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L’Eglise et la castration

Par Pierre Joly
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eglise et castration
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Ces derniers temps, beaucoup d’anticléricaux ont imaginé que l’Église aurait encouragé la pratique de la castration. Cette allégation extravagante en dit long sur la malhonnêteté de nos adversaires qui, décidément, ne savent vraiment plus quoi inventer pour essayer de discréditer la papauté.

Mais laissons le pape Benoît XIV répondre à cette accusation : « L’homme n’est pas maître de ses membres » – dit-il « au point de pouvoir consentir à l’amputation de l’un d’eux, à moins qu’il ne puisse assurer autrement le salut et la conversion du corps entier. Aussi, ni la prétendue nécessité d’assurer la subsistance, ni le louable dessein de servir l’Église, en remplissant l’office de chantre, ne fournissent une raison suffisamment juste ou un motif qui puisse excuser le péché de cette émasculation de l’homme. » [1]

Notons que cette doctrine n’est pas nouvelle, puisque le concile de Nicée prescrivait déjà la même sentence : « Si quelqu’un étant malade » – décréta le saint concile – « a été mutilé par les médecins, ou s’il a été châtré par les barbares, qu’il demeure dans le clergé ; mais si un homme bien portant se châtre lui-même, on l’exclura du clergé, et à l’avenir, on n’ordonnera pas celui qui aura agi ainsi. Mais comme il est évident que cette mesure est faite pour ceux qui ont agi avec intention ou qui ont voulu se mutiler eux-mêmes, ceux qui ont été fait eunuques par les barbares ou par leur maître devront, conformément au canon, être maintenu dans la cléricature, si par ailleurs ils en sont dignes. » [2]

De même, le pape Lucius III resta fidèle à cet enseignement en déclarant ce qui suit : « Le prieuré et le couvant de Calonantia ont interrogé le Siège Apostolique sur le point de savoir si un homme jeune, à qui l’on a enlevé les organes sexuels, peut être ordonné au presbytériat avec la permission des canons. Soucieux de voir observée dans cette affaire la distinction canonique, Nous chargeons ta fraternité, par cet écrit Apostolique, de rechercher la vérité avec une grande diligence, afin de savoir s’il a été castré par des ennemis, ou par des médecins, ou s’il a lui-même porté la main sur lui parce qu’il n’a pas su s’opposer au vice de la chair. Les canons admettent en effet les premiers, s’ils sont aptes par ailleurs, mais ils commandent que le troisième soit puni comme ayant été homicide pour lui-même. »[3]

Nous retrouvons ici dans les paroles de ce souverain pontife toute la sagesse des enseignements de Notre Seigneur : « Car il y a des eunuques qui sont nés tels dès le sein de leur mère ; il y en a que les hommes ont fait eunuques ; et il y en a qui se sont eux-mêmes rendus eunuques, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre, comprenne ! » (Matthieu 19 ; 12).

Étant précisé, bien entendu, que selon le consensus des Pères de l’Église, le fait de “se rendre eunuque soi-même à cause du Royaume des cieux“ est une expression hyperbolique désignant la vertu de chasteté. [4]

Saint Jean Chrysostome : « Lorsque le Seigneur dit qu’il en est qui se sont faits eunuques, il ne veut point parler du retranchement d’aucun membre, mais de la mortification des pensées mauvaises ; car celui qui se mutile lui-même est soumis à la malédiction, parce qu’il se rend coupable du crime des homicides, […] et qu’il imite la conduite des païens qui se mutilent ainsi eux-mêmes ; la pensée de se retrancher un membre ne peut venir que d’une tentation du démon. » [5]

Enfin, pour compléter cette réflexion, nous citerons également le commentaire de Marta Madero (professeur d’histoire médiévale) : « En 1587 » – explique-t-elle – « en réponse à une question de l’évêque de Novare Cesare Spacciani, nonce apostolique résidant en Espagne, concernant le mariage des eunuques, […] le pape Sixte V produit un Bref “Cum Fréquenter“, instaurant la possibilité de la dénonciation publique des impuissants, définis comme tout homme manquant des deux testicules […] et leur séparation forcée. (P. Cardinalis Casparri, J. Seredi, Codicis luri canonici Fontes, cité du Vatican, 1923, volume I, p. 298). » [6]

En résumé, contrairement à ce que prétendent les anticléricaux, le Saint-Siège n’a jamais approuvé la castration. Ainsi s’achève donc cette réfutation de l’un des plus gros mensonges contre l’Église…


[1] De Synodo, Lib. XI, c. 7, Rome 1760 ; Art. Castraction, in Dict. de Sociologie.

[2] Héfélé-Leclercs. Histoire des Conciles. I. 528-132.

[3] Lettre Dilectae in Christo à l’évêque Simon de Meaux (1185).

[4] Il en va de même pour ces paroles de Notre Seigneur : « Que si ton œil droit te scandalise, arrache-le et jette-le loin de toi » (Matthieu 5 ; 29), ou encore : « Et si ta main droite te scandalise, coupe-la et la jette loin de toi » (Matthieu 5 ; 30). Saint Paul nous en donne la véritable signification en écrivant : « Faites donc mourir vos membres qui sont sur la terre : la fornication, l’impureté, la luxure, les mauvais désirs, et l’avarice, qui est une idolâtrie » (Colossiens 3 ; 5).  

[5] Homélie LXII.

[6] La loi de la chair. Le droit au corps du conjoint dans l’œuvre des canonistes, XIIème – XVème siècle, 2015, Chapitre I, p. 45-46

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