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Le sionisme réfuté par la Bible

Par Pierre Joly
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À l’heure où de nombreuses personnes – souvent de confession juives – cherchent à instrumentaliser la Bible pour tenter de prouver la légitimité de l’État Israélien, l’Abbé Augustin Lehmann démontre au contraire – à travers ce long texte extrait de son livre : L’avenir de Jérusalem – que le sionisme n’a, en réalité, aucun fondement scripturaire, car aucune prophétie ne témoigne en faveur de cette idéologie, qui repose essentiellement sur une interprétation erronée de l’Ancien Testament.

Dans l’Ancien Testament

Psaume 50 ; 20-21 : « Dans votre bonne volonté, Seigneur, traitez bénignement Sion ; et que les murs de Jérusalem soient bâtis. Alors vous agréerez un sacrifice de justice, des oblations et des holocaustes ; alors on mettra sur votre autel des veaux. »

Le texte : « Seigneur, traitez favorablement Sion dans votre bonté, afin que les murs de Jérusalem soient bâtis », n’est qu’une supplication adressée à Jéhovah soit par David, soit par les Juifs au temps de la captivité de Babylone, pour obtenir le rétablissement de la théocratie, de la Ville Sainte et du Temple. Mais cette supplication n’a aucun rapport littéral avec les temps qui se sont succédé depuis la ruine définitive de Jérusalem par Titus et par Adrien. C’est donc à tort que les Juifs ont fait ou font de ces versets une prophétie relative à l’avenir de Jérusalem. Ils peuvent se placer sur leurs lèvres comme une supplication, comme une prière ; mais on ne saurait y rencontrer le moindre indice du rétablissement d’un État juif.

Psaume 101 ; 13-23 : « Mais vous, Seigneur, vous subsistez éternellement ; et votre souvenir se transmet à toutes les générations. Vous, vous levant, vous aurez pitié de Sion ; parce que le temps est venu, le temps d’avoir pitié d’elle. Parce que ses pierres ont été agréables à vos serviteurs, et qu’à la vue de sa terre, ils seront attendris. Et les nations révéreront votre nom, Seigneur, et tous les rois de la terre votre gloire. Parce que le Seigneur a bâti Sion, et il sera vu dans sa gloire. Il a jeté un regard sur la prière des humbles, et il n’a point méprisé leur demande. Que ces choses soient écrites pour une autre génération, et le peuple qui naîtra louera le Seigneur, parce que le Seigneur a jeté un regard de son lieu saint : le Seigneur a regardé du ciel sur Seigneur. Afin d’entendre les gémissements des détenus dans les fers, et de délivrer les fils de ceux qu’on a mis à mort, afin qu’ils annoncent dans Sion le nom du Seigneur, et sa louange dans Jérusalem, lorsque des peuples et des rois s’assembleront pour servir le Seigneur. »

Cette prière anxieuse pour obtenir la délivrance de la captivité et le rétablissement de Jérusalem fut composée, d’après l’interprétation généralement admise, vers la fin de la captivité de Babylone. Le suppliant entreprend humblement de démontrer à Dieu que les Israélites exilés méritaient de rentrer à Jérusalem. Ils aimaient la cité sainte malgré l’état misérable auquel elle était réduite, la préférant aux splendeurs babyloniennes ; même les pierres de ses édifices ruinés leur plaisaient, et ils en chérissaient jusqu’à la poussière. Délivrés par le Seigneur et de retour à Sion, ces captifs ne cessèrent de chanter les louanges de leur sauveur.

Cet oracle s’est glorieusement réalisé, lorsque les édits de Cyrus et d’Artaxerxès Longue-Main permirent aux Juifs de rebâtir le Temple et les murs de Jérusalem. Une seconde réédification matérielle n’est donc plus à attendre, parce qu’elle n’est pas annoncée. Ce qui était aussi annoncé dans ce psaume, et ce qui s’est également accompli, c’est la rédemption générale du genre humain par l’avènement du Sauveur, rédemption dont la délivrance de la captivité de Babylone était la figure ; c’est enfin la rédemption particulière préparée dans chaque âme par la pénitence. Pour cette raison l’Église a mis ce psaume au nombre des pénitentiaux.

Psaume 147 ; 1-2 : Psaume 147 ; 1-2 :

« Louez l’Éternel! Car il est beau de célébrer notre Dieu, Car il est doux, il est bienséant de le louer.  L’Éternel rebâtit Jérusalem, Il rassemble les exilés d’Israël; « 

C’est une action de grâces à Dieu pour le rétablissement des murs de Jérusalem, après le retour de la captivité de Babylone, sans la moindre allusion à une autre reconstruction.

Amos 9 ; 11-15 : « En ce jour-là, je relèverai le tabernacle de David, qui est tombé ; et je refermerai les ouvertures de ses murs, et ce qui était écroulé, je le restaurerai, et je le rebâtirai comme dans les jours anciens. Afin qu’ils possèdent les restes de l’Idumée et toutes les nations, parce que mon nom a été invoqué sur eux, dit le Seigneur, qui fera ces choses. Voici que des jours viennent, dit le Seigneur, et le laboureur succédera immédiatement au moissonneur, et celui qui foule le raisin à celui qui répand la semence ; les montagnes distillent la douceur, et toutes les collines seront cultivées. Et je ramènerai les captifs de mon peuple d’Israël ; et ils bâtiront des cités désertes et ils les habiteront ; et ils planteront des vignes, et ils en boiront le vin, et ils feront des jardins, et ils en mangeront les fruits. Et je les planterai dans leur propre sol et je ne les arracherai plus de leur terre que je leur ai donnée, dit le Seigneur ton Dieu. »

En annonçant le rétablissement de la maison de David, le prophète Amos y joint la promesse de la conversion des Gentils ; et par là il nous montre que ce qu’il dit du rétablissement de la maison de David ne doit pas se prendre dans un sens littéral et charnel. En effet, en vain chercherait-on ce rétablissement au temps de Zorobabel, lorsque les Juifs revinrent de leur captivité ; Zorobabel n’eut qu’un pouvoir en quelque sorte emprunté, et dépendant de l’autorité des rois de Perse ; d’ailleurs on ne vit point alors la multitude des nations se soumettre à la maison de David, ni rechercher le Seigneur et se glorifier de porter son nom. Ce n’est qu’en la personne de Jésus-Christ, et sous son règne, que la prophétie reçoit son accomplissement. « Il sera grand, dit l’ange l’annonçant à Marie, et il sera appelé le Fils du Très-Haut : le Seigneur lui donnera le trône de David, son père : il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et son règne n’aura point de fin. » (Luc 1 ; 32). C’était donc en lui que devait être rétablie la maison de David. C’est ce que l’Apôtre Saint Jacques déclara, lorsque, dans le concile de Jérusalem, il s’exprima ainsi : « Mes frères, Simon vous a représenté de quelle manière Dieu a commencé de regarder favorablement les Gentils, pour choisir parmi eux un peuple consacré à son nom. Et les paroles des prophètes s’y accordent, selon qu’il est écrit : Après cela j’établirai de nouveau la maison de David, qui est tombée ; je réparerai ses ruines et la relèverai ; en sorte que le reste des hommes et tous les Gentils rechercheront le Seigneur, et seront appelés de mon nom ; c’est ce que dit le Seigneur, qui fera ces choses. » (Actes 15 ; 13-17).

Cette prophétie est précisément celle d’Amos. D’où cette réflexion importante de Saint Jérôme : « Là où se produit l’autorité des apôtres, notamment de Pierre et de Jacques, appelés colonnes de l’Église par le Vase d’élection (saint Paul), toute autre tentative d’interprétation doit être écartée, et l’on doit s’en tenir à l’explication donnée par de si grands hommes. » 1 C’est donc d’une manière spirituelle et supérieure que le Messie, glorieux rejeton de David, devait opérer la merveilleuse restauration de son trône. Le nouvel Israël, gouverné par le nouveau David, s’emparera du territoire de tous ses anciens ennemis, mais pour les faire jouir de la vraie foi. L’Idumée reçoit une mention spéciale à cause de sa haine invétérée contre le peuple de Dieu. Elle aussi sera conquise spirituellement, et ses restes seront incorporés à ceux des Juifs. Il en sera de même des restes des autres nations païennes. C’est la future catholicité de l’Église du Christ qui est prédite sous cette figure. Si quelques détails de la belle description de cet âge d’or se sont réalisés pour les Juifs après la fin de la captivité de Babylone, la prospérité qu’elle annonce ne peut convenir qu’à l’Israël spirituel, à l’Église chrétienne, où les vertus fleurissent sans cesse, et où les travaux et les succès des hommes apostoliques se succèdent sans interruption. C’est donc en vain que les Juifs charnels se promettent que cette prophétie aura un jour, pour eux, un accomplissement littéral conforme aux désirs terrestres de leur cœur.

Isaïe 65 ; 17-20 : « Car voici que je crée des cieux nouveaux et une terre nouvelle ; les choses passées ne seront pas dans la mémoire, et elles ne monteront pas sur le cœur. Mais vous vous réjouirez, vous exulterez à jamais dans les choses que je crée ; parce que voici que je crée Jérusalem pour l’exultation, et son peuple pour la joie. Et j’exulterai en Jérusalem, et je me réjouirai en mon peuple ; et on n’y entendra plus la voix du pleur et la voix du cri. Il n’y aura plus là d’enfants de peu de jours, et de vieillard qui ne remplisse ses jours ; parce que l’enfant mourra à cent ans, et que le pécheur de cent ans sera maudit. »

Cette annonce, si pleine de joie, se rapporte d’abord à l’établissement de l’Église et à toute l’étendue des biens dont on y jouit. Jésus-Christ, en effet, dans l’établissement de l’Église, a commencé à former un monde nouveau selon cette parole de saint Paul : « Si quelqu’un est en Jésus-Christ, c’est une nouvelle créature ; les choses anciennes ont passé : voilà que tout est devenu nouveau. » (2 Corinthiens 5 ; 17). Mais ce monde nouveau n’aura son entière perfection, ces promesses n’auront leur entier accomplissement qu’au dernier avènement de Jésus-Christ, selon ce que dit saint Pierre, lorsque, parlant de ce monde périssable, il s’exprime en ces termes : « Puisque toutes ces choses doivent être détruites, quels ne devez-vous pas être en fait de vie sainte et de piété, attendant et hâtant l’avènement du jour du Seigneur, par lequel les cieux embrasés seront dissous et les éléments fondus par l’ardeur du feu ? Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habitera. » (2 Pierre 3 ; 11-13).

On voit donc dans quel sens il faut entendre ces descriptions pompeuses du règne du Messie. Ce sont des images qu’il ne faut pas prendre à la lettre, mais qu’il ne faut pas non plus prendre pour des hyperboles, puisque ces images sont loin d’égaler la réalité des biens promis. Ces biens sont des biens spirituels déjà départis dans une abondante mesure à l’Église militante, mais dont elle ne jouira complètement que dans le ciel ; et là, la béatitude du corps sera parfaite, comme celle de l’âme.

Ce que dit Isaïe de la longue durée de la vie humaine dans le royaume de Dieu a servi de texte aux millénaires pour bâtir leurs vaines conjectures sur le règne temporel du Messie. La source de leur erreur a été l’ignorance du caractère typique des prophéties. L’idée du prophète est celle d’un retour à l’innocence patriarcale, ou plutôt à l’innocence primitive, beaucoup plus parfaite ; il annonce donc une plénitude de vie spirituelle, dont la vie naturelle des anciens temps a été la figure. Les saints vivent longtemps puisqu’il est vrai de dire, même de ceux qui meurent dans la jeunesse, qu’ils ont, en peu de temps, fourni une longue carrière par la plénitude de leurs mérites : « Quoiqu’il ait peu vécu, il a fourni une longue carrière. » (Sagesse 4 ; 13). Et ceci soit dit sans préjudice de l’accomplissement plus parfait que cet oracle recevra dans le séjour de la véritable immortalité. Ce que le prophète ajoute des animaux féroces qui s’apprivoisent, doit s’entendre des nations barbares dont l’Évangile adoucit les mœurs. Et le serpent qui se nourrit de terre nous rappelle la prophétie de la Genèse, la destruction de l’empire du démon, et l’impuissance où il est de nuire aux âmes rachetées par le sang de Jésus-Christ, et justifiées par sa grâce.

Appliquer ces descriptions symboliques à la reconstitution d’un État juif en Palestine, où les dispersés depuis dix-neuf siècles bâtiraient de nouveau des maisons, et planteraient des jardins dont ils jouiraient délicieusement, c’est donc tomber dans une grossière erreur que Saint Jérôme signalait déjà de son temps, et qu’il combattit de toutes ses forces : « Toutes ces descriptions, dit-il, les Juifs les conçoivent d’une manière charnelle, en sorte qu’ils y voient Jérusalem et les villes de la Judée rétablies dans leur ancien état. Si nous abondions dans leur sens, il leur faudrait étendre ces promesses, non seulement à Jérusalem, mais même à Sodome, puisque Ézéchiel a prophétisé que Sodome serait rétablie comme autrefois (Ezéchiel 16 ; 55). Les maisons dans lesquelles habiteront ceux qui les auront bâties, doivent donc s’entendre ou des vertus acquises, ou des diverses demeures que possédera éternellement, auprès du Père céleste, quiconque aura acquis ces vertus… C’est ce genre d’habitation que décrivent, dans l’Évangile, ces paroles du Sauveur : Quiconque vient à moi, entend les paroles que je dis et les accomplit, sera comparé à l’homme sage qui a bâti sa maison sur la pierre (Matthieu 7 ; 24). » 2

Jérémie 30 ; 3-10-18 : « Car des jours viennent, dit le Seigneur, et je ferai retourner certainement mon peuple d’Israël et de Juda, dit le Seigneur ; et je les ferai retourner dans la terre que j’ai donnée à leurs pères, et ils la posséderont. […] Toi donc, ne crains pas, mon serviteur Jacob, dit le Seigneur, et ne t’effraye pas, Israël, parce que je te sauverai en te ramenant d’une terre lointaine, et ta race en la retirant de la terre de sa captivité ; et Jacob reviendra, et se reposera, et abondera en toute sorte de choses, et il n’y aura personne qu’il redoutera. […] Voici ce que dit le Seigneur : Voilà que moi, je ferai retourner certainement les tabernacles de Jacob, et j’aurai pitié de ses demeures, et la cité sera bâtie sur sa hauteur, et le temple sera fondé sur son premier modèle. »

Jérémie 31 ; 4-14 : « Et de nouveau je t’édifierai, et tu seras édifiée, vierge d’Israël ; tu paraîtras encore ornée au milieu des tambours, et tu sortiras dans un chœur de joueurs d’instruments. Tu planteras encore des vignes sur les montagnes de Samarie ; des planteurs les planteront, et jusqu’à ce que le temps arrive, ils ne vendangeront pas. Car viendra un jour auquel les gardes crieront sur la montagne d’Ephraïm : Levez-vous, et montons en Sion vers le Seigneur notre Dieu. Parce que voici ce que dit le Seigneur : Exultez d’allégresse, Jacob, et poussez des cris éclatants à la tête des nations, faites retentir vos voix, chantez, et dites : Seigneur, sauvez votre peuple, les restes d’Israël. Voilà que moi je les amènerai de la terre de l’aquilon, et que je les rassemblerai des extrémités de la terre ; parmi eux seront l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et celle qui a enfanté, mêlés ensemble, grande assemblée d’hommes revenant ici. C’est dans le pleur qu’ils viendront, et c’est dans la miséricorde que je les ramènerai, et je les ramènerai à travers des torrents d’eau dans une voie droite, et ils n’y heurteront point, parce que je suis devenu pour Israël un père, et qu’Éphraïm est mon premier né. Écoutez, nations, la parole du Seigneur, et annoncez-la aux îles qui sont au loin, et dites : Celui qui a dispersé Israël le rassemblera, et il le gardera comme un pasteur son troupeau. Car le Seigneur a racheté Jacob, et l’a délivré de la main d’un plus puissant que lui. Et ils viendront, et ils chanteront des louanges sur la montagne de Sion ; et ils accourront en foule vers les biens du Seigneur, vers le blé, et le vin, et l’huile, et le fruit des troupeaux de menu et de gros bétail ; et leur âme sera comme un jardin arrosé et ils n’auront plus faim. Alors se réjouira la vierge au milieu d’un chœur, ainsi que les jeunes hommes et les vieillards ensemble ; et je changerai leur deuil en joie, et je les consolerai, et je les remplirai d’allégresse après leur douleur. Et j’enivrerai l’âme des prêtres de graisse, et mon peuple sera rempli de mes biens, dit le Seigneur. »

Jérémie 31 ; 38-40 : « Voilà que des jours viennent, dit le Seigneur, et la cité sera édifiée pour le Seigneur, depuis la tour d’Hananéel, jusqu’à la porte de l’angle. Et le cordeau sortira encore au-delà à sa vue sur la colline de Gareb ; et fera le tour de Goatha ; et de toute la vallée des cadavres et de la cendre, et de toute la région de la mort, jusqu’au torrent de Cédron, et jusqu’à l’angle de la porte orientale des chevaux ; le lieu saint du Seigneur ne sera pas renversé, et il ne sera jamais plus détruit. »

« L’on a vu, dit saint Jérôme, sous Zorobabel et Esdras, un premier accomplissement de ce qui est ici prédit par Jérémie. Mais cet accomplissement-là même était une image des grands objets que le prophète avait principalement en vue. C’est en Jésus-Christ et dans le ministère de ses Apôtres qu’il faut chercher un accomplissement plein et parfait de cette prophétie. » 3

Cette ville bâtie sur un lieu élevé est celle dont il est écrit dans l’Évangile qu’elle ne peut être cachée, parce qu’elle est placée sur une montagne. La réédification du Temple selon son ancien plan, le renouvellement des cérémonies, et généralement tout ce qui se faisait charnellement chez le peuple juif, s’accomplit spirituellement dans l’Église. Il faut donc distinguer, dans cette prophétie de Jérémie, la figure et la réalité. La figure, c’est la Jérusalem matérielle qui reçut, après sa reconstruction, la suite de la captivité de Babylone, des développements considérables ; la réalité, c’est l’Église du Christ, centre perpétuel de la nouvelle Alliance. C’est elle qui enferme dans son enceinte, non seulement la ville entière de Jérusalem, mais tous les lieux, jadis les plus immondes : c’est elle qui est si vaste, que toutes les nations y affluent et y sont reçues.

Ce qui a pu induire certains esprits en erreur, et leur faire croire à un nouveau rétablissement d’un État juif à Jérusalem, ce sont particulièrement ces expressions de la prophétie : « Les jours viennent, dit le Seigneur, où la ville sera rebâtie au Seigneur, depuis la tour de Hananéel jusqu’à la porte de l’angle, le cordeau s’étendra encore vis-à-vis, jusqu’à la colline de Gareb, et fera un circuit du côté de Goath. Toute la vallée des Cadavres et de la Cendre, et tous les champs jusqu’au torrent de Cédron, jusqu’à l’angle de la porte des Chevaux à l’orient, seront consacrés au Seigneur, et ne seront plus à jamais ni renversés ni détruits. » (Jérémie 31 ; 38-40).

Cette description, prise au pied de la lettre, a tout particulièrement contribué à l’erreur d’une reconstruction juive de Jérusalem. Saint Jérôme l’a encore signalée et confondue. Il a savamment démontré que cette description se rapporte, dans un sens spirituel et selon la signification symbolique des noms hébreux, à l’édifice même de l’Église de Jésus-Christ : « Les Juifs, dit-il, et les judaïsants, indiquant cette tour d’Hananéel, et la porte de l’Angle, et la colline de Gareb, et Goath, et le torrent de Cédron, et la porte des Chevaux, en concluent que le sanctuaire du Seigneur, c’est-à-dire le Temple, sera reconstruit en cet endroit pour y subsister à jamais. Mais nous qui invoquons le Seigneur, pénétrons dans cet édifice dont le prophète a dit : Des choses glorieuses ont été annoncées de toi, ô cité de Dieu (Psaume 85 ; 2). » Et alors le savant docteur, si versé dans la connaissance de la langue hébraïque, découvrant la signification de tous les noms locaux qui se trouvent dans cette prophétie de Jérémie, en fait l’application spirituelle et morale à l’Église militante ici-bas. 4

Il n’y a donc plus à rêver une reconstruction juive de Jérusalem et du Temple. Cette reconstruction accomplie matériellement au retour de la captivité de Babylone, mais d’une manière imparfaite, était la figure d’une autre construction plus parfaite celle-là spirituelle, l’Église, toujours sainte, toujours subsistante. Aussi Jérémie annonce-t-il, non pas tant que la ville recevra un accroissement considérable, mais que la cité sera sainte au Seigneur : « Tout sera consacré au Seigneur, Sanctum Domini »(Jérémie 31 ; 40) ; que les places souillées qui se trouvaient dans son voisinage, la vallée des cadavres et de la cendre (Jérémie 31 ; 40), disparaîtront et seront transformées, dans la nouvelle cité, en quartiers consacrés. La Jérusalem terrestre n’était une cité sainte que parce qu’elle renfermait le Temple, sanctuaire du Seigneur. Or, ici Jérémie ne fait pas mention de la reconstruction du Temple, bien qu’il eût prophétisé antérieurement, non seulement la destruction de la ville, mais aussi celle du Temple. Au contraire, il représente la nouvelle cité comme étant, dans toute son étendue, le sanctuaire du Seigneur, ce que seul le Temple était dans l’ancienne Jérusalem. Cette prophétie contient donc, sous des formes habituelles de l’Ancien Testament, l’érection du royaume spirituel de Dieu au temps messianique, et l’esquisse de cette image de la Jérusalem céleste, qu’à Pathmos Saint Jean contemplera dans toute sa gloire (Apocalypse 21 ; 27).

Ezéchiel 37 ; 21-28 : « Et tu leur diras : Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Voilà que moi je prendrai les fils d’Israël du milieu des nations vers lesquelles ils sont allés ; je les rassemblerai de toutes parts, et je les ramènerai dans leur terre, et je ferai d’eux une seule nation dans leur terre sur les montagnes d’Israël, et un seul roi commandera à tous ; et à l’avenir ils ne formeront pas deux nations, et ils ne seront plus divisés en deux royaumes. Et ils ne se souilleront plus par leurs idoles, et par leurs abominations, et par toutes leurs iniquités ; je les sauverai en les retirant de tous les lieux de séjour où ils ont péché, et je les purifierai ; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu. Et mon serviteur David sera leur roi ; un seul pasteur sera pour eux tous ; ils marcheront dans mes ordonnances, ils garderont mes commandements, et ils les pratiqueront. Et ils habiteront sur la terre que j’ai donnée à mon serviteur Jacob, dans laquelle ont habité vos pères ; et ils y habiteront, eux et leurs enfants, et les enfants de leurs enfants à jamais ; et David, mon serviteur, sera leur prince pour toujours. Et je ferai avec eux une alliance de paix ; un pacte avec eux milieu d’eux ; sera éternel ; et je les établirai solidement, et je les multiplierai, et je placerai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Et mon tabernacle sera parmi eux et je serai leur Dieu, et eux seront mon peuple. Et les nations sauront que je suis le Seigneur, le sanctificateur d’Israël, lorsque mon sanctuaire sera au milieu d’eux pour toujours. »

Ezéchiel 39 ; 25-29 : « À cause de cela, voici ce que dit le Seigneur Dieu : maintenant je ramènerai les captifs de Jacob, et j’aurai pitié de toute la maison d’Israël, et je m’armerai de zèle pour mon nom saint. Et ils porteront leur confusion et toute la prévarication par laquelle ils ont prévariqué contre moi, lorsqu’ils habiteront dans leur terre avec confiance, ne redoutant personne ; et que je les aurai ramenés d’entre les peuples, et que je les aurai rassemblés des terres de leurs ennemis, et que j’aurai été sanctifié parmi eux aux yeux des nations les plus nombreuses. Et ils sauront que je suis le Seigneur leur Dieu, parce que je les ai transportés parmi les nations, et que je les ai rassemblés dans leur pays, et que je n’ai laissé là aucun d’eux. Et je ne leur cacherai plus ma face, parce que j’ai répandu mon esprit sur toute la maison d’Israël, dit le Seigneur Dieu. »

Ces prophéties, à peine ébauchées en quelques détails au retour de la captivité de Babylone, se rapportent principalement à l’Église. Elles annoncent le règne du Sauveur, chef de tous ceux qui deviennent par la foi les véritables Israélites. L’union de Juda et d’Israël sous un seul sceptre, celui du Messie, le nouveau David, doit s’entendre de la vocation des Gentils réunis aux Juifs fidèles. « Toutes ces choses se rapportent à l’Église et aux temps du Sauveur, alors qu’il a établi sa demeure dans l’Église, où il est devenu notre Dieu, et nous, son peuple ; alors qu’il a été établi chef de tous, afin qu’on sache qu’il est le Seigneur et que c’est lui qui sanctifie Israël, non selon la chair, mais selon l’esprit… C’est vraiment à l’avènement du Sauveur et dans le baptême du Christ que ce qui était depuis longtemps séparé s’est réuni, pour ne constituer désormais qu’un seul homme nouveau, une seule nation. » 5

Mais comme cette prophétie a reçu son accomplissement sur une partie de la nation juive au temps de Jésus-Christ et des apôtres, elle aura son accomplissement sur la nation entière à la fin des siècles, non dans le sens grossier et charnel que lui donnent les Juifs, mais dans un sens spirituel, tel que celui qu’elle a eu, et que saint Jérôme invite à reconnaître au temps de Jésus-Christ et des apôtres. La réunion des deux maisons d’Israël et de Juda sera alors la réunion des deux peuples, de manière que ce sera Israël qui reviendra se joindre avec Juda, de qui il s’est séparé ; ce sera le peuple juif qui viendra se réunir avec le peuple chrétien ; par cette réunion il entrera dans l’alliance que Jésus-Christ a faite avec son Église, et participera ainsi aux prérogatives qui sont les suites de cette alliance.

Zacharie 8 ; 3-8 : « Voici ce que dit le Seigneur des armées : Je suis revenu à Sion, et j’habiterai au milieu de Jérusalem ; et Jérusalem sera appelée la cité de la vérité, et la montagne du Dieu des armées, la montagne sainte. Voici ce que dit le Seigneur des armées : Des vieillards et des vieilles femmes habiteront encore sur les places de Jérusalem, et des hommes, chacun un bâton en sa main, à cause de la multitude de leurs jours. Et les places de la cité seront remplies de petits garçons et de petites filles qui joueront sur ses places. Voici ce que dit le Seigneur des armées : Si ma prédiction paraît difficile aux yeux des restes de ce peuple en ces jours-là, est-ce qu’à mes yeux elle sera difficile, dit le Seigneur des armées ? Voici ce que dit le Seigneur des armées : Voici que moi, je sauverai mon peuple de la terre de l’orient et de la terre du coucher du soleil. Et je les ramènerai, et ils habiteront au milieu de Jérusalem ; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu, dans la vérité et dans la justice. »

Zacharie 8 ; 11-13 : « Mais maintenant, ce ne sera pas comme aux jours antérieurs que moi je traiterai les restes de ce peuple, dit le Seigneur des armées. Mais il y aura une semence de paix ; la vigne donnera son fruit, et la terre donnera ses productions, et les deux donneront leur rosée ; et je ferai posséder tous ces biens aux restes de ce peuple. Et il arrivera que comme vous étiez un objet de malédiction parmi les nations, maison de Juda et maison d’Israël, ainsi je vous sauverai, et vous serez un objet de bénédiction ; ne craignez point ; que vos mains se fortifient. »

Zacharie 8 ; 20-23 : « Voici ce que dit le Seigneur des armées : Que des peuples viennent encore, et qu’ils habitent dans beaucoup de cités ; et que les habitants aillent l’un vers l’autre, disant : Allons, et implorons la face du Seigneur, et cherchons le Seigneur des armées ; j’irai, moi aussi. Et beaucoup de peuples viendront ainsi que des nations puissantes pour chercher le Seigneur des armées dans Jérusalem, et pour implorer la face du Seigneur. Voici ce que dit le Seigneur des armées : Ceci arrivera en ces jours-là, dans lesquels dix hommes de toutes les langues des nations, saisiront la frange de la robe d’un homme juif, disant : Nous irons avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous. »

Selon la lettre, c’est-à-dire selon le sens littéral, cette prophétie s’applique, mais d’une manière imparfaite, aux Juifs, qui, depuis l’édit de Cyrus, commençaient à jouir de l’effet des promesses que le Seigneur leur avait adressées par les anciens prophètes, et qu’il leur renouvelait par la bouche de Zacharie. Mais l’imperfection de l’accomplissement temporel conduit à la perfection de l’accomplissement spirituel, réalisé en Jésus-Christ et en son Église. « Nous, écrit encore saint Jérôme, nous disons que ces choses se sont, en partie, accomplies après le temps de Zorobabel et de Néhémie, qu’elles se sont réalisées en types et en figures, quand le peuple, revenu de la captivité, a habité Jérusalem, qu’il a été appelé le peuple de Dieu, et que le Seigneur a été appelé de nouveau son Dieu, en justice et en vérité. Mais c’est maintenant et d’une manière très complète, sous le Seigneur notre Sauveur, dans l’Église, que la promesse reçoit son accomplissement par les faits, surtout par rapport à cette annonce : Voici, je délivre mon peuple du pays de l’Orient et du pays du soleil couchant (Zacharie 8 ; 7). C’est de ces élus que le Seigneur parlait dans l’Évangile : Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident, et ils prendront place dans le royaume des cieux avec Abraham, Isaac et Jacob (Matthieu 8 ; 11). » 6

Ainsi parle Saint Jérôme, et il ajoute : « Il y a des Juifs qui rapportent l’accomplissement de cette prophétie au temps où ils espèrent que le Messie viendra. Pour nous, nous plaçons avec plus de raison cet accomplissement au temps où le divin Sauveur est né de la Vierge Marie… Comme il est manifeste que cette prophétie se rapporte à l’avènement du Christ, à ses apôtres et à la foi parmi toutes les nations, il n’y a pas à chercher et à attendre un autre accomplissement. » 7

C’est donc dans l’Église du Christ, Jérusalem spirituelle, que se rencontre, chaque jour, l’accomplissement de cette fraîche et délicieuse annonce de la prophétie : « Des vieillards et des femmes âgées s’assiéront encore dans les places de Jérusalem, chacun un bâton à la main, à cause du grand nombre de leurs jours. Les rues de la ville seront remplies de petits garçons et de petites filles qui joueront sur les places. » (Zacharie 8 ; 4-5). Avant que Jésus-Christ parût, quelle disette du côté des dons sanctifiants qui auraient dû être la gloire de l’ancienne Jérusalem ! Un petit nombre attendait la rédemption d’Israël, cette rédemption qui délivre de la servitude du péché, et fait marcher dans la sainteté et la justice tous les jours de la vie. Rien n’était moins commun parmi les Juifs qu’une, disposition si sainte, et l’on n’en avait pas même l’idée parmi les Gentils. Mais quelques années après, quand Jésus-Christ eut choisi ses apôtres et répandu sur eux son Esprit, la piété qui avait été concentrée dans quelques personnes cachées et confondues dans la foule se manifesta et forma au dehors un grand troupeau. La cité de Dieu, l’Église, se remplit d’habitants. Plusieurs milliers de Juifs crurent à l’Évangile ; les Gentils s’y soumirent ensuite, et entrèrent dans la vraie Jérusalem. Depuis, les vieillards et les jeunes gens n’ont cessé d’y louer le Seigneur. Tout âge y jouit de la liberté et de la consolation de l’Esprit-Saint. L’Église présente comme des places vastes et spacieuses dans la latitude des commandements de Dieu. Les parfaits et les forts y accourent. Ceux qui se sentent de la caducité et de la faiblesse causée par des passions invétérées, peuvent y marcher avec quelques secours, et y trouvent dans la charité de leurs frères un soutien puissant, une espèce de bâton. Des enfants nouvellement nés, c’est-à-dire les néophytes récemment régénérés en Jésus-Christ, s’acquittent de leurs devoirs avec une joie et une facilité qui leur fait paraître comme un jeu l’exercice des vertus chrétiennes. Et qu’y a-t-il en effet de pénible, quand on a la ferveur d’une charité disposée à prendre chaque jour de nouveaux accroissements ? 8

C’est ainsi que s’est accomplie et que s’accomplit encore cette prophétie de Zacharie. Chimère donc, encore une fois, d’attendre la restauration matérielle d’un État juif à Jérusalem. Il ne faut pas transporter à une nouvelle Jérusalem terrestre les promesses qui appartiennent à l’Église de Jésus-Christ. Cette Jérusalem à laquelle les Juifs seront ramenés un jour de l’Orient et de l’Occident, et vers laquelle tous les peuples accourront avec eux, n’est point une Jérusalem matérielle, qui jamais ne pourrait être assez vaste pour contenir une si grande multitude dans son sein ; c’est l’Église même de Jésus-Christ, qui, comme l’annonce Zacharie dans une autre prophétie, est comparée à « une ville sans murs » (Zacharie 2 ; 4-5), parce qu’elle est ouverte à tous, et qu’il n’y a point de multitude, si grande qu’elle puisse être, que l’Église ne puisse contenir dans son sein.

Zacharie 9 ; 9-13 : « Exulte complètement, fille de Sion ; jubile, fille de Jérusalem ; voici que ton roi viendra à toi, juste et sauveur ; lui-même pauvre, et monté sur une ânesse et sur un poulain, petit d’une ânesse. Et je détruirai entièrement d’Ephraïm les quadriges, et de Jérusalem les chevaux, et l’arc de la guerre sera anéanti ; et il publiera la paix aux nations, et sa puissance s’étendra depuis une mer jusqu’à une autre mer, et depuis les fleuves jusqu’aux confins de la terre. Toi aussi par le sang de ton alliance, tu as fait sortir tes prisonniers d’un lac qui est sans eau. Retournez aux fortifications, prisonniers qui avez conservé l’espérance ; aujourd’hui aussi, j’annonce, ô Sion, que je te rendrai le double. Parce que j’ai tendu pour moi Juda comme un arc, j’ai rempli Ephraïm de flèches ; et je susciterai tes fils, ô Sion, contre tes fils, ô Grèce ; et je te rendrai comme le glaive des forts. »

Saint Jérôme, que nous aimons à citer parce qu’il résume la controverse de l’Église des premiers siècles avec les Juifs, applique d’abord cette prophétie au temps de Judas Machabée. Interprétation très juste, car l’époque de Judas Machabée vit renaître avec les exploits du héros asmonéen la félicité d’Israël. Mais de ce premier sens qui est loin d’expliquer toutes les richesses de l’annonce, Saint Jérôme s’élève à un second sens spirituel, pour démontrer avec précision que c’est par les victoires spirituelles de Jésus-Christ et des apôtres que cette prophétie s’est tout à fait accomplie. 9

Au temps du savant docteur, les Juifs, pour écarter cet accomplissement chrétien de la prophétie, racontaient que ceux de leur nation qui furent emmenés en captivité par les Assyriens et les Chaldéens, avaient été dans la suite transférés jusque dans le Bosphore et dans les pays qui étaient septentrionaux à l’égard de la Médie et de la Perse. Ces rabbins ajoutaient que les Israélites transportés si loin ayant été ainsi rappelés par la bonté de Dieu, et ayant passé par le détroit de la mer, selon la parole de Zacharie, c’est-à-dire par le détroit de la Propontide qui est entre Chalcédoine et Byzance, il n’y avait pas lieu d’attendre d’autre accomplissement de la prophétie. Mais c’est avec mépris que Saint Jérôme rapporte et traite un pareil commentaire. 10

Le grand ouvrage de la Rédemption, en effet, le salut des hommes délivrés du joug du péché, appelés de toutes parts, rassemblés dans la terre des vivants, qui est l’Église, voilà l’objet essentiel dont le prophète Zacharie décrit ici les caractères. Ce n’est pas une rédemption passagère, mais éternelle, qui est opérée en faveur de l’Israël de Dieu. Ce n’est pas de quelques maux temporels qu’Israël est délivré, mais de toutes ses iniquités. La prédication de l’Évangile a rassemblé une surprenante multitude de brebis éparses dans le monde. Le siècle profane a vu en frémissant l’Église chrétienne sortir des ténèbres de l’idolâtrie, se répandre, se multiplier, marcher avec ordre, au nom du Seigneur, comme une armée de forts combattants. Qui n’aurait cru que les persécutions auraient dû, ou s’opposer à la délivrance des fidèles ou les engloutir dès leurs premières démarches vers le Royaume de Dieu. Mais la mer s’enfuit à la vue d’Israël racheté, et le Jourdain retourna en arrière. C’est ce que nous chantons sans cesse dans nos cantiques d’actions de grâces. Les contradictions des méchants, les menaces des persécuteurs furent tempérées et suspendues par la puissance du Libérateur. L’Église marcha au milieu des eaux tumultueuses du monde, elle passa, comme le prédit Zacharie, par le détroit de la mer dont le Seigneur frappa les flots, et elle trouva un sentier au milieu du fleuve dont le fond fut desséché. Les martyrs même, en paraissant submergés, demeuraient triomphants. Ils entraient avec gloire dans le repos éternel. Que ces miracles sont grands ! Le règne de Satan a enfin cédé à celui de Jésus-Christ. L’orgueil d’Assur, c’est-à-dire celui du monde et de l’ange superbe qui y domine, fut humilié selon la promesse de Zacharie, et le sceptre de l’Égypte cessa d’appliquer des ouvrages de boue les enfants de Dieu.

Israël rassemblé dans l’unité de la foi et de la charité fut amené dans la terre spirituelle, dont il est écrit que les justes y habiteront dans tous les siècles des siècles. Les fertiles campagnes du pays de Galaad et du Liban, dont parle Zacharie, ne sont rien en comparaison d’un autre genre de pâturages où le souverain Pasteur fait reposer ses brebis. Cet heureux troupeau fut si fécond dans les premiers temps que le terrain où il s’établit d’abord ne put lui suffire, l’Église sortant de la Judée pour se répandre parmi les Gentils, et passant ensuite des limites de l’Empire romain jusque dans les nations barbares. 11

Les Juifs qui furent convertis à la foi hors de la Judée, au temps des Apôtres, ne furent point alors ramenés en Judée, mais ils furent introduits dans l’Église : telle est la Jérusalem à laquelle il faut appartenir pour avoir part aux promesses qui lui sont faites.

Il faut donc traiter de chimère toute espérance, toute tentative qui aurait pour objet la restauration d’une Jérusalem terrestre, destinée à devenir la capitale d’un nouvel État juif. Les prophéties mêmes de l’Ancien Testament, sur lesquelles les Juifs ont appuyé si longtemps leur espoir chimérique, s’opposent, ainsi qu’on vient de le démontrer, à une pareille restauration.

Accomplies en partie au retour de la captivité de Babylone, lors de la reconstitution de l’État juif par Esdras et Néhémie, ces prophéties viennent toutes se parfaire, s’accomplir définitivement dans une construction plus haute, plus excellente, parce qu’elle n’est plus matérielle mais spirituelle : l’Église de Jésus-Christ.

C’est pour avoir délaissé, puis méconnu le double objet de ces prophéties, l’un temporel, relatif à l’ancienne Jérusalem terrestre, l’autre spirituel, relatif à la Jérusalem des âmes, œuvre du Messie, que le peuple juif s’est égaré et s’égare encore. […]

Malheureusement la direction des prophètes ne fut pas suivie. C’est aux images dont ils avaient revêtu la vérité pour la rendre plus frappante, plus attrayante, que le peuple juif s’est attaché et s’attache encore. C’est un second accomplissement temporel des prophéties rapportées ci-dessus, une nouvelle réédification de Jérusalem et de l’État juif, que beaucoup d’entre eux persistent à espérer. Chimère ! Le double objet des prophéties s’étant accompli, l’un, il y a vingt-cinq siècles, par la réédification matérielle de Jérusalem sous Esdras et Néhémie, l’autre, il y a dix-neuf siècles, par la fondation de l’Église, Jérusalem spirituelle toujours subsistante, entreprendre de rétablir une Jérusalem terrestre juive, ce n’est pas autre chose que tenter de saisir et d’édifier une ombre. Or, depuis dix-neuf siècles et pour toujours, la réalité, qui est l’Église, dissipé et fait disparaître l’ombre : Umbram fuqat veritas !

Dans le Nouveau Testament

Telle est la réponse de l’Ancien Testament. Écoutons maintenant celle du Nouveau.

En plusieurs circonstances, Jésus-Christ a fait connaître ce que devait être dans l’avenir, et jusqu’à la consommation des siècles, le sort réservé au Temple, à Jérusalem, au royaume d’Israël : le Temple, centre de la religion juive ; Jérusalem, capitale de l’ancien État juif ; le royaume d’Israël, sol et domaine des douze Tribus.

Et d’abord, qu’a-t-il prophétisé du Temple ?

C’est par quatre fois différentes, bien notées par les évangélistes, que le Christ a dit ce qu’il en serait du Temple de Jérusalem.

La première fois, vers la fin de la troisième année de son ministère public, alors qu’il se disposait à entrer dans Jérusalem pour y célébrer la fête de la Dédicace du Temple (Chanouka). À la vue de la foule qui en assiège les portes, le cœur de Jésus se fend et ses lèvres laissent échapper ce sanglot : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de fois j’ai voulu rassembler tes fils comme un oiseau rassemble sa couvée sous ses ailes, et tu ne l’as pas voulu ! Voici que votre maison sera délaissée. » (Luc 13 ; 34-35).

La sentence est clairement formulée : c’est l’abandon du Temple. La demeure sacrée des Juifs (maison par antonomase, c’est-à-dire le Temple) sera délaissée par l’hôte divin dont elle était le palais. Elle sera si certainement abandonnée que déjà le Sauveur ne la nomme plus ma maison ni la maison de mon Père, mais votre maison.

La seconde fois que Jésus-Christ se prononça sur l’avenir du Temple, ce fut le dimanche des Rameaux. Parti de Béthanie, il avait atteint le sommet du mont des Oliviers. À ce point, la ville sainte apparaît tout d’un coup, dressant ses blanches murailles au-dessus des ravins. Ceinte de tours et de remparts, couronnée de palais, elle s’étendait du couchant au levant comme pour étaler sa splendeur. Vers midi surtout, quand le soleil frappait les marbres blancs et les habits dorés du Temple, le regard ébloui ne pouvait soutenir de tels feux. 12 À cette vue, les Apôtres éclatèrent en chants de triomphe : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit le roi d’Israël qui vient au nom du Seigneur ! »

Au milieu des cris d’allégresse, Jésus se taisait ; il s’était arrêté et contemplait la cité où il venait mourir. L’ingratitude de Sion avait comblé la mesure ; le Sauveur pleura sur elle : « Si tu savais ! dit-il, si tu savais, du moins dans ce jour qui t’est encore donné, ce qui pourrait t’apporter la paix ! Mais maintenant tout ceci est caché à tes yeux. Viendra le temps que tes ennemis t’environneront de tranchées, et t’enfermeront, et te serreront de toutes parts, et te détruiront toi et tes enfants écrasés sur le sol au milieu de toi, et ils ne laisseront en toi pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps auquel Dieu t’a visitée. » (Luc 19 ; 31-44).

Dans cette annonce si douloureuse, à laquelle nous reviendrons à propos de Jérusalem, un trait spécial se rapportait au Temple. « Et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre. » Jésus ajoutait la prédiction précédente, faite par lui à la fête de la Dédicace, que non seulement le Temple serait abandonné de Dieu, mais qu’il serait renversé et détruit de fond en comble. Ce n’est pas la ville de Jérusalem, en effet, qu’il convient d’appliquer ce trait de la prophétie, ainsi que certains exégètes l’ont avancé, mais au Temple, uniquement au Temple. Car de la ville, il devait rester des pierres, plus même que des pierres ; tandis que du Temple, il n’est rien resté.

Une troisième fois Jésus revient sur l’avenir du Temple. Ce fut dans la journée du mardi saint et en un lieu émouvant. Sa première prédiction, en effet, celle de l’abandon, avait été faite aux portes de Jérusalem ; la seconde, celle de la destruction, du haut de la montagne des Oliviers ; mais la troisième, c’est dans le Temple lui-même qu’il la fit entendre, à la suite des terribles malédictions contre les Scribes et les Pharisiens : « Jérusalem ! Jérusalem ! toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule ramasse ses petits sous ses ailes, et tu ne l’as pas voulu ! Et voilà que votre maison vous sera laissée déserte. » (Matthieu 23 ; 37-38). C’était, après une apostrophe poignante, l’abandon du Temple qui se trouvait de nouveau annoncé. Il n’y a pas lieu de s’étonner que cette annonce, Jésus l’ait fait entendre deux fois. Les Juifs, ses contemporains, comme ceux du temps du prophète Jérémie, se persuadaient, dans une folle confiance, que le Temple, ayant été choisi de Dieu pour sa résidence, les mettait à l’abri de toute catastrophe ; aussi, à l’exemple de leurs pères, se plaisaient-ils à répéter avec emphase : « N’avons-nous pas le Temple du Seigneur, le Temple du Seigneur, le Temple du Seigneur ! » (Jérémie 7 ; 4). C’est donc à cette vaine confiance que Jésus-Christ s’attaque, en répétant l’annonce de l’abandon du Temple. Au reste, il y eut, en ce jour du mardi saint, plus qu’une répétition dans les paroles du Sauveur. Car pour faire comprendre l’immensité du vide qui allait s’effectuer dans le Temple, Jésus, à la parole d’abandon précédemment émise, ajouta cette autre expression encore plus terrible : deserta, « déserté ! » Une maison est vide, déserte, quand son maître a cessé de l’habiter ; le Temple, abandonné par Dieu, ressemblera à une maison délaissée, qui tombe en ruines.

Ce fut encore, durant cette journée du mardi saint, que Jésus-Christ se prononça, une quatrième fois, sur l’avenir du Temple.

Il en avait traversé les parvis. Ses disciples le suivaient, admirant d’autant plus les splendeurs de l’édifice sacré, que Jésus venait d’en prédire la ruine. Tout dans ce moment enchantait leurs yeux. Un des disciples arrêta le Seigneur. « Maître, dit-il, voyez : quelles pierres ! quelle structure ! » (Marc 13 ; 1). D’autres ajoutaient que cette magnificence venait des dons d’Israël.

Pourquoi les Apôtres eurent-ils alors la pensée d’attirer l’attention de leur Maître sur les constructions du Temple ? Origène s’était déjà adressé cette question. Il ajoute aussitôt : « Comme le Christ venait de prophétiser peu d’instants auparavant la ruine du Temple, ses disciples, émus de ce qu’une construction si admirable pût être réduite à néant, lui firent la remarque de sa magnificence dans l’intention de le fléchir et d’obtenir miséricorde pour le Temple. » 13

Mais la sentence allait être sans retour.

À son tour, Jésus attire leur attention sur ces bâtiments magnifiques, afin de mieux mettre en relief la prédiction qui va suivre : Voyez-vous tout cela ? Puis, sous le sceau du serment, il annonce dans les termes les plus clairs et les plus explicites que de ce Temple merveilleux il ne restera pas pierre sur pierre tout sera irrévocablement renversé : « En vérité, je vous le dis, il n’y sera pas laissé pierre sur pierre qui ne soit détruite. » (Matthieu 24 ; 2).

Tel fut l’adieu de Jésus au Temple.

Trente-cinq ans plus tard, le merveilleux édifice, orgueil des Juifs, s’écroulait au milieu des flammes, pour n’être jamais relevé. […]

Quant à la destruction, elle s’effectua aussi selon toute la teneur de la prophétie de Jésus. Après s’être emparé, en effet, de Jérusalem, Titus fit démolir par ses soldats les murs du Temple incendié. Restaient les fondements. Chose remarquable ! C’est par les mains mêmes des Juifs qu’ils furent arrachés, au temps de Julien l’Apostat. Car les ayant péniblement fait sortir de terre, dans l’espérance d’en creuser de nouveaux et de rétablir le Temple, il leur fut impossible de le faire, des feux souterrains et des tremblements de terre dispersant à plusieurs reprises et lançant au loin contre les maisons voisines tout ce qui restait du Temple dans les entrailles de la terre. « Où est maintenant cette masse de marbre blanc qui ressemblait, au dire de Josèphe, à une montagne de neige ? Où sont ces pierres aux couleurs variées qui représentaient les vagues de l’Océan ? Jésus a dit vrai : il n’est pas resté deux pierres réunies. Il prophétisait la destruction la plus complète, et la destruction la plus complète est survenue. » 14

Lorsqu’on rapproche les différentes paroles de Jésus relatives au Temple, on constate que sa prédiction a eu des degrés :

La première fois, c’est l’abandon du Temple qu’il annonce.

La seconde fois, c’est sa destruction de fond en comble.

La troisième fois, c’est sa réduction en désert ajoutée à l’abandon.

La quatrième fois, c’est le serment confirmant l’annonce de la destruction totale, destruction si absolue que les ruines elles-mêmes devront périr : « Lapis super lapidem qui non destruatur. » (Matthieu 24 ; 2).

Rien n’en subsiste, en effet, pas même une pierre, pas même un grain de sable. Sa destruction n’a pas été seulement totale, elle est finale. Impossible à lui de pouvoir renaître de ses cendres. En vertu de la parole de Jésus, c’est fini, à jamais fini ! […]

Une troisième raison a été invoquée pour le rétablissement de l’État juif après la conversion d’Israël, celle de l’accomplissement des promesses faites par Dieu aux patriarches.

Oui, Dieu a promis, et avec serment, que la Palestine serait donnée à Abraham et à ses descendants en possession éternelle.

Voici les textes :

Le Seigneur dit à Abraham, après que Lot se fut séparé d’avec lui : « Levez vos yeux, et regarde ; du lieu où vous êtes, au septentrion et au midi, à l’orient et à l’occident. Tout le pays que vous voyez, je vous le donnerai, et à votre postérité pour jamais. Levez-vous, et parcourez toute l’étendue de cette terre dans sa longueur et dans sa largeur, parce que je vous la donnerai. » (Genèse 13 ; 14-17).

Et encore : « En ce jour-là, le Seigneur fit alliance avec Abraham, en lui disant : Je donnerai ce pays à votre race, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve d’Euphrate. » (Genèse 15 ; 18).

De même, à Isaac : « Je vous donnerai à vous et à votre race tous ces pays-ci, pour accomplir le serment que j’ai fait à Abraham votre père. Je donnerai à votre postérité tous ces pays que vous voyez. » (Genèse 26 ; 3-4).

Enfin lorsque Moïse, avant de mourir, contemple du haut du Nébo cette Palestine où il ne devait pas entrer, le Seigneur lui dit : « Voilà le pays pour lequel j’ai fait serment à Abraham, à Isaac et à Jacob, en leur disant Je donnerai ce pays à votre postérité. » (Deutéronome 34 ; 4).

Quelle conclusion l’opinion, qui nous occupe, tire-t-elle de tous ces textes ? Celle-ci : Ou bien le Seigneur manquera à son serment, ce qu’on ne saurait admettre ; ou bien le peuple juif, quand il sera converti au Messie, reprendra possession de la Palestine. La dispersion pénale qu’il subit depuis dix-neuf siècles, ne saurait pas plus être un obstacle à cette rentrée en possession, que ne le furent les divers exils subis par lui en Égypte et en Chaldée, à la suite de ses idolâtries passées. Lorsque le châtiment dû à son déicide prendra fin, Israël, en vertu du serment fait par Dieu à Abraham, à Isaac et à Jacob, devra donc être remis en possession du pays de ses pères.

Nullement. Et voici pourquoi.

Les textes allégués prouvent bien qu’en réalité la Terre sainte était promise aux Juifs pour toujours, mais à condition qu’ils demeureraient fidèles au Seigneur. Nous avons des preuves de cette condition dans d’autres passages du Pentateuque : « Je suis le Seigneur votre Dieu qui vous ai tirés de la terre des Égyptiens. […] Que si vous ne m’écoutez pas, et que vous continuiez à marcher contre moi, je marcherai aussi contre vous. […] Je changerai vos villes en solitude, je ferai de vos sanctuaires des lieux déserts, et je ne recevrai plus l’odeur des sacrifices. Je ravagerai votre pays, je le rendrai l’étonnement de vos ennemis mêmes, lorsqu’ils en seront devenus les maîtres et les habitants. Je vous disperserai parmi les nations, je tirerai l’épée derrière vous ; votre pays sera désert, et vos villes ruinées. […] Vous périrez au milieu des nations, et vous mourrez dans une terre ennemie. » (Lévitique 26 ; 13-27-31-32-33).

Moïse, avant de mourir, dit aux Juifs : « Maintenant, ô Israël, écoutez les lois et les ordonnances que je vous enseigne ; afin que vous trouviez la vie en les observant, et qu’étant entrés dans la terre que le Seigneur, le Dieu de vos pères, doit vous donner, vous la possédiez. […] Gardez-vous d’oublier jamais l’alliance que le Seigneur votre Dieu a faite avec vous, parce que le Seigneur votre Dieu est un feu dévorant et un Dieu jaloux. Si, après avoir eu des enfants et des petits-enfants, et être demeurés dans ce pays, vous vous laissiez séduire, en commettant devant le Seigneur votre Dieu un crime qui attire sur vous sa colère, j’atteste aujourd’hui le ciel et la terre que vous serez bientôt exterminés de ce pays que vous devez posséder après avoir passé le Jourdain. Vous n’y demeurerez pas longtemps, mais le Seigneur vous détruira, il vous dispersera dans tous les peuples, et vous ne resterez qu’en petit nombre parmi les nations où le Seigneur vous aura conduits. » (Deutéronome 4 ; 1-23-27).

Il ressort évidemment de ces textes que si la Palestine était promise aux descendants d’Abraham pour toujours, ce n’était qu’à la condition qu’ils demeureraient fidèles au Seigneur. La condition n’ayant pas été remplie, les Juifs n’ont aucun droit à rentrer en possession de la Palestine.

On fait remarquer qu’Israël, après son exil en Égypte et aussi après sa captivité à Babylone, est rentré en possession de la Palestine, et on se demande pourquoi il n’en serait pas de même, après que l’exil pénal et séculaire qu’il subit depuis son déicide aura cessé ?

Nous répondons qu’on ne saurait établir une parité entre les infidélités d’Israël qui motivèrent son exil temporaire de soixante-dix ans à Babylone et le déicide qui a motivé son rejet définitif hors de la Palestine. Quelque nombreuses et ingrates qu’aient été, en effet, ses infidélités à l’égard de Jéhovah qui l’avait tiré de l’Égypte, Israël a trouvé devant la justice de Dieu des circonstances atténuantes : la séduction des pompes et des pratiques idolâtriques, l’exemple des peuples voisins, la pente de la nature humaine viciée par le péché. Aussi Dieu, dont la miséricorde ne se sépare jamais de sa justice, fit-il annoncer par le prophète Jérémie que le châtiment serait temporaire, limité : « Ainsi parle le Seigneur Lorsque soixante-dix ans se seront écoulés Babylone, je vous visiterai, et je réaliserai sur vous ma bonne parole, en vous ramenant dans ce pays. Car je connais les pensées que j’ai sur vous, dit le Seigneur, pensées de paix et non d’affliction, afin de vous donner la fin de vos maux et la patience. » (Jérémie 29 ; 10-11). Mais si les infidélités d’Israël ont pu rencontrer des circonstances atténuantes, il n’en a pas été de même de son déicide. C’est des Juifs, auteurs de la Passion, que Saint Jean Chrysostome a pu dire avec vérité : « Ils ont véritablement excédé la mesure de leurs pères ; car ceux-ci ont tué des hommes (les prophètes), tandis qu’eux ils ont crucifié un Dieu. » 15 Aussi, Saint Thomas n’hésite-t-il pas à affirmer : « que le péché des chefs des Juifs, qui ont crucifié le Christ, a été le plus grave dans son genre, et aussi d’après la malice de leur volonté ; que celui des autres Juifs (gens du peuple) a été moindre à cause de leur ignorance, quoiqu’il ait été aussi le plus grave dans son genre. » 16 Ainsi, pas de péché plus grave que celui du déicide ! Est-il surprenant dès lors que Dieu l’ait puni et le punisse encore par un exil qui n’aura pas de fin. Si David a justement condamné à mort l’Amalécite qui n’avait pas craint de porter la main sur Saul, l’oint du Seigneur, quoique celui-ci le lui eût demandé (2 Rois 1), y a-t-il lieu de s’étonner que Dieu ait condamné à un exil perpétuel le peuple qui n’a pas craint de mettre la main sur le Seigneur lui-même ? Cette pénalité apparaît d’autant plus juste et plus eu rapport avec la faute, qu’Israël avait reçu de Dieu la promesse de rester possesseur de la Palestine jusqu’à la fin des temps, pourvu qu’il demeurât fidèle au Seigneur et à son Christ : « Prenez bien garde, lui avait dit Moïse au nom de Jéhovah, que votre cœur ne se laisse pas séduire, et que vous n’abandonniez pas le Seigneur, […] afin que vos jours et ceux de vos enfants se multiplient dans la terre que le Seigneur a promis avec serment de donner à vos pères, pour la posséder aussi longtemps que le ciel couvrira la terre. » (Deutéronome 11 ; 16-21). Cette fidélité, condition de la possession de la Terre sainte, ayant fait place à la plus noire ingratitude, pourquoi la proscription d’Israël ne durerait-elle pas, selon les règles de la plus stricte justice, « aussi longtemps que le ciel couvrira la terre » ? […]

On a essayé d’objecter que si les Juifs, fils d’Abraham, ne rentraient pas en possession de la Palestine à la suite de leur conversion, il s’ensuivrait que les promesses de Dieu faites à Abraham de lui donner la Palestine pour toujours ne recevraient pas leur accomplissement. Il importe donc, conclut-on, pour que Dieu soit trouvé fidèle dans ses promesses, qu’Abraham reprenne la Palestine, dans la personne des Juifs ses descendants.

Pour répondre, rappelons d’abord le texte de la promesse. C’est celui-ci : « Je vous donnerai à vous et à votre postérité pour jamais tout ce pays que vous voyez. » (Genèse 13 ; 14-15-17).

Il y a dans ce texte, nous le reconnaissons, deux promesses distinctes : « à vous » – et « à votre postérité », après vous. L’une regarde aussi formellement Abraham, que l’autre regarde sa postérité ; et l’une doit être aussi infaillible que l’autre. La postérité d’Abraham occupera la Terre promise, mais Abraham aura dû la posséder préalablement.

Or, il est certain que Dieu ne donna aucun fonds à Abraham, pas même un pied de terre, dans ce pays dont il lui avait pourtant promis la possession : « Il ne lui donna aucune possession dans cette terre, pas même où poser le pied, bien qu’il eût promis de la lui donner en possession, et après lui à sa postérité. » (Actes 7 ; 5). Le Patriarche n’y posséda rien en vertu de la promesse, car le tombeau qu’il voulut y avoir pour Sara et pour lui, il l’avait acquis de ses deniers.

Comment donc la promesse de Dieu a-t-elle reçu son accomplissement par rapport à Abraham ? Saint Paul nous l’enseigne dans son épître aux Hébreux : La promesse de Dieu s’étendait à un double objet, à une double terre : à une terre matérielle, la Palestine, que les Hébreux, descendants d’Abraham, occuperaient dans la vie présente, tant qu’ils resteraient fidèles ; à une terre immatérielle, le Ciel, figurée par la Palestine, qu’Abraham et les imitateurs de sa foi occuperont dans la vie future. C’est cette seconde terre, la vraie, et dont la Palestine n’était que la figure et le gage, qui ne cessa d’être durant la longue vie d’Abraham l’objet de ses pensées et de ses désirs. « Par la foi, dit saint Paul, il demeura dans la terre de la promesse (la Palestine) comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes avec Isaac et Jacob, cohéritiers de la même promesse. Car il attendait la cité qui a des fondements solides, dont Dieu est l’architecte et le fondateur. » (Hébreux 11 ; 9-10). Voilà la vraie Terre promise ! Celle de Chanaan, déjà figure de l’Église militante ou du Royaume de Dieu dans ses développements, l’est donc aussi de l’Église triomphante au Ciel, ou du Royaume de Dieu dans sa consommation. C’est là cette terre des vivants qu’Abraham possède et possédera à jamais, que ses descendants selon la foi posséderont aussi à jamais, et où, habitant en sûreté à l’ombre des ailes du Seigneur, ils seront enivrés de l’abondance de sa maison, et inondés du torrent de ses délices : « Vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, a dit Jésus-Christ, et tous les prophètes dans le Royaume de Dieu. […] Et il en viendra de l’orient et de l’occident, de l’aquilon et du midi, et ils se mettront à table dans le royaume de Dieu. » (Luc 13 ; 28-29).

Telle est, par rapport à la Palestine, la vraie signification des promesses faites par Dieu à Abraham personnellement, et aussi à Isaac et Jacob. « Ceux-ci, dit encore saint Paul, sont tous morts dans la foi, n’ayant pas reçu les biens promis (la Palestine), mais les regardant et les saluant de loin et confessant qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre. Car ceux qui parlaient ainsi, indiquaient qu’ils cherchaient la patrie. S’ils eussent pensé seulement à celle d’où ils étaient sortis, ils avaient certainement le temps d’y retourner. Mais voilà qu’ils en désirent une meilleure, c’est-à-dire céleste. » (Hébreux 11 ; 13-16).

Ainsi en sera-t-il des derniers Juifs convertis. Vrais enfants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, ils imiteront leurs saints Patriarches qui n’ont point regretté la patrie d’où ils étaient sortis. Ils en désireront comme eux une meilleure : l’Église d’abord, qui est le royaume de Dieu commencé ; le Ciel ensuite, qui est le royaume de Dieu achevé. Revêtus des sentiments de Jésus-Christ, ils ne rechercheront que les choses du Ciel, où leur Roi, leur Libérateur, est assis à la droite de Dieu.

Nous avons pour garant de la justesse de ces appréciations le premier discours de Saint Pierre aux trois mille Juifs convertis, le jour de la Pentecôte. Que leur fait-il espérer, lorsque, touchés de componction en leur cœur, ils disent à Pierre et aux autres apôtres : « Frères, que faut-il que nous fassions ? » (Actes 2 ; 37). Pierre va-t-il les engager à reconnaître Jésus pour le Messie, en leur rappelant que Dieu avait promis à Abraham de donner la Palestine à sa postérité ? Non, c’est uniquement vers les biens d’ordre spirituel annoncés également au Patriarche qu’il ramène leur attention et leurs espérances : « Faites pénitence, leur répond-il, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour la rémission de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. Car la promesse en a été faite pour vous et vos enfants, et tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera. » (Actes 2 ; 37-38). C’était leur dire : C’est à vous, en tant que fils d’Abraham, que se rapporte principalement la promesse qui lui a été faite, d’après laquelle le Christ sortira de sa race, et seront accordés par lui la rémission des péchés et le don de l’Esprit-Saint. 17 Voilà ce que Saint Pierre promet aux trois mille Juifs qui vont se convertir et recevoir le baptême : la rémission de leurs péchés et la réception de l’Esprit-Saint. D’une rentrée en possession de la Palestine, il n’est pas question, ni pour le présent ni pour l’avenir. […]

La prédiction de Jésus fut faite par lui au jour de l’Ascension, quelques instants avant qu’il ne remontât à son Père. Il venait d’annoncer à ses Apôtres la descente prochaine du Saint-Esprit qui les remplirait de lumière et de force, et avec eux il se dirigeait vers la colline des Oliviers. Les Apôtres suivaient, rêvant plus que jamais gloire et félicité temporelles, car, n’ayant pas encore reçu le Saint-Esprit, ils demeuraient imbus de l’erreur commune aux Juifs de cette époque, qui attendaient un règne terrestre du Messie ; comme eux, ils croyaient que le Messie les délivrerait du joug abhorré des Romains, et rétablirait le trône de David dans son ancienne splendeur. Cette espérance, comme nous le voyons par les paroles des deux disciples qui allaient à Emmaüs (Luc 24 ; 21), avait été fortement ébranlée par la mort de Jésus-Christ. Mais actuellement, voyant le Sauveur ressuscité s’avancer à leur tête, et l’ayant entendu parler du royaume de Dieu et de la descente du Saint-Esprit, voici que leurs espérances de royauté temporelle se réveillent avec une nouvelle vivacité, d’autant que dans les prophètes, particulièrement dans ceux des derniers temps, à l’effusion du Saint-Esprit se trouvait jointe l’annonce de la restauration d’Israël dans la magnificence (Amos 9 ; 2 / Osée 14 ; 6 / Joël 3 ; 20 / Abdias 17). Les Apôtres se croient donc au moment si longtemps attendu, et se rapprochant de Jésus lui disent : « Maître, est-ce maintenant que vous rétablirez le royaume d’Israël ? » (Actes 1 ; 6).

Quelle fut la réponse de Jésus ?

Il leur dit : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les moments que le Père a mis en sa puissance. Mais vous recevrez la vertu de l’Esprit-Saint survenant en vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Actes 1 ; 7-8).

Dans cette réponse de Jésus deux enseignements se trouvaient formulés :

Elle réprimait d’abord, et d’une manière directe, la curiosité intempestive des Apôtres. « Jésus agit, dit saint Jean Chrysostome, comme un maître plein de sagesse, qui enseigne à ses disciples, non ce qu’ils désirent, mais ce qu’il leur est utile de savoir. » Ce que les Apôtres désiraient, c’était de connaître les temps et les moments du rétablissement du royaume d’Israël. À quoi Jésus répond que la connaissance de l’avenir n’appartient qu’à Dieu. Sans vouloir donc pénétrer dans ses secrets conseils, ils doivent uniquement songer à remplir dignement la tâche qu’il leur destine.

La seconde partie de la réponse de Jésus renfermait un enseignement indirect relatif à ce rétablissement du royaume d’Israël, qui préoccupait l’esprit des Apôtres. « En leur annonçant qu’armés de la puissance de l’Esprit-Saint, ils seraient ses témoins à Jérusalem, dans la Judée, la Samarie et jusqu’aux extrémités du monde, Jésus-Christ donnait assez clairement à entendre à ses Apôtres qu’il ne s’agissait pas pour lui de rendre à la nation juive son royaume temporel rétabli dans ses anciennes limites, mais de fonder par leur ministère le royaume de l’Israël spirituel, qui de Jérusalem devait s’étendre à tout l’univers, étendue que n’avait jamais eue celui de l’Israël charnel. La Samarie, terre de l’ivresse et du mensonge aux yeux des Juifs ; le monde entier, souillé par une gentilité maudite, devenant le royaume de Jésus. Quelle révélation ! » 18 Si elle ne redressa pas d’une manière directe et manifeste l’opinion erronée d’un royaume terrestre du Messie, dont se trouvait imbu l’esprit des Apôtres, c’est que ceux-ci, n’ayant pas encore reçu le Saint-Esprit, ne se trouvaient pas suffisamment préparés à une communication ouverte de la vérité. Voilà pourquoi Jésus, loin de confirmer leur erreur, se borne à l’écarter d’une manière indirecte, d’abord par son silence par rapport à leur question ensuite par l’annonce qu’ils seront eux-mêmes les témoins, c’est-à-dire les agents d’un autre royaume. La propagation de l’Évangile à travers l’univers entier constituera cet autre royaume, royaume qui ne sera point terrestre, ni circonscrit par les limites de l’ancien territoire d’Israël, mais spirituel et universel.

Tel est le royaume d’Israël que Jésus-Christ est venu établir. C’est un royaume spirituel, le royaume des âmes, le royaume des cieux, le royaume de Dieu. L’Évangile n’en annonce pas d’autre ; et dès lors il n’y en aura pas d’autre, il n’y aura plus de royaume juif temporel.

Ce royaume spirituel, Jésus-Christ est venu l’établir sur la terre en entrant dans le monde par son Incarnation divine. Saint Jean-Baptiste l’annonçait en disant : « Le royaume des cieux est proche. » (Matthieu 12 ; 2). Jésus-Christ même commença sa prédication par cette annonce : « Le royaume des cieux est proche. » (Matthieu 4 ; 17). Lorsqu’il envoya ses Apôtres prêcher dans la Judée et dans la Galilée, ce fut pour y porter partout cette annonce : Le royaume des cieux est proche. Il en posait lui-même dès lors les premiers fondements en formant ses disciples, en sorte que les Pharisiens lui ayant un jour demandé quand viendrait le royaume de Dieu, il leur répondit : « Le royaume de Dieu ne viendra point avec un éclat qui le fasse remarquer ; et on ne dira point : Il est ici, ou, il est là. Car, présentement même, le royaume de Dieu est au milieu de vous. » (Luc 17 ; 20-21). Ce royaume, qui est devenu l’Église, société spirituelle dont Jésus-Christ est le chef invisible et le pape, son vicaire, le chef visible, s’est établi par la foi et s’étend par la foi. Il s’est répandu dans toutes les parties de la terre, et il continuera de s’y répandre jusqu’à la fin des siècles. Il est devenu plus sensible lorsqu’après trois siècles de combats, l’Église a triomphé sous Constantin, premier empereur chrétien. Ce n’était là cependant, et ce n’est encore aujourd’hui, si magnifiques que soient les progrès de l’Église, que le royaume de Dieu dans ses développements, pas encore le royaume de Dieu dans sa consommation. Le royaume ou règne de Dieu dans sa consommation, Jésus-Christ nous le fait demander sans cesse dans la prière que lui-même nous a apprise : « Que votre règne arrive, » Adveniat regnum tuum (Matthieu 6 ; 10).

Quel sera donc le royaume de Dieu dans sa consommation ? que sera ce règne que nous demandons tous les jours à Dieu ? Celui-là même dont Jésus-Christ dira à ses élus au dernier jour : « Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, et entrez en possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde. » (Matthieu 25 ; 34). Après leur avoir dit cela, « il les introduira dans la vie éternelle » (Matthieu 25 ; 46). C’est là que le royaume de Dieu sera complètement achevé. Alors on verra paraître ces nouveaux cieux dont parlent saint Pierre et saint Jean, et « cette terre nouvelle où la justice habitera » (Apocalypse 21 ; 1). Alors « toutes les larmes seront essuyées, et la mort, sera plus » (Apocalypse 21 ; 4). Alors « la sainte Jérusalem », qui se forme dans le ciel, « paraîtra tout environnée de la clarté de Dieu. » (Apocalypse 10 ; 11) : cette ville mystérieuse dont « la muraille a douze fondements qui portent les noms des douze Apôtres de l’Agneau. » (Apocalypse 10 ; 14). « Il n’y aura point-là de temple ; parce que le Seigneur Dieu tout-puissant et l’Agneau en seront eux-mêmes le temple. » (Apocalypse 10 ; 22). « Les nations marcheront à l’éclat de sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire et leur honneur. » (Apocalypse 10 ; 24). « Il n’y entrera rien de souillé ; mais ceux-là seulement qui sont écrits dans le Livre de vie de l’Agneau. » (Apocalypse 10 ; 27). « II n’y aura plus là d’anathème ; mais le trône de Dieu et de l’Agneau y sera, et ses serviteurs le serviront. » (Apocalypse 22 ; 3). « Il n’y aura plus là de nuit ; et ils n’auront point besoin de lampe, ni de la lumière du soleil, parce que c’est le Seigneur Dieu qui les éclairera ; et ils régneront dans les siècles des siècles. » (Apocalypse 22 ; 5).

Voilà le seul royaume qui soit annoncé et promis, l’Évangile n’en connaît point d’autre. Jean-Baptiste a été le précurseur du premier avènement de Jésus-Christ, pour annoncer que le royaume des cieux allait commencer de se former sur la terre. Le prophète Élie sera le précurseur du second avènement du Fils de Dieu, pour annoncer que le royaume des cieux va recevoir son entière consommation dans l’éternité bienheureuse. Entre ces deux annonces il n’en existe pas d’autre relative à un royaume ou État juif qui reparaîtrait à Jérusalem. À l’ancienne interrogation des Apôtres : « Maître, est-ce maintenant que vous rétablirez le royaume d’Israël » (Actes 1 ; 6), l’Église instruite par les Écritures peut donc faire suivre la réponse du Sauveur de ce commentaire : Le royaume temporel d’Israël a disparu, disparu pour toujours. C’est à un royaume spirituel qu’il a fait place, au royaume des Cieux ou l’Église, lequel royaume ira toujours grandissant, s’épanouissant, jusqu’à sa consommation ou achèvement dans l’éternité bienheureuse.

Et maintenant, résumons en faisceau de lumière les annonces prophétiques tombées des lèvres de Jésus-Christ :

Le Temple ne sera jamais réédifié.

La Palestine ne reverra jamais un royaume d’Israël.

Il y a donc accord entre le Nouveau et l’Ancien Testaments pour traiter de chimère toute tentative en vue de reconstituer un nouvel État juif à Jérusalem.

Le plan divin s’oppose au projet des Sionistes.


Source : Abbé AUGUSTIN LEHMANN.L’avenir de Jérusalem. IIème Partie. Chapitres I à V

1 Comment. in Amos, lib. III, cap. IX

2 Comment. in Isai., lib. XVIII, cap. LXV, V. 21, 22

3 Comment, in Jerem., cap. XXX

4 Comment. in Jerem., cap. XXXI, in V. 38

5 S. Jérôme, Comment in Ezech., cap. XXXVII

6 Comm. in Zachar. cap. VIII

7 Comm. in Zachar. cap. VIII

8 S. Jérôme, Comment. in Zachar. lib. II, cap. VIII, 4 et 5

9 Comment. in Zachar., cap. X, 1-5

10 Comment. in Zachar., cap. X, 1-5

11 S. Jérôme, Comment. in Zachar., cap. X, V. 11 et 12

12 Fouard, Vie de N.-S. Jésus-Christ, t. II, 207, 208, Paris, 1882. – Josèphe, De Bello Judaico, V, 5, 6.

13 D. Thomas, Catena in Matth., h. 1

14 Fillion, Comment. sur S. Matthieu, p. 455.

15 Hom. XLV, in Op. imperf. à med

16 Sum. theol., part. III, q. XLVII, a. 6

17 Corn. a Lap., Comment. in Act., II, 39

18 Fouard, Vie de N.-S. Jésus-Christ, L. II, p. 479

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