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La dévotion. Ce qu’elle n’est pas. Ce qu’elle est réellement.

Par Brice M.
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I. IDÉE QU’IL FAUT S’EN FAIRE

1.Ce qu’elle n’est pas.

Elle n’est pas l’onction intérieure : attraits, élans, entraînements, douceurs, joie de l’âme, que l’on éprouve parfois dans le service de Dieu. Erreur de le croire. Nous sommes tous appelés à la dévotion, mais pas tous à l’onction.

Elle n’est pas la délivrance des tentations. Erreur encore de le penser. Combien à qui les tentations sont utiles, nécessaires même.

Elle n’est pas dans la multitude des pratiques saintes : chapelets, chemins de croix, pèlerinages, communions même. Combien multiplient ces pratiques, et cependant n’ont aucune dévotion !

Elle n’est pas davantage dans les austérités, mortifications, jeûnes, abstinences, cilices, disciplines, aumônes abondantes. L’amour-propre peut s’y glisser et la dévotion en être totalement absente.

Elle n’est pas non plus dans un vif sentiment de componction, dans une certaine facilité à parler des choses de Dieu, dans une grande science de la vie spirituelle. Tout cela est excellent, mais n’est pas donné à tous, et encore une fois, tous, étant appelés à la dévotion, doivent pouvoir l’acquérir.

2. Ce qu’elle est réellement.

Le nom de dévotion indique une consécration au service de Dieu. Ce qui peut se faire par vœu, par serment, par volonté ferme, par résolution ou simple sentiment de l’âme.

D’après saint Thomas, la dévotion est une volonté prompte de se livrer à ce qui regarde le service de Dieu. Comme on le voit, c’est vouloir être pour Dieu un serviteur généreux.

D’après saint François de Sales, c’est faire le bien, le faire habituellement, promptement, soigneusement [1]1. Introduction à la vie dévote, 1° partie, chap. I — Quatre paroles qu’il faut méditer.

Faire le bien. Expression générale qui marque toute l’étendue de la dévotion, c’est-à-dire tout ce qui est bien, tout ce qui est du service de Dieu, tout ce qui est du devoir. Ce serait donner à la dévotion des limites bien bornées que de la restreindre aux exercices que l’on appelle pratiques de dévotion.

Le faire habituellement. La dévotion est un état plutôt qu’un acte, conséquence d’actes fréquemment répétés. Les boutades, les caprices, les intermittences, les jeux de bascule sont donc opposés à l’essence de la dévotion. Il faut être toujours ce que l’on est un jour.

Le faire promptement. Ces paroles indiquent l’agilité spirituelle, plutôt que l’agilité physique ; elles sont la note spéciale de la dévotion et marquent son essence. Toutefois, qu’on ne s’y trompe pas, elle n’est pas l’empressement extérieur qui peut exister sans la dévotion, elle réside surtout dans l’âme qui n’a pas seulement des bras, des jambes, des lèvres, mais surtout des ailes pour servir Dieu. Elle ne rampe pas, ne marche pas, ne court même pas, elle vole.

Le faire soigneusement. C’est-à-dire dans le temps, dans le lieu et de la manière que Dieu le demande de nous. C’est servir Dieu comme il veut être servi, en Dieu par conséquent. C’est imiter le divin Sauveur, dont il est dit qu’ « il a bien fait toutes choses ». [2]S. Marc, VIII, 37.

En résumé, bien faire toutes choses, voilà la vraie dévotion.

II. COMMENT ELLE SE DIVISE

1. Il y a la dévotion substantielle. C’est la promptitude intelligente à servir Dieu, indépendamment de tout attrait, douceur, consolation, joie intérieure : mais uniquement d’après les vues de la foi et pour toutes les circonstances de la vie, agréables ou non, faciles ou difficiles, publiques ou privées, éclatantes ou obscures…
On l’appelle substantielle parce que là se trouve la moelle, l’âme, la vie de la dévotion.
Rien de plus indispensable. Sans elle, tout le reste n’est rien, absolument rien. Corps sans âme.
C’est un don des plus précieux. Après le don de la foi vient celui de la dévotion. L’Église nous le fait demander souvent par l’intercession des saints. Devotionem augeat et satulem.

CARACTÈRES DE CETTE DÉVOTION
Volonté forte et pratique qui ne compte pas avec les difficultés,
Promptitude et générosité d’action qui ne recule jamais devant les peines, les sacrifices, le travail ; qui n’a jamais de réserve, qui ne mesure pas le travail à la récompense. Dieu est là et ne se laissera pas vaincre en générosité.
Persévérance d’action. Elle fait aujourd’hui ce qu’elle a fait hier, ce qu’elle fera demain et au-delà.

SIGNES AUXQUELS ON LA RECONNAÎT
Prières bien faites, sacrements dignement reçus.
Actions ordinaires faites pour Dieu.
Souffrances surnaturellement endurées.
Abnégation de soi-même.

MOYENS DE L’ACQUÉRIR
Se rappeler souvent son essence et ses précieux avantages.
Réfléchir aux motifs qui peuvent l’exciter en nous. Ils sont si nombreux du côté de Dieu, de nous-mêmes et des saints, nos modèles.
La demander souvent.
S’exercer beaucoup à l’agilité spirituelle.

2. Il y a aussi la dévotion accidentelle. C’est celle qui consiste en douceurs, attraits, suavités intérieures, consolations, rafraîchissements, joies débordantes, que l’on éprouve dans des circonstances exceptionnelles, dans des cérémonies extraordinaires, et même de temps en temps sans cause apparente.
Leur utilité est incontestable : ce sont des moments de repos pour notre âme, des encouragements donnés à sa faiblesse, des accroissements d’agilité spirituelle.
Toutefois cette dévotion, qu’on appelle aussi dévotion sensible, n’est pas de l’essence de la vraie dévotion.
Recevons-la avec reconnaissance quand Dieu nous l’envoie.
Sachons-en profiter, puisque c’est pour notre bien qu’il nous la donne.
Toutefois, humilions-nous. Quand sainte Thérèse l’éprouvait : C’est Dieu, disait-elle, qui en use envers moi comme on fait d’une maison qui menace ruine ; on l’étaye.
Nous soumettre et ne nous décourager jamais si Dieu nous la retire, ou même ne nous la donne jamais.
Cependant rechercher si ce n’est pas un châtiment divin de nos infidélités ou de nos manques de respect envers lui.
On peut demander la dévotion sensible, puisqu’elle a des avantages ; mais il faut le faire avec soumission à la volonté divine, parce qu’il vaut mieux parfois en être privé.

III. QUE PENSER DE CE QUE L’ON APPELLE LES DÉVOTIONS, C’EST-A-DIRE DE CERTAINES PRATIQUES DE RELIGION ?

1. Elles ne sont pas la dévotion et peuvent exister sans elle.

2. Elles sont, pour l’ordinaire, marques de dévotion, mais pas infaillibles.

3. Elles sont l’aliment de la dévotion, comme le combustible est l’aliment du feu.

4. Elles sont multiples, on les divise en dévotions envers Notre-Seigneur, en dévotions envers la sainte Vierge et en dévotions soit envers les saints anges, soit envers les saints.

5. Le choix doit s’en faire conformément à nos goûts, à nos inclinations, à notre vocation, à nos besoins spirituels, aux dangers où nous nous trouvons, mais toujours dans une mesure discrète. Pas trop, mais assez.

6. Il est très sage de faire approuver ce choix par le guide de notre âme.

7. Une fois ce choix fixé, les remplir : exactement, joyeusement, aussi parfaitement que possible.


Source: La Vie Spirituelle, Cent Trente-Sept Conférences Dédiées aux Prêtres, aux Religieuses, aux Personnes Pieuses Vivant dans le Monde. Chanoine Toublan. Tome Second. P. 40


Notes

Notes
1 1. Introduction à la vie dévote, 1° partie, chap. I — Quatre paroles qu’il faut méditer.
2 S. Marc, VIII, 37.

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