Pour en finir avec le soralisme.L’anti-catholicisme d’Alain Soral.

Impie sans peur, blasphémateur sans reproche

“Certaines analyses politiques, sociologiques ou géopolitiques de Soral sont pertinentes, personne ne le nie. Mais comme Pierre Joly le montre dans cet article, en attaquant aussi régulièrement le catholicisme, donc la vérité, Soral fait en réalité le jeu de l’ennemi. Les contre-révolutionnaires et les catholiques authentiques doivent comprendre que le soralisme est une imposture qui les éloigne du bon combat: celui de la vérité et de la restauration des principes.


« Car du cœur viennent les mauvaises pensées, les homicides, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes. C’est là ce qui souille l’homme » (( Évangile selon Saint Matthieu, chapitre 15, versets 19 à 20.))

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« On a vu bien des infidèles et des hérétiques embrasser notre foi à l’article de la mort ; mais, par contre, on n’a jamais rencontré de catholique qui ait embrassé en mourant une secte dissidente. » ((Œuvres complètes de S. Alphonse de Liguori, Tome II, éd. H. Casterman (1867), Vérité de la foi, Partie III, Chapitre XI, p. 344-345))

Saint Alphonse de Liguori.

« Songez qu’un jour vous devrez rendre compte à Dieu du mal immense que vous causez à tant d’âmes qui vous suivent parce qu’elles pensent que vous êtes catholique. » ((Lettre à “l’archevêque“ d’Hermosillo, “Mgr“ D. Carlos Quintero Arce (29 Avril 1983).))

Mgr Moïsés Carmona Rivera

« Les catholiques authentiques n’ont pas de leçon à recevoir des Marcionites… » ((La Clef des Écritures. Éd. Saint Agobard (2022), p. 13))

Abbé Olivier Rioult


Nous savons depuis longtemps que de nombreuses personnes se disant “catholiques” sont liés de manière plus ou moins étroites à l’association Égalité et Réconciliation. La plupart d’entre elles estiment avoir une dette morale imprescriptible envers le président de cette organisation, Alain Soral, qu’ils considèrent comme étant directement responsable de leur conversion au Catholicisme. Égarés par des prêtres tièdes et opportunistes qui leur ont fait croire que leur maitre à penser se séparait « très nettement de l’antichristianisme venu de Nietzsche et véhiculé par la Nouvelle Droite » (( )) les Soraliens sont malheureusement convaincus que l’appartenance à E&R est parfaitement compatible avec la profession de la foi catholique. Mais en réalité, nous verrons qu’il n’en est rien.

D’abord, il est utile de rappeler que les vrais catholiques n’ont jamais eu besoin de regarder les vidéos d’Alain Soral pour comprendre que les pires ennemis de la papauté sont à l’intérieur du Vatican. Depuis le début des années 1970, plusieurs organisations catholiques ont déjà fait ce constat (parmi lesquelles nous pouvons citer entre autres : la Société Sacerdotale de Trente, la Congrégation de Marie Reine Immaculée, l’église Sainte Gertrude La Grande, la Chapelle du Cœur Immaculée de Marie, la Compagnie de Jésus et de Marie, l’Institut Mater Boni Concilii, le Séminaire de la Très Sainte Trinité, etc). Par ailleurs, en dépit du fait qu’il se considère comme “sédévacantiste”,((Alain Soral : « Si je me réfère aux évangiles, il semble bien, quand même, que les positions du pape François me semblent, de plus en plus, mais [alors] totalement contraires à l’esprit et aux valeurs des évangiles, et, d’une certaine manière, à la mission de l’Église bien comprise ; et qu’on peut donc penser que ce pape est un antipape ou un faux pape, et que le trône de Saint Pierre est vacant. […] Donc je suis sédévacantiste. » (Cf. Soral Répond, Treizième fournée, 22 Juin 2019).)) Soral ne s’est jamais vraiment intéressé à l’histoire de ce mouvement. Il n’a jamais publié un seul article sur ce sujet. Il n’a jamais donné la parole à des évêques professant la vacance du Saint-Siège, ni même relayé leurs sermons ou leurs conférences. Il n’a jamais donné une visibilité à leur chapelles, à leurs séminaires ou à leurs instituts religieux. Il n’a jamais incité les militants de son association à soutenir moralement et financièrement leur apostolat. Il n’a jamais fait la promotion de sites internet, maisons d’éditions ou chaines YouTube défendant cette position théologique. Bref, il n’a jamais participé activement à cette entreprise de résistance contre Vatican II, à ce combat pour la défense de la foi catholique.

D’ailleurs, toute personne ayant un tant soit peu fréquenté le milieu dit “sédévacantiste“ pourra témoigner qu’il n’a jamais croisé Soral à la sortie de la Messe, ni même dans une quelconque retraite spirituelle. Notons du reste qu’en 1981 – à l’époque ou Soral travaillait encore dans la mode – un petit nombre de clercs ont dû s’organiser avec très peu de moyens dans le but de préserver le sacerdoce catholique qui menaçait de disparaitre. Afin de remédier à cette situation catastrophique, quelques pasteurs courageux ont été obligés d’administrer plusieurs consécrations épiscopales (sans l’accord de “Jean Paul II”((Nous mettons des guillemets à Jean-Paul II car nous adhérons au constat la vacance du siège apostolique depuis 1958 et ne reconnaissons pas Karol Józef Wojtyła comme pape légitime.))) à l’intérieur d’un misérable F1, situé dans un immeuble délabré, au cœur de l’un des quartiers les plus pauvres de la ville de Toulon. Suite à la célébration de ces cérémonies clandestines, deux personnes ayant participé à ces sacres épiscopaux ont été particulièrement persécutés par la hiérarchie progressiste issue du faux concile de Vatican II. Il s’agissait de Mgr Thuc, qui a été kidnappé et séquestré dans un monastère rattaché au diocèse de Carthage dans l’état de Missouri ; et de Mgr Carmona qui, quant à lui, a été racketté et menacé des morts par des tueurs à gage payés par le diocèse d’Acapulco. Tout ça pour dire que si les catholiques avaient attendu que Soral leur vienne en aide pour commencer à soutenir la cause de l’Église, celle-ci aurait déjà disparu depuis plusieurs décennies.

Pourtant, en plus de se revendiquer du Catholicisme, Soral a toujours eu la prétention de s’adresser aux catholiques convaincus en leur donnant des leçons de théologie comme s’il était lui-même le Vicaire du Christ.((Alain Soral : « Le message du Christ est explicite. C’est un révolutionnaire. […] Et aujourd’hui, s’il était présent sur terre – peut-être l’est-il – il serait assis ici à côté de moi. Et il ne trônerait pas à côté du pape actuel, sur le trône de Saint Pierre. C’est une certitude. » (Cf. Entretien de Janvier 2013).

S’octroyant le droit d’interpréter nos textes sacrés du haut de son libre examen, l’auto-proclamé “maître du logos“ cherche à tout prix à nous convaincre que le magistère de l’֤Église serait dans l’erreur, mais que lui aurait presque toujours raison, même quand il se trompe assez souvent. Nous prouverons dès lors à travers ce texte qu’Alain Soral n’a aucune légitimité pour prétendre parler au nom des catholiques, et encore moins pour prétendre avoir une quelconque autorité sur eux.

Soral, point de salut.

L’une des raisons pour lesquelles Alain Soral n’est pas un exemple à suivre pour les catholiques, c’est sa mégalomanie démesurée. Certains auront d’ailleurs peut-être remarqué que le président d’E&R a une fâcheuse tendance à se prendre pour le Christ. Déjà, lors d’un entretien avec Franck Abed, Soral déclarait : « Je ne suis pas dans l’Église. Et puis, à la limite, je me dis : peut-être que si Jésus-Christ me regarde, il sourit ! (Rires) Parce qu’il a fait le même travail à l’époque, pour monter la boutique. » (( )) Cette réflexion d’Alain Soral témoigne clairement de sa volonté de se séparer de l’Église du Christ pour fonder sa propre religion, son fameux “front de la foi” censé unir musulmans et catholiques pour résister à la laïcité agressive et au judaïsme. Soral en arrive à cette conclusion en prétextant que l’Église aurait soi-disant trahi le Christ. Voici ce qu’il disait en Novembre 2011 : « Donc, le Christ a été totalement trahi par l’Église, et l’Église est en train de s’effondrer. C’est d’ailleurs logique et c’est moral. »((

Le problème, c’est que la trahison du Christ par l’Église est une impossibilité théologique. En effet, l’Église étant l’épouse mystique du Christ (Éphésiens 5 ; 23-27), celle-ci constitue une société juridiquement parfaite.((Encyclique Satis Cognitum (29 Juin 1896).)) De ce fait, sa fidélité au Christ nous est garantie par son divin Fondateur lui-même, lequel nous a promis que les portes de l’enfer ne prévaudront point contre son Église (Matthieu 16 ; 18), quand bien même de faux pasteurs réussiraient à usurper les plus hautes fonctions ecclésiastiques (Matthieu 24 ; 23). En conséquence, l’Église n’est donc pas responsable de tous les scandales qui ont été commis par les partisans de Vatican II. Elle en est au contraire la première victime. Des lors, il est particulièrement malhonnête d’imputer à l’Église toutes les trahisons dont se sont rendus coupables les imposteurs qui ont occupé le Vatican.

« Ils ne rougirent pas de s’appuyer sur l’indignité de ces intrus pour conclure que le Siège de Saint Pierre avait perdu sa prééminence dogmatique et disciplinaire, qu’on pouvait se passer de lui dans le gouvernement de l’Église et rayer de l’Évangile les promesses de Jésus-Christ faites au prince des apôtres. »((Histoire générale de l’Église depuis la création jusqu’à nos jours. Tome XX. Éd. Louis Vivés (1874), Chapitre III, p. 244-245))

Abbé Joseph-Épiphane Darras 

Par conséquent, il est donc inutile de vouloir tenter de séparer ce que Dieu a uni (Matthieu 19 ; 6) en prétendant être en communion avec le Christ sans être en communion avec son Église, « car, là où est l’Église, là est aussi Jésus-Christ »((Encyclique Non abbiamo bisogno (29 Juin 1931).))(écrivait le pape Pie XI). Quant à savoir où se trouve aujourd’hui la véritable Église, nombreux sont les théologiens à avoir répondu à cette question. De Saint Athanase d’Alexandrie,((Saint Athanase d’Alexandrie : « Les catholiques fidèles à Dieu dans la sainte Tradition, même s’ils sont réduits à une poignée, voilà ceux qui sont la vraie Église de Jésus-Christ. » (Cf. Lettre de l’évêque d’Alexandrie à son troupeau, in Coll. Selecta SS. Eccl. Patrum, Caillau et Guillou, vol. 32, pp. 411-412).))en passant par le Cardinal Louis-Édouard Pie,((Cardinal Louis-Édouard Pie : « L’Église, société sans doute toujours visible, sera de plus en plus ramenée à des proportions simplement individuelles et domestiques. » (Cf. Théotime de Saint Just. La royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ d’après le cardinal Pie. Essai de synthèse doctrinale, p. 30).))tous s’accordent pour dire que l’Église restera visible grâce à un petit nombre de clercs et de fidèles qui garderont la foi. Autrement dit, il est évident que la véritable Église du Christ ne se trouve pas dans les locaux d’Égalité et Réconciliation…

« Depuis la mort de Pie XII, le Saint-Siège est vacant, nous n’avons pas de pape, et l’Église catholique n’est plus à présent dans les multitudes qui ont capitulé, mais dans les petits groupes qui sont restés fidèles à nos traditions sacrées. »((Lettre au général Augusto Pinochet (20 Février 1987).))

Mgr Moïsés Carmona Rivera

Cette conclusion est d’autant plus évidente qu’Alain Soral n’a jamais fait amende honorable de ses nombreuses déclarations blasphématoires. Et pour cause, car comment peut-on se dire catholique lorsque l’on ose écrire que « Jésus était de gauche »((Alain Soral : « Jésus était de gauche. Jésus n’est pas seulement celui qui permet le retour de la religion à la philosophie, un Dieu de doute et de liberté, c’est aussi un Dieu de gauche. » (Cf. Jusqu’où va-t-on descendre ? Abécédaire de la bêtises ambiante. Éd. Blanche, 2002, p. 67). )) Comme si Notre Seigneur n’était qu’un vulgaire libre penseur. Comment peut-on se dire catholique lorsque l’on ose écrire que « les prêtres qui font vœu de célibat » auraient un « goût pour les petits garçons » ?((Alain Soral : « Que certaines femmes aient besoin de l’illusion de la spiritualité pour se faire mettre et que des malins en abusent, c’est de bonne guerre, mais en Occident, sur ce sujet, la religion majoritaire est sans ambiguïté : si pour les bonnes sœurs, le vœu de chasteté signifie se garder pure pour Jésus, pour les prêtres qui font vœu de célibat, on reste pur en se gardant des femmes (d’où ce goût pour les petits garçons). » (Cf. Misère du désir. Éd. Blanche, 2004, p. 39).)) Comme s’il y’avait un lien entre la chasteté et la pédophilie. Comment peut-on se dire catholique lorsque l’on ose décrire le Christ comme un « prophète hystérique »((Alain Soral : « Céline, c’est le respect de l’enracinement, du travailleur modeste… Le Christ charpentier contre le Christ prophète hystérique. » (Cf. Chute ! Éloge de la disgrâce. Éd. Blanche, 2006, p. 79-80).)) Comme si Notre Seigneur était un malade mental. Comment peut-on se dire catholique lorsque l’on ose écrire que le fait d’appeler Jésus « Mon Seigneur, ça fait un peu lèche-cul »((Alain Soral : « Robert s’éloigne une nouvelle fois… bousculant au passage un grand maigre aux cheveux longs dont le look néo-hippie tranche sur toute ces fiottes body-buildées, genre G.I’s  en Irak. – Aimez-vous les uns les autres, lui dit le type en réponse à son involontaire agression. – Quoi ? rétorquais-je, étonné par une telle douceur de ton. – Aime ton prochain comme toi-même, renchérit l’autre en me fixant avec ses grands yeux mous tous bleus… – Le problème, c’est que je ne m’aime pas beaucoup monsieur. […] Avec ses sandalettes, sa longue toge et ce visage poupin d’icone orthodoxe, il me rappelle quelqu’un… Mais oui, je ne l’avais pas reconnu ! C’est lui, c’est le Christ ! Et moi qui l’ai appelé monsieur ! … Comment appeler notre Seigneur Jésus, comme ça, au débotté dans la rue ? Mon Seigneur ? … Mon Seigneur ça fait un peu lèche-cul, surtout envers un type qui n’a même pas mon âge… » (Cf. Chute ! Éloge de la disgrâce. Éd. Blanche, 2006, p. 126-127))) Comme si ses apôtres étaient de misérables courtisans. Comment peut-on se dire catholique lorsque l’on ose tourner en dérision les paroles du Christ dans le but de relater un acte de sodomie ?((Alain Soral : « Glissant sur les préservatifs comme autant de méduses échouées sur le sable, un mec s’approche de lui, calme et souriant… – Je m’appelle Roger mais on m’appelle Jean-Luc, car je suis-là pour t’enculer. Dit avec cet aplomb, cette douceur, ça me rappelle cet autre calembour appris au catéchisme : “Tu es Simon, dit Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église…“ – Tu as raison Roger, l’esprit du consensus m’habite ! … » (Cf. Chute ! Éloge de la disgrâce. Éd. Blanche, 2006, p. 128))) Comme si Notre Seigneur n’avait pas fondé une Église, mais un lupanar pour sodomites. Comment peut-on se dire catholique lorsque l’on ose écrire que « la chambre à gaz a remplacé la Croix du Christ » tout en réclamant le droit « de considérer la chambre à gaz commeun point de détail de la Seconde Guerre Mondiale“, comme tant d’autres se donnent le droit de chier sur la Croix. »((Alain Soral : « Dans l’ordre du sacrifice fondateur, la chambre à gaz a remplacé la Croix du Christ. Pourtant, […] au nom du droit à la libre pensée face à ceux qui croient et veulent nous obliger à croire, je réclame le droit, pour Jean-Marie Le Pen, de considérer la chambre à gaz commeun point de détail de la Seconde Guerre Mondiale“, comme tant d’autres se donnent le droit de chier sur la Croix. Que ce soit celle d’hier ou d’aujourd’hui, le citoyen libre se doit de lutter contre toutes les inquisitions et leurs cortèges sanglants de bûchers et d’abjurations. Nous, Européens, n’avons pas mis trois siècles à nous émanciper du pouvoir temporel du pape pour en arriver là ! » (Cf. Article : Pour le droit au blasphème,30 Avril 2008).)) Comme si la Croix du Christ était un point de détail de l’histoire sur lequel n’importe qui aurait le droit de déféquer. Comment peut-on se dire catholique lorsque l’on ose écrire que « la religion catholique » fut en partie un « mensonge », une « tartuferie », et une « pure trahison du Christ » ?((Alain Soral : « De plus, contrairement à ce qu’il est aussi d’usage de croire dans nos milieux du conformisme libre penseur, la religion catholique, certes idéologie du pouvoir royal, ne fut pas seulement mensonge, tartuferie et pure trahison du Christ dans sa collusion avec l’autorité. » (Cf. Comprendre l’empire. Éd. Blanche, 2011, p. 20).)) Comme si le Catholicisme n’était pas la véritable religion révélée par Jésus-Christ. Comment peut-on se dire catholique lorsque l’on prétend ne pas savoir si le Christ a existé ?((

Alain Soral : « Est-ce que le Christ a existé ? Je n’en sais rien. […] C’est comme de savoir si Molière était Molière ou si Shakespeare était Shakespeare. Il y a les œuvres de Shakespeare, il y a les œuvres de Molière, il y a l’épopée christique, et il y a l’épopée Mahométane. » (Cf. Conférence : Comprendre l’Empire, Rennes, 5 Mars 2011).)) Comme si son existence n’était pas attestée par des faits historiques. Comment peut-on se dire catholique lorsque l’on ose affirmer que le catéchisme est un « mode d’abrutissement » ?((Alain Soral : « Pour que le peuple adhère à la république et à la démocratie, il faut non plus faire monter son niveau de conscience et de maitrise intellectuel, mais il faut l’abrutir. Or, tu ne peux pas l’abrutir en lui revendant les saints catholiques, la virginité de la Vierge, et le catéchisme. Il faut trouver un autre mode d’abrutissement. Et ça s’appelle : la défense des minorités, le communautarisme… » (Cf. Soral a presque tous raison. Hors-Série. L’école à désapprendre. Université d’été, Septembre 2019).)) Comme si la mission de l’Église n’était pas d’instruire, mais d’abrutir ses propres fidèles. Comment peut-on se dire catholique lorsque l’on ose déclarer que « l’Ancien Testament est le fumier sur lequel a fleuri la fleur du Christ » ?((Alain Soral : « Et je le répète pour les gens qui me traitent de Marcionite : l’Ancien Testament est le fumier sur lequel a fleuri la fleur du Christ. Quand je dis ça, je crois que j’ai tout dit. Les catho-trads peuvent fermer leurs gueules. » (Cf. Soral a presque toujours raison. Épisode 15, 12 Juillet 2020).)) Comme si le Fils de Dieu était le pur produit d’un tas d’excréments d’animaux d’élevage. Comme si le Verbe de Dieu avait été engendré par de la matière fécale provenant du bétail. Au final, à travers cette comparaison odieuse, ce n’est pas seulement Moïse que Soral insulte, mais aussi le Christ lui-même.

« Ne pensez pas que ce soit moi qui doive vous accuser devant le Père : celui qui vous accuse, c’est Moïse, en qui vous espérez. Car si vous croyiez à Moïse, vous croiriez sans doute à moi aussi, parce que c’est de moi qu’il a écrit. Mais si vous ne croyez point à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ? »

Jean 5 ; 45-47 :

Qui donc, après avoir lu toutes ces horreurs, peut encore croire qu’Alain Soral est un chrétien sans reproche ? Il serait temps que les Soraliens cessent de prendre les chrétiens pour des crétins. En réalité, Alain Soral n’est pas plus catholique qu’Éric Zemmour. Et Zemmour n’est pas moins anticlérical que Simone Weil, qui, en plus de faire passer Saint Louis pour un homme cruel et fanatique,((Simone Weil : « Peut-on admirer sans aimer ? Et si l’admiration est un amour, comment ose-t-on aimer autre chose que le bien ? Il serait simple de faire avec soi-même le pacte de n’admirer dans l’histoire que les actions et les vies au travers desquelles rayonne l’esprit de vérité, de justice et d’amour […]. Cela exclut, par exemple, saint Louis lui-même, à cause du fâcheux conseil donné à ses amis, de plonger leur épée au ventre de quiconque tiendrait en leur présence des propos entachés d’hérésie ou d’incrédulité. On dira, il est vrai, pour l’excuser, que c’était l’esprit de son temps, lequel, étant situé sept siècles avant le nôtre, était obnubilé en proportion. C’est un mensonge. […] Mais quand bien même ce serait vrai, quand bien même la cruauté du fanatisme aurait dominé toutes les âmes du Moyen Âge, l’unique conclusion à en tirer serait qu’il n’y a rien à admirer ni à aimer dans cette époque. Cela ne mettrait pas saint Louis un millimètre plus près du bien. » (Cf. L’enracinement . Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain. Éd. Gallimard, 1949, p. 151).)) ne rougissait pas d’écrire que la chrétienté ne serait que l’enfant bâtard du judaïsme.((Simone Weil : « La chrétienté est devenue totalitaire, conquérante, exterminatrice, parce qu’elle n’a pas développé la notion de l’absence et de la non-action de Dieu ici-bas. Elle s’est attachée à Jéhovah autant qu’au Christ ; elle a conçu la providence à la manière de l’Ancien Testament : Israël seul pouvait résister à Rome parce qu’il lui ressemblait, et le Christianisme naissant portait la souillure Romaine avant d’être la religion officielle de l’Empire. Le mal fait par Rome n’a jamais vraiment été réparé. […] Il n’est pas étonnant qu’un peuple d’esclaves fugitifs, conquérants d’une terre paradisiaque aménagée par des civilisations au labeur desquelles ils n’avaient eu aucune part et qu’ils détruisirent par des massacres, n’ait pu donner grand-chose de bon. Parler de “Dieu éducateur“ au sujet de ce peuple est une atroce plaisanterie. Rien d’étonnant qu’il y ait tant de mal dans une civilisation – la nôtre – viciée à sa base et dans son inspiration même par cet affreux mensonge. La malédiction d’Israël pèse sur la chrétienté. Les atrocités, l’Inquisition, les exterminations d’hérétiques et d’infidèles, c’était Israël. » (Cf.  La pesanteur et la grâce, 1947, Chapitre 37, p. 164-165).))

Mais tout ceci n’est rien comparé à Louis-Ferdinand Céline, qui, non content de calomnier le pape Pie XI en l’accusant d’être juif, s’enorgueillissait également de considérer l’Église comme une « vieille sorcière judaïque »((Louis-Ferdinand Céline : « Rien de plus juif que la Pape actuel [Pie XI]. De son véritable nom Isaac Ratisch. Le Vatican est un Ghetto. Le Secrétaire d’État Pacelli, aussi Juif que le pape. L’Église est toujours prête à rebrûler Jeanne d’Arc. Trop heureuse ! L’Église, notre vieille sorcière judaïque, marchande de cierges…  Qui mange du Pape en meurt ! » (Cf. L’école des cadavres. Éd. Denoël, 1939, p. 155).)) , et la religion catholique comme une « grande proxénète ».((Louis-Ferdinand Céline : « Ainsi, Drumont et Gobineau se raccrochent à leur Mère l’Église, leur christianisme sacrissime, éperdument. Ils brandissent la croix face au juif, patenté suppôt des enfers, l’exorcisent à tout goupillon. Ce qu’ils reprochent surtout au youtre, avant tout, par-dessus tout, c’est d’être le meurtrier de Jésus, le souilleur d’hostie, l’empêcheur de chapelets en rond… Que ces griefs tiennent peu en l’air ! La Croix antidote ? quelle farce ! Comme tout cela est mal pensé, de traviole et faux, cafouilleux, pleurard, timide. L’aryen succombe en vérité de jobardise. Il a happé la religion, la Légende tramée par les juifs expressément pour sa perte, sa châtrerie, sa servitude. Propagée aux races viriles, aux races aryennes détestées, la religion de “Pierre et Paul” fit admirablement son œuvre, elle décatit en mendigots, en sous-hommes dès le berceau, les peuples soumis, les hordes enivrées de littérature christianique, lancées éperdues imbéciles, à la conquête du Saint Suaire, des hosties magiques, délaissant à jamais leurs Dieux, leurs religions exaltantes, leurs Dieux de sang, leurs Dieux de race. Ce n’est pas tout. Crime des crimes, la religion catholique fut à travers toute notre histoire, la grande proxénète, la grande métisseuse des races nobles, la grande procureuse aux pourris (avec tous les saints sacrements), l’enragée contaminatrice. La religion catholique fondée par douze juifs aura fièrement joué tout son rôle lorsque nous aurons disparu, sous les flots de l’énorme tourbe, du géant lupanar afro-asiate qui se prépare à l’horizon. » (Cf. Les beaux draps. Nouvelle éditions Françaises, 1941, p. 35))) Et que dire de Julius Evola qui félicitait les Templiers d’avoir apostasié la foi chrétienne ?((Julius Evola : « Les Templiers possédaient leur initiation secrète […]. Entre autres, les candidats à l’initiation templière devaient, à un degré préliminaire du rite, repousser le symbole de la croix, reconnaître que le Christ est un faux prophète et que sa doctrine ne conduit pas au salut. […] Dans le fait de repousser la croix, il s’agissait, selon toute probabilité, de reconnaître le caractère inférieur de la tradition exotérique propre au christianisme dévotionnel, ce qui était nécessaire pour pouvoir s’élever ensuite à une forme de spiritualité plus haute. » (Cf. Révolte contre le monde moderne. Les éditions de l’homme, Partie I, Chapitre 13, p. 129).))

Au fond, l’anticléricalisme est la seule idéologie capable de réconcilier les juifs et les antisémites ; car, lorsqu’il s’agit d’insulter l’Église, nos adversaires arrivent parfaitement à s’entendre… Saint François de Sales : « Notre Seigneur est le chef de l’Église (Ephésiens, 1 : 22) ; n’a-t-on point honte d’oser dire que le corps d’un chef si saint soit adultère, profane, corrompu ? »((Lettre ouverte aux protestants, Partie I, Chapitre II, Article VI.))


catholicisme, une religion de fiotte. Vraiment ?

En 2010, Soral déclarait ceci : « La tradition ce n’est pas le catholicisme. Ce n’est pas le papisme. […] Il ne peut y avoir tradition que s’il y a consubstantialité du pouvoir militaire et du pouvoir religieux. […] C’est l’analyse que je fais en m’appuyant sur Evola, Guénon, etc. Donc je ne pense pas du tout que la papisme soit la tradition. C’est déjà, de toute façon, quelque chose qui est voué à la catastrophe. D’ailleurs, c’est pour ça que, moi, je ne me sens pas très catholique, parce que je trouve que la spiritualité catholique, coupée totalement de toute virilité militaire, et qui produit une espèce de religion masochiste, totalement féminisée, où les prêtres ont tous des gueules d’émasculés, ça ne m’intéresse pas du tout. De ce point de vue-là, je préfère être païen. Je me sens plus proche de la mythologie germanique et nordique. Quand je regarde le cureton moyen des années 1960, avec ses petites lunettes, sa gueule de fonctionnaire, son visage mou, et son discours lénifiant, auquel je ne comprends rien… C’est insupportable ! Ce n’est pas une religion, c’est de la merde ! »(( Aujourd’hui, le président d’E&R n’est toujours pas revenu sur ses propos. Pire encore, en 2019, Soral en rajoutait même une couche en affirmant que les « grands penseurs de droite néo-traditionnels […] étaient pro-musulmans, parce qu’ils voyaient dans l’Islam une religion virile, alors que, dans le christianisme, il y a un gros problème de virilité. »((@KontreKulture:c0/Conseils_de_lecture_avec_Alain_Soral_et_Pierre_de_Brague-ete_2019:0)) En tout état de cause, cette déclaration démontre manifestement que Soral ignore quasiment tout de la doctrine de l’Église…

« Donnez à vos Séminaires les prêtres les meilleurs ; […] choisissez-les tels que, par l’exemple encore plus que par la parole, ils enseignent les vertus sacerdotales et qu’ils sachent infuser, avec la science, un esprit solide, viril, apostolique […].La majeure partie des évêques et des prêtres dont l’Église proclame la louange doivent l’origine de leur vocation et de leur sainteté aux exemples et aux leçons d’un père rempli de foi et de vertu virile, d’une mère chaste et pieuse, d’une famille dans laquelle, avec la pureté des mœurs, règne en souveraine la charité pour Dieu et pour le prochain. »((Encyclique Ad Catholici Sacerdoti (20 Décembre 1935).))

Pape Pie XI 

Malheureusement, il est peu probable que Monsieur Soral soit convaincu par ce genre d’argument, lui qui préfère sans doute croire les inepties de Julius Evola, lequel estimait que le Christianisme était une religion de baltringue qui convenait d’avantage aux races inférieures…((Julius Evola : « Le potentiel que la nouvelle foi sut engendrer chez ceux qui sentaient le mystère vivant du Christ Sauveur, et en tirèrent la force nécessaire pour alimenter leur frénésie du martyre, n’empêche pas que l’avènement du christianisme signifie une chute, et qu’il détermina, dans l’ensemble, une forme spéciale de dévirilisation propre aux cycles de type lunaire-sacerdotal. […]  Il est évident que le christianisme, en général, a universalisé, rendu exclusives et exalté la voie, la vérité et l’attitude qui ne conviennent qu’à un type inférieur d’humain ou aux basses couches de la société pour lesquelles furent conçues les formes exotériques de la Tradition. » (Cf.  Révolte contre le monde moderne. Les éditions de l’homme, Partie II, Chapitre 10, p. 354-355).))


3. Égalité et Réislamisation…

Dans l’un de ses ouvrages paru en 2002, Soral écrivit la chose suivante : « Il me semble qu’on ne peut mieux comprendre la recrudescence de l’islam, ici et maintenant, qu’à travers la conversion exemplaire de Cassius Clay, rebaptisé Muhammad Ali. Une religion virile et simple, égalitaire (pas de caste, pas clergé), d’abord soucieuse des pauvres qui ont la haine. La réponse à un besoin de transcendance, d’espoir, de dignité… Bref, un dieu pour tous ceux qui ne peuvent accepter le dieu blanc, hypocrite et menteur de la bourgeoisie WASP et, dans une moindre mesure, le dieu fatigué des cathos Français. Le reste, c’est de la scolastique, le mot savant pour dire baratin. »((Jusqu’où va-t-on descendre ? Abécédaire de la bêtises ambiante. Éd. Blanche (2002), p. 143)) Cette scolastique a toujours été un sujet de mépris pour Alain Soral. Plus tard, dans un entretien publié en 2010, Soral ira même jusqu’à déclarer que « Le débat encyclopédiste est bien plus intéressant que la scolastique catholique qui est misérable d’un point de vue intellectuel. »((De la virtuosité du Logos (Mars 2010).)) Par ailleurs, dans un autre entretien radiophonique daté de 2009, Soral affirmait ceci : « Mais moi, ce que je remarque aujourd’hui, effectivement, c’est que j’ai l’impression que la haine de certains catholiques envers les musulmans, c’est la haine de l’impuissant pour l’homme viril, et la haine de l’homme qui a perdu la foi pour celui qui l’a encore, et ça je le constate très profondément. »((Entretien d’Alain Soral sur Radio Bandera, le 22 Mars 2009. Malheureusement, ce discours n’est pas nouveau. Dans les faits, Soral se contente simplement de répéter les élucubrations délirantes de Nietzsche au sujet de la prétendue absence de virilité de la religion catholique.

« On se tromperait du tout au tout, si l’on présumait un manque d’intelligence chez les chefs du mouvement chrétien :Oh, ils sont malins jusqu’à la sainteté, ces messieurs les pères de l’Église ! Ce qui leur manque, c’est tout autre chose. La nature les a mal partagés : elle a oublié de leur attribuer un petit capital d’instincts respectables, corrects, propres… Entre nous, ce ne sont même pas des hommesSi l’Islam méprise le Christianisme, il a mille fois raison : l’Islam suppose des hommes pleinement virils…Le christianisme nous a frustrés de la moisson de la culture antique, et, plus tard, il nous a frustrés de celle de la culture islamique. La merveilleuse civilisation Maure d’Espagne, au fond plus proche de nous, parlant plus à nos sens et à notre goût que Rome et la Grèce, a été foulé aux pieds (et je ne préfère pas penser par quel pied !) Pourquoi ? Parce qu’elle devait le jour à des instincts aristocratiques, à des instincts virils, parce qu’elle disait “oui“ à la vie, avec en plus, les exquis raffinements de la vie des Maures ! … Les croisés combattirent plus tard quelque chose devant quoi ils auraient mieux fait de se prosterner dans la poussière. […] En soi, on ne devrait même pas avoir à choisir entre l’Islam et le Christianisme, pas plus qu’entre un Arabe et un Juif. La réponse est donné d’avance : ici, nul ne peut choisir librement. […] Guerre à outrance avec Rome ! Paix et amitié avec l’Islam ! »((L’Antéchrist (1888), éd. Gallimard (2006), aphorisme 59 et 60, p. 85-86))

Friedrich Nietzsche 

Ainsi, persuadé que l’islam serait une religion plus virile que le catholicisme, Soral en conclut dès lors que l’islamisation de la jeunesse serait un phénomène positif qu’il serait inutile de vouloir empêcher. « L’islamisation de ces jeunes » – dit-il – « c’est le retour à des valeurs millénaires, transcendantes. C’est beaucoup mieux un jeune réislamisé qu’un jeune rappeur (qui est un libéral, il faut le savoir). […] En réalité, la réislamisation correspond à une prise de conscience spirituelle, et à une tentative de sortir d’un piège [libéral]. Et malheureusement, ils [les jeunes] n’ont rien d’autre… »(()) Pire encore, lors d’un entretien réalisé en Janvier 2022, Soral a même osé dire que « Les Français aujourd’hui sont hostiles à l’islam parce qu’ils sont manipulés, alors qu’en réalité, s’ils découvraient la compatibilité profonde des Évangiles et du message du prophète [Mahomet], ils basculeraient de l’autre côté. »((

ceci nous permet d’en déduire que Soral cherche manifestement à convaincre les Français d’idéaliser l’islam. Cette stratégie rentre dans le cadre de ce que Soral appelle “le front de la foi”. Ce concept naturaliste, qui est en fait une apologie pure et simple de l’indifférentisme religieux (( Indifférentisme religieux : Théorie erronée selon laquelle toutes les fausses religions seraient plus ou moins bonnes et louables (Cf. Encyclique Mortalium Animos du pape Pie XI, publiée le 6 Janvier 1928)), vise à tenter d’établir une alliance entre les chrétiens et les mahométans, dans l’hypothétique espoir de vaincre la juiverie. Comme si la secte fondée par Mahomet n’était pas l’épouse illégitime de judaïsme…

« Pour ce qui est de la religion Mahométane, tout le monde sait qu’elle n’est autre chose qu’un mélange grotesque de judaïsme et d’hérésies, dont le propagateur fut un homme vil, impudique et voleur… » (( Œuvres complètes de S. Alphonse de Liguori, Tome II, éd. H. Casterman (1867), Vérité de la foi, Partie III, Chapitre XI, p. 342 ))

Saint Alphonse de Liguori


4. Du catholicisme culturel au nationalisme anticlérical.

Lors d’un entretien accordé à Médias-presse-info en 2015, Soral disait : « Refaire du catholicisme la religion d’État, je suis tout à fait pour. Il faut une religion d’État en France, surtout que le catholicisme est la religion française par excellence. […] Je ne suis pas pratiquant aujourd’hui, mais je suis un chrétien culturel, […] comme l’étaient les chanteurs qui sont attachés aux clochers, aux églises, au bruit des cloches, toute cette culture qu’on peut retrouver chez Georges Brassens. […] On est tous catholiques sans le savoir d’une certaine façon en France. »(( Or, si tout le monde était catholique sans le savoir, alors même Zemmour serait catholique. Du reste, on a du mal à voir en quoi le chanteur Georges Brassens serait un défenseur de la culture chrétienne, lui qui se définissait dans ses chansons comme un « anticlérical fanatique, gros mangeur d ´ecclésiastiques »,((La messe au pendu.)) et qui fantasmait à l’idée qu’une femme de basse vertu puisse satisfaire ses fantasmes lubriques avec des objets consacrés.((Georges Brassens : « Ancienne enfant d’Marie-salope, Mélanie, la bonne au curé, dedans ses trompes de Fallope, s’introduit des cierges sacrés. » (Cf. Mélanie).)) Quant au fait que Soral ose revendiquer le retour du Catholicisme comme religion d’État, cela ne suffit pas à prouver qu’il est réellement notre allié. Mussolini a lui aussi déclaré vouloir refaire du catholicisme la religion d’État.((Benito Mussolini : « L’État Fasciste revendique pleinement son caractère éthique : il est catholique, mais avant tout, il est fasciste, exclusivement et essentiellement fasciste. Le catholicisme en fait partie intégrante et nous le déclarons ouvertement, mais que personne ne pense à brouiller les cartes par des subtilités philosophiques ou métaphysiques. » (Cf. Discours à la chambre des députés, 14 Mai 1929. Cité dans : Les accords de Latran. Rome. Libreria del Littorio, 1929, vol. V ; et également dans : Scritti e Discorsi, vol. VII, Milan, Hoepli, 1934, p. 34).)) Ce qui ne l’a pourtant pas empêché de persécuter l’Église.((Benito Mussolini : « Je ne sous-estime pas ses forces mais lui non plus [Pie XI] ne doit pas sous-évaluer la mienne. L’exemple de 1931 l’enseigne. Il suffirait que je fasse un signe pour déchaîner tout l’anticléricalisme de ce peuple, lequel a dû se donner bien du mal pour ingurgiter un Dieu juif. » (Cf. Galeazzo Ciano, Journal du 8 août 1938).)) En effet, comme l’expliquait Salazar : « La dictature fasciste tend vers un césarisme païen, vers un État nouveau qui ne connait pas ses limites d’ordre juridique ou moral, qui marche à son but sans rencontrer ni embarras, ni obstacles. Mussolini est un admirable opportuniste de l’action : tantôt il va à droite, tantôt il va à gauche ; aujourd’hui, il combat l’Église, mais, peu après, c’est lui-même qui fait le traité de Latran pour faire dissoudre, quelques mois après, les associations catholiques. »((Jacques Ploncard d’Assac, Salazar, éditions Dominique Martin Morin, 2017, p. 84))

Cette duplicité dont fit preuve le Duce après la signature des accords de Latran a d’ailleurs été dévoilée au grand jour par le pape Pie XI.((Pape Pie XI, Encyclique Non abbiamo bisogno (29 Juin 1931) : « Toutes ces attaques et ces mesures contre l’Action catholique, et principalement contre ses diverses associations de jeunesse, font sérieusement se demander, si les premières attitudes bienveillantes provenaient uniquement d’un amour et d’un zèle sincère pour la religion. Parce que si nous voulons parler d’ingratitude, il faut parler de l’ingratitude à l’égard du Saint-Siège qui a été et restera, le fait d’un parti et d’un régime qui, au jugement du monde entier, a tiré de ses rapports amicaux avec le Saint-Siège une augmentation de prestige et de crédit, laquelle parut excessive à certains, comme leur parurent trop larges la faveur et la confiance de Notre part. […] C’est avec une douleur indicible que Nous voyons une vraie et réelle persécution se déchaîner en Notre Italie, et même dans Notre Rome, contre ce que l’Église et son chef ont de plus précieux et de plus cher en fait de liberté et de droits […]. D’autres part, Nous, et pas seulement nous, mais aussi l’Église et les catholiques fidèles à la religion, nous ne pouvons pas être reconnaissants envers ceux qui, après avoir mis dehors le socialisme et la maçonnerie – qui sont nos ennemis déclarés (et pas seulement les nôtres) – les ont si largement réintroduits, au point qu’ils sont même devenus d’autant plus forts, plus dangereux, et plus nuisibles, qu’ils sont en même temps dissimulés et favorisés par le nouvel uniforme. […] Aujourd’hui, nous sommes ici en présence d’un ensemble de déclarations authentiques, et de faits non moins authentiques, qui mettent hors de doute l’intention – déjà en partie exécutée – de monopoliser entièrement la jeunesse, de la toute première enfance jusqu’à l’âge adulte, pour l’avantage exclusif d’un parti et d’un régime, sur la base d’une idéologie ouvertement résolue dans une véritablestatolatrie païenne“, en conflit total, tant avec les droits naturels de la famille qu’avec les droits surnaturels de l’Église. Proposer et promouvoir un tel monopole, persécuter dans cette intention l’Action catholique (comme cela a été fait pendant un certain temps plus ou moins clairement ou secrètement) et frapper dans ce but ces associations de jeunesses (comme cela a été fait récemment) équivaut véritablement à empêcher qu’elle n’aille à Jésus-Christ en les empêchant d’aller à l’Église, car, là où est l’Église, là est aussi Jésus-Christ. […] Pour un catholique, une conception de l’État qui fait appartenir entièrement à celui-ci, et sans aucune exception, les jeunes générations, du premier âge jusqu’à l’âge adulte, n’est pas compatible avec la doctrine catholique ; elle n’est même pas conciliable avec le droit naturel de la famille. Pour un catholique, ce n’est pas chose conciliable avec la doctrine catholique que de prétendre que l’Église et le Pape doivent se limiter aux pratiques extérieures de la religion – c’est-à dire : la Messe et les sacrements – et que tout le reste de l’éducation appartient à l’État. […] Et que l’on ne dise pas que l’Italie est catholique, mais anticléricale. […] Vénérables Frères, vous qui vivez dans les grands et les petits diocèses d’Italie en contact continuel avec les bonnes populations de tout le pays, vous savez et vous voyez chaque jour combien elles sont loin de tout anticléricalisme si on ne les trompe pas et si on ne les égare pas.  Quiconque connaît un tant soit peu intimement l’histoire du pays sait que l’anticléricalisme a eu en Italie l’importance et la force que lui conférèrent la maçonnerie et le libéralisme qui la gouvernaient. »)) Cet exemple démontre qu’un catholique authentique ne peut pas faire une confiance aveugle à un homme qui se déclare favorable à ce que le Catholicisme redevienne la religion d’État. Par le passé, trop d’hommes politiques ont réussi à séduire les catholiques avec ce genre de discours ; et malheureusement, cette naïveté leur a coûté très cher. De toute façon, le président d’E&R n’a pas vraiment l’intention de refaire du Catholicisme la religion d’État. La preuve, lors d’une émission sur ERFM, Alain Soral a tenu les propos suivants : « Je pense que […] la conversion à l’orthodoxie me parait assez logique et même assez nécessaire. De ce point de vue-là, je pense que le vrai christianisme est beaucoup plus dans l’orthodoxie que dans le Catholicisme Apostolique et Romain. »((Soral Répond. Quatorzième fournée (7 Août 2019).))

De là, l’objectif de Soral est donc clair : détourner les Français du catholicisme traditionnel. Bien qu’il ne soit pas aussi radical sur la question du catholicisme, le discours d’Alain Soral rejoint totalement la pensée d’Alexandre Douguine. Voyons ce que disait cet intellectuel Russe au sujet de la religion catholique, lors d’un entretien accordé à un médias Polonais en 1997 : « René Guénon sépare clairement la tradition de la religion. La tradition est un concept plus large que la religion. L’orthodoxie est une tradition, le catholicisme est une religion. La tradition est capable d’absorber des éléments d’autres croyances religieuses sans entrer en conflit. La religion, en revanche, entre en conflit avec d’autres croyances. Cela est lié à l’expérience différente de l’église orientale et de l’église occidentale après le Grand Schisme d’Orient. […] La Pologne doit choisir : soit une identité slave, soit une identité catholique. Je comprends qu’il soit difficile de séparer l’un et l’autre, mais c’est inévitable. […] Si la Pologne insiste pour conserver son identité [catholique], elle rendra tout le monde hostile à son égard et deviendra à nouveau une zone de conflit. […] Il faut désintégrer le catholicisme de l’intérieur, renforcer la Franc-maçonnerie Polonaise, soutenir les mouvements laïques en décomposition, promouvoir le christianisme hétérodoxe et antipape. Le catholicisme ne peut être absorbé que par notre tradition que s’il est profondément réorienté dans une direction nationaliste et anti papale. Si la Pologne disposait d’une loge comme l’Aube dorée Irlandaise, dont les leaders, […] étaient, d’une part, catholiques“, et d’autre part, des occultistes fanatiques inspirés par la culture Celtique, il y’aurait peut-être un peu d’espoir. Ces personnes pourraient décomposer le catholicisme de l’intérieur et le réorienter dans une direction hétérodoxe, voir ésotérique. Mes connaissances en Pologne me disent qu’il existe de tels groupes, liés au Télémisme ou aux travaux d’Aleister Crowley. […] Je m’appuie ici non seulement sur les affirmations de nos pères après le Grand Schisme d’Orient, mais aussi sur des autorités du VIIIème ou du IXème siècle comme Photius Ier. L’orthodoxie, qui n’est pas une religion, mais une tradition, est beaucoup plus proche de ce que nous appelons le paganisme. Il embrasse et incorpore le paganisme. L’enseignement des pères cappadociens ou palamites n’entre pas totalement en conflit avec les normes païennes, mais transforme simplement les archétypes pré-chrétiens dans des contextes orthodoxes. […] Par conséquent, il n’est pas possible d’unir l’orthodoxie et le catholicisme. »((,))

Comme nous pouvons le constater, Alexandre Douguine ne dissimule pas son anticléricalisme. Ces propos devraient faire réfléchir ceux qui seraient tentés de rejoindre l’église Russe hétérodoxe.

« L’église Russe orthodoxe est la fille ou la sœur de l’église schismatique Grecque. Cette église nationale professe les mêmes erreurs que les schismatiques Grecs et elle est schismatique elle-même en cela qu’elle ne reconnait pas le pape pour chef de l’Église. On lui donne le titre “d’orthodoxe“, mais c’est évidemment à tort. En effet, “orthodoxe“ est un mot Grec qui désigne une opinion vraie, et par conséquent, être orthodoxe signifie suivre la vraie doctrine. Or, l’église Russe suit l’erreur ; on devrait donc l’appeler hétérodoxe“, “disciple de l’erreur“. […] Dans cette pauvre condition, l’église Russe, rebelle à l’autorité du Successeur de Saint Pierre, du Vicaire de Jésus-Christ, est complétement asservie. Le clergé n’étant pas libre, le ministères sacerdotal est oublié. Il n’a ni science, ni bonne mœurs. La négligence est telle que non seulement la prédication est bannie, mais que dans beaucoup de paroisses, on n’enregistre même plus ni baptême, ni mariage, ni enterrement. Il n’est pas seulement permis aux prêtres Russes de se marier, ils y sont obligés. Devant s’occuper de leur famille, ils ne s’occupent pas de l’instruction du peuple qui leur est confié, lequel reste donc dans l’ignorance la plus grossière et dans une dissolution morale sans fin. Il n’existe là-bas ni pitié, ni compassion. […] Les “prélats“ et même le “Saint Synode“ sont indifférents à toute cette misère ; ils ne versent jamais la moindre goutte de baume salutaire sur cette malheureuse multitude. Les chefs de cette église et son synode ont bien d’autres préoccupations. On ne peut pourtant pas penser sans indignation à la cruauté des moyens employés par l’empereur et ses agents pour forcer le peu de catholiques qui vivent là-bas de se rebeller contre le pape et de s’unir à l’église Russe. Promesses, menaces, captivité, exil, tout est employé pour les faire apostasier. Ces derniers temps, cette féroce persécution s’exerce plus spécialement contre les catholiques de la Pologne soumise à la Russie. »(( L’Église catholique et sa hiérarchie. XB éditeur (2020), p. 51-53))

Saint Jean-Bosco 

Conclusion

Quoi qu’il en soit, les propos d’Alain Soral devraient scandaliser tous les catholiques de France. Peu importe le nombre de ses condamnations judiciaires, tant qu’il ne se convertira pas, Soral restera notre ennemi. Ne pas se réjouir de son malheur est une chose, soutenir sa personne en est une autre. Prions donc pour sa conversion, mais ne participons pas à ses péchés (1 Timothée 5 ; 22). Pour conclure, nous laisserons le mot de la fin à Louis Veuillot : « Je suis catholique d’abord et avant tout ; je subordonne tout à mes convictions catholiques. Ceux qui […] ne comprennent pas cela, je ne suis pas leur homme… Je l’ai dit partout et je l’écris tous les jours : l’Église est mon parti. »((Louis Veuillot par C. Lecigne. Éd. P. Lethielleux (1913), p. 252))