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Le devoir catholique à propos des élections. Mgr Jouin

Par Brice Michel
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Extraits de l’article « Le devoir catholique à propos des élections », Mgr Ernest Jouin, Revue international des sociétés secrètes N°1 janvier 1920, p. 45


Republié en format livre aux Editions Saint-Rémi : “Le devoir catholique des élections”


En introduction, Mgr Jouin publie une Lettre de Mgr Gay à Mgr Freppel 11 juin 1881, dont voici un extrait :

« Certes, il ne s’agit pas d’entrer directement, comme Evêque, dans la question purement politique, j’entends la préférence à donner à tel ou tel candidat eu égard à son opinion sur la forme même du pouvoir : si importante que soit cette question, nous ne saurions ni la traiter, ni même y exercer une influence publique à titre de ministres de Dieu et de pasteurs des peuples. Mais n’est-il pas possible et licite et urgent, de faire, épiscopalement, en vue de l’acte qui s’impose aux fidèles, une exposition pratique des principes où ils doivent s’appuyer ; de leur montrer, en particulier, qu’abstraction faite de tout parti ils ne peuvent sans péché grave, donner à un sectaire notoire une voix qui est un concours direct et efficace à l’institution des législateurs de Ia France et à la constitution même du pouvoir qui nous doit régir ? N’est-ce pas le moment de déclarer à nouveau, en se fondant sur tant de Bulles pontificales publiées depuis un siècle et demi, que tous les membres des Sociétés secrètes, et nommément les francs-maçons, qui doivent être absolument exclus du suffrage de quiconque veut ne compromette point son salut en cessant d’être docile à Dieu et à l’Eglise; que, partant, avant même de s’informer de l’opinion politique des candidats, tout catholique doit s’enquérir s’ils appartiennent ou non à cette Secte abominable? »

Mgr Jouin poursuit :

« Enfin, le 24 février 1889, Mgr Freppel fit paraître son Instruction pastorale « Sur les devoirs des chrétiens dans l’exercice du droit de suffrage ». Après avoir réfuté l’erreur qui consiste à penser que l’exercice du droit de suffrage est un acte moralement indifférent et qu’il n’engage pas la conscience du chrétien par la raison qu’il est d’ordre civil et politique « tandis qu’il n’en est pas de plus grave, ni qui engage à un plus haut degré la responsabilité du chrétien », le prélat établit qu’il est de toute évidence qu’un chrétien ne saurait, sans trahir sa conscience, porter son choix sur un homme disposé à combattre la religion ou s’étant déjà signalé par des actes d’hostilité contre l’Eglise; sur ceux, en un mot, qui manifestent plus ou moins ou vertement le dessein de déchristianiser la France, puis il ajoute : « Au premier rang des ennemis de l’Eglise vient se placer une secte qui depuis cent ans, a déchaîné sur ce pays les fléaux dont il souffre : la secte des Francs-Maçons. Sous des dehors de bienfaisance qui ne trompent plus personne, elle se propose pour but principal de combattre la foi catholique ; et elle n’y a que trop réussi. Comme nous vous l’avons montré dans une instruction spéciale, les ruines que nous avons sous les yeux sont en majeure partie l’œuvre de la Franc-Maçonnerie. C’est son programme que l’on cherche à réaliser, article par article, en bannissant tout ce qui se rapporte à la religion, de l’école, de l’hospice, du prétoire, de l’armée, de toutes les institutions et de tous les établissements publics. N’avait-elle pas, le 14 septembre 1877, effacé de ses constitutions « l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme » et ne fallait-il pas, dès lors, que la société civile tout entière fût formée à son image ? L’antichristianisme, voilà le fond de la Franc-Maçonnerie. Et il se trouve, nous éprouvons à le dire autant de surprise que de douleur, il se trouve des chrétiens assez aveugles ou assez peu consciencieux pour donner leurs suffrages à des hommes qui, une fois entrés dans les assemblées publiques, emploieront leur autorité à détruire la religion, liés qu’ils sont à cet égard par de redoutables serments ! Vraiment, Nos Très Chers Frères, il serait difficile de pousser plus loin, en pareille matière, l’oubli du devoir et l’égarement de l’esprit. En retranchant de sa communion les adeptes de cette secte antireligieuse au premier chef, l’Eglise vous montre assez qu’il ne saurait être permis, sous aucun prétexte et dans aucun cas, de contribuer par un vote à leur confier un mandat quelconque ; car il s’agit ici d’un mal certain et prévu d’avance, étant donnés le but et les engagements bien connus de la Franc-Maçonnerie » (…)

Mgr Jouin reprend :

« Le cardinal de Bordeaux, Mgr Andrieu, fit d’abord paraître dans l’Aquitaine du 12 septembre 1919 un communiqué sous ce titre : « En vue des prochaines élections, faut-il que la question religieuse se pose » ? Le cardinal appuie son affirmation d’un passage tiré de l’Encyclique de S. S. Léon XIII sur « les devoirs civiques des chrétiens » qui tranche nettement la question. Puis il ajoute :

« L’athéisme social instauré par les lois laïques est un fossoyeur. Mais la France ne veut pas descendre dans la tombe qu’il lui creusait depuis quarante ans avec le concours du socialisme renforcé naguère par le bolchevisme, et il lui tarde de finir la guerre à la religion qui prépare fatalement la guerre à la société, car là où il n’y a plus de Dieu, il n’y a bientôt plus de maître, et là où il n’y a plus de maître, c’est le déchainement de tous les appétits, le règne de la force brutale au service du désordre, et la mort à bref délai, dans le sang et dans la boue, d’un peuple auquel les faiseurs de lois laïques ont arraché le Principe Vital en chassant Dieu de son âme.

Parler des lois laïques était indiquer déjà leur auteur, la franc-maçonnerie. Aussi le cardinal de Bordeaux fit-il paraître dans l’Aquitaine du 24 octobre dernier le « Petit catéchisme de l’électeur »

Nous en extrayons les trois questions suivantes :

« Est-il permis de voter pour un candidat franc-maçon ?

R. –Il n’est pas permis de voter pour un candidat franc-maçon, parce que les Bulles des Papes sur les Sociétés secrètes interdisent de leur donner un appui quelconque, et elles l’interdisent parce que le franc-maçon est l’ennemi juré de la religion, surtout de la religion catholique, et qu’en travaillant contre la religion il travaille contre la patrie, à laquelle il prépare le désordre effroyable que les peuples sans Dieu et, par conséquent, sans morale et sans autorité légitime, ont à subir de la part du socialisme et du bolchevisme.

— Est-il permis de voter pour un candidat partisan des lois laïques et décidé à les maintenir ?

R. — Il n’est pas permis de voter pour un candidat partisan des lois laïques et décidé à les maintenir, parce que les lois laïques méconnaissent les droits de Dieu, à qui les peuples comme les individus doivent rendre un culte, et qu’en méconnaissant les droits de Dieu elles ruinent par la base les droits de l’homme, qui, sans l’appui de la religion, ne peuvent plus se soutenir et entraînent dans leur chute tout l’ordre social. L’horrible situation actuelle de la Russie en est la preuve éclatante.

D. — Que faut-il entendre par « lois laïques » ?

R. — Il faut entendre par « lois laïques », notamment : la loi qui interdit l’étude du catéchisme et la prière dans les écoles publiques ; la loi qui empêche les membres des Congrégations religieuses de s’associer et d’enseigner, comme les autres Français et les autres Françaises en ont le droit ; la loi qui, sous prétexte de séparer Église de l’État, a osé dire : « La République ne reconnaît aucun culte », a essayé d’entraîner l’Église de France dans le schisme et l’a dépouillée des biens légitimement acquis depuis un siècle pour le culte, pour les écoles, pour les pauvres, pour les prêtres âgés et infirmes, et pour les morts. »

Enfin dans l’Aquitaine du 31 octobre, le cardinal adressait à ses diocésains un troisième communiqué pour confirmer sa doctrine électorale contre les francs-maçons et les partisans des lois laïques :

PETIT CATECHISME DE L’ÉLECTEUR

 Quelques pièces justificatives

Dans le Petit Catéchisme de l’Electeur, récemment publié par S.E., le Cardinal-Archevêque, différentes questions de casuistique électorale ont été abordées et il y a deux réponses sur lesquelles nous croyons opportun et même nécessaire de revenir :

I. Il n’est pas permis de voter pour un candidat franc-maçon

Les Bulles des Papes sur les Sociétés secrètes aux ordres de la Franc-Maçonnerie interdisent de leur donner un appui quelconque, et cette interdiction ne peut étonner quand on lit, par exemple, ces paroles de Pie IX, à peine monté sur la chaire de Saint-Pierre : « Nous sommes saisi d’horreur quand Nous considérons les colossales erreurs les multiples et malfaisants artifices, les pièges, les trames par lesquels les francs-maçons, ennemis déclarés de la lumière, maitres passés en  fait d’astuce, s’acharnent à éteindre chez tous, tout amour de la piété, de la justice, de l’honneur, à corrompre les mœurs, à brouiller tout droit divin et humain, à renverser  l’Église et la société civile »,

Citons encore ce passage de la remarquable Encyclique de Léon XIII sur les francs-maçons : « En voulant démolir la religion et l’Eglise, ils veulent nous faite rétrograder de dix-neuf siècles et nous ramener au paganisme et à ses institutions. Ils nous font même déchoir plus bas. Ils veulent constituer une société sans Dieu, tandis que les païens étaient si bien convaincus de la nécessité de rendre un culte à la Divinité que, d’après eux, il était plus facile de bâtir une ville dans les airs que de la construire sans temple et sans culte. Par leurs efforts à renverser les fondements de la justice et de l’honnêteté, les maçons travaillent à faire descendre l’humanité à l’état des bêtes. Ne donner à l’homme d’autre règle de conduite que l’attrait du plaisir, c‘est mener le genre humain à l’anéantissement dans l’infamie et l’opprobre ».

Il n’est donc pas permis de voter pour un candidat affilié à une pareille secte, et cette règle de conduite ne peut déplaire à un bon Français, car c’est la Franc-Maçonnerie qui, d’accord avec l’Allemagne, a organisé la guerre contre la France, et elle va chercher à prendre sa revanche parce qu’elle veut à tout prix réaliser le programme de Bismarck ou plutôt des Loges : « La force du catholicisme est en France. Si nous pouvons l’extirper, nous serons maitres des latins ».

II. Il n’est pas permis de voter pour un candidat partisan des lois laïques et décidé à les maintenir.

Les lois laïques n’auraient jamais dû être inscrites dans notre Code. Elles attentent à l’autorité de Dieu, maître souverain des peuples comme des individus. Elles attentent à l’autorité de l’Eglise instituée par Jésus-Christ, à qui toutes les nations ont été données en héritage. Elles attentent à l’autorité des pères de famille, dont les droits en ce qui concerne l’éducation des enfants sont incontestables et imprescriptibles.

En méconnaissant ainsi l’autorité paternelle, l’autorité ecclésiastique et l’autorité divine, les lois laïques ruinent par la base essentiellement religieuse l’autorité sociale et elles jettent en pâture aux convoitises de la rue la propriété séculière, qui n’est ni plus inviolable ni plus sacrée que la propriété des prêtres et des moines. Le laïcisme engendre le bolchevisme, et si l’on veut faire disparaitre celui-ci, il faut de toute nécessité que l’on abjure celui-là. Pourquoi certains candidats, animés peut-être d’un reste de zèle anticlérical ou trop enclins aux accommodements, surtout s’ils promettent des suffrages, proposent-ils de ne pas soulever cette question d’utilité publique au premier chef durant la prochaine législature ? Quand la patrie souffre d’un mal qui risque de mettre sa vie en péril, ne serait-ce pas la trahir que de renvoyer à plus tard l’application du seul remède dont elle puisse attendre le salut ?

Les lois laïques ne sont pas seulement bolchevistes, elles sont allemandes par leur origine. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir les instructions que le chancelier de fer donna au Comte d’Arnim, son ambassadeur à Paris, le 16 novembre 1871. Ce document-programme est authentique. Il a été publié dans le Journal Officiel de France le 7 avril 1911, dans le compte-rendu d’une discussion au Sénat. Le Voici dans toute sa crudité :

« Une politique catholique de la France lui donnerait une grande influence eu Europe et jusque dans L’Extrême-Orient. Le moyen de contrecarrer son influence au profit de la nôtre, c’est d’abaisser Le catholicisme et la papauté qui en est la tête. Si nous pouvons atteindre ce but, la France est à jamais annihilée.

J’entreprends contre l’Eglise catholique une guerre qui sera longue et terrible. Il le faut pour achever d’abaisser la France. Entretenez dans les feuilles radicales françaises la peur de l’épouvantail clérical en faisant propager des calomnies ou les préjugés qui ont fait naître cette peur. Faites aussi parler souvent dans ces feuilles des dangers de la réaction et des empiètements du clergé. Ces balivernes ne manquent Jainas leur effet sur les foules ignorantes.

Mettez tous vos soins à entretenir cet échange de services mutuels entre les républicains et nous. C’est la France qui paiera les frais ”.

Et dire que ce programme, venu des bords de la Sprée, a été exécuté avec un servilisme impitoyable, sur les bords de la Seine et dans tout le pays, pendant près de quarante années ! Quel est l’électeur à l’âme tant soit peu française qui voudrait, après celte révélation voter pour un candidat partisan des lois laïques et décidé à les maintenir, bion qu’elles nous aient été imposées par Bismarck à l’instigation des Loges, dans le but de nous diviser et de nous affaiblir au profit de la plus grande Allemagne ? Pauvre France ! » (…)

Mgr Jouin :

Mgr Nègre, archevêque de Tours, a publié dans sa Semaine religieuse du 10 octobre 1919, une « Lettre pastorale à l’occasion des prochaines élections ». Très remarquable au point de vue des principes qui régissent la matière. Sa Grandeur en tire les conclusions logiques qui en découlent :

l) Les catholiques ne peuvent en conscience s’allier à la secte maçonnique ni voter pour un candidat franc-maçon. Les Papes ont porté les condamnations les plus sévères contre ces Sociétés secrètes, ennemies réductibles de la religion et de l’Eglise.

2) Aucune alliance n’est permise avec les partis et les candidats qui veulent le maintien des lois de laïcité et de persécution religieuse. Un chrétien trahirait ses devoirs les plus sacrés en leur accordant son appui et sa voix.

3) Les catholiques doivent encore se garder d’adhérer à ceux qui pour mieux faire l’union, comme ils disent, commencent par écarter la question confessionnelle ou religieuse, pour ce prétendu motif qu’elle est irritante. Raison criminelle, si elle n’est inconsciente. Exclure la religion n’est pas autre chose que prononcer l’exclusion de Dieu. Autant vaut dire que pour mieux unir les enfants d’une même famille, il ne faut rien dire de leur père ni de leurs devoirs envers lui, ce serait une cause de division. Dieu est vérité et justice ; bannissez-le de votre programme, et il vous restera pour vous unir le mensonge et le mal. Homme sans Dieu. Etat sans Dieu, législateur et lois sans Dieu, société sans Dieu, voilà le sens de la formule : « Ne prononçons pas le mot de religion, la question est irritante ». » (…)

Les deux cardinaux de Bordeaux et de Rennes, les archevêques de Tours, de Bourges et de Toulouse enseignent donc que la question religieuse ne peut être séparée de la question électorale, et que la conséquence rigoureuse de ce principe est le devoir des catholiques de ne pas voter pour un franc-maçon, ni pour un partisan des lois laïques, qui sont l’œuvre de la Maçonnerie. (…)

Donc, il y a obligation grave de conscience à ne pas voter pour les francs-maçons ou pour ceux qui admettent leurs doctrines en acceptant leurs lois laïques ou leurs actes en préparant la révolution et le bolchevisme : d’une faute aussi monstrueuse, il faudra répondre devant Dieu, car c’est une trahison. Ajoutons que, pour un catholique, c’est une apostasie, puisque c’est accepter « l’Etat sans Dieu ». »

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