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Le « pape » François est-il communiste ?

Par Brice M.
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pape françois communiste
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Avant de passer à l’analyse des discours de Jorge Mario Bergoglio (le «pape» François »[1]) sur la question du communisme, rappelons tout d’abord que les vrais papes ont toujours condamné sans ambiguïté le communisme ou le socialisme :

« cette doctrine néfaste qu’on nomme le communisme, radicalement contraire au droit naturel lui-même ; pareille doctrine, une fois admise, serait la ruine complète de tous les droits, des institutions, des propriétés et de la société humaine elle-même. ”
Pie IX, Lettre Encyclique. Qui pluribus. 9 nov. 1846

« Nous parlons de la secte de ces hommes qui s’appellent diversement et de noms presque barbares, socialistes, communistes et nihilistes, et qui, répandus par toute la terre, et liés étroitement entre eux par un pacte inique, ne demandent plus désormais leur force aux ténèbres de réunions occultes, mais, se produisant au jour publiquement, et en toute confiance, s’efforcent de mener à bout le dessein, qu’ils ont formé depuis longtemps, de bouleverser les fondements de la société civile. »
Léon XIII, Quod Apostolici Muneris. 28 décembre 1878

« Nous ne jugeons assurément pas nécessaire d’avertir les fils bons et fidèles de l’Église touchant la nature impie et injuste du communisme ».
Pie XI, Quadragesimo anno.15 mai 1931

Pie XI consacra d’ailleurs un texte entier à la question du communisme athée, l’encyclique Divini Redemptoris, dans laquelle il déclara : 

« Le communisme est intrinsèquement pervers, et l’on ne peut admettre sur aucun terrain la collaboration avec lui de la part de quiconque veut sauver la civilisation chrétienne. »
Pie XI, Divini Redemptoris. 19 mars 1937

Comparons maintenant certains des propos de Bergoglio à ceux des papes d’avant Vatican II sur trois sujets principaux liés à notre sujet : la question de l’égalité, celle du droit à la propriété privée, celle des causes de l’injustice sociale. Nous terminerons sur une présentation de la théologie de la libération qui semble être un des courants de pensée ayant influencé Bergoglio.

(NB : dans l’ensemble de l’article, c’est nous qui soulignons les passages en gras)

La question des inégalités 

La lutte contre les inégalités est un thème omniprésent dans les interventions de Bergoglio. Voici quelques citations tirées de ses discours, entretiens, encycliques…:

« Ce que nous voulons, c’est la lutte contre les inégalités : c’est le plus grand mal qui existe dans le monde. C’est l’argent qui le crée et s’oppose à ceux qui luttent pour développer le bien-être et favoriser l’égalité. »

Des propos « marxistes », s’étonne Eugenio Scalfari ? « On me l’a dit plusieurs fois, sourit le pape. Ma réponse a toujours été que ce sont les communistes qui pensent comme les chrétiens : le Christ a parlé d’une société où les pauvres, les faibles, les marginalisés puissent décider. Pas les démagogues, les Barabbas, mais le peuple, les pauvres, qu’ils aient la foi dans le Dieu transcendant ou non : ce sont eux que nous devons aider à obtenir l’égalité et la liberté. » Jorge Mario Bergoglio. Entretien au journaliste Eugenio Scalfari, paru vendredi 11 novembre [2]

Il faut “briser les chaînes de l’injustice et de l’oppression qui donnent lieu à d’évidentes – et vraiment scandaleuses – inégalités sociales”. Jorge Mario Bergoglio. Discours aux autorités philippines. 16 janvier 2015 [3]

« vaincre les inégalités suppose le développement économique, » Jorge Mario Bergoglio. Fratelli Tutti. 3 octobre 2020

« Nous ne sommes pas condamnés à l’inégalité ni à la paralysie face à l’injustice. Le monde riche et une économie prospère peuvent et doivent mettre fin à la pauvreté » Jorge Mario Bergoglio, discours mercredi 5 février 2020 [4]

« nous ne sommes pas condamnés à répéter ni à édifier un avenir fondé sur l’exclusion et l’inégalité »
« c’est le devoir des gouvernements d’établir des programmes fiscaux et de redistribution pour que la richesse d’une partie soit partagée avec égalité »
« Rêvons ensemble, parce que ce sont précisément les rêves de liberté et d’égalité, de justice et de dignité, les rêves de fraternité qui améliorent le monde. » Message vidéo du pape François à la IVème rencontre mondiale des mouvements populaires. 16 octobre 2021 [5]

Sur X-Twitter, le 23 avril 2020 :

https://twitter.com/Pontifex_fr/status/1253284986217623559

Bergoglio affirme donc régulièrement qu’il faut éliminer toute forme d’inégalité. Nous savons que c’est le discours des communistes et des révolutionnaires. Mais est-ce le discours de l’Eglise ?

L’Eglise enseigne que tous les hommes sont égaux devant Dieu sur le plan surnaturel car tous ont été rachetés par Notre Seigneur Jésus-Christ cependant l’Eglise n’a jamais nié les différences naturelles ou encouragé à les éliminer.

Parlant de la doctrine communiste le pape Pie XI dénonce ainsi l’idée selon laquelle il faudrait atteindre une égalité parfaite entre tous les hommes :« Dans les relations des hommes entre eux, on soutient le principe de l’égalité absolue, » Pape Pie XI, Divini Redemptoris (19 mars 1937)

Léon XII parle de l’égalité comme étant un « mythe » :

« le mythe tant caressé de l’égalité ne serait pas autre chose, en fait, qu’un nivellement absolu de tous les hommes dans une commune misère et dans une commune médiocrité. » Léon XIII. Rerum Novarum 15 mai 1891.

Et saint Pie X dénonce la désigne comme une « chimère » :

« si Jésus a été bon pour les égarés et les pécheurs, il n’a pas respecté leurs convictions erronées, quelque sincères qu’elles parussent ; il les a tous aimés pour les instruire, les convertir et les sauver. S’il a appelé à lui pour les soulager, ceux qui peinent et qui souffrent, ce n’a pas été pour leur prêcher la jalousie d’une égalité chimérique » Notre charge Apostolique. 25 août 1910

Le pape Pie X, dans Notre charge Apostolique, sa lettre de condamnation du Sillon écrit :« Il [Le Sillon] travaille, dit-il, à réaliser une ère d’égalité, qui serait par là-même une ère de meilleure justice. Ainsi, pour lui, toute inégalité de condition est une injustice ou, au moins, une moindre justice ! Principe souverainement contraire à la nature des choses, générateur de jalousie et d’injustice et subversif de tout ordre social. » Notre charge Apostolique. 25 août 1910

Le pape Pie X fait donc clairement la distinction entre la justice et l’égalité. Un état de choses peut être inégal et pourtant juste, tout comme il peut être égal et pourtant injuste. La doctrine de l’Eglise en la matière n’est pas l’égalitarisme, c’est-à-dire l’égalité absolue mais une « justice distributive ». C’est le terme qu’emploie par exemple Léon XIII dans Rerum Novarum :

« C’est pourquoi, parmi les graves et nombreux devoirs des gouvernants qui veulent pourvoir comme il convient au bien public, celui qui domine tous les autres consiste à avoir soin également de toutes les classes de citoyens, en observant rigoureusement les lois de la justice dite distributive. » Léon XIII Encyclique Rerum Novarum. 15 mai 1891

Léon XIII et Saint Pie X affirment d’ailleurs explicitement que l’élimination totale des inégalités est impossible car elle est constitutive de toute société, par nature :

« Quelles que soient les vicissitudes par lesquelles les formes de gouvernement sont appelées à passer, il y aura toujours entre les citoyens ces inégalités de conditions sans lesquelles une société ne peut ni exister, ni être conçue ». Léon XIII Encyclique Rerum Novarum. 15 mai 1891

«La société humaine, telle que Dieu l’a établie, est composée d’éléments inégaux, de même que sont inégaux les membres du corps humain ; les rendre tous égaux est impossible et serait la destruction de la société elle-même » Saint Pie X. Motu proprio Fin dalla prima. 18 décembre 1903

Léon XIII explique donc que les hommes doivent accepter ces inégalités et non pas vouloir les changer.  Il va même plus loin, il affirme que cette inégalité est bonne et qu’elle profite à tous car c’est ce qui fait qu’il y a une diversité de talents dans la société :

« Le premier principe à mettre en avant, c’est que l’homme doit accepter cette nécessité de sa nature qui rend impossible, dans la société civile, l’élévation de tous au même niveau. Sans doute, c’est là ce que poursuivent les socialistes. Mais contre la nature, tous les efforts sont vains. C’est elle, en effet, qui a disposé parmi les hommes des différences aussi multiples que profondes ; différences d’intelligence, de talent, de santé, de force; différences nécessaires d’où naît spontanément l’inégalité des conditions. Cette inégalité d’ailleurs tourne au profit de tous, de la société comme des individus. La vie sociale requiert dans son organisation des aptitudes variées et des fonctions diverses, et le meilleur stimulant à assumer ces fonctions est, pour les hommes, la différence de leurs conditions respectives. » Léon XIII Encyclique Rerum Novarum. 15 mai 1891

Ceci ne signifie pas que l’Etat ne puisse pas intervenir pour favoriser la justice dans une certaine mesure :

Pape Léon XIII explique ainsi : « Comme il serait déraisonnable de pourvoir à une classe de citoyens et de négliger l’autre, il est donc évident que l’autorité publique doit aussi prendre les mesures voulues pour sauvegarder la vie et les intérêts de la classe ouvrière. Si elle y manque, elle viole la stricte justice qui veut qu’on rende à chacun son dû. » Léon XIII Encyclique Rerum Novarum. 15 mai 1891

Et le pape Pie XI précise la notion de justice sociale en la reliant à la notion de bien commun :

« les institutions des divers peuples doivent conformer tout l’ensemble des relations humaines aux exigences du bien commun, c’est-à-dire aux règles de la justice sociale ; d’où il résultera nécessairement que cette fonction si importante de la vie sociale qu’est l’activité économique retrouvera, à son tour, la rectitude et l’équilibre de l’ordre. » Pie XI , Quadragesimo anno, 15 mai 1931 N°118

Si les papes défendent la justice sociale, contrairement à Bergoglio ils ne la réduisent donc pas à la « lutte contre les inégalités ». Insister sur la lutte contre les inégalités en opposant la classe des riches contre les pauvres, comme le fait Bergoglio, tient plus d’une vision de la société conflictuelle d’inspiration marxiste que d’une vision catholique. L’Eglise, elle, encourage l’Etat à défendre les droits des travailleurs, mais en encourageant l’ordre général et la collaboration harmonieuse entre les classes. 

Le droit à la propriété privée 

Dans son encyclique Fratelli Tutti, reprenant ce qu’il avait déjà affirmé dans son encylique Laudato Si, Bergoglio remet en cause la propriété privée, alors que les anciens papes ont enseigné qu’elle était juste et nécessaire au bon fonctionnement de la société.

Dans ce texte, il déclare en effet que le droit à la propriété privée n’est ni « intouchable » ni « absolu » :

 « Le principe de la subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens et, par conséquent, au droit universel à leur usage, est une ‘règle d’or’ du comportement social, et le premier principe de tout l’ordre éthico-social. La tradition chrétienne n’a jamais reconnu le droit à la propriété privée comme absolu ou intouchable, et a souligné la fonction sociale de toute forme de propriété privée » Jorge Mario Bergoglio, Laudato Si, 24 mai 2015)

Certes, ce principe de la subordination de la propriété privée à la destination universelle des biens fut affirmé avant lui par Wojtyla, « Jean-Paul II » dans son encyclique Laborem exercens (1981) [6], encyclique qui fut d’ailleurs qualifiée par l’abbé de Nantes d’« encyclique marxiste » [7]. Cependant Bergoglio, lui, va plus loin.

Dans Fratelli Tutti Bergoglio réaffirme ce nouveau principe, tout en l’explicitant :

« Je rappelle que «la tradition chrétienne n’a jamais reconnu comme absolu ou intouchable le droit à la propriété privée, et elle a souligné la fonction sociale de toute forme de propriété privée ». Le principe de l’usage commun des biens créés pour tous est le « premier principe de tout l’ordre éthico-social. C’est un droit naturel, originaire et prioritaire (…) Le droit à la propriété privée ne peut être considéré que comme un droit naturel secondaire et dérivé du principe de la destination universelle des biens créés ; et cela comporte des conséquences très concrètes qui doivent se refléter sur le fonctionnement de la société. Mais il arrive souvent que les droits secondaires se superposent aux droits prioritaires et originaires en les privant de toute portée pratique. » Jorge Mario Bergoglio, Encyclique Fratelli Tutti. 3 octobre de l’année 2020. N°120 

Et au n°103 du même texte, il écrit :« À côté du droit de propriété privée, il y a toujours le principe, plus important et prioritaire, de la subordination de toute propriété privée à la destination universelle des biens de la terre et, par conséquent, le droit de tous à leur utilisation » Jorge Mario Bergoglio, Encyclique Fratelli Tutti. 3 octobre de l’année 2020. N°103

Bergoglio rappelle donc que le droit de propriété est « subordonné » au « droit de tous à leur utilisation » en raison de « la destination universelle de ces biens créés ». C’est ce que Wojtyla disait déjà. Mais Bergoglio nous dit que non seulement ce droit de propriété est subordonné au droit universel à leur usage mais que ce dernier est prioritaire. Ainsi le droit à la propriété privée n’est plus premier et intangible mais il est secondaire par rapport au droit que possède tout le monde d’utiliser les biens créés.

A l’inverse, la position correcte et traditionnelle de l’Eglise postule que la détention de la propriété privée est bonne car souhaitée par Dieu et est donc « absolument nécessaire » et « inviolable » :

« La propriété privée, Nous l’avons vu plus haut, est pour l’homme de droit naturel. L’exercice de ce droit est chose non seulement permise, surtout à qui vit en société, mais encore absolument nécessaire. » Léon XIII, Rerum Novarum.15 mai 1891

« De tout ce que Nous venons de dire, il résulte que la théorie socialiste de la propriété collective est absolument à répudier comme préjudiciable à ceux-là mêmes qu’on veut secourir, contraire aux droits naturels des individus, comme dénaturant les fonctions de l’Etat et troublant la tranquillité publique. Que ceci soit donc bien établi : le premier principe sur lequel doit se baser le relèvement des classes inférieures est l’inviolabilité de la propriété privée. » Léon XIII, Rerum Novarum.15 mai 1891

Le fait qu’une propriété soit privée ne signifie d’ailleurs pas qu’elle cesse de servir le bien commun. Toute la société bénéficie de ce que la propriété privée produit. Il n’y a pas à opposer les deux aspects comme le fait Bergoglio. C’est ce qu’explique Léon XIII :

« Qu’on n’oppose pas non plus à la légitimité de la propriété privée le fait que Dieu a donné la terre au genre humain tout entier pour qu’il l’utilise et en jouisse. Si l’on dit que Dieu l’a donnée en commun aux hommes, cela signifie non pas qu’ils doivent la posséder confusément, mais que Dieu n’a assigné de part à aucun homme en particulier.

Il a abandonné la délimitation des propriétés à la sagesse des hommes et aux institutions des peuples. Au reste, quoique divisée en propriétés privées, la terre ne laisse pas de servir à la commune utilité de tous, attendu qu’il n’est personne parmi les mortels qui ne se nourrisse du produit des champs. (…)

De tout cela, il ressort une fois de plus que la propriété privée est pleinement conforme à la nature. » Léon XIII, Rerum Novarum.15 mai 1891

L’Eglise, en effet, a toujours reconnu que la propriété a ce que l’on appelle une « fonction sociale » par laquelle les propriétaires doivent aller au-delà de leur intérêt personnel et utiliser leurs biens aussi pour servir le bien commun.

Pie XI reconnaît par exemple :  «le double aspect, individuel et social, qui s’attache à la propriété, selon qu’elle sert l’intérêt particulier ou regarde le bien commun; tous au contraire ont unanimement soutenu que c’est de la nature et donc du Créateur que les hommes ont reçu le droit de propriété privée, tout à la fois pour que chacun puisse pourvoir à sa subsistance et à celle des siens, et pour que, grâce à cette institution, les biens mis par le Créateur à la disposition de l’humanité remplissent effectivement leur destination : ce qui ne peut être réalisé que par le maintien d’un ordre certain et bien réglé». Pie XI, Quadragesimo Anno. 15 mai 1931.

Par ailleurs, l’Église encourage les bienfaiteurs à gagner du mérite par des actes de charité volontaires, en donnant aux nécessiteux à partir de leur richesse. Mais elle n’impose pas la charité :

« Il est permis à l’homme de posséder en propre et c’est même nécessaire à la vie humaine. “Mais si l’on demande en quoi il faut faire consister l’usage des biens, l’Eglise répond sans hésitation : ” Sous ce rapport, l’homme ne doit pas tenir les choses extérieures pour privées, mais pour communes, de telle sorte qu’il en fasse part facilement aux autres dans leurs nécessités. C’est pourquoi l’Apôtre a dit : ” Ordonne aux riches de ce siècle… de donner facilement, de communiquer leurs richesses “.

(…) Mais dès qu’on a accordé ce qu’il faut à la nécessité, à la bienséance, c’est un devoir de verser le superflu dans le sein des pauvres. “Ce qui reste, donnez-le en aumône”. C’est un devoir, non pas de stricte justice, sauf les cas d’extrême nécessité, mais de charité chrétienne, un devoir par conséquent dont on ne peut poursuivre l’accomplissement par l’action de la loi. » Léon XIII, Rerum Novarum.15 mai 1891

En résumé, certes, l’Église reconnaît la fonction sociale de la propriété privée, mais elle en définit aussi les limites et a toujours affirmé sans ambiguïtés l’inviolabilité de la propriété privée.

Le problème des déclarations de Bergoglio sur ce sujet est qu’il affirme que ce droit à la propriété privée serait relatif. Par ailleurs, il ne définit nulle part les limites de cette fonction sociale de la propriété qu’il oppose au droit à la propriété. Dans cette nouvelle vision des choses, cela signifie-t-il donc que n’importe qui peut assigner un propriétaire à comparaître devant un tribunal pour revendiquer l’usage des biens de ce propriétaire, en arguant de la “priorité” du droit à l’usage des biens communs sur celui du droit à la propriété privée ?

Et notons que Bergoglio ne se contente pas d’énoncer le principe, il appelle à son application effective : « cela comporte des conséquences très concrètes qui doivent se refléter sur le fonctionnement de la société ». Et en parallèle, toujours dans Fratelli Tutti, il réitère son souhait « d’une forme d’autorité mondiale régulée par le droit » qui ait une force contraignante sur le plan juridique : « Cela exige une consolidation des « instruments normatifs pour la solution pacifique des controverses [qui] doivent être repensés de façon à renforcer leur portée et leur caractère obligatoire ». Aurons-nous donc demain un gouvernement mondial qui pourra contraindre juridiquement les citoyens à donner accès à leurs biens sur la base de ces nouveaux principes sans qu’ils puissent opposer leur droit à la propriété privée ? Quand on voit la tendance générale de la législation dans les pays occidentaux dans le sens d’une érosion progressive du droit à la propriété privée, on peut s’interroger. [8]

Du reste, il n’y a pas que nous qui voyons dans les propos de Bergoglio un discours de tendance communiste. Le Parti Communiste français n’a pas manqué de relever les déclarations de Bergoglio dans Fratelli Tutti, les évoquant comme une « base de rassemblements possibles » (sic) ! :

Le PCF : «Fratelli tutti (Tous frères) est la seconde encyclique signée du pape François après Laudato Si qui évoquait la crise écologique. Pour les militant·e·s communistes, il est intéressant d’y pointer les convergences du vues sur le constat des évolutions du monde. Cet article effectue un zoom sur quelques aspects. Il attire l’attention sur les bases possibles de rassemblements. » [9]

D’ailleurs, Bergoglio, de manière générale, est tout à fait conscient que nombre de ses propos peuvent être interprétés dans un sens communiste. Il y a déjà fait allusion à plusieurs reprises (comme dans cet entretien que nous avons cité plus haut [10]) et il ne manque pas d’alimenter la confusion entre la doctrine catholique et la doctrine communiste :

Dans un ouvrage intitulé Politique et société, né du dialogue entre le souverain pontife et le chercheur français Dominique Wolton, il a par exemple déclaré :

« On m’a dit une fois : ‘Mais vous êtes communiste!’ Non, les communistes, ce sont les chrétiens. C’est les autres qui ont volé notre bannière ! » [11]

Dans un entretien avec le rédacteur en chef du journal « America », Matt Malone, voici ce qu’il a déclaré :

Matt Malone : « Aux États-Unis, certains interprètent vos critiques du capitalisme de marché comme des critiques à l’égard des États-Unis. Il y en a même qui pensent que vous êtes peut-être socialiste, ou ils vous traitent de communiste, ou encore de marxiste. Bien sûr, vous avez toujours dit que vous suiviez l’Évangile. Mais que répondez-vous à ceux qui disent que ce que l’Église et vous avez à dire sur l’économie n’est pas important ? »

Bergoglio : « Je me demande toujours : d’où vient cette étiquette ? Par exemple, alors que nous revenions d’Irlande dans l’avion, une lettre d’un prélat américain est sortie qui disait toutes sortes de choses sur moi. J’essaie de suivre l’Évangile. Je suis très éclairé par les Béatitudes, mais surtout par la norme selon laquelle nous serons jugés : Matthieu 25. « J’avais soif, et vous m’avez donné à boire. J’étais en prison et vous m’avez rendu visite. J’étais malade et tu as pris soin de moi ». Jésus est-il donc communiste ? Le problème qui se cache derrière cela, et que vous avez à juste titre évoqué, c’est la réduction socio-politique du message évangélique. Si je vois l’Évangile uniquement d’un point de vue sociologique, oui, je suis communiste, et Jésus aussi. Derrière ces Béatitudes et Matthieu 25 se cache un message qui est celui de Jésus. Et c’est être chrétien. Les communistes ont volé certaines de nos valeurs chrétiennes. [Rires.] Mais de certaines autres, ils en ont fait un désastre. » [12]

Cette imposture selon laquelle le communisme viendrait du christianisme n’est pas nouvelle. Elle a été régulièrement entretenue par les théoriciens du socialisme.

Mgr Delassus, dans son ouvrage « Le problème de l’heure présente. Antagonisme de deux civilisations » explique qu’on la doit initialement à Adam Weishaupt, fondateur de la secte des Illuminés. Celui-ci, pour mieux diffuser les idées de la Révolution, conçut cette stratégie consistant à persuader les chrétiens que le libéralisme, l’égalitarisme venait du christianisme et que ce dernier était une doctrine essentiellement démocratique.

Evoquant les rituels utilisés par les illuminés, Mgr Delassus écrit :

« Weishaupt, en rédigeant cette partie de son rituel, chargeait ses disciples de répandre cette persuasion que la liberté, l’égalité et la fraternité, entendues au sens maçonnique, ont eu pour inventeur Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST ; que sa doctrine secrète, celle qui était vraiment et complètement sienne, mais qui ne devait être prêchée ouvertement que lorsque le monde serait capable de l’entendre, était la pure doctrine démocratique, celle qui rejette toute autorité et maudit toute propriété. Qu’ils fussent persuadés ou non, ses disciples ne manquèrent point de parler en ce sens. Qu’il suffise de citer Camille Desmoulins, qui faisait de Notre-Seigneur JÉSUS-CHRIST « le premier sans-culotte» ; Gracchus Baboeuf, qui lui donnait un rôle de partageux; et plus près de nous, Proudhon qui le transfigurait en « divin socialiste »; La Mennais, qui entreprit de donner la démonstration de ce sophisme : que la Révolution française est sortie de l’Évangile. Weishaupt ne s’était point trompé. Donner au peuple cette conviction, que la doctrine démocratique est la doctrine même de l’Évangile, la pure doctrine de JÉSUS-CHRIST, et surtout arriver à lui faire donner cette conviction par des prêtres, c’était assurément le moyen le plus ingénieux et le plus infaillible de faire arriver et d’asseoir à tout jamais la Révolution en vue de laquelle il avait fondé l’Illuminisme. Aussi, répandre cette persuasion fut l’une des occupations principales de la Haute-Vente, héritière directe de l’Illuminisme. Dans la Bulle Ecclesiam a Jesu Christo, le pape Pie VIII en fit la remarque : « Les Carbonari affectent un singulier respect et un zèle merveilleux pour la religion catholique et pour la doctrine et la personne de Notre-Seigneur JÉSUS-CRRIST, qu’ils ont quelquefois l’audace de nommer leur grand maître et le chef de leur société ». [13]

Cette idée que le Christ serait un socialiste, nous la retrouvons ensuite sous la plume du comte de Saint-Simon, disciple de Weishaupt et l’un des pères fondateurs du socialisme ainsi que l’explique Nesta Webster : « Saint-Simon dans son livre Le Nouveau Christianisme, s’efforça d’y démontrer que son système était simplement l’accomplissement de l’enseignement du Christ sur la fraternité des hommes ». [14]

Cette méthode consistant à identifier le Christianisme avec le Socialisme fut d’ailleurs très efficace, c’était d’ailleurs aussi celle de la Haute Vente Romaine puis plus tard des modernistes pour infiltrer l’Eglise. Cette stratégie consiste à avancer masqué pour mieux diffuser ses idées, à l’insu de ses victimes :

Nesta Webster : « Le révolutionnaire au regard forcé brandissant un drapeau rouge ne fera jamais autant d’adeptes que le philosophe modéré qui prêche une révolution pacifique, menée d’après les principes d’amour et de fraternité chrétienne. C’est la vieille imposture de représenter le Christ comme ayant été un socialiste qui fit la force du Saint-Simonisme et qui adoptée ensuite par les soi-disant socialistes chrétiens de notre pays (l’Angleterre), non seulement attira d’innombrables utopistes au Socialisme, mais en même temps écarta nombre d’esprits virils du Christianisme pour chercher le salut dans le Nietszchéisme. » [15]

Cette identification mensongère entre le socialisme et le christianisme contaminera par la suite de nombreux courants et auteurs comme le Sillon de Marc Sangnier, Mounier, Maritain, l’Opus Dei, les mouvements comme Vie Nouvelle, Chrétiens pour le Socialisme, et toute la théologie de la Libération qui est imprégnée de marxisme.

Identifier le communisme au christianisme est donc un grossier mensonge. Pour couper court à une telle tromperie, citons Léon XIII. Les propos de ce pape nous font voir qu’il avait parfaitement conscience que certains socialistes essayaient déjà à son époque d’amalgamer les deux doctrines pourtant si diamétralement opposées :

« bien que les socialistes, abusant de l’Evangile même, pour tromper plus facilement les gens mal avisés, aient accoutumé de le torturer pour le conformer à leurs doctrines, la vérité est qu’il y a une telle différence entre leurs dogmes pervers et la très pure doctrine de Jésus-Christ, qu’il ne saurait y en avoir de plus grande. » Léon XIII, Quod Apostolici Muneris (28 décembre 1878)

Pour compléter sur les ambiguïtés entretenues par Bergoglio sur la question du communisme, nous pouvons également citer deux événements qui n’ont pas manqué de susciter une certaine indignation chez les catholiques conservateurs.

8 juillet 2015, Bergoglio reçoit un cadeau fort surprenant de la part du président socialiste Evo Morales

20 septembre 2015, Bergoglio rencontre le dictateur communiste Fidel Castro

Le 8 juillet 2015, Bergoglio a reçu un cadeau fort surprenant de la part du président socialiste Evo Morales : un crucifix en bois sculpté qui reprend les formes de la faucille et du marteau, symboles du communisme. L’œuvre fut présentée comme une forme d’« art de la contestation» dont l’auteur, le Père Espinal  était un jésuite d’influence marxiste. Bergoglio l’ a même ramenée avec lui au Vatican et s’est justifié en prétendant que ce n’était « pas une offense».[16]

Et le 20 septembre 2015, Bergoglio a rencontré le dictateur communiste Fidel Castro. Dans le même temps, il fut interdit à l’ancienne prisonnière politique Martha Beatriz Roque et la journaliste indépendante Miriam Leyva (donc des militants ayant résisté au régime communiste de Castro) à venir saluer François. Elles ont été interpellées par la sécurité de l’Etat, qui a empêché tout contact entre des dissidents et le pape. Des dizaines de dissidents cubains ont été interpellés par ailleurs alors qu’ils voulaient se rendre à une messe en plein air. [17] Et Bergoglio, évidemment, dans son homélie, n’a fait aucune allusion au combat de ces militants ou à la défense des libertés politiques.

La fausse rédemption socialiste

C’est le pape Pie XI, qui, Dans Divini Redemptoris, pour décrire la doctrine communiste, parle « d’idée de fausse rédemption » :

« Le communisme d’aujourd’hui, d’une manière plus accusée que d’autres mouvements semblables du passé, renferme une idée de fausse rédemption. Un pseudo-idéal de justice, d’égalité et de fraternité dans le travail, imprègne toute sa doctrine et toute son activité d’un certain faux mysticisme qui communique aux foules, séduites par de fallacieuses promesses, un élan et un enthousiasme contagieux, spécialement en un temps comme le nôtre, où par suite d’une mauvaise répartition des biens de ce monde règne une misère anormale. » Pape Pie XI, Divini Redemptoris (19 mars 1937)

Et Saint Pie X décrit avec une grande précision cette manière qu’ont les socialistes de subvertir les concepts chrétiens (que nous avons évoquée également en citant Mgr Delassus) en les vidant de leur sens et en leur substituant les idées maçonniques du libéralisme et de l’égalitarisme.

« La vérité est que les chefs du Sillon se proclament des idéalistes irréductibles, qu’ils prétendent relever les classes laborieuses en relevant d’abord la conscience humaine, qu’ils ont une doctrine sociale et des principes philosophiques et religieux pour construire la société sur un plan nouveau, qu’ils ont une conception spéciale de la dignité humaine, de la liberté, de la justice et de la fraternité, et que, pour justifier leurs rêves sociaux, ils en appellent à l’Évangile, interprété à leur manière, et, ce qui est plus grave encore, à un Christ défiguré et diminué. » Saint Pie X. Notre Charge apostolique. 25 août 1910

« Arraché à l’étroitesse de ses intérêts privés et élevé jusqu’aux intérêts de sa profession et, plus haut, jusqu’à ceux de la nation entière et, plus haut encore, jusqu’à ceux de l’humanité (car l’horizon du Sillon ne s’arrête pas aux frontières de la patrie, il s’étend à tous les hommes jusqu’aux confins du monde), le cœur humain, élargi par l’amour du bien commun, embrasserait tous les camarades de la même profession, tous les compatriotes, tous les hommes. Et voilà la grandeur et la noblesse humaine idéale réalisée par la célèbre trilogie : Liberté, Égalité, Fraternité. » Saint Pie X. Notre Charge apostolique. 25 août 1910

« Il en est de même de la notion de fraternité, dont ils mettent la base dans l’amour des intérêts communs, ou, par-delà toutes les philosophies et toutes les religions, dans la simple notion d’humanité, englobant ainsi dans le même amour et une égale tolérance tous les hommes avec toutes leurs misères, aussi bien intellectuelles et morales que physiques et temporelles. Or, la doctrine catholique nous enseigne que le premier devoir de la charité n’est pas dans la tolérance des convictions erronées, quelques sincères qu’elles soient, ni dans l’indifférence théorique ou pratique pour l’erreur ou le vice où nous voyons plongés nos frères, mais dans le zèle pour leur amélioration intellectuelle et morale non moins que pour leur bien-être matériel. » Saint Pie X. Notre Charge apostolique. 25 août 1910

Ayant en tête ces déclarations de Saint Pie X et de Pie XI, examinons quelques textes de Bergoglio. On note tout d’abord que lorsque Bergoglio parle de dignité, de justice, ou de fraternité il ne les relie pas aux notions catholiques que ce soit la pénitence, la Croix, de la mortification etc…

Dans son « encyclique » Fratelli Tutti (« tous frères », le titre en dit long déjà), il revendique d’ailleurs ouvertement le triptyque maçonnique liberté, égalité, fraternité :

« La fraternité a quelque chose de positif à offrir à la liberté et à l’égalité. Que se passe-t-il sans une fraternité cultivée consciemment, sans une volonté politique de fraternité, traduite en éducation à la fraternité, au dialogue, à la découverte de la réciprocité et de l’enrichissement mutuel comme valeur ? » Jorge Mario Bergoglio. Fratelli Tutti. 3 octobre 2020.

« Les rêves de liberté, d’égalité et de fraternité peuvent rester de pures formalités s’ils ne sont pas effectivement pour tous. » Jorge Mario Bergoglio. Fratelli Tutti. 3 octobre 2020.

Le huitième chapitre de Fratelli Tutti s’intitule « LES RELIGIONS AU SERVICE DE LA FRATERNITÉ DANS LE MONDE » (tout un programme !) est truffé de beaux discours sur la dignité humaine ou la fraternité universelle :

« Les différentes religions, par leur valorisation de chaque personne humaine comme créature appelée à être fils et fille de Dieu, offrent une contribution précieuse à la construction de la fraternité et pour la défense de la justice dans la société. » Jorge Mario Bergoglio Fratelli Tutti (3 octobre 2020)

Remarque : la justice est donc envisagée ici comme le fruit d’un processus de dialogue interreligieux où Bergoglio insiste exclusivement sur la dimension humaine des différentes religions.

« Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble. […] Rêvons en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères » Jorge Mario Bergoglio Fratelli Tutti (3 octobre 2020)

« Je demande à Dieu « de préparer nos cœurs à la rencontre avec nos frères au-delà des différences d’idées, de langues, de cultures, de religions ; demandons-lui d’oindre tout notre être de l’huile de sa miséricorde qui guérit les blessures des erreurs, des incompréhensions, des controverses ; demandons-lui la grâce de nous envoyer avec humilité et douceur sur les sentiers exigeants, mais féconds, de la recherche de la paix ». Jorge Mario Bergoglio Fratelli Tutti (3 octobre 2020)

Comment, en lisant ces passages ne pas penser aux paroles de Saint Pie X qui écrivait : « Il en est de même de la notion de fraternité, dont ils mettent la base dans l’amour des intérêts communs, ou, par-delà toutes les philosophies et toutes les religions, dans la simple notion d’humanité » et de Pie XI qui parle d’ « un pseudo-idéal de justice, d’égalité et de fraternité » ?

Dans Fratelli Tutti on lit encore que l’Église « a un rôle public qui ne se borne pas à ses activités d’assistance ou d’éducation », mais qui favorise « la promotion de l’homme et de la fraternité universelle » et que « Les convictions religieuses sur le sens sacré de la vie humaine nous permettent de « reconnaître les valeurs fondamentales de la commune humanité ». Jorge Mario Bergoglio Fratelli Tutti (3 octobre 2020)

D’ailleurs, le 12 septembre 2019 Bergoglio lança un « Pacte éducatif en vue d’une humanité plus fraternelle»[18]

Ce qui ressort des propos de Bergoglio c’est donc que les différentes religions ne valent que par leur contribution à la constitution d’une super-religion de l’humanité universelle qui transcenderait toutes les religions, la religion catholique y compris. N’est-ce pas la doctrine par excellence de la franc-maçonnerie ?  

Dans une telle vision, l’Eglise n’est donc plus dépositaire de l’unique vraie religion révélée par Dieu et qu’elle doit prêcher aux hommes (doctrine catholique traditionnelle) mais devient un auxiliaire parmi d’autres, ce que Mgr Delassus appelle « la religion humanitaire », la religion de l’homme.

Il s’agit donc bien de deux conceptions de la rédemption opposées : la doctrine catholique d’une part et la doctrine socialiste d’autre part. Dans son ouvrage Le Christ et la Révolution (1972)  le journaliste catholique Marcel Clément résumait parfaitement ce qui oppose les deux doctrines :

« la foi chrétienne et le socialisme se rejoignent en fait sur le même plan. Le socialisme n’est pas un simple système économique. Il est une philosophie du bonheur et se déploie en spiritualité. La foi chrétienne dans la mesure même où elle est ordonnée au salut, comporte des implications de droit naturel. En pratique, il y a un niveau où l’un et l’autre se présentent également comme une rédemption. C’est alors que la contradiction éclate.

Le socialisme se dresse contre le désordre établi, contre les injustices sociales, bref contre le péché du monde. Ce péché, il en découvre la cause dans le caractère privé de l’activité économique, dans la liberté d’entreprendre et d’échanger qui en résulte, dans la dictature des « entreprises à monopole » qu’elle entraîne.

La rédemption sociale qui en découle logiquement consiste à changer la forme de la société, à instituer une direction collective de l’économie, et à garantir ainsi la justice sociale et la participation des travailleurs.

Le christianisme, lui, enseigne que le Christ est venu PORTER ET EXPIER LE PÉCHÉ DU MONDE. Ce péché, il en découvre la cause dans la faiblesse intime de l’homme déchu. Il condamne non seulement les fautes qui naissent de l’amour déréglé de l’argent, mais aussi d’une sensualité débridée et d’une soif insatiable de domination. Puis il pardonne soixante-dix-sept fois sept fois aux hommes qui commettent ces fautes et leur infuse lumière et force pour s’en dégager.

Car la rédemption du Christ n’est pas venue changer la forme de la société, mais renouveler le cœur des hommes et à travers eux, la face de la terre.

Ainsi, à ce niveau, nous sommes en face de DEUX EXPLICATIONS DU PÉCHÉ. L’une l’attribue fondamentalement à des structures qui laissent à l’homme la liberté d’exploiter les travailleurs. L’autre l’attribue à une faiblesse intime de la volonté humaine. Nous sommes en face de DEUX PROJETS DE RÉDEMPTION. L’un passe par la réforme des structures économiques, l’autre passe par le renouvellement des personnes et des sociétés régénérées dans le Christ. Nous sommes en face de DEUX ESPÉRANCES. L’une, dans la vertu du système collectiviste réalisant les buts matériels de la vie selon un idéal de justice ; l’autre, dans la vertu de chaque personne éclairée et affermie par la grâce et vivant intérieurement selon les exigences de la justice et de la charité pour faire la volonté de Dieu, sur la terre comme au ciel.

C’est pourquoi Pie XI, pesant les mots, disait que l’on ne peut pas être à la fois, VRAI socialiste et BON chrétien, car le « vrai » socialiste fait logiquement passer d’abord le combat social, le combat contre les structures du droit privé, contre tous ceux qui sont attachés à ces structures. Lorsqu’il a le pouvoir, il impose politiquement sa vision de la chute (dans le péché « capitaliste ») et de la rédemption (suivant la « voie socialiste »). Tandis que le « bon » chrétien fait passer d’abord le combat intérieur, l’affrontement spirituel et met son espérance dans l’apostolat qui transforme jusqu’à l’âme de la société. Les ouvriers sont les apôtres des ouvriers, les patrons sont les apôtres des patrons. La justice sociale résulte d’une collaboration des classes dans un effort réciproque de paix fraternelle. »

La rédemption sociale qui en découle logiquement consiste à changer la forme de la société, nous sommes en face de DEUX EXPLICATIONS DU PÉCHÉ. L’une l’attribue fondamentalement à des structures et donc « passe par la réforme des structures économiques » [19]

La théologie de la libération

Nous l’avons vu Jorge Mario Bergoglio (« François ») insiste beaucoup sur les questions de justice sociale, la nécessité de défendre les droits des opprimés en les libérant de l’oppression. Le fil conducteur qui émerge de tous ses discours est de « rendre le monde meilleur ».

Ces thèmes de la lutte contre l’injustice et de la nécessité de transformer la société viennent directement de la théologie de la libération, un courant de pensée théologique chrétienne venu d’Amérique latine, mais d’inspiration marxiste. Selon la définition de l’Encyclopaedia Britannica cette théologie de la libération « cherche à mettre en pratique la foi religieuse en aidant les pauvres et les opprimés par le biais de l’implication dans les affaires politiques et civiques. Elle met l’accent à la fois sur une prise de conscience accrue des structures socio-économiques « pécheresses », qui sont à l’origine des inégalités sociales et sur une participation active au changement de ces structures. » [20] Gustavo Gutiérrez, auteur de « Théologie de la libération » en 1972 est considéré comme le père fondateur de cette nouvelle théologie.

L’idée que les « structures » économiques et sociales seraient les causes du mal et qu’il faut donc « changer le système » revient en effet régulièrement dans les discours de Bergoglio :

La solidarité, « c’est penser et agir en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens de la part de certains. C’est également lutter contre les causes structurelles de la pauvreté, de l’inégalité, du manque de travail, de terre et de logement, de la négation des droits sociaux et du travail. » 28 octobre 2014, discours du « pape François » aux mouvements populaires [21]

« Toute volonté de protéger et d’améliorer le monde suppose de profonds changements dans les styles de vie, les modèles de production et de consommation, les structures de pouvoir établies qui régissent aujourd’hui les sociétés » Bergoglio.Encyclique Laudato Si. 24 mai 2015

« Le chômage des jeunes, le travail au noir et le manque de droits du travail ne sont pas inévitables, ils sont le résultat d’un choix de société préalable, d’un système économique qui place les bénéfices au-dessus de l’homme, si le bénéfice est économique, au-dessus de l’humanité ou au-dessus de l’homme, » 28 octobre 2014, Discours de Bergoglio aux mouvements populaires

« Certains d’entre vous ont dit qu’on ne peut plus supporter ce système. Nous devons le changer, nous devons replacer au centre la dignité humaine et, sur ce pilier, doivent être construites les structures sociales alternatives dont nous avons besoin. Il faut le faire avec courage, mais aussi avec intelligence » 28 octobre 2014, discours du pape François aux mouvements populaires

Bergoglio utilise le terme même de « structures de péché » dans certains discours. Par exemple, le 5 février 2020 dans un discours adressé à l’Académie pontificale des sciences sociales : ” les structures du péché incluent aujourd’hui les exonérations répétées d’impôts pour les personnes les plus riches, justifiées souvent au nom de l’investissement et du développement; les paradis fiscaux pour les gains privés et corporatifs; et naturellement, la possibilité de corruption de la part de certaines des entreprises les plus grandes du monde, souvent en accord avec le secteur politique gouvernant.” [22]

Cette idée de « péchés structurels » ou de « péchés sociaux » a émergé dans les années 1960 parmi les théologiens de la libération. De manière générale, le concept de structures socio-économiques aliénantes et productrices d’inégalités pour les individus vient en effet de la pensée marxiste qui analyse la vie politique comme étant le produit de forces économiques antagonistes. Un tel concept est pourtant étranger à la pensée catholique qui insiste au contraire sur la responsabilité individuelle.

L’idée de “structures de péché” fut peu à peu intégrée par l’église conciliaire et fut largement reprise par Wojtyla (Jean-Paul II), notamment dans l’encyclique Centesimus annus (1991) où il est dit qu’ États, entreprises, organisations doivent être condamnés pour leurs actes, ou pour les conditions sociales qu’ils instaurent. On le voit, Bergoglio revendique clairement cet héritage.

Avec cette notion de « structures de péché » issue de la théologie de la libération, nous retrouvons cette fausse conception du péché et de la rédemption que nous évoquée plus haut en citant Marcel Clément. Marcel Clément a écrit son ouvrage, “Le Christ et la Révolution”, en 1972 précisément pour dénoncer l’apparition d’une rhétorique de type marxiste dans certains documents de l’Eglise. Ses propos s’appliquent parfaitement à cette théologie de la libération dont sont empreints les discours de Bergoglio aujourd’hui :   

« Dans cette conception, le péché du monde n’est pas la perte de le justice originelle par nos premiers parents, c’est l’oppression de l’argent exercé par une classe sur une autre.(…) Ainsi se trouve fondée une « théologie du péché » identifiée avec le régime capitaliste et une théologie de la libération qui ne s’applique, sélectivement, qu’aux opprimés par le régime capitaliste ».

Le « grand péché », le « péché du monde » et pour tout dire le seul péché c’est l’injustice sociale. De l’impiété à l’égard de Dieu, il n’est pas question. Dieu lui-même ne connaît que les péchés d’injustice que le régime capitaliste produit et qui sont la négation de sa création.

La théologie de la Rédemption en découle nécessairement. Elle assimile la rédemption par Jésus-Christ à une sorte de nouveau régime social où il n’y aura plus d’accidents du travail, plus de crise du logement, plus d’analphabète, etc.

Quant à l’instrument de la rédemption, ce n’est pas la croix de Jésus-Christ. C’est un acte violent de lutte des classes, de lutte d’un peuple pour sa libération. C’est le mémorial de la libération d’Egypte, du passage de l’esclavage à la Terre promise qui est à l’origine de la fête de Pâques. Un Carême réussi, selon la nouvelle religion, sera donc essentiellement une prédication de la libération temporelle. La célébration de Pâques elle-même sera le passage de la vieille vie de pécheur et d’exploiteur à la vie nouvelle de la rédemption temporelle d’une société devenue chrétienne dans la mesure où elle sera devenue socialiste.

Ainsi, l’action collective et la lutte des classes apparaissent-elles génératrices de vie morale, de vie spirituelle, de vie théologale. » [23]

D’ailleurs, l’un des représentants principaux de la théologie de la libération, le théologien Lonardo Boff, de son propre aveu, reconnaît que l’action de Bergoglio va dans le sens préconisé par la théologie de la libération : « En ce sens, le pape François assume l’intuition première de la théologie de la libération et accepte sa marque de fabrique : l’option préférentielle pour les pauvres, contre la pauvreté et en faveur de la vie et de la justice. » [24] Bergoglio lui-même a d’ailleurs envoyé une lettre au théologien de la libération Leonardo Boff pour le remercier de son soutien et lui souhaiter un bon 80e anniversaire en 2018. [25]

A côté de cette insistance sur les déterminants socio-économiques du péché, Bergoglio ne parle que très rarement, pour ne pas dire jamais, de la vision béatifique, du salut éternel, de la fin surnaturelle de l’homme, de la grâce sanctifiante, de la prière ou de la pénitence, et quand il le fait c’est de manière toujours très équivoque et en rupture avec la doctrine catholique traditionnelle.

A contrario, dans son encyclique sur le communisme, Divi Redemptoris Pie XI préconise comme remèdes aux problèmes sociaux, la « rénovation sincère de la vie privée et publique selon les principes de l’Evangile », « le détachement des biens de la terre »,  « la charité chrétienne », « l’accomplissement des « devoirs auxquels patrons et ouvriers n’ont pas le droit de se soustraire » mais aussi et surtout « la prière et la pénitence » :

 « comme dernier et très puissant remède, Nous vous recommandons, Vénérables Frères, de promouvoir et d’intensifier, le plus efficacement possible, dans vos diocèses, le double esprit de prière et de pénitence chrétienne. » Pie XI Divini Redemptoris. 19 mars 1937.

Quand avez-vous entendu Bergoglio parler de prière et de pénitence ? (à part, comme il le fit au Canada en 2022, pour demander pardon au nom de l’Eglise pour cet horrible crime d’avoir converti les autochtones indiens au catholicisme! ) [26]

Conclusion 

Bergoglio est-il un communiste ou un crypto-communiste ? Une chose est certaine : il y a un abîme pour ne pas dire une réelle contradiction entre ce que dit Bergoglio et ce qu’a dit l’Eglise dans son Magistère sur les questions de l’égalité, de la propriété, de la justice sociale. Le fait même qu’on puisse interpréter les propos de Bergoglio dans un sens communiste est pour le moins problématique. Imagine-t-on un instant les communistes de l’époque reprendre une phrase d’une encyclique de Saint Pie X et affirmer qu’il y a « des bases de rassemblement possibles » comme a pu le faire le PCF récemment? C’est évidemment inimaginable.

Cette nouvelle doctrine sociale d’inspiration marxiste s’ajoute aux nombreuses hérésies professées aujourd’hui par Bergoglio et les « papes » de l’église conciliaire. Sur ce sujet nous renvoyons les lecteurs à ces deux articles :

Hérésies et fausses doctrines de Vatican II

A quels signes reconnaît-on que l’église conciliaire n’est pas l’Eglise catholique ?

Et à la catégorie : Situation de l’Eglise

En un sens, c’est un donc un signe de plus que l’Eglise conciliaire ne peut pas être l’Eglise catholique.

Dans leur Magistère les vrais papes se sont au contraire toujours prononcés très durement contre les idées communistes. Curieusement c’est d’ailleurs dès le conciliabule Vatican II que la rupture fut introduite. Une réaffirmation de la condamnation du « communisme athée » avait en effet été envisagée mais le « concile » refusa au final de formuler cette condamnation.[27] Aujourd’hui, avec Bergoglio, non seulement cette nouvelle église conciliaire ne condamne pas le communisme mais elle en relaie les thèses principales.


[1] Nous sommes catholiques de constat sédévacantistes. Nous ne reconnaissons pas Bergoglio comme pape, notre position est que le Saint-Siège est actuellement vacant. Pour plus d’explications : https://www.contre-revolution.fr/qui-sommes-nous/

[2] https://www.la-croix.com/Religion/Pape/Les-inegalites-plus-grand-existe-dans-monde-affirme-pape-2016-11-11-1200802413

[3] https://www.nna-leb.gov.lb/fr/international/208496/le-pape-d%C3%A9nonce-la-corruption-et-des-in%C3%A9galit%C3%A9s-sc

[4] https://www.ouest-france.fr/societe/religions/pape-francois/le-pape-francois-veut-que-le-monde-riche-mette-fin-la-pauvrete-6723331

[5] https://www.vatican.va/content/francesco/fr/messages/pont-messages/2021/documents/20211016-videomessaggio-movimentipopolari.html

[6] « La tradition chrétienne n’a jamais soutenu ce droit [de propriété] comme un droit absolu et intangible. Au contraire, elle l’a toujours entendu dans le contexte plus vaste du droit commun de tous à utiliser les biens de la création entière : le droit à la propriété privée est subordonné à celui de l’usage commun, à la destination universelle des biens. » Wojtyla, « Jean-Paul II », Laborem exercens, 14 septembre 1981

[7] https://crc-resurrection.org/toute-notre-doctrine/contre-reforme-catholique/commentaire-encycliques/lencyclique-laborem-exercens.html

[8] En dissociant la propriété (éternelle) du foncier, de la jouissance (limitée) du bâti, l’État se propose d’être dorénavant propriétaire des terrains sur lesquels les collectivités publiques gèreront les logements. https://www.contrepoints.org/2019/12/08/359809-letat-remet-en-cause-le-droit-de-propriete

[9] https://www.pcf.fr/encyclique_fratelli_tutti_des_bases_de_rassemblements_possibles

[10] « Des propos « marxistes », s’étonne Eugenio Scalfari ? « On me l’a dit plusieurs fois, sourit le pape. Ma réponse a toujours été que ce sont les communistes qui pensent comme les chrétiens ». https://www.la-croix.com/Religion/Pape/Les-inegalites-plus-grand-existe-dans-monde-affirme-pape-2016-11-11-1200802413

[11] https://www.ouest-france.fr/societe/religions/pape-francois/femmes-communisme-psychanalyse-le-pape-francois-se-confie-dans-un-livre-5214993

[12] https://www.americamagazine.org/faith/2022/11/28/pope-francis-interview-america-244225

[13] Le problème de l’heure présente. Antagonisme de deux civilisations Tome I – Mgr Henri Delassus.1905. p.322

[14] Nesta Webster. La révolution mondiale, le complot contre la civilisation. 1921. Editions Saint-Rémi. p.180

[15] Nesta Webster. La révolution mondiale, le complot contre la civilisation. 1921. Editions Saint-Rémi. p.181

[16] Sources : https://www.cath.ch/newsf/le-pape-recoit-un-cadeau-embarrassant-devo-morales/ https://www.cath.ch/newsf/le-pape-francois-ramene-a-rome-le-crucifix-communiste/

[17] https://novusordowatch.org/2015/09/francis-meets-fidel-castro-cuba/

[18] https://doc-catho.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Dossiers/selection-discours-pape-Francois-ayant-trait-justice-sociale-bien-commun-2019-10-17-1201054949

[19] Le Christ et la Révolution. Marcel Clément. Ed : La Politique de l’Esprit. 1972. P. 108

[20] https://www.britannica.com/topic/liberation-theology

[21] https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2014/october/documents/papa-francesco_20141028_incontro-mondiale-movimenti-popolari.html

[22] https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Levasion-fiscale-corruption-multinationales-structures-peche-pape-2020-02-06-1201076764

[23] Le Christ et la Révolution. Marcel Clément. Ed : La Politique de l’Esprit. 1972. P. 131

[24] https://www.paves-reseau.be/revue.php?id=1209

[25] https://www.cath.ch/newsf/le-pape-francois-felicite-leonardo-boff-a-loccasion-de-son-80e-anniversaire/

[26] https://www.journaldemontreal.com/2022/08/01/six-jours-de-penitence-pour-la-guerison-et-la-reconciliation

[27] https://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1989_act_113_1_3397

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