“FRANÇAIS, l’ambiguïté de la « langue révolutionnaire ventriloque », voici le verrou à faire sauter, pour redonner leur sens aux mots et pour vous délivrer des chaînes sémantiques dans lesquelles celle-ci vous garde en esclavage : par une douzaine de mots clefs seulement, dominant la « Pyramide sémantique de la langue » comme Dieu le Père régnant sur le Verbe.
Vous touchez au but ! Levez leur ambiguïté et vous voilà libres, à nouveau éligibles à la tête de la France ! La Harpe nous dit que, dans ce « dictionnaire tout nouveau, » « tous les mots essentiels de la langue sont aujourd’hui en sens inverse ; toutes les idées primitives sont dénaturées. » « La vertu signifie le crime, et le crime signifie la vertu. » « Deux et deux font quatre, donc trois et deux font six, et quiconque en doute est un scélérat digne du dernier supplice. Cette logique et ce dictionnaire ne sont pas à l’usage du bon sens ». Et, dans les faits, pour le moins dès le 10 août 1792, c’est au nom de la Liberté que le langue révolutionnaire jette en prison ; c’est au nom de l’Égalité qu’elle impose sa loi despotique et écrase sous sa botte, au nom de la Fraternité qu’elle répand la terreur et la mise hors la loi ; c’est après avoir condamné la peine de mort qu’elle sème la mort à tous vents et fait de la France un sinistre abattoir à guillotine ; c’est au nom des Droits de l’Homme qu’elle dénie tout droit de l’homme jusqu’à ses plus fidèles serviteurs trainés devant son « Tribunal révolutionnaire », c’est-à-dire tournant à l’envers ; etc. Et c’est ainsi que la « langue révolutionnaire » fait exactement l’inverse de ce qu’elle dit.
FRANÇAIS, voici le constat de départ de la proposition que je vous fais, illustrée par l’exemple de la « sainte trinité » de la première République terroriste de 1792, fondatrice de la vôtre : « Liberté, Égalité, Fraternité ou la mort ». Comment faut-il comprendre ces mots ? Selon La Harpe, dans la « langue révolutionnaire », il y a deux sens opposés pour chaque mot. Premier sens, celui du dictionnaire français à l’usage du « bon sens » du peuple, disant que le mot « liberté » signifie : « qui n’est pas sous la dépendance de quelqu’un ». Mais, en 1793, sous le règne de la « Liberté ou la mort », dans la langue des guillotineurs liberticides, ce mot « Liberté » prendra un deuxième sens. Il signifiera l’inverse de son sens Commun : la « mise en prison ou la mort » pour les (prétendus) « ennemis de la liberté » (sic). De même le règne de l’Égalité signifiera la « dictature » et le mot Fraternité signifiera la « Terreur. » Chaque mot signifie une chose, pour la victime, et son inverse pour son bourreau !
FRANÇAIS, pour sortir de votre prison sémantique, il faut donc disposer d’un moyen simple, permettant de distinguer les deux sens opposés que peut prendre le même mot, dans la bouche du peuple ou dans celle du Pouvoir. Je vous propose donc de dire « Liberté » tout court quand le mot signifie ce qu’il a de tous temps signifié jusqu’à la Révolution – la liberté ! -, et de dire « Liberté ventriloque » quand le mot fait partie de la « langue révolutionnaire ventriloque », qu’Orwell déclinera en « Novlangue » dans son livre 1984 ! De même pour l’Égalité, la Fraternité, la République, la Démocratie, les Droits de l’homme, etc.
FRANÇAIS, cette marque « Ventriloque » de discernement, de discrimination des deux sens opposés du même mot, vous permettra de débattre enfin des sujets impossibles ou interdits jusque-là : « indiscernables » ou « tabous » sans vous exposer au « blasphème ». D’où la constitution du « dictionnaire ventriloque de langue révolutionnaire » suivant, distinguant « République » et « République ventriloque », pour expliquer : La Ve République n’est pas une République, dans le « bon sens » du modèle romain authentique, qui excluait la « laïcité » (i.e. l’athéisme), comme en atteste la présence d’un Temple sur le Forum ; mais bien une « République ventriloque », au sens qu’entendait Saint Just de « destruction totale (sic) de tout ce qui lui est opposé », ce dont témoigne précisément la persistance du « Plafond de verre » constitué par le dogme de la « langue révolutionnaire » obligée. De même pour enlever l’équivoque de la phrase tristement célèbre « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » et la rendre ainsi intelligible, il suffit de la traduire en : « Pas de liberté pour les ennemis de la « liberté ventriloque » ! », et le tour d’illusionnisme équivoque est joué ! Ainsi en est-il de même pour la « phrase révolutionnaire ventriloque » du ministre Bernard Cazeneuve disant « La France et la République, c’est la même chose », à traduire et à comprendre de la manière suivante. Autant il est possible de dire que « la France et la République sont la même chose (depuis Clovis) », autant la vérité sémantique oblige à répondre au malicieux Cazeneuve que « La France et la République ventriloque, c’est l’inverse ». C’est d’ailleurs en raison de cette différence intrinsèque – entre l’être et le costume occasionnel, voire le déguisement – que, d’un commun accord, il a bien été décidé d’inscrire sur les monuments aux morts : « Morts pour la France » et non « Morts pour la République », celle-ci n’étant perçue, au mieux, que comme un régime éphémère, changeant de numéro suivant la fantaisie du Législateur, là où la France représentait une valeur d’éternité justifiant d’exiger le sacrifice suprême, Cette non-inscription de « Morts pour la République » sur les monuments aux morts en dit d’ailleurs long sur les fables des livres d’histoire « Ventriloques » et sur le vrai prix des « Valeurs ventriloques » ! Lever l’ambigüité, en distinguant « République » et « République ventriloque », c’est faire apparaître tout front républicain « Ventriloque » (ne visant qu’à un ostracisme partisan et non au bien commun de la Volonté générale, ainsi qu’en témoignent les résultats lilliputiens de ses « vainqueurs ») comme essentiellement « anti-républicain », au vrai sens du terme d’anti-bien-commun. Et ainsi, vous voilà maîtres du moyen de forger les armes de la Reconquête de la « langue française » ; du moyen de la réconcilier avec elle-même ; du moyen d’en retrancher le corps étranger de la « langue révolutionnaire ventriloque », qui lui a été amalgamée dans le sang, la boue et les larmes, pour faire exploser son « plafond de verre » sémantique et politique. “
Extrait de : Macron, le président ventriloque. La figure du Roi et la Magie politique. Arnaud-Aaron Upinsky. Les Editions du Bief. 2018. P.62