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Les erreurs modernes : Rationalisme, Naturalisme, Libéralisme.

Par Brice Michel
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Les erreurs philosophiques modernes du libéralisme et du naturalisme qui aboutirent à la séparation de l’Eglise et de l’Etat et à la laïcité ( c’est-à-dire à l’ athéisme pratique et social et à la substitution de l’autorité de l’homme à l’autorité de Dieu ), viennent du Rationalisme.


«Les erreurs modernes portent différents noms, mais découlent toutes de la même source : le Rationalisme.

Le catholique admet deux ordres de vérités : les vérités qu’il connaît par sa raison, et celles que Dieu lui enseigne par la Révélation.

1/ Le RATIONALISME n’admet que les vérités démontrées par la raison et rejette les vérités révélées. Pour lui, la raison est l’unique source du vrai et du faux, du bien et du mal ; et elle suffit à l’homme pour arriver à sa fin dernière.
Le Rationalisme a produit une autre erreur, ou plutôt il s’est développé sous un autre nom : le Naturalisme.

2 / Le NATURALISME nie le surnaturel et ne reconnaît que la nature et ses forces. Au fond, ces deux erreurs sont identiques : elles consistent à déifier la raison humaine, à nier l’ordre surnaturel, la Révélation, le miracle, la divinité de Jésus-Christ et de son Eglise.

Comme le chêne vient du gland, ainsi le Rationalisme est né du protestantisme. Après avoir nié l’autorité de l’Eglise, Luther admit comme unique source de vérité, la Bible soumise au libre examen, c’est-à-dire interprétée par la raison individuelle. Mais les interprétations fantaisistes de l’Ecriture, la multiplication des sectes, les disputes sans trêve et sans issue firent rejeter la Bible elle-même comme LIVRE DIVIN. Ainsi fut niée la Révélation tout entière.

— Au XVIe-et au XVIIe siècle, on appelle les rationalistes incrédules et sceptiques : incrédules parce qu’ils refusent de croire à la parole de Dieu ; sceptiques, parce qu’après avoir nié la Révélation, ils mettent en doute les vérités naturelles. Ils se qualifient d’esprits forts, parce qu’ils prétendent s’élever au-dessus des croyances du vulgaire…

— Au XVIIIe siècle, ces incrédules se donnent le nom de philosophes. Les sophistes. Voltaire, Rousseau, Diderot. D’Alembert, Helvétius, etc., déclament à l’envi contre la superstition, le fanatisme l’ignorance, les préjugés… Dans leur bouche, ces mots désignent la Religion Révélée, l’Eglise, ses dogmes, sa morale, etc.

— Le philosophisme du XVIIIe siècle n’était qu’un Rationalisme théorique, la Révolution devint le Rationalisme pratique.
La déclaration des droits de l’homme fut : 1° une apostasie sociale ;2° la négation des droits de Dieu, de son Christ et de son Eglise ; 3° la substitution de l’autorité de l’homme à l’autorité de Dieu… les immortels principes de 89, les idées modernes, le droit nouveau, ne sont que les doctrines du Rationalisme.

… Quelques catholiques naïfs s’obstinent à ne voir dans la Révolution que le renversement des monarchies absolues, l’établissement du suffrage populaire, l’introduction de l’égalité politique et civile, etc. ce ne sont là que les accessoires de la Revolution, dont l’essence est l’apostasie sociale.

« La Révolution, disait de Maistre, est essentiellement satanique. »
Sous la Restauration, les noms de philosophie, de Révolution, avaient perdu leur prestige : Ils étaient odieux au Pouvoir, parce qu’ils rappelaient les malheurs de la Maison de France. Le Rationalisme prend un nom nouveau : il s’appelle le Libéralisme.

3 / Le Libéralisme, dans son sens le plus général, exagère la liberté humaine au détriment de l’autorité divine, — la liberté du peuple au détriment de l’autorité souveraine.
Le libéralisme, dans le sens le plus ordinaire, est le système qui proclame l’homme essentiellement libre, indépendant de toute autorité divine et religieuse.
« Ce que sont les partisans du Naturalisme et du Rationalisme en philosophie, les fauteurs du Libéralisme le sont dans l’ordre moral et civil, puisqu’ils introduisent dans les mœurs et la pratique de la vie les principes posés par les partisans du Naturalisme. » Léon XIII, Encycl. Libertas.

Réfutation du Libéralisme

Le mot libéralisme a diverses significations :

1/ On appelle libéralisme, par opposition au conservatisme, les partis politiques et les systèmes économiques favorables à la liberté commerciale, industrielle ou civile.
2/ On appelle encore libéralisme, par rapport à absolutisme, les systèmes de gouvernement où le pouvoir du souverain est limité par une Constitution.
Il nous est impossible de faire une énumération complète de ce qui, à tort ou à raison, s’est intitulé libéralisme. Ce qu’il nous importe de connaître, c’est le libéralisme condamné par l’Eglise.
Le Libéralisme est une doctrine morale consistant à exclure du gouvernement civil toute influence religieuse, surtout celle de la vraie religion, de l’Eglise catholique.
C’est l’indépendance absolue de l’Etat vis à vis de l’Eglise dans le sens d’oppression de L’Eglise par l’Etat.
C’est la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le principe libéral peut encore s’énoncer ainsi : L’homme, en tout ce qui est législation et administration civile, ne doit tenir aucun compte, ni de l’Eglise, ni de Jésus Christ.

Le libéralisme contemporain comprend trois principaux degrés :

1/Le libéralisme radical ou absolu veut la suprématie de l’Etat et l’oppression de l’Eglise.
2/ Le libéralisme mitigé veut la séparation complète de l’Eglise et de l’Etat.
3/ Le libéralisme catholique admet cette séparation, non comme principe, mais comme méthode pratique.

I. Le Libéralisme absolu n’est autre chose que le Naturalisme ou la LIBRE-PENSÉE. Il rejette l’ordre surnaturel et toute religion positive. Il considère la Révélation divine, l’intervention directe de Dieu dans nos destinées, comme un attentat à la dignité et à la raison de l’homme — Il n’admet que l’ordre naturel : pour lui, Dieu n’existe pas, ou s’il existe, il ne s’occupe pas du monde. L’homme peut, par les seules forces de sa nature, connaître toute vérité. La raison lui suffit : elle est pour lui l’unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal ; elle est à elle-même sa propre loi, et conduit l’homme à sa fin aussi sûrement que l’instinct conduit la brute à la sienne. Telle est la doctrine du Naturalisme.

Le Libéralisme applique ces principes à l’ordre social. Si l’individu, en effet, est indépendant de Dieu et de la religion, l’homme collectif doit l’être également, et les lois civiles, comme les sciences doivent être soustraites à toute règle religieuse. Par la nature les hommes naissent libres, par le contrat social, ils créent la société. L’Etat, représentation et personnification de toutes les volontés individuelles, est investi de l’omnipotence. Il ne reconnaît point de droit qu’il soit tenu de respecter, ni droit naturel, ni droit positif divin, ni droit ecclésiastique : toutes ses décisions, quelles qu’elles soient, obligent par elles-mêmes : la loi civile crée le droit.

La raison humaine était, avant le pacte social, absolument maîtresse et autonome dans l’individu. Elle conserve dans la collectivité, sous le nom d’Etat, la même indépendance, la même autonomie : c’est l’Etat qui se substitue à Dieu : c’est l’Etat-Dieu. Les auteurs récents désignent ce système sous le nom
de statolâtrie, l’adoration de l’Etat. C’est le Paganisme avec toutes ses horreurs.

Ce système est donc un véritable Athéisme pratique et social. C’est la négation sociale de Dieu et de sa loi, négation que l’on couvre du nom équivoque de sécularisation ou de laïcisme, et que l’on applique à tous les éléments de l’organisation sociale. L’Etat doit être essentiellement laïque — c’est-à-dire athée. Il faut soustraire à l’influence de la Religion, les écoles, la bienfaisance, la science, la législation, la famille elle-même. C’est la sécularisation ou laïcisation universelle. — Voir Dom Benoit, « Les erreurs modernes ».

RÉFUTATION DE CE SYSTÈME. Il est basé sur l’Athéisme, sur l’indépendance de l’homme, sur la négation de l’ordre surnaturel, et de tout ce qui s’y rattache : divinité de Jésus-Christ, institution divine de l’Eglise, etc. Or, nous avons prouvé l’existence de Dieu, de la Révélation, de la Religion positive, et l’obligation pour l’homme et la société de professer cette Religion divine, qui nous est enseignée par le Magistère infaillible de l’Eglise. Enfin, nous avons démontré que l’Eglise est une société parfaite, indépendante, infiniment supérieure à l’Etat, qui lui est subordonné et doit respecter ses droits. Toutes ces vérités démontrent l’absurdité de ce système imposé par la franc-maçonnerie.

Le Libéralisme est donc un crime envers Dieu, dont il nie le domaine, les droits et même l’existence ; — un crime envers la société, dont il ruine les fondements; — un crime envers les sujets, qu’on ramène à l’antique esclavage. »

Extrait de “La Religion Demontrée Ou les Fondements de la Foi Catholique Devant la Raison et la Science.” P. A. Hillaire, 1900 p.380

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2 Commentaires

Benoît YZERN 6 avril 2023 - 5h20

Merci beaucoup pour tout texte qui compléterait celui sur les erreurs modernes en explicitant les erreurs postmodernes, d’autant plus que, après avoir cru pouvoir pactiser avec une partie des erreurs modernes, bien des clercs néo-catholiques ont cru pouvoir pactiser avec une partie des erreurs postmodernes.

Quelles sont donc ces erreurs ? Disons ici que la postmodernité, apparue dès les années 1930, et davantage après 1945, fonctionne fréquemment à la déconstruction herméneutiste, au dépassement historiciste, au perspectivisme sinon au relativisme, et au sincéritisme sinon au subjectivisme.

Dans l’ensemble, il y a ici la conception d’après laquelle les notions de bien commun, de loi naturelle, de personne humaine, de vérité objective et de vertu cardinale, dans leur acception catholique éclairante et exigeante, n’ont presque plus de légitimité et presque plus de signification, chacune de ces notions, dans cette acception catholique, étant considérée comme synonyme de stéréotype porteur d’obsolescence et propice à une discrimination asservissante.

En réalité,

– si toute activité de l’esprit se doit de déboucher sur une déconstruction porteuse d’une herméneutique non réceptive ni respectueuse à l’égard des concepts, des dogmes, des valeurs et des vertus de ceux qui nous ont précédés,

et

– si toute orientation dans la vie se doit de déboucher sur le dépassement historiciste des éclairages, des exigences, des mystères, des prières, des repères, des symboles qui ont été reçus, pris en compte, et transmis par ceux qui nous ont précédés,

qui sommes-nous, quels sont nos traits de caractère, nos coordonnées, nos paramètres et notre table d’orientation, les plus appropriés à la prise en charge la plus adulte de notre identité et de notre orientation ?

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Benoît YZERN 7 avril 2023 - 5h35

Il est d’autant plus indispensable de compléter ce texte sur les erreurs modernes par un texte sur les erreurs postmodernes que le dialogue interreligieux inclusiviste, notamment (post-)wojtylien, et le dialogue interconvictionnel inclusiviste, notamment bergoglien, sont typiquement inspirés par la forma mentis postmoderne, ou, en tout cas, adossés à la mentalité postmoderne.

D’après cette forma mentis, ou selon cette mentalité, la seule bonne interprétation et la seule bonne actualisation du catholicisme sont placées

– sous le signe du contournement ou du dépassement des catégories et des définitions thomistes, à l’intérieur de l’Eglise catholique,

et

– sous le signe de la convergence ou de la fraternité, interreligieuse et interconvictionelle, vers l’extérieur de l’Eglise catholique.

Ce qui semble vraiment importer est que les catholiques deconstruisent ou destituent leurs stéréotypes, tout à fait “illégitimes” car non ouverts ou peu ouverts sur la sacro-sainte évolution des mentalités, et tout aussi “illégitimes” parce qu’ils sont porteurs d’une attitude parfois controversiste et exclusiviste, qui sévit au préjudice de la mise en oeuvre de la nouvelle conception de la charité, consensualiste et non évangélique.

En fonction de cette nouvelle conception, la charité semble vraiment due, dorénavant, non seulement aux personnes croyantes non chrétiennes et aux personnes non croyantes, mais aussi aux religions et aux traditions croyantes non chrétiennes, ainsi qu’à plusieurs valeurs présentes chez les personnes non croyantes, même si ces valeurs sont éloignées voire opposées à la conception catholique de la personne et de la société.

Ainsi, deux amours ont fait deux Églises : l’amour de la distinction entre les erreurs et la vérité a fait l’Eglise catholique, et l’amour de la distinction entre les divisions, jugées dépassées car issues du passé, et l’unité, ouverte sur et promise par l’avenir, a fait l’Eglise du Concile et de l’après-Concile, puis l’Eglise du Synode…

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