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Messes una cum : quelques explications à mes amis.Version modifiée. Maxence Hecquard

Par Maxence Hecquard
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Nous publions ici un texte de M. Maxence Hecquard qui nous semble apporter sa pierre à la question de l’Una Cum. Qu’il soit entendu que le site contre-revolution.fr ne veut pas faire la promotion de l’assistance à la messe Una Cum, mais peut-être rassurer les consciences de ceux pour qui l’assistance à la messe Non Una Cum est impossible ou bien difficile en raison des circonstances particulières dans lesquelles ils se trouvent. La position du site contre-revolution.fr est que l’assistance à la messe Non Una Cum s’impose quand on peut y assister sans grave inconvénient.

NB : Ce texte est une version approfondie et développée de la version publiée initialement le 25 février 2025.

Brice Michel


Quelques explications à mes amis

Chaque jour notre mère l’Église est davantage meurtrie d’abominable désolation. Si les papes de Vatican II détruisent l’Église, où est leur légitimité ?

Plus tardivement que d’autres, j’ai réalisé le rôle délétère de l’attachement à une hiérarchie félonne dans le désarmement des résistants. Pour me convaincre entièrement de l’imposture de ces papes, j’ai rassemblé mes réflexions dans un livre. Il s’adresse notamment à mes amis de la Fraternité Saint-Pie X, afin de les aider à parcourir le chemin caillouteux vers la lumière.

Les étiquettes sont détestables et seule celle de « catholique » nous honore, mais si mes adversaires y insistent, j’accepte qu’ils me flétrissent de celle de « sédévacantiste », puisque c’est ainsi que l’on désigne ceux qui récusent toute autorité aux occupants actuels du Siège de Pierre.

Mais voilà, le sédévacantiste que je prétends être fréquente encore la messe de Saint-Nicolas-du-Chardonnet et mes enfants sont inscrits dans des écoles de la Fraternité Saint-Pie X. Trahison ? Libéralisme coupable ? Refus des exigences du combat non-una-cum par souci de confort ? Je dois des explications.

En mai 1987, Mgr Guérard des Lauriers donna un entretien à la revue Sodalitium n° 13 où il soulevait la question de l’assistance aux messes una-cum. « La Messe una-cum est ex se objectivement entachée de sacrilège », explique-t-il. De plus, parce qu’elle est célébrée en communion avec une personne « en état de schisme capital », la messe una-cum est « objectivement et inéluctablement (sic) entachée d’un délit qui est du genre : schisme ».  Se posant la question de la responsabilité des fidèles qui assistent à des messes una-cum, Mgr Guérard des Lauriers précise qu’en y participant ces fidèles se rendent « en droit » (sic) coupables de sacrilège et de schisme. Pourtant Mgr Guérard mitige un peu sa terrible sentence : « Un délit n’est péché que s’il est connu comme tel », admet-il. Il reconnaît aussi que l’on peut n’avoir d’autre possibilité que d’aller à une messe una-cum. Il déclare enfin qu’il a lui-même consacré des évêques afin « que dure sur terre l’OBLATION PURE, l’OBLATIO MUNDA [Mal. I, 11] » (sic), c’est-à-dire selon lui la messe non-una-cum.

En novembre 2007, le regretté abbé Anthony Cekada publia une longue étude intitulée « Le grain d’encens : les sédévacantistes et les messes Una Cum », qui compare donc l’assistance aux messes una cum à l’encens que devaient offrir aux idoles les premiers chrétiens pour sauver leur vie. Jusqu’en 2017 il complètera cette étude de plusieurs textes dans la rubrique Quidlibet de son site. L’abbé Cekada explique que la prière liturgique una cum marque la reconnaissance et la communion avec le souverain pontife. Le fidèle qui assiste au culte public adhère aux prières du célébrant. Pour un sédévacantiste adhérer à cette prière communiant aux papes de Vatican II, illégitimes parce qu’hérétiques, constitue un mensonge, une adhésion à leur hérésie et à leur schisme, et enfin un grave péché de scandale. Il cite les nombreuses réprobations des papes et des théologiens qui prohibent la nomination d’hérétiques dans les cérémonies sacrées et toute communion avec eux. 

Cette doctrine, dite du « Grain d’encens », est reprise aujourd’hui par des prêtres, des évêques même, qui estiment que, quarante ans après le début de ces controverses, l’ignorance est sans excuse et refusent par conséquent les sacrements aux fidèles qui fréquenteraient la Fraternité Saint-Pie X.

Pour ma part, je n’exciperais pas de mon ignorance, puisque je suis bien informé de ces controverses. Si Jorge Bergoglio est l’hérétique que je dénonce, comment puis-je ne pas voir avec Mgr Guérard des Lauriers et l’abbé Cekada le sacrilège des saints mystères célébrés en communion avec lui ? Je suis apparemment sans excuse. Suis-je donc hérétique, schismatique et sacrilège ?

Depuis la rédaction initiale de ces réflexions, Brice Michel m’a fait découvrir que cette polémique est ancienne et que, voici vingt ans, les plumes savantes de John Daly, de Mgr Pivarunas et de John Lane avaient développé avec brio les arguments que j’utilise. Leurs textes éclairent la question. Il semble bien que notre cher abbé Cekada en ait eu connaissance puisqu’il les traite sous forme d’objections, mais il ne les cite pas et sa réponse, très partielle, apparaît peu convaincante.

Résumons l’argumentation du « Grain d’encens » : les papes de Vatican II étant notoirement hérétiques, se déclarer en communion avec eux serait adhérer à leur hérésie, entrer dans un schisme, puisque l’église conciliaire est une fausse église, et commettre un sacrilège puisque célébrer en communion avec un hérétique et un schismatique est une grave offense à Dieu.

Nous allons voir que cette argumentation méconnaît le caractère spécifique de la présente crise de l’Église, ce « coup de maître » par lequel Satan est parvenu à faire propager l’hérésie par l’autorité apparemment légitime de l’Église elle-même.

Passons sur la question mineure de la traduction de l’expression una cum du canon romain. Certains estiment que la prière en cause est une pure prière d’intercession et non une reconnaissance de légitimité et une profession de communion. Leurs arguments ne sont pas sans valeur (la prière a évolué selon les époques : le nom de l’évêque était parfois omis, on y ajoutait celui du roi ou du célébrant lui-même…), mais admettons, avec Benoît XIV, que cette prière indique bien formellement la communion avec le souverain pontife.

Précisons aussi au préalable que le débat porte évidemment sur l’assistance à la messe catholique, c’est-à-dire célébrée dans le rite traditionnel par un prêtre validement ordonné qui refuse le concile Vatican II, ce qui exclut les cérémonies des communautés Ecclesia Dei dont les ordres sont douteux (puisque conférés par des évêques sacrés dans le nouveau rite) et qui sont réputées avoir accepté Vatican II. Sont donc ici en cause les messes des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X (sous réserve qu’ils n’aient pas rejoint cette congrégation après avoir été ordonnés dans l’église conciliaire et non réordonnés) et celles du mouvement de la Résistance issu de la sécession de Mgr Williamson.

Les arguments contre le « Grain d’encens » relèvent de la théologie, du magistère de l’Église et de l’exemple des papes et des saints.

En théologie morale, le célébrant una cum pose-t-il un acte hérétique et schismatique ?[1]

Chacun sait que pour être constitué le péché requiert la pleine advertance et le plein consentement.

Le péché d’hérésie n’est pas le fait de confesser une erreur en matière de foi ou de mœurs mais, explique Saint Thomas[2], le fait de choisir sciemment cette erreur plutôt que recevoir humblement l’enseignement de l’Église. Préférer sa volonté propre à l’autorité infaillible de l’Église : voilà l’hérésie (αίρεσις : action de prendre, choix), voilà la faute qui sépare de la société des croyants. Le cardinal Billot explique que l’hérésie est formelle quand cette autorité de l’Église est suffisamment connue[3].

Les prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X dénoncent l’hérésie de Vatican II. Ceux qui s’y refusent l’ont quittée et ont rejoint les communautés Ecclesia Dei. Parce qu’elle rejette le fond de la réforme conciliaire, la FSSPX peine à trouver l’accord pratique avec la Rome hérétique prôné par Mgr Fellay. Il serait paradoxal de l’accuser d’adhérer à l’hérésie et au schisme conciliaires parce qu’elle n’a pas encore compris la question de l‘autorité et prononce le nom du pape conciliaire à la sainte messe. Ce serait aussi une injustice.

Bien sûr, dire que François est pape alors qu’il professe notoirement des hérésies est aussi une erreur qui contredit la bonne doctrine : cela équivaudrait, pensent certains, à nier l’infaillibilité du magistère ordinaire de l’Église et suggèrerait que l’Église pourrait faire défaut. Toutefois, pour qu’une telle erreur rende le célébrant una-cum hérétique, il faudrait prouver sa pertinacité, or la plupart des prêtres una-cum sont ignorants de ces questions sur lesquelles ils suivent leurs supérieurs et aucun ne remet en cause l’indéfectibilité de l’Église, qu’ils pensent au contraire défendre en reconnaissant les papes de Vatican II. L’intention hérétique est donc inexistante.

Il en va de même du péché de schisme. Saint Thomas explique que les schismatiques sont « ceux qui se séparent de l’unité de l’Église par une intention propre et volontaire »[4]. Mais en nommant le pape qu’ils pensent légitime au canon, les prêtres de la FSSPX pensent au contraire rester dans l’Église malgré leurs désaccords avec les papes de Vatican II et par là éviter un schisme. L’intention schismatique est donc de même inexistante.

Le raisonnement est encore identique pour le péché de sacrilège. Avec sa clarté habituelle, saint Thomas d’Aquin en donne la définition : « Le péché de sacrilège consiste en ce que quelqu’un se tient de façon irrévérencieuse vis-à-vis d’une chose sacrée. »[5] S. Thomas est d’ailleurs particulièrement sévère : « Tout péché, que commet une personne sacrée, est matériellement et comme par accident un sacrilège. De là saint Jérôme dit que les paroles frivoles dans la bouche d’un prêtre sont des sacrilèges ou des blasphèmes. Cependant formellement et proprement le seul péché d’une personne sacrée qui est un sacrilège est celui qui est fait directement contre sa sainteté : par exemple si une vierge consacrée à Dieu fornique. »[6] Pour saint Thomas donc, il n’y a de sacrilège formel que lorsque l’irrévérence est directe, consciente et volontaire.

Les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X ne disent pas la messe en communion avec Bergoglio parce qu’il est hérétique et « en état de schisme capital ». Ils ne célèbrent pas una cum pour attenter volontairement à la majesté du Saint-Sacrifice. Quand, par ignorance ou par obéissance vis-à-vis de leurs supérieurs, ils célèbrent « una cum François », ils n’adhérent pas à son hérésie. Ils pensent faire leur devoir. Ils croient être fidèles à la tradition et à l’unité catholique. « Quoiqu’il arrive il faut être fidèle au pape », pensent-ils. Ils se trompent. Voilà tout. L’erreur de l’una-cum est une conséquence directe du « coup de maître de Satan » : c’est le « pape » lui-même, naguère source d’unité et d’orthodoxie, qui enseigne désormais l’hérésie. Mais où est l’intention maligne de ces prêtres ? Où est le rejet de l’autorité ou de l’unité de l’Église ? Où est l’irrévérence formelle ? Il n’y a donc ni hérésie, ni schisme, ni sacrilège, même matériels.

Que l’on comprenne bien l’argument et qu’on me pardonne la répétition. Jorge Bergoglio est hérétique. C’est mon intime conviction. J’ai écrit un livre pour expliquer qu’il est déchu de sa charge (s’il l’a jamais eue…). Mais je n’ai aucune autorité pour imposer cette conviction aux autres. Et les évêques fidèles, tant qu’ils ne sont pas réunis dans un concile œcuménique incontestable, me semblent n’en avoir guère plus. Le problème est que les papes de Vatican II n’ont pas été condamnés par une autorité légitime : c’est le coup de maître de Satan. On peut seriner sur tous les tons que « Bergoglio est hérétique et par conséquent une messe una cum Bergoglio est sacrilège », si un prêtre ne comprend pas que : 1° Bergoglio est hérétique ; 2° un hérétique ne peut être pape ; 3° il ne faut pas nommer son nom au canon, s’il pense que : 1° tout cela est bien compliqué ; 2° il faut faire confiance à son supérieur, je ne vois pas sur quelle base on peut transformer son erreur en adhésion à l’hérésie et au schisme, et en sacrilège. Il n’y a de sa part aucune irrévérence envers Dieu. Il y a une erreur. La comparaison avec une confession ou une communion sacrilège n’est pas pertinente. Le pénitent qui cache un péché grave sait qu’il enfreint une règle absolue de l’Église. Le communiant qui n’a pas confessé une grave faute sait qu’il ne doit pas approcher la sainte table. Le prêtre una-cum pense bien faire.

Bien entendu, ce qui vaut pour le prêtre vaut pour le fidèle, fût-il expert en sédévacantisme. D’une part, on ne peut imputer à l’assistant les erreurs du célébrant. D’autre part, où est la volonté d’adhérer à l’hérésie ou au schisme et de manquer à la révérence due à Dieu quand le fidèle non-una-cum assiste à une messe una-cum parce que cela évite x kilomètres à sa famille fatiguée ou lorsqu’il place ses enfants dans une école una-cum en absence d’autre possibilité ?

Y-aurait-il au moins un « sacrilège objectif » ou un « schisme objectif », ainsi que le prétendent Mgr Gérard des Lauriers et Mgr Sanborn ? En réalité ces expressions n’ont pas de sens, comme le montre brillamment John Lane. De fait aucun de ces deux auteurs ne définit le mot « objectif ». On peut supposer qu’ils veulent dire que le prêtre una-cum de bonne foi ne fait pas un péché personnel, mais que son acte est objectivement peccamineux, qu’il a la matière du péché, c’est-à-dire qu’il est un péché matériel. De fait un péché est matériel quand tous les éléments du péché sont réunis sauf l’advertance et le consentement. Mais la messe una-cum ne comprend ni les éléments du péché d’hérésie (le fait que Jorge Bergoglio ne soit pas pape n’est pas un dogme de foi puisqu’il n’a pas encore été condamné comme tel), ni les éléments du péché de schisme (se séparer de l’unité catholique), ni ceux du péché de sacrilège (l’irrévérence envers Dieu). Nous avons vu que citer le pape conciliaire au canon est avant tout une erreur. Une erreur est certes un mal, mais ce mal n’est pas moral, il est ontologique. Une erreur n’est pas un péché, même matériel. Lorsque quelqu’un chute d’une falaise, on parle d’un accident, non d’un suicide matériel.

Bien sûr que toute erreur dans la messe, toute imperfection, porte atteinte à la majesté de Dieu. C’est en ce sens que saint Jérôme déclare que les paroles frivoles sont un sacrilège dans la bouche d’un prêtre. Mais nous avons vu que saint Thomas ne qualifie pas ces imperfections de sacrilège à proprement parler. Il n’y a pas plus de sacrilège dans l’una-cum, que lorsque le prêtre a les mains sales ou des ornements déchirés, lorsqu’il n’a pas respecté le jeûne ou ne suit pas les rubriques. Mais sans la forme du péché, c’est-à-dire la volonté d’irrévérence, le sacrilège n’existe pas à proprement parler.

Les seconds arguments contre le « Grain d’encens » sont des arguments d’autorité.

En effet quand bien même, ce qui n’est pas le cas (nous venons de démontrer le contraire), nous considérerions que les prêtres de la FSSPX ou de la Résistance sont hérétiques ou schismatiques en citant le nom des papes de Vatican II au canon de la messe, l’Église nous autoriserait à assister à leur messe parce qu’ils n’ont pas été nommément excommuniés.

De fait une situation comparable à celle que nous vivons a déjà existé dans l’Église au moment du Grand Schisme d’Occident. Durant cette époque troublée, l’Église avait deux voire trois « papes ». Le clergé de chaque obédience contestait la légitimité des sacrements donnés dans les autres obédiences qu’il jugeait schismatiques (c’est-à-dire la validité des mariages, des confessions…). Une des premières tâches du pape Martin V, élu par le concile de Constance afin de résorber le schisme, fut de rassurer les consciences.

Lors de la quarante-troisième session de ce concile (lundi saint, 21 mars 1418), Martin V décréta donc que : « Pour éviter les scandales et pour venir en aide aux consciences timorées, nous accordons par indulgence à tous les chrétiens que dorénavant personne ne sera tenu, à cause de n’importe quelle sentence ou censure ecclésiastique, promulguée de façon générale par le droit ou par un homme, de s’abstenir de communiquer avec qui que ce soit, pour l’administration ou la réception des sacrements, ou en toutes autres choses divines, ou profanes, (…) à moins que ladite censure n’ait été portée et publiée par le juge en forme expresse et nommément contre une personne, un collège, une université, une église, une communauté, ou un certain lieu. »[7]

D’après une lettre du 23 mars 1418 adressée au recteur et aux maîtres de l’université de Vienne par le théologien Pierre de Pulkau qui assistait au concile, ce décret n’est ni un règlement général porté par le pape sacro approbante concilio, ni une décision conciliaire générale, mais un indult spécial et Martin V souhaitait qu’il demeurât perpétuellement en vigueur et qu’il profitât à toute la chrétienté. De fait l’université de Paris adopta ce décret dont de nombreux exemplaires furent répandus[8].

Martin V dispose donc, universellement et à perpétuité, que l’on ne peut empêcher quiconque de recevoir les sacrements d’un prêtre ou d’une communauté qui n’aurait pas été spécifiquement et nommément condamné. De tous temps la discipline de l’Église a distingué plusieurs types d’excommunications[9]. Seules les plus graves interdisent aux fidèles tout contact avec les coupables.

Les théologiens ont donné la raison de cette indulgence vis-à-vis des « hérétiques non-déclarés » : il s’agit bien sûr de faciliter au maximum la réception de la grâce de Dieu par les sacrements. John Daly cite par exemple le célèbre cardinal Juan de Lugo S.J. (1583-1660) qui déclare : « Un excommunié non déclaré ne nécessite pas d’être évité, même dans les rites sacrés (…) car le fait qu’il soit hérétique n’est pas une raison particulière qui le rend illicite, à moins que, pour une autre cause, il y ait scandale ou irrévérence dans la foi, ou quelque autre raison de ce genre, lesquelles sont extrinsèques et n’existent pas toujours. »[10] Lugo lui-même se réfère au décret de Martin V et cite d’autres théologiens et canonistes connus (Navarro, Sánchez, Suárez…). Il considère qu’il s’agit de l’opinion commune. Pour Lugo « l’hérétique non déclaré » n’est pas un hérétique occulte, mais un hérétique manifeste qui n’a pas encore été nommément condamné.

Le décret de Martin V est à l’origine de la distinction entre excommuniés tolerati et vitandi[11]qui sera reprise par le Codex de 1917. Ses dispositions sont énoncées au canon 2261 §2 : « Sous réserve du §3 [excommuniés vitandi], les fidèles peuvent, pour n’importe quelle juste cause, demander les sacrements et les sacramentaux à un excommunié… » Et le Codex se réfère en note au décret de Martin V.

Telle est la loi de l’Église. Même lorsque le célébrant est en faute (il faut une faute grave pour mériter une excommunication latae sententiae[12]…), tant que la sentence n’est pas expresse, le fidèle peut lui demander les sacrements, car ils sont nécessaires à son âme. La personne du prêtre, son péché même, s’efface devant le devoir de son ministère.

Dans le « Grain d’encens », l’abbé Cekada fait valoir son interdiction des messes una-cum sur le canon 1258 qui prohibe toute assistance ou participation aux cérémonies sacrées non catholiques. Il cite aussi une instruction de la Sacrée Congrégation pour la Propagation de la Foi de 1729 (pro Missionariis Orientis[13]) qui précise que les rites schismatiques sont presque toujours entachés d’erreurs sur la foi, qu’on y commémore des patriarches et évêques vivants schismatiques et hérétiques, qui sont dits Prédicateurs de la foi catholique. Par conséquent, explique l’instruction, ceux qui participent à ces rites ne peuvent s’exonérer du crime d’une communion perverse ou au moins d’un scandale pernicieux.

Toutefois la lecture de cette instruction montre qu’elle ne vise que la participation des catholiques à des cérémonies religieuses de sectes schismatiques et hérétiques dûment condamnées. Le Codex la mentionne, parmi une multitude de textes pontificaux, comme source du canon 1258 précité. Personne ne met en cause cette prohibition du canon 1258 d’assister aux rites non catholiques. Ce qui apparaît contestable est que l’abbé Cekada applique ce canon 1258 (et l’instruction pro Missionariis Orientis) aux messes una-cum. Le raisonnement tient de la pétition de principe : l’abbé Cekada postule que les messes una-cum sont non catholiques mais il ne le prouve pas. Force est de reconnaître que les papes de Vatican II n’ont pas fait l’objet d’une condamnation par une autorité légitime, leur perte d’autorité consécutive à leur hérésie notoire ne constitue pas un dogme de foi.

L’abbé Cekada relève ensuite que Ad evitanda n’est pas une source du canon 1258 et est simplement cité comme source du canon 2261 §3, lequel n’autorise la réception de l’absolution sacramentelle d’un excommunié vitandus qu’en péril de mort et des autres sacrements et sacramentaux que s’il n’y a pas d’autres ministres.

De façon étonnante, dans son développement sur le décret de Martin V, l’abbé Cekada ignore le canon 2261 §2 cité plus haut, alors que la seule source de ce canon donné par le Codex est Ad evitanda. Il dit plus loin que le c. 2261 §2 ne vise que la réception des sacrements, ce qui exclurait selon lui l’assistance à la messe qu’il définit comme une participation active à un culte public. Distinguer la réception de la sainte communion de l’assistance à la messe ne semble pas d’entière bonne foi. L’abbé Cekada dévoie clairement ici l’esprit de Ad evitanda qui, dans ce qu’il est permis de demander aux excommuniés tolérés, inclut explicitement l’assistance aux offices (« …dans l’administration ou la réception des sacrements et en toutes autre choses divines (in aliis quibuscumque divinis)…)[14]. L’expression in divinis désigne les messes et la liturgie dans le vocabulaire canonique.

Enfin l’abbé Cekada invoque une réponse de la Sacrée Congrégation du Saint Office sous Benoît XIV, qui serait le « dernier clou dans le cercueil » de ceux qui invoquent Ad evitanda ou le cardinal de Lugo pour justifier l’assistance aux messes una-cum. La réponse du Saint-Office réduirait les dispositions de Ad evitanda aux relations purement civiles et séculières avec les hérétiques non condamnés nommément.  Le décret citerait une liste de théologiens, dont de Lugo, d’un avis opposé et conclurait qu’il est impossible d’assister aux cérémonies des hérétiques sans pécher et que le Saint-Office et la Propagation de la foi ont toujours considéré illicites les communions à ces offices. Ici encore son argumentation apparaît singulièrement biaisée. Reprenons le texte.

Dans Mission. Tenos in Peleponneso (10 mai 1753)[15], le Saint-Office répond à trois questions de prêtres catholiques exerçant leur ministère dans le Péloponnèse :

1° Est-il possible aux prêtres catholiques latins d’admettre que disent la messe dans leurs églises des prêtres schismatiques et hérétiques et que ces prêtres puissent être présents aux funérailles de défunts catholiques ?

2° Est-ce que les catholiques de rite grec n’ayant pas d’église de leur rite peuvent assister aux messes grecques schismatiques et hérétiques ?

3° Est-ce que les confesseurs latins peuvent absoudre des Grecs catholiques qui iraient aux messes de grecs schismatiques ?

La réponse à la première question est négative, car ce serait consentir et communier à des rites teintés de schisme et d’hérésie. Seule la présence purement matérielle d’hérétiques à des funérailles catholiques est permise.

La réponse à la seconde question est aussi négative puisque les Grecs catholiques peuvent alors assister au rite latin.

La réponse à la troisième question est aussi négative sauf cas d’extrême nécessité.

Puis, le Saint-Office cite une page entière extraite du Tractatus de Synodo Dioecesana publié par Benoît XIV. Comme l’analyse finement John Daly[16], le texte du traité de Benoît XIV relève du docteur privé et ne constitue pas à proprement parler un enseignement pontifical, mais il est recommandé par le Saint-Office. Alors que l’édition initiale du traité de Benoît XIV semblait de fait restreindre Ad evitanda aux relations profanes, le Cardinal Pietro Gasparri, qui supervisait l’édition des Fontes, explique en note que le passage incriminé a été révisé ultérieurement par Benoît XIV lui-même afin de reconnaître que Ad evitanda est toujours en vigueur et permet la communication in divinis avec les hérétiques non déclarés[17]. Benoît XIV rappelle que de nombreux théologiens (il cite, entre beaucoup d’autres, le cardinal de Lugo) considèrent que l’on peut communier in sacris avec des hérétiques tolérés et non expressément dénoncés comme devant être évités, mais que cette opinion est controversée. Il note que ces théologiens requièrent quatre conditions : 1° une cause grave et urgente, 2° que les hérétiques ou schismatiques soient validement ordonnés et utilisent un rite entièrement catholique, 3° que cette communio in divinis ne soit pas la manifestation d’un faux dogme, 4° qu’il n’y ait pas de scandale. Benoît XIV considère que ces quatre conditions sont rarement réunies et que par conséquent ces communiones in divinis sont rarement licites.

La lecture attentive du texte de Tenos nous conduit donc à tirer la conclusion inverse de celle énoncée par l’abbé Cekada : pour Benoît XIV Ad evitanda est toujours en vigueur et permet bien de recevoir les sacrements d’hérétiques ou schismatiques non déclarés, mais dans de rares cas seulement.

On est bien obligé de constater que le cher abbé Cekada fait dire aux textes ce qu’ils ne disent pas.

Soulignons aussi que le décret Tenos a été promulgué dans le contexte de relations avec des sectes schismatiques formellement condamnées. Ce n’est pas le cas, répétons-le, de la secte conciliaire qui n’a fait l’objet d’aucune condamnation d’une autorité légitime.

Notons enfin que les quatre conditions mentionnées par Benoît XIV sont réunies au cas présent : 1° il s’agit de recevoir les sacrements qui sont souvent indisponibles autrement ; 2° les prêtres issus de Mgr Lefebvre célèbrent validement une messe catholique ; 3° les messes de la FSSPX ou de la Résistance n’emportent l’adhésion à aucun faux dogme ; 4° aucun scandale spécifique n’est à déplorer. Par conséquent, quand bien même nous considérerions que les prêtres de la FSSPX sont hérétiques ou schismatiques, ce qui n’est pas le cas : nous l’avons dit plus haut, Ad evitanda permettrait l’assistance à leurs offices. Rappelons que le c. 2261 §2 permet au fidèle de demander les sacrements à l’excommunié non déclaré pour « n’importe quelle juste cause » (ex qualibet justa causa). « Juste cause » est beaucoup plus large que « cause grave et urgente ». Le Codex est donc bien moins sévère que Benoît XIV. Il respecte par là mieux l’esprit de Ad evitanda qui n’impose pas de condition.

On pourrait encore objecter que le décret Ad evitanda ne porte pas sur les censures correspondant à l’hérésie. En effet le décret parle de « n’importe quelle sentence ou censure ecclésiastique, promulguée de façon générale par le droit ou par un homme »[18]. Or l’hérésie entraîne certes une censure ecclésiastique (l’hérétique encourt une excommunication ipso facto, c. 2314 §1 1°), mais celle-ci repose sur une exclusion de droit divin. C’est l’argument de saint Robert Bellarmin dans sa réfutation de Cajetan sur la déposition du pape hérétique : le concile de Constance (Ad evitanda) ne concerne que les peines ecclésiastiques, alors que l’hérésie exclut de l’Église de droit divin[19].

J’ai discuté ailleurs du maintien de la juridiction des hérétiques avant leur déposition[20]. Reprenons simplement ici les principes de cette question délicate.

L’Église est la société des croyants. Quand l’adhésion à l’hérésie est « manifeste », selon l’expression de Bellarmin, c’est-à-dire « notoire et ouvertement divulguée », selon celle des canonistes Wernz et Vidal, la perte de la juridiction est « par le fait même » (ipso facto), c’est-à-dire immédiate. Ce principe est absolu et sanctionné par le Code qui dispose que l’hérétique a tacitement renoncé à son office ipso facto (c. 188, 4°). Le fidèle donc est délié de l’obéissance à un hérétique manifeste, car il a perdu son autorité.

Mais la constitution Ad evitanda de Martin V apporte en réalité une mitigation importante à ce principe : les actes de l’excommunié qui n’a pas encore été condamné sont illicites mais valides (c. 2264). Ce canon déclare même que les actes posés par l’excommunié dans le cadre du c. 2261 sont licites ! Le cardinal Billot, en se référant à Ad evitanda, va même jusqu’à déclarer que les excommuniés tolerati ne sont pas entièrement séparés du corps visible de l’Église[21].

La constitution Ad evitanda a été émise en période de schisme. Ses dispositions s’étendent-elles aux hérétiques ?

Saint Robert Bellarmin répond que non, mais au sein d’une réfutation de Cajetan sur la déposition du pape hérétique.

Remarquons que le c. 2261 §2 parle des « excommuniés » sans autre précision. Si les hérétiques n’étaient pas inclus dans le champ de ce canon, le Codex les aurait explicitement exclus. De plus, selon l’adage canonique, « les choses favorables doivent être élargies »[22]. Donc ce canon couvre bien les hérétiques non déclarés.

D’ailleurs, nous avons vu plus haut que tant le cardinal de Lugo que Benoît XIV lui-même appliquent expressément Ad evitanda aux hérétiques non déclarés.

C’est encore l’avis d’un grand théologien du XVIIIe siècle : Charles René Billuart O.P. (1685-1757). Tout en reconnaissant avec saint Thomas que les hérétiques manifestes perdent toute juridiction, Billuart applique de même explicitement Ad evitanda aux hérétiques non déclarés qui ne sont certes pas mentionnés dans le décret mais que Billuart considère y être implicitement contenus[23]. La raison est que : « Des périls pour les âmes et des anxiétés des consciences apparaissent, tant qu’il n’est pas clair qu’ils sont [hérétiques] manifestes, les uns l’affirmant, les autres le niant, comme cela arrive de fait dans le cas du Jansénisme, et parce qu’il est très difficile à des laïcs de discerner avec certitude si untel est manifestement hérétique ou non, alors que la matière de l’hérésie, pour le plus grand nombre, dépasse ce qu’ils peuvent comprendre. »[24]

Soulignons que le Codex ne dit pas que les excommuniés tolerati conservent leur juridiction. Il déclare simplement que leurs actes sont illicites mais valides. Ad evitanda, repris par le Codex, permet ainsi la poursuite de la distribution de la grâce divine par les sacrements même quand certains prêtres ou évêques professent manifestement l’hérésie, jusqu’à ce que leur chute soit nommément sanctionnée. L’Église supplée leur juridiction défaillante. Tel est le Pouvoir des Clefs.

Il s’agit, nous l’avons dit, de préserver le bon ordre de l’Église et la tranquillité des consciences : le bon ordre d’abord, parce que l’Église veut mettre en œuvre la procédure spécifique des monitions (c. 2314 §1 2°) avant de se séparer des hérétiques, la tranquillité des consciences ensuite, parce que l’expérience montre qu’en période d’hérésie les cas ambigus sont nombreux, tandis que les fidèles doivent continuer de recevoir les sacrements.

Il faut donc conclure que Ad evitanda et le canon 2261 couvrent bien le cas de l’hérétique manifeste qui n’a pas encore été condamné par son supérieur : le fidèle peut en recevoir les sacrements pour toute juste cause. Cette règle claire, instituée par Martin V et reprise par le Codex pour le bien des âmes, est incontestablement une mitigation du grand principe que l’hérétique perd toute charge dans l’Église.

Soulignons à nouveau que 1° l’initiative est prise par le fidèle, qui demande le sacrement pour « une juste cause » à l’excommunié qui est « requisitus »[25], et que 2° il ne doit pas y avoir de scandale.

Le canon 2261 §2 précise que la possibilité de demander les sacrements à un excommunié existe « particulièrement si les autres ministres manquent »[26] : cela signifie qu’il est toujours préférable de s’adresser au clergé orthodoxe quand cela est possible. Mais remarquons que l’absence de ministre orthodoxe n’est pas une condition absolue (« maxime si… »). L’Église veut favoriser autant qu’elle le peut la liberté du fidèle de choisir le prêtre qui lui donnera le sacrement. Ici encore le Codex respecte parfaitement l’esprit de Ad evitanda.

Soulignons enfin que cette règle ne peut s’appliquer qu’au clergé qui a un supérieur susceptible de suppléer son manque de juridiction. Par conséquent ni Ad evitanda, ni le canon 2261, ne peuvent être appliqués au pape hérétique puisque « le Premier Siège n’est jugé par personne »[27] et l’Église ne peut suppléer l’absence de juridiction de celui qui lui confère sa propre juridiction. C’est la raison de l’intransigeance de Bellarmin dans sa controverse avec Cajetan sur la déposition du pape hérétique.

Nous avons développé cet argument fondé sur Ad evitanda pour répondre au scrupule de ceux qui hésiteraient à recevoir les sacrements de prêtres de la FSSPX ou de la Résistance, mais redisons qu’ils ne sont, à notre humble avis, ni hérétiques, ni schismatiques, ni sacrilèges.

Les derniers arguments contre le « Grain d’encens » sont les exemples des saints et la pratique de l’Église.

John Daly, dans un bel article[28], relève dix-neuf cas historiques dans lesquels les saints ou l’Église n’ont pas condamné des fidèles qui penchaient vers l’hérésie. Ces exemples sont à méditer par les catholiques traditionalistes, si prompts à condamner comme hérétiques ceux qui ne partagent pas leur point de vue. La pertinacité, qui est nécessaire à toute condamnation, doit être mesurée avec prudence. L’Église est lente à sévir. Résumons les faits rapportés par John Daly.

  • Saint Alphonse de Ligori refusa de considérer Erasme de Rotterdam comme hérétique.
  • Le cardinal John Henry Newman, converti de l’anglicanisme, fut accusé de plusieurs hérésies par des théologiens prestigieux (dont quatre cardinaux) mais ni Pie IX ni Léon XIII ne l’ont condamné.
  • Le cardinal Louis-Antoine de Noailles (†1729), archevêque de Paris, qui lutta pendant quatorze ans contre la bulle Unigenitus condamnant le jansénisme, fut maintenu dans ses fonctions et personne ne rompit la communion avec lui. Il se soumit quelques mois avant sa mort.
  • Dans le décret d’excommunication Vitandus du 7 mars 1908 du prêtre moderniste Alfred Loisy, le Saint-Office révéla s’être abstenu pendant plusieurs années de le condamner dans l’espoir qu’il s’amenderait.
  • L’Ami du clergé, commentant le 19 mars 1908 l’excommunication majeure de Loisy, indiqua que le communiquant in divinis volontairement et en pleine connaissance de cause avec Loisy serait frappé d’une simple excommunication mineure.
  • Le 1er juillet 1949, le Saint-Office répondit que les catholiques ayant adhéré au parti communiste sont certes privés des sacrements parce que mal disposés, mais ils ne sont pas exclus de l’Église pour hérésie tant qu’ils n’ont pas formellement adhéré aux doctrines matérialistes et anti-chrétiennes communistes.
  • Toujours en 1949, le Saint-Office déclara schismatique un groupe dit « Action catholique » monté par les communistes en Tchécoslovaquie. Mais il précisait que seule l’adhésion « consciente et volontaire » entraînait le schisme, ce qui signifiait que les adhérents mal informés ne quittaient pas l’Église.
  • Saint Robert Bellarmin et le Vénérable Léonard Lessius ne qualifièrent jamais d’« hérétique » Michel de Bay (dit Baius) après que ses propositions, mais pas lui nommément, eussent été condamnées comme hérétiques par saint Pie V en 1567.
  • En 1907 un curé interrogea l’Ami du Clergé au sujet d’une famille baptisée catholique dont les membres fréquentaient l’école et les offices protestants, tout en proclamant rester catholiques. Le curé pouvait-il célébrer leurs funérailles ? devait-il leur demander une abjuration ? Le moraliste de l’Ami du Clergé répondit que cette famille appartenait toujours à l’Église.
  • Saint Thomas More et saint John Fisher résistèrent à Henri VIII d’Angleterre et refusèrent de signer son serment clairement schismatique. Mais ils déclarèrent ne pas blâmer ceux qui n’avaient pas leur courage. À la veille du martyre, ils reçurent les sacrements de prêtres ayant prêté serment à Henri.
  • Mgr Darboy, archevêque de Paris, était gallican et rejetait publiquement la primauté du pape. Dans une lettre privée de 1865, Pie IX l’avertit qu’il adhérait à des doctrines condamnées. Au concile du Vatican en 1870, Mgr Darboy ne vota pas la constitution Pastor Aeternus, qu’il n’acceptera officiellement qu’en 1871. Pie IX n’a pas déclaré Mgr Darboy hérétique entre 1865 et 1871, alors qu’il l’était manifestement. Mgr Darboy est mort en martyr pendant la Commune. Maximin, voyant de la Salette, le lui avait prédit.
  • Vers 1047 Bérenger de Tours enseignait des hérésies sur l’eucharistie. Ses doctrines étant condamnées par un concile, il se rétracta publiquement pour éviter une condamnation personnelle, mais continua à diffuser ses erreurs. Le manège se renouvela trois fois. Saint Grégoire VII accepta une nouvelle rétractation et le recommanda aux évêques de Tours et Angers en interdisant qu’on le sanctionnât ou qu’on le traitât d’hérétique.
  • La doctrine de Jean Gerson, chancelier de la Sorbonne, a favorisé l’hérésie plusieurs fois condamnée du conciliarisme (qui déclare le concile supérieur au pape). Gerson est qualifié de Bienheureux dans plusieurs martyrologes. Sa statue est toujours à la façade de la chapelle de la Sorbonne.
  • Martin Luther commença à répandre ses hérésies dès 1517. Elles seront immédiatement condamnées. Mais lui-même ne sera condamné personnellement qu’en 1521. Dans l’intervalle, il était possible à un catholique de ne pas s’en rendre compte et de rester en communion avec lui sans pécher.
  • Au Ve siècle, saint Hypace, un moine de Bithynie, retira des diptyques sacrés (qui étaient lus à la messe en signe de communion) le nom de Nestorius, qui niait l’unité de la personne du Christ. Hypace fut repris par son ordinaire, Eulalius, pour avoir fait ce retrait avant la condamnation de Nestorius par le concile d’Ephèse. Le pape saint Célestin Ier donna raison à saint Hypace en déclarant nuls tous les actes de Nestorius dès qu’il commença à prêcher l’hérésie. Pour autant saint Hypace n’a pas rompu la communion avec son ordinaire Eulalius, qui maintenait le nom de Nestorius aux diptyques[29].
  • Au XVIIe siècle, lors des controverses sur la grâce, les accusations d’hérésie fusaient de tous côtés. Après une longue étude, le Saint-Siège ne condamna personne, se contentant d’interdire à chaque partie d’attacher la moindre censure théologique aux vues adverses. Pourtant saint Alphonse de Ligori jugeait certaines propositions en cause incompatibles avec le dogme.
  • Dès le début le Bienheureux Noël Pinot refusa la Constitution civile du clergé (12 juillet 1790). Avant la condamnation par Pie VI en 1791, Noël Pinot tenta en vain de convaincre son vicaire, M. Garanger, que cette constitution civile était schismatique. Noël Pinot ne rompit pas la communion avec son vicaire et lui permit de continuer ses activités paroissiales malgré sa « déviation de jugement ». Garanger prêta le serment révolutionnaire. Après la condamnation de Pie VI, Garanger revint à la raison et fut exilé. Le Bienheureux Noël Pinot fut arrêté et exécuté en 1794. À son retour d’exil, Garanger exerça son sacerdoce quelques années avant de devenir fou et de mourir.
  • Le 17 juin 1793, Pie VI déclara que Louis XVI pourrait être éligible à la canonisation malgré la signature de la Constitution civile du Clergé, car il avait expié par sa mort pour la foi. Il le compara avec Jean de Britto, missionnaire jésuite en Inde, qui avait adhéré à des rites en langue locale que le Saint-Siège avait condamnés avec véhémence sous peine d’excommunication. Pendant cette période de rébellion apparente, qui dura dix-sept ans, Jean de Britto continuait ses miracles. De fait le saint ne pratiquait pas les rites intrinsèquement mauvais et un courant d’arguments spécieux présentaient à l’époque les décrets du Saint-Siège comme non universels dans leur portée. Jean de Britto fut martyrisé en 1693 et canonisé par Pie XII en 1947.
  • Depuis le IIIe siècle, Saint Cyprien de Carthage est un père universellement connu, notamment pour son De Catholicae Ecclesiae unitate. Il s’est pourtant longuement opposé au pape saint Étienne en faisant baptiser à nouveau ceux qui l’avaient été par des hérétiques. Saint Étienne envisagea de l’excommunier, mais fut retenu par les conseils de saint Denys d’Alexandrie.

Ces exemples montrent combien l’Église est prudente avant de fulminer des excommunications pour hérésie ou schisme. Combien plus devons-nous l’être nous-mêmes, pauvres fidèles au milieu de la crise la plus grave que l’Église ait jamais connue, avant de rompre la communion avec nos frères qui s’efforcent de conserver la foi catholique battue en brèche de tous côtés.

Qu’on le veuille ou non la question du pape est une question théologique technique dont l’application à la situation présente, si claire qu’elle paraisse à ceux qui l’ont étudiée, reste embrouillée, controversée et non tranchée par une autorité légitime. Nos conclusions ne peuvent donc être imposées, encore moins sous peine d’excommunication.

Il n’est pas douteux que si le concile Vatican II avait fait l’objet d’une condamnation en bonne et due forme par un pape légitime, si les pontifes de Vatican II avaient été déclarés hérétiques, comme ils le méritent, par un pape orthodoxe et légitime, les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X ou de la Résistance ne célèbreraient pas una cum ces hérétiques. Plusieurs de ces prêtres ont compris et célèbrent déjà non una cum, sans pour autant quitter leur congrégation. Il faut les encourager afin que leur nombre s’accroisse.

Le coup de maître de Satan est précisément de retarder la condamnation officielle de l’hérésie actuelle, puisque les imposteurs occupent le Siège de Pierre. Comment ne pas tenir compte de la spécificité de ce mystère d’iniquité ?

Mais pourquoi donc certains évêques et prêtres sédévacantistes sont-ils si sévères ?

Parce qu’ils souhaitent absolument couper les fidèles des disciples de Mgr Lefebvre. Le clergé una-cum serait infréquentable et mènerait à la perdition. Jugeant avec raison que les sacrements du clergé Ecclesia Dei sont douteux et ignorant le « clergé » conciliaire tout imbibé de l’hérésie de Vatican II, ils rejettent de même les prêtres una-cum issus du mouvement de Mgr Lefebvre, alors qu’ils sont les plus proches de leurs propres positions. Ils les jugent non catholiques et les comparent aux prêtres jureurs de la Révolution. Mais à l’époque des prêtres jureurs, il y avait un pape, Pie VI, qui avait clairement condamné la Constitution civile du clergé : le schisme des jureurs était donc clair.

Certes l’erreur est un mal. Le mal appelle le mal. Les conséquences des erreurs sont funestes. Les erreurs de la Fraternité Saint-Pie X sont graves. Elles sont à l’origine des profondes divisions qui l’ont ébranlée depuis 25 ans. Il est urgent qu’elle revienne sur ses folles ambitions d’accord pratique avec Rome, qu’elle condamne plus clairement l’hérésie conciliaire, proclame l’illégitimité des « papes » de Vatican II et fasse en sorte que ses évêques assument enfin pleinement leur rôle.

Mais en réalité les évêques, les prêtres non-una-cum et leurs fidèles pensent que l’Église et l’oblatio munda se limitent désormais à leurs chapelles. Ils le pensent, même s’ils ne le disent que du bout des lèvres tant l’affirmation est énorme et choquante.

On comprend certes leur amertume. Ils ont été renvoyés par Mgr Lefebvre dans des conditions douloureuses. Ils sont eux-mêmes victimes d’un ostracisme absolu des prêtres de la Fraternité Saint-Pie X qui, à leur tour, les considèrent hors de l’Église. Cet ostracisme équivaut à un arrêt de mort, puisqu’empêcher les fidèles de les fréquenter équivaut à les priver de moyens de subsistance.

Ces prêtres non-una-cum craignent aussi que les fidèles leur échappent, attirés par le réseau bien établi et les moyens des prêtres una-cum. Cette dernière raison est bien mauvaise et marque souvent un manque de confiance en Dieu.

La situation des prêtres sédévacantistes est de fait souvent précaire, notamment en raison de l’ostracisme des « una-cum ». Les fidèles ont d’autant plus le devoir de les soutenir moralement et matériellement.

Mais quelle que soit l’injustice des renvois des prêtres sédévacantistes de la Fraternité Saint-Pie X, quel que soit l’ostracisme dont ils sont victimes, on ne vainc pas le mal par le mal. Les dirigeants de la Fraternité Saint-Pie X auront des comptes à rendre. « À moi la vengeance, je rétribuerai, dit le Seigneur. » (Rom 12, 19 & Heb 10, 30) Laissons la vengeance à Dieu.

Dire qu’assister à la messe una-cum constitue un péché mortel est créer de toute pièce une nouvelle règle morale que les fidèles ne peuvent supporter. N’est-ce pas la faute que Notre Seigneur reproche si sévèrement aux Pharisiens ? « Ils lient des fardeaux lourds et importables et les imposent sur les épaules des hommes. » (Mt 23, 4) « Malheur à vous les experts de la loi, qui chargez les hommes de poids qu’ils ne peuvent porter. » (Lc 11, 46)

Le « Grain d’encens » équivaut à fulminer une excommunication Vitandi des prêtres una-cum. Mgr Guérard des Lauriers, l’abbé Cekada et leurs successeurs n’ont pas l’autorité de prononcer cette condamnation. Nous avons vu qu’elle est mal fondée.

La dégradation du Vatican inquiète jusqu’aux conciliaires. Les sédévacantistes ont raison. Cela devrait leur suffire. Mais ils n’en profitent pas vraiment, parce que leur discours aigre fait fuir nombre de fidèles acquis à leur cause qui ne supportent pas d’entendre chaque dimanche au sermon que Mgr Lefebvre est un traître hérétique et que ses prêtres sont des ennemis à abattre.

En filigrane se dessine la question de l’appartenance à l’Église.

L’Église est la société des croyants. Est-elle exclusivement composée de ceux qui ont raison ? Ceux qui se trompent en sont-ils par là même exclus ?

La réponse des théologiens est autre. Nous avons vu que saint Thomas explique que ce n’est pas l’erreur qui exclut l’hérétique de l’Église, mais le fait qu’il l’a sciemment choisie plutôt que de recevoir l’enseignement de l’Église. Le catholique qui embrasse une erreur en pensant que c’est la doctrine de l’Église n’est donc pas hérétique, il est simplement dans l’erreur. Il se trompe. N’est-ce pas le cas de nombre de catholiques conciliaires qui acceptent de bonne foi Vatican II en pensant qu’il s’agit d’un concile œcuménique catholique ? Il y a donc encore beaucoup de catholiques dans l’Église conciliaire qu’on ne saurait exclure de notre communion sans imprudence. Pour être catholique, il suffit d’être baptisé et de vouloir appartenir à l’Église.

Bien sûr il est difficile d’invoquer le bénéfice de l’ignorance pour les chefs de la révolution conciliaire, c’est-à-dire les papes de Vatican II, qui ont souvent expliqué qu’ils se plaçaient sciemment en rupture avec l’Église d’hier. Leur hérésie apparaît donc formellement constituée et il est légitime de les juger hérétiques et déchus de toute autorité. Les prêtres una-cum sont donc clairement dans l’erreur. Dieu jugera le caractère éventuellement peccamineux de leur erreur. Reconnaissons que, dans notre époque de confusion, bien peu de chrétiens, même dans le clergé, ont accès à la bonne doctrine.

Mais dire que la Fraternité Saint-Pie X est hérétique, schismatique et qu’elle rejette Pastor Aeternus en reconnaissant François est clairement imprudent. Il faut éviter de généraliser les excommunications quand on constate des désaccords de doctrine. Odiosa sunt restringenda (les choses odieuses [comme les anathèmes] doivent être restreintes) dit l’adage canonique[30].

Les anathèmes réciproques ne font en rien avancer le royaume de Dieu. Ils aboutissent à diviser en factions les derniers restes du petit troupeau, quand il est vital qu’il se réunisse.

L’autre conséquence funeste de ces anathèmes est d’éloigner les fidèles des sacrements.

Que l’Église impose un rythme hebdomadaire à l’assistance à la messe, qu’elle encourage la confession et la communion fréquentes, ne sont pas des dispositions mineures dont on peut s’exonérer à la légère. Les sacrements ne sont pas de simples formalités, des sortes de gadgets, de notre religion. Ils sont un nutriment plus que jamais nécessaire à nos âmes dans notre époque troublée. Quand on est sûr de leur validité, on doit les recevoir aussi souvent qu’il est possible, même s’ils sont donnés dans des célébrations una-cum.

Bien sûr nous devons toujours, quand cela est possible, aller au plus parfait. La messe una-cum est entachée d’erreur. Il est donc préférable, nous l’avons dit, d’aller à la messe non-una cum. Il ne faut pas non plus sous-estimer le risque à long terme de fréquenter un clergé au mieux ignorant et parfois de mauvaise doctrine. Qu’adviendra-t-il à la Fraternité Saint Pie X ? On peut être légitimement inquiet. Le fidèle ne peut que naviguer à vue entre les récifs. Mais « pour une juste cause », il est possible de recevoir les sacrements de prêtres una-cum.

Même si elle les maltraite, la Fraternité Saint-Pie X n’est pas en soi l’ennemie des sédévacantistes. Beaucoup des figures du sédévacantisme ont reçu d’elle l’enseignement et les grâces, notamment les ordres. L’ingratitude est méprisable.

Vainquons le mal par le bien. Tendons la joue gauche. Ils nous excluent de leurs prieurés ? Ouvrons leur nos chapelles. « Par votre patience vous posséderez vos âmes. » (Lc 21, 19) Dieu donne sa grâce à qui Il veut quand Il veut. Si nous tardons à la recevoir, c’est que nous résistons. La Fraternité Saint-Pie X est prospère en nombre, mais ne sait pas où elle va. Elle est en panne de direction. Prions Dieu pour qu’Il l’éclaire. Les sédévacantistes ne doivent pas être les ennemis de la Fraternité Saint-Pie X. Ils doivent lui montrer la voie par la pureté de leur doctrine.

« Je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées. » (Mt 26, 31) Quand le lien de l’institution s’effiloche, la charité se fait plus impérative. Charité n’est pas un gros mot. Rechercher l’union de ceux qui ont gardé la vraie foi n’est pas donner dans le libéralisme : c’est une nécessité. Malgré leurs options diverses, les évêques attachés à la tradition, qu’ils soient una ou non-una cum, doivent se rencontrer et se parler pour tenter de résorber leurs différences. Nous ne grandirons pas contre nos frères, mais avec eux. Catholique, universel, n’est pas un mot vain.

Ne nous trompons pas d’ennemi. Il n’y en a qu’un : le Diable dont le Mystère d’iniquité a atteint le sommet de l’Église à Vatican II.

                                                                                                              Maxence Hecquard

                                                                                                              1er mai 2025


Ce texte a été traduit en anglais et est disponible sur le site The WM Review : ‘Una Cum Masses’ – Some explanations for my friends (Maxence Hecquard)

Et pour approfondir, voici d’autres articles en anglais et en français sur le sujet :

Notes :

[1] Cf. l’étude fouillée de John Lane, The question of assistance at the mass of a priest who professes communion with John Paul II as pope (10 août 2002),

https://web.archive.org/web/20220126173849/http://www.strobertbellarmine.net/una_cum.html

[2] Somme théologique 2a 2ae, 5, 3.

[3] Tractatus de Ecclesia Christi, T. I, quaest. VII, thes. XI.

[4] Somme théologique 2a 2ae, 39, 1 c.

[5] Somme théologique 2a 2ae, 99, 3 c.

[6] Ibidem ad 3um

[7] Le texte complet du décret est le suivant : « Ad vitanda scandala et multa pericula, subveniendumque conscientiis timoratis, omnibus Christi fidelibus, tenore praesentium, misericorditer indulgemus, quod nemo deinceps a communione alicujus in sacramentorum administratione, vel receptione, aut aliis quibuscumque divinis, vel extra ; praetextu cuiuscumque sententiae aut censurae ecclesiasticae, a iure vel ab homine generaliter promulgatae, teneatur abstinere, vel aliquem vitare, ac interdictum ecclesiasticum observare. Nisi sententia vel censura huiusmodi fuerit in vel contra personam, collegium, universitatem, ecclesiam, communitatem, aut locum certum, vel certa, a iudice publicata vel denunciata specialiter et expresse : Constitutionibus apostolicis et aliis in contrarium facientibus non obstantibus quibuscumque : salvo, si quem pro sacrilegio et manuum iniectione in clerum sententiam latam a canone adeo notorie constiterit incidisse, quod factum non possit aliqua tergiversationi celari, nec aliquo iuris suffragio excusari. Nam a communione illius, licet denunciatus non fuerit, volumus abstineri, iuxta canonicas sanctiones. » Mansi, Sacrorum conciliorum nova et amplissima collectio, T. 27, col. 1192-1193 ; Codicis juris canonici fontes, vol. I, n° 45. Le décret est connu sous le nom Ad vitanda (Mansi, Naz) ou Ad evitanda (Codex, Fontes).

[8] Héfélé, Histoire des conciles, Paris 1916, T. 7, p. 540, note 2.

[9] Dictionnaire de droit canonique sous la direction de Raoul Naz, art. de É. Jombart, Excommunication, V, 615.

[10] Tractatus de virtute fidei divinae, disputatio XXII, sectio 1.

[11] Dictionnaire de droit canonique, art. de E. Mangin, Ad vitanda scandala, I, 250.

[12] « D’une sentence large », c’est-à-dire une excommunication prévue par le droit (c. 2217). Les excommunications latae sententiae ou ipso facto (c. 2217 §2) sont les plus graves. L’hérésie est punie d’une excommunication latae sententiae (c. 2314 §1).

[13] Codicis juris canonici fontes, vol. VII, n° 4507.

[14] « …nemo deinceps a communione alicujus in sacramentorum administratione, vel receptione, aut aliis quibuscumque divinis, vel extra ; praetextu cuiuscumque sententiae aut censurae ecclesiasticae, a iure vel ab homine generaliter promulgatae, teneatur abstinere. »

[15] Codicis juris canonici fontes, vol. IV, n° 804.

[16] John S. Daly, The true scope of the constitution Ad Evitanda Scandala, © 2005-2017

https://romeward.com/articles/239749959/the-true-scope-of-the-constitution-ad-evitanda-scandala

[17] « …per Canonem Concilii Constantiensis a Martino V approbatum, qui incipit Ad evitanda, quique in suo semper vigore permansit, (…) nonnihil relaxata fuerit disciplina in eo quod pertinet ad conversandum, atque etiam in divinis communicandum cum haereticis, qui tolerantur et expresse denuntiati non sunt tamquam vitandi… » (cf. Fontes, IV, n° 804, note 2, p. 84)

[18] …cuiuscumque sententiae aut censurae ecclesiasticae, a iure vel ab homine generaliter promulgatae…

[19] De Romano Pontifice, l. II, c. XXX, p. 270 D.

[20] Cf. Maxence Hecquard, La crise de l’autorité dans l’Église (La Nouvelle Librairie 2023), § 6.2.6 & 6.3.3.

[21] Tractatus de Ecclesia Christi (5e éd., Rome 1927), I, quaest. VII, thes. XII, §2, p. 316.

[22] Odia restringi, et favores convenit ampliari (Boniface VIII, Liber Sextus Decretalium 5, 12 reg. 15)

[23] Cursus theologiae juxta mentem divi Thomae (9e éd., Paris 1861), t. V, dissert. V, art. III, § 3, p. 59.

[24] Ibidem.

[25] “Fideles, salvo praescripto §3, possunt ex qualibet iusta causa ab excommunicato Sacramenta et Sacramentalia petere, maxime si alii ministri desint, et tunc excommunicatus requisitus…” (c. 2261 §2)

[26] …maxime si alii ministri desint…

[27] Prima Sedes a nemine judicatur (c. 1556)

[28] John S. Daly, Heresy in History, © 1st May 2000

https://romeward.com/articles/239752007/heresy-in-history
https://www.fichier-pdf.fr/2024/05/06/heresies-et-heretiques-dans-lhistoire-john-daly-a5

[29] Ils étaient en effet ensemble lorsqu’ils apprirent la déposition de Nestorius par le concile d’Éphèse (cf. John Daly, Un incident en marge du concile d’Éphèse, p. 19, in Mélanges offerts à Monsieur l’abbé Hervé Belmont à l’occasion du 40e anniversaire de son ordination sacerdotale (hors commerce, 2018)).

[30] John Daly cite « Odia convenit restringi, favores vero ampliari » (cf. supra) et renvoie au canon 19 qui dispose que « les lois pénales, ou qui limitent le libre exercice des droits, ou qui contiennent une exception à la loi, sont d’interprétation stricte ». (cf. The true scope of the constitution Ad Evitanda Scandala, note 5)

Photo de Shalone Cason sur Unsplash

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2 Commentaires

Messes una cum : quelques explications… – Maxence Hecquard & Brice Michel – Intégralisme Organique 3 mai 2025 - 23h52

[…] L’article approfondi par la Contre révolution sur la position de Monsieur Maxence Hecquard — in fine réponse mesurée, mais ferme, à l’esclandre médiatique commis par le sycophante/délateur Macchabée sur YouTube — nous offre, dans une prose méthodique et vigoureuse, un salutaire rappel sur la question, éminemment disputée, de l’assistance aux messes dites una cum – Mgr Pivarunas & John Daly nous avaient offerts plus que des esquisses à ce sujet. Qu’il soit clair d’entrée de jeu : cette controverse ne saurait être balayé d’un revers de manche ni réduit à une simple tautologie entre « valide » et « licite », car il engage la conscience et le salut. […]

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“Una Cum le faux pape” au canon de la messe & constat Sede vacante ? – Intégralisme Organique 20 mai 2025 - 23h37

[…] ailleurs, le camp “conclaviste” ne professe pas toujours cette haute radicalité (Contre-révolution) à l’égard des messes lefebvristes — contrairement aux guérardiens, ainsi qu’aux fidèles […]

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