
La condamnation du principe de neutralité de l’Etat vis-à-vis de la religion :
Sur la nécessité pour l’Etat de rendre un culte public voici ce que dit le pape Léon XIII :
« La société politique étant fondée sur ces principes, il est évident qu’elle doit sans faillir accomplir par un culte public les nombreux et importants devoirs qui l’unissent à Dieu. Si la nature et la raison imposent à chacun l’obligation d’honorer Dieu d’un culte saint et sacré, parce que nous dépendons de sa puissance et que, issus de lui, nous devons retourner à lui, elles astreignent à la même loi la société civile. Les hommes, en effet, unis par les liens d’une société commune, ne dépendent pas moins de Dieu que pris isolément ; autant au moins que l’individu, la société doit rendre grâce à Dieu, dont elle tient l’existence, la conservation et la multitude innombrable de ces biens. C’est pourquoi, de même qu’il n’est permis à personne de négliger ses devoirs envers Dieu, et que le plus grand de tous les devoirs est d’embrasser d’esprit et de coeur la religion, non pas celle que chacun préfère, mais celle que Dieu a prescrite et que des preuves certaines et indubitables établissent comme la seule vraie entre toutes, ainsi les sociétés politiques ne peuvent sans crime se conduire comme si Dieu n’existait en aucune manière, ou se passer de la religion comme étrangère et inutile, ou en admettre une indifféremment selon leur bon plaisir. En honorant la Divinité, elles doivent suivre strictement les règles et le mode suivant lesquels Dieu lui-même a déclaré vouloir être honoré. Les chefs d’Etat doivent donc tenir pour saint le nom de Dieu et mettre au nombre de leurs principaux devoirs celui de favoriser la religion, de la protéger de leur bienveillance, de la couvrir de l’autorité tutélaire des lois, et ne rien statuer ou décider qui soit contraire à son intégrité. »
Immortale Dei 1885, Lettre encyclique, Léon XIII
Et sur l’obligation qu’a l’Etat de professer une religion officiellement :
«…et dès lors que le peuple est censé la source de tout droit et de tout pouvoir, il s’ensuit que l’Etat ne se croit lié à aucune obligation envers Dieu, ne professe officiellement aucune religion, et n’est pas tenu de rechercher quelle est la seule vraie entre toutes, ni d’en préférer une aux autres, ni d’en favoriser une principalement ; mais qu’il doit leur attribuer à toutes l’égalité de droit, du moment que la discipline de la chose publique n’en subit pas de détriment. Par conséquent, chacun sera libre d’embrasser la religion qu’il préfère, ou de n’en suivre aucune si aucune ne lui agrée… »
Léon XIII. Encyclique Immortale Dei, du 1er novembre 1885, sur la constitution chrétienne des Etats.
Sur l’obligation qu’a l’Etat de professer non seulement une religion mais bien sûr la vraie religion, la religion catholique Léon XIII déclara :
« Puisqu’il est donc nécessaire de professer une seule religion dans la société, il faut professer celle qui est la seule vraie et que l’on reconnaît sans peine, surtout dans les pays catholiques, aux signes de vérité dont elle porte en elle l’éclatant caractère »
Pape Léon XIII, Encyclique Libertas 20 juin 1888
Selon l’Eglise l’Etat doit reconnaître la vraie religion comme telle et faire profession de catholicisme en inscrivant donc dans sa Constitution le principe de cette reconnaissance. L’agnosticisme de l’Etat, ou la prétendue neutralité en matière religieuse sont encore très clairement condamnés dans ce passage :
« Cette religion (NDR : le pape Léon XXII fait ici évidemment référence au catholicisme), les chefs de l’Etat doivent donc la conserver et la protéger, s’ils veulent, comme ils en ont l’obligation, pourvoir prudemment et utilement aux intérêts de la communauté. Car la puissance publique a été établie pour l’utilité de ceux qui sont gouvernés, et quoiqu’elle n’ait pour fin prochaine que de conduire les citoyens à la prospérité de cette vie terrestre, c’est pourtant un devoir pour elle de ne point diminuer, mais d’accroître, au contraire, pour l’homme la faculté d’atteindre à ce bien suprême et souverain dans lequel consiste l’éternelle félicité des hommes, ce qui devient impossible sans la religion ».
Pape Léon XIII, Encyclique Libertas 20 juin 1888
En réalité la défense de l’Eglise fait partie intégrante des devoirs des dirigeants politiques qui n’ont pas seulement le devoir de gouverner la société :
« Nous aimons à espérer que Nos très chers fils en Jésus Christ, les princes, guidés par leurs sentiments de piété et de religion, auront toujours présente à leur mémoire cette vérité : que l’autorité suprême ne leur a pas seulement été donnée pour le gouvernement des affaires du monde, mais principalement pour la défense de l’Église »
PIE IX Lettre encyclique Qui pluribus du 9 novembre 1846
La condamnation de la séparation de l’Eglise et de l’Etat fut reprise dans le Syllabus :
Proposition 77(condamnée) « A notre époque, il n’est plus utile que la religion catholique soit considérée comme l’unique religion de l’État, à l’exclusion de tous les autres cultes »
Pape Pie IX Syllabus, 8 décembre 1864
L’Eglise enseigne évidemment qu’il est absurde de fonder une société et de la gouverner en faisant comme si la Religion n’existait pas, ce à quoi revient la doctrine de la laïcité :
« il s’en trouve beaucoup aujourd’hui pour appliquer à la société civile le principe impie et absurde du « naturalisme », comme ils l’appellent, et pour oser enseigner que « le meilleur régime politique et le progrès de la vie civile exigent absolument que la société humaine soit constituée et gouvernée sans plus tenir compte de la Religion que si elle n’existait pas, ou du moins sans faire aucune différence entre la vraie et les fausses religions ».
Pie IX Encyclique « Quanta cura ».8 décembre 1864
Enfin le pape Léon XIII, rappelant les enseignements du pape Grégoire XVI sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat déclara qu’il s’agissait d’une atteinte contre « la concorde mutuelle » qui doit exister entre ces deux sphères :
« Dans sa Lettre-Encyclique Mirari vos, du 15 août 1832, Grégoire XVI, avec une grande autorité doctrinale, a repoussé ce que l’on avançait dès lors, qu’en fait de religion, il n’y a pas de choix à faire: que chacun ne relève que de sa conscience et peut, en outre, publier ce qu’il pense et ourdir des révolutions dans l’Etat. Au sujet de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, ce Pontife s’exprime en ces termes : ” Nous ne pouvons pas attendre pour l’Eglise et l’Etat des résultats meilleurs des tendances de ceux qui prétendent séparer l’Eglise de l’Etat et rompre la concorde mutuelle entre le sacerdoce et l’empire. C’est qu’en effet, les fauteurs d’une liberté effrénée redoutent cette concorde, qui a toujours été si favorable et salutaire aux intérêts religieux et civils. »
Immortale Dei 1885, Lettre encyclique, Léon XIII
La condamnation du principe de l’égalité des croyants et des religions devant la loi :
L’erreur et la vérité ne peuvent être mis sur le même plan, il s’agit d’une atteinte à la vérité de la religion catholique enseigne Léon XIII :
« L’Eglise juge qu’il n’est pas permis de mettre les divers cultes sur le même pied légal que la vraie religion »
Immortale Dei 1885, Lettre encyclique, Léon XIII
Principe repris dans le Syllabus :
Proposition 78(condamnée) « Aussi c’est avec raison que, dans quelques pays catholiques, la loi a pourvu à ce que les étrangers qui s’y rendent y jouissent de l’exercice public de leurs cultes particuliers »
Pape Pie IX Syllabus, 8 décembre 1864
La condamnation de l’athéisme d’Etat et des empêchements faits à l’Eglise d’exercer son influence dans la société :
Nous avons vu dans sa Lettre à l’Empereur du Brésil que le pape Léon XIII avait condamné le principe consistant à organiser une société sans tenir compte de Dieu, ce qu’il appelle une « apostasie légale » et dont il explique dans Libertas qu’elle est un athéisme d’Etat.
«On ne saurait mettre en doute, en effet, que la réunion des hommes en société ne soit l’œuvre de la volonté de Dieu, et cela qu’on la considère dans ses membres, dans sa forme qui est l’autorité, dans sa cause ou dans le nombre et l’importance des avantages qu’elle procure à l’homme. C’est Dieu qui a fait l’homme pour la société et qui l’a uni à ses semblables, afin que les besoins de sa nature, auxquels ses efforts solitaires ne pourraient donner satisfaction, pussent la trouver dans l’association. C’est pourquoi la société civile, en tant que société, doit nécessairement reconnaître Dieu comme son principe et son auteur, et, par conséquent, rendre à Sa puissance et à Son autorité l’hommage de son culte. Non, de par la justice ; non, de par la raison, l’Etat ne peut être athée, ou, ce qui reviendrait à l’athéisme, être animé à l’égard de toutes les religions, comme on dit, des mêmes dispositions, et leur accorder indistinctement les mêmes droits»
Pape Léon XIII, Encyclique Libertas, 20 juin 1888
Il déclare explicitement dans d’autres textes qu’on ne doit pas exclure l’Eglise de la vie publique, des lois ou de l’éducation :
« par une impiété toute nouvelle et que les païens eux-mêmes n’ont pas connue, on a vu se constituer des gouvernements, sans qu’on tînt nul compte de Dieu et de l’ordre établi par Lui ; on a proclamé que l’autorité publique ne prenait pas de Dieu le principe, la majesté, la force de commander, mais de la multitude du peuple, laquelle, se croyant dégagée de toute sanction divine, n’a plus souffert d’être soumise à d’autres lois que celles qu’elle aurait portées elle-même, conformément à son caprice.
Puis, après qu’on eut combattu et rejeté comme contraires à la raison les vérités surnaturelles de la foi, l’Auteur même de la Rédemption du genre humain est contraint, par degrés et peu à peu, de s’exiler des études, dans les universités, les lycées et les collèges ainsi que de toutes les habitudes publiques de la vie humaine »
Pape LÉON XIII Lettre QUOD APOSTOLICI MUNERIS, Sur les erreurs modernes, 28 décembre 1878
« Quant à l’Eglise, que Dieu lui-même a établie, l’exclure de la vie publique, des lois, de l’éducation de la jeunesse, de la société domestique, c’est une grande et pernicieuse erreur. Une société sans religion ne saurait être bien réglée ; et déjà, plus peut-être qu’il ne faudrait, l’on voit ce que vaut en soi et dans ses conséquences cette soi-disant morale civile. »
Léon XIII, Lettre encyclique, Immortale Dei 1885
Conclusion:
Tous les principes inclus dans la notion de laïcité, on le voit, sont formellement condamnés par le Magistère de l’Eglise, ces textes ne laissent aucun doute. Nous constations en introduction de cet article que les fidèles conciliaires, revendiquent pourtant les principes de laïcité, sans doute parce qu’ils ne connaissent pas ces textes magistériaux. Nous espérons que cet article aura aidé à les faire connaître. Nous analyserons dans un prochain article comment la secte conciliaire a adopté le dogme républicain de la laïcité suite à la révolution de Vatican, 2: « Comment la contre-église conciliaire a adopté le faux dogme maçonnique de la laïcité »
Notes
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