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Révolution dans la théologie : François publie un Motu Proprio désastreux visant à « un changement de paradigme »

Par Brice Michel
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ad theologiam promovendam
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Traduction de l’article : ‘Paradigm Shift’: Francis Issues Disastrous Motu Proprio Aimed at Theological Revolution
Publié avec l’aimable autorisation du site “Novus Ordo Watch”.

Un événement extrêmement important a eu lieu au Vatican le 1er novembre 2023 : Le jésuite apostat Jorge Bergoglio, plus connu sous le nom de “pape François” https://novusordowatch.org/francis/, a publié une soi-disant lettre apostolique Motu Proprio [1]Motu Proprio signifie en latin : « de sa propre initiative”- approuvant de nouveaux statuts pour l’Académie pontificale de théologie, fondée à l’origine par le pape Clément XI en 1718.

Dans ce document relativement bref, qui n’est pour l’instant disponible sur le site web du Vatican qu’en italien, le faux pape n’appelle à rien de moins qu’une révolution dans la théologie, un “changement de paradigme” qui aura des conséquences incalculables et effrayantes à long terme. Quels que soient les vestiges du vrai catholicisme que l’on puisse encore trouver dans la théologie du Novus Ordo, cette “nouvelle approche” les noiera dans un déluge d’erreurs :

https://www.vatican.va/content/francesco/it/motu_proprio/documents/20231101-motu-proprio-ad-theologiam-promovendam.html (Original en italien)
https://fr.zenit.org/2023/11/01/motu-proprio-ad-theologiam-promovendam/ (Traduction en français non officielle)

Ce Motu Inapproprio, si vous me permettez l’expression, donne aux universitaires néo-modernistes de Rome les instructions dont ils avaient besoin pour achever, sous couvert de “loyauté envers le Pape”, la révolution théologique commencée lors du Concile Vatican II (1962-65).Les liens suivants fournissent des rapports de diverses sources sur la nouvelle “lettre apostolique” :

Rome Reports a réalisé un bref clip vidéo à ce sujet :

Examinons maintenant les paragraphes explosifs de ce document qui n’attend plus que d’être mis en œuvre.

Le document “Ad theologiam promovendam” examiné : 5 paragraphes sur 10

Voici le premier paragraphe :

« Promouvoir la théologie dans l’avenir ne peut se limiter à reproposer abstraitement des formules et des schémas du passé. Appelée à interpréter prophétiquement le présent et à discerner de nouveaux itinéraires pour l’avenir, à la lumière de la Révélation, la théologie devra affronter de profondes transformations culturelles, consciente que : « Ce que nous vivons n’est pas seulement un temps de changement, mais un changement d’époque » (Discours à la Curie romaine, 21 décembre 2013). »

Ce premier paragraphe reflète parfaitement le style de Bergoglio : il fait une déclaration péremptoire sans aucune justification, s’attendant simplement à être cru sur parole. Pour étayer son propos, il ne cite personne d’autre que lui-même. Une telle approche n’est pas très convaincante, mais comme les gens croient qu’il est le pape de l’Église catholique, la plupart de ses subordonnés y souscriront.

La toute première phrase du paragraphe reflète le mépris du faux pape pour la scolastique, pour la théologie en tant que science systématique avec des principes, des preuves, des axiomes, déductions, des prémisses et des conclusions. Les modernistes, en effet, détestent la vérité immuable et éternellement vraie, et ils détestent tout autant la certitude objective. Pour eux, tout doit évoluer en permanence et rien n’est jamais figé. La nouveauté est leur dieu. Ils aiment susciter le doute et la confusion, et leurs idées se nourrissent d’expressions métaphoriques et d’ambiguïté.

Dans sa sagesse, Saint Pie X les a condamnés :

« Ignorance ou crainte, à vrai dire l’une et l’autre, c’est un fait qu’avec l’amour des nouveautés va toujours de pair la haine de la méthode scolastique ; et il n’est pas d’indice plus sûr que le goût des doctrines modernistes commence à poindre dans un esprit, que d’y voir naître le dégoût de cette méthode.

Que les modernistes et leurs fauteurs se souviennent de la proposition condamnée par Pie IX: “La méthode et les principes qui ont servi aux antiques docteurs scolastiques, dans la culture de la théologie, ne répondent plus aux exigences de notre temps ni au progrès des sciences. ” ( Syllabus de Pie IX, Erreur N°13)

Pape Saint Pie X, Encyclique Pascendi dominici gregis, N°59

Ainsi, François affirme que la théologie est « appelée à interpréter prophétiquement le présent et à entrevoir de nouveaux itinéraires pour l’avenir à la lumière de la Révélation”, Quelle que soit la signification de cette affirmation, remarquez qu’il utilise la voix passive, affirmant que la théologie “est appelée” à cela. Mais l’est-elle vraiment ? Par qui et dans quel but ?

Bien sûr, la théologie sacrée doit aussi prendre en compte les problèmes théoriques et pratiques de l’époque, mais cela est toujours le cas. Par exemple, au 20e siècle, la théologie morale a dû répondre à la question de l’utilisation des armes nucléaires. Il s’agissait d’un nouveau problème moral qui n’existait pas auparavant. Cependant, ni les principes moraux ni la méthode théologique ne changèrent. Il s’agissait plutôt d’analyser les éléments moraux et d’appliquer les vérités immuables de la foi et de la raison au nouveau problème posé. Aucun “paradigme” n’a dû être inventé, modifié ou abandonné.

Si François cherche une interprétation “prophétique” du présent, nous lui suggérons de lire la deuxième lettre de saint Paul aux Thessaloniciens :

« Que personne ne vous égare d’aucune manière ; car auparavant viendra l’apostasie, et se manifestera l’homme de péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou honoré d’un culte, jusqu’à s’asseoir dans le sanctuaire de Dieu, et à se présenter comme s’il était Dieu.  Ne vous souvenez-vous pas que je vous disais ces choses, lorsque j’étais encore chez vous ?  Et maintenant vous savez ce qui le retient, pour qu’il se manifeste en son temps.  Car le mystère d’iniquité s’opère déjà, mais seulement jusqu’à ce que celui qui le retient encore paraisse au grand jour.  Et alors se découvrira l’impie, que le Seigneur (Jésus) exterminera par le souffle de sa bouche, et anéantira par l’éclat de son avènement. Dans son apparition cet impie sera, par la puissance de Satan, accompagné de toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, avec toutes les séductions de l’iniquité, pour ceux qui se perdent, parce qu’ils n’ont pas ouvert leur coeur à l’amour de la vérité qui les eût sauvés.  C’est pourquoi Dieu leur envoie des illusions puissantes qui les feront croire au mensonge, en sorte qu’ils tombent sous son jugement tous ceux qui ont refusé leur foi à la vérité, et ont au contraire pris plaisir à l’injustice. »

2 Thessaloniciens 2:3-11

Pour une compréhension de ce passage fondée sur la Tradition sacrée et les meilleures autorités de l’Église, nous recommandons l’excellent ouvrage du cardinal Henry Edward Manning :

The Pope and the Antichrist: The Great Apostasy Foretold in Scripture and Tradition

L’expression « discerner de nouveaux itinéraires pour l’avenir » n’a pas de sens en théologie. C’est au mieux de la poésie, et des gens comme Bergoglio aiment utiliser ce genre d’expressions poétiques pour remplacer la vraie théologie parce qu’elles se prêtent à différentes interprétations, paraissent intelligentes et parce qu’elles fonctionnent comme un langage codé pour les modernistes qui savent comment déchiffrer ces termes.

Pour justifier son appel à une nouvelle approche théologique, François cite les “profondes transformations culturelles” auxquelles la théologie doit faire face. Certes, de telles transformations tendent aujourd’hui à s’imposer à nous, mais n’oublions pas que cela est dû en grande partie à l’action de la Secte Vatican II –si ce n’est pas activement et directement par sa joyeuse coopération à la sécularisation du monde et à la promotion de faux principes théologiques, ça l’est au moins passivement et indirectement, par le biais d’une résistance faible, insuffisante ou tout simplement inexistante aux erreurs sociales, culturelles, philosophiques et théologiques.

Nous passerons sur le deuxième paragraphe de Ad Theologiam Promovendam. Voici le contenu du troisième paragraphe :

« Après presque cinq décennies, le moment est venu de réviser ces normes, pour les rendre plus adaptées à la mission que notre temps impose à la théologie. Une Église synodale, missionnaire et « sortante » ne peut correspondre qu’à une théologie « sortante ». Comme je l’ai écrit dans ma Lettre au Grand Chancelier de l’Université catholique d’Argentine, adressée aux professeurs et aux étudiants en théologie : « Ne vous contentez pas d’une théologie de bureau. Que votre lieu de réflexion soit les frontières. (…) Même les bons théologiens, comme les bons pasteurs, sentent le peuple et la rue et, par leur réflexion, versent de l’huile et du vin sur les blessures des hommes ». Toutefois, l’ouverture au monde et à l’homme dans le concret de sa situation existentielle, avec ses problèmes, ses blessures, ses défis et ses potentialités, ne peut se réduire à une attitude « tactique », adaptant de manière extrinsèque des contenus désormais cristallisés dans de nouvelles situations, mais doit pousser la théologie à une refonte épistémologique et méthodologique, comme l’indique le Proemio de la Constitution apostolique Veritatis gaudium. »

Ce sont des propos révolutionnaires. Bien sûr, l’expression de “théologie sortante” (on pourrait traduire aussi par “théologie qui va de l’avant”) fait sourire étant donné qu’il n’y a rien de “sortant” dans la théologie bergoglienne en termes de véritable action missionnaire. Le seul objectif de sa théologie est de s’assurer que les gens s’éloignent du vrai catholicisme.

Tout ce langage imagé d’une “théologie de bureau” qui s’opposerait à une “théologie existentielle” est un langage codé pour rejeter la théologie objective et scientifique-qui se préoccupe d’exprimer la vérité immuable- au profit de ce qu’on peut considérer comme une sorte de sociologie théologique, une pseudo-théologie existentialiste dont la tâche principale est de remplacer la doctrine catholique pérenne par des alternatives profondément “miséricordieuses” et politiquement correctes qui répondent aux besoins du moment, sous le prétexte que Dieu parle en quelque sorte au travers des “blessures des hommes”.

Lorsque les néo-modernistes utilisent de telles métaphores, il convient d’être attentif, car il y a de fortes chances qu’un concept révolutionnaire soit mis en avant, soigneusement dissimulé sous le couvert inoffensif du langage figuratif, qui est toujours ambigu. Après tout, qui ne voudrait pas “verser de l’huile et du vin sur les plaies” de l’humanité souffrante ?

Les objectifs de François sont clairs. Il affirme qu’il ne cherche pas simplement à appliquer l'”ancienne” théologie à de nouvelles situations, ce qui serait l’approche traditionnelle. Non, il veut une révolution dans la méthode et l’épistémologie de la théologie, c’est-à-dire dans la manière de faire de la théologie et dans la manière de constituer et de valider les connaissances théologiques.

Une telle “théologie de rue” nauséabonde sent le modernisme. La théologie de Bergoglio est à fuir.

Dans le quatrième paragraphe, François est encore plus franc :

« La réflexion théologique est donc appelée à un tournant, à un changement de paradigme, à une « courageuse révolution culturelle» (Lettre encyclique Laudato si’, 114) qui l’engage avant tout à être une théologie fondamentalement contextuelle, capable de lire et d’interpréter l’Évangile dans les conditions de vie quotidienne des hommes et des femmes, dans les différents milieux géographiques, sociaux et culturels, et ayant pour archétype l’Incarnation du Logos éternel, en entrant dans la culture, la vision du monde et la tradition religieuse d’un peuple. À partir de là, la théologie ne peut que se développer en une culture de dialogue et de rencontre entre les différentes traditions et les différents savoirs, entre les différentes confessions chrétiennes et les différentes religions, se confrontant ouvertement à tous, croyants et non-croyants. Le besoin de dialogue est en effet intrinsèque à l’être humain et à toute la création, et c’est la tâche particulière de la théologie de découvrir « l’empreinte trinitaire qui fait du cosmos dans lequel nous vivons « un tissu de relations » dans lequel « il est propre à tout être vivant de tendre vers une autre chose » » (Constitution apostolique Veritatis gaudium, Proemio, 4a) »

François veut donc une théologie “contextuelle”, que l’on peut aussi appeler théologie “paradigmatique”.

Ne nous y trompons pas : François veut lire l’Évangile « dans les conditions de vie quotidienne des hommes et des femmes », c’est-à-dire à partir des situations humaines concrète, il ne veut pas appliquer l’Évangile intemporel à ces situations. C’est l’essence même de la révolution qu’il nous présente ici : Ce n’est pas la vie des gens qui doit être comprise et évaluée à la lumière de l’Évangile, mais c’est l’Évangile qui doit être compris à la lumière de la vie des gens. On prétend que Dieu se révèle dans et à travers la situation humaine individuelle, et non au moyen de vérités intellectuelles transmises par l’Écriture et la Tradition et interprétées par l’autorité magistérielle de l’Église.

Cette “théologie contextuelle” est à l’origine d’aberrations telles que la théologie de la libération, dont le “pape” François et le “cardinal” Gerhard Ludwig Müller sont tous deux de fervents adeptes. Le livre suivant, écrit par un auteur péruvien qui n’est pas sédévacantiste, met à mal la théologie de la libération :

Liberation Theology: How Marxism Infiltrated the Catholic Church by Julio Loredo de Izcue

Dans les années 1950, le pape Pie XII a condamné la “nouvelle morale”, autre nom de l’éthique de situation. Ce que l’éthique de situation est à la théologie morale, le contextualisme de Bergoglio l’est à la théologie en général. Il s’agit dans les deux cas d’un type d’existentialisme qui accorde toute son importance (ou du moins beaucoup plus) à la situation concrète plutôt qu’à des principes théologiques immuables, considérés comme trop théoriques, rigides et impersonnels, et donc tout simplement étrangers à la vie telle qu’elle est réellement vécue par les individus. L’expérience subjective prime sur la vérité objective.

En regardant ce que Pie XII a dit de l’éthique de situation, on peut comprendre que la condamnation du Saint-Père s’applique tout autant à la théologie contextuelle en général :

« Le signe distinctif de cette morale est qu’elle ne se base point en effet sur les lois morales universelles comme par exemple les Dix Commandements, mais sur les conditions ou circonstances réelles et concrètes dans lesquelles on doit agir, et selon lesquelles la conscience individuelle a à juger et à choisir. Cet état de choses est unique et vaut une seule fois pour toute action humaine. C’est pourquoi la décision de la conscience, affirment les tenants de cette éthique, ne peut être commandée par les idées, les principes et les lois universelles.(…) 

Cette nouvelle conception de la morale ne nie pas, non plus, les concepts et les principes moraux généraux (bien que parfois elle s’approche fort d’une semblable négation), mais elle les déplace du centre vers l’extrême périphérie. Il peut arriver que souvent la décision de la conscience leur corresponde. Mais ils ne sont pas, pour ainsi dire, une collection de prémisses, desquelles la conscience tire les conséquences logiques dans le cas particulier, le cas d’« une fois ». Non pas ! Au centre se trouve le bien, qu’il faut actuer ou conserver, en sa valeur réelle et individuelle ; par exemple, dans le domaine de la foi, le rapport personnel qui nous lie à Dieu. Si la conscience sérieusement formée décidait que l’abandon de la foi catholique et l’adhésion à une autre confession mène plus près de Dieu, cette démarche se trouverait « justifiée », même si généralement elle est qualifiée de « défection dans la foi ». – Ou encore, dans le domaine de la moralité, le don de soi corporel et spirituel entre jeunes gens. Ici la conscience sérieusement formée déciderait qu’à raison de la sincère inclination mutuelle conviennent les privautés du corps et des sens, et celles-ci, bien qu’admissibles seulement entre époux, deviendraient manifestations permises. — La conscience ouverte d’aujourd’hui déciderait ainsi, parce que de la hiérarchie des valeurs elle tire ce principe que les valeurs de personnalité, étant les plus hautes, pourraient se servir des valeurs inférieures du corps et des sens ou bien les écarter, selon que le suggère chaque situation. – On a bien avec insistance prétendu que, justement d’après ce principe, en matière de droit des époux, il faudrait, en cas de conflit, laisser à la conscience sérieuse et droite des conjoints, selon les exigences des situations concrètes, la faculté de rendre directement impossible la réalisation des valeurs biologiques, au profit des valeurs de personnalité.

Des jugements de conscience de cette nature, si contraires qu’ils semblent au premier abord aux préceptes divins, vaudraient cependant devant Dieu, parce que, dit-on, la conscience sincère sérieusement formée prime devant Dieu-même le « précepte » et la « loi ».

Une telle décision est donc « active » et « productrice », non « passive » et « réceptrice » de la décision de la loi, que Dieu a écrite dans le cœur de chacun, et moins encore de celle du Décalogue, que le doigt de Dieu a écrite sur des tables de pierre, à charge pour l’autorité humaine de le promulguer et de le conserver.

L’éthique nouvelle (adaptée aux circonstances), disent ses auteurs, est éminemment « individuelle ». Dans la détermination de conscience l’homme singulier se rencontre immédiatement avec Dieu et se décide devant Lui, sans l’intervention d’aucune loi, d’aucune autorité, d’aucune communauté, d’aucun culte ou confession, en rien et en aucune manière. Ici il y a seulement le je de l’homme et le Je du Dieu personnel ; non du Dieu de la loi, mais du Dieu Père, avec qui l’homme doit s’unir dans l’amour filial. Vue ainsi, la décision de conscience est donc un « risque » personnel, selon la connaissance et l’évaluation propres, en toute sincérité devant Dieu. Ces deux choses, l’intention droite et la réponse sincère, sont ce que Dieu considère ; l’action ne Lui importe pas. De sorte que la réponse peut être d’échanger la foi catholique contre d’autres principes, de divorcer, d’interrompre la gestation, de refuser obéissance à l’autorité compétente dans la famille, dans l’Église, dans l’État, et ainsi de suite.

Tout cela conviendrait parfaitement à la condition de « majorité » de l’homme et, dans l’ordre chrétien, à la relation de filiation, qui, selon l’enseignement du Christ, nous fait prier « notre Père »

Cette vue personnelle épargne à l’homme de devoir à chaque instant mesurer si la décision à prendre correspond aux paragraphes de la loi ou aux canons des normes et règles abstraites ; elle le préserve de l’hypocrisie d’une fidélité pharisaïque aux lois ; elle le préserve tant du scrupule pathologique, que de la légèreté ou du manque de conscience, parce qu’elle fait reposer sur le chrétien personnellement l’entière responsabilité devant Dieu. Ainsi parlent ceux qui prônent la « nouvelle morale ».

Sous cette forme expresse l’éthique nouvelle est tellement en dehors de la foi et des principes catholiques, que même un enfant, s’il sait son catéchisme, s’en rendra compte et le sentira. Il n’est pas difficile de reconnaître comment le nouveau système moral dérive de l’existentialisme, qui ou fait abstraction de Dieu, ou simplement le nie, et en tout cas remet l’homme à soi-même. Il peut se faire que les conditions présentes aient induit à tenter de transplanter cette « morale nouvelle » sur le terrain catholique, pour rendre plus supportables aux fidèles les difficultés de la vie chrétienne. De fait, à des millions d’entre eux sont demandés aujourd’hui, en un degré extraordinaire, fermeté, patience, constance et esprit de sacrifice, s’ils veulent demeurer intègres dans leur foi, soit sous les coups de la fortune, soit dans un milieu qui met à leur portée tout ce à quoi le cœur passionné aspire, tout ce qu’il désire. Or une telle tentative ne pourra jamais réussir. »

DISCOURS DU PAPE PIE XII AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS DE LA FÉDÉRATION MONDIALE DES JEUNESSES FÉMININES CATHOLIQUES. 18 avril 1952 ; caractères gras ajoutés

Appeler à un “changement de paradigme” en théologie, comme le fait François avec nonchalance et sans complexe, c’est donc appeler à une révolution qui inversera l’Évangile. Et en effet, François lui-même ne craint pas d’associer ces deux idées – changement de paradigme et révolution – dans un même élan.

Le concept de “changement de paradigme” est apparu pour la première fois au début des années 1960 dans les travaux de Thomas Samuel Kuhn (1922-1996), un philosophe des sciences influent qui est un relativiste de fait. Ce concept signifie la transition d’un ensemble de principes, d’hypothèses et de méthodes théologiques vers un autre. L’ancien doit être abandonné au profit du nouveau.

Même si, dans le nouveau paradigme théologique, certaines conclusions orthodoxes sont confirmées et maintenues dans des cas spécifiques, toute continuité dans les  conclusions théologiques sera simplement accidentelle et donc tout à fait illusoire dans la mesure où ces conclusions seront dérivées de faux principes théologiques. Tel était le problème de l’encyclique Humanae Vitae (1968) de Paul VI. L’interdiction morale de la contraception artificielle demeurait, mais elle reposait désormais sur des prémisses erronées, susceptibles de faire des ravages dans la morale à une date ultérieure. Il s’agissait de “bombes à retardement” théologiques prêtes à exploser à tout moment.

En faisant la promotion de sa théologie contextuelle, François fait preuve d’une grande franchise. Non seulement ses propos impliquent ou suggèrent une ouverture aux idées non catholiques (c’est-à-dire hérétiques), mais elles l’appellent explicitement de leurs vœux : “À partir de là, la théologie ne peut que se développer en une culture de dialogue et de rencontre entre les différentes traditions et les différents savoirs, entre les différentes confessions chrétiennes et les différentes religions, en se confrontant ouvertement à tous, croyants et non-croyants”. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes œcuméniques de François.

Voici le cinquième paragraphe de Ad theologiam promovendam :

« Cette dimension relationnelle connote et définit, du point de vue épistémique, le statut de la théologie, qui est encouragée à ne pas s’enfermer dans l’autoréférentialité, qui conduit à l’isolement et à l’insignifiance, mais à se considérer comme insérée dans un réseau de relations, en premier lieu avec d’autres disciplines et d’autres savoirs. C’est l’approche de la transdisciplinarité, c’est-à-dire de l’interdisciplinarité au sens fort, par opposition à la multidisciplinarité, entendue comme interdisciplinarité au sens faible. Cette dernière favorise certes une meilleure compréhension de l’objet d’étude en le considérant de plusieurs points de vue, qui restent néanmoins complémentaires et séparés. La transdisciplinarité doit au contraire être pensée « comme la mise en situation et la fermentation de tous les savoirs dans l’espace de Lumière et de Vie offert par la Sagesse qui émane de la Révélation de Dieu» (Constitution apostolique Veritatis gaudium, Proem, 4c). D’où la tâche ardue pour la théologie d’être capable d’utiliser de nouvelles catégories élaborées par d’autres savoirs, afin de pénétrer et de communiquer les vérités de la foi et de transmettre l’enseignement de Jésus dans les langues d’aujourd’hui, avec originalité et conscience critique. »

Sous prétexte de ne pas vouloir finir dans “l’isolement et l’insignifiance”, François est prêt à exposer la Théologie sacrée au risque de la dissolution complète en la rendant transdisciplinaire, c’est-à-dire en la mélangeant avec d’autres domaines de connaissance. C’est un moyen sûr de rendre la théologie aussi insignifiante que possible.

L’effacement des frontières – qu’elles soient physiques ou conceptuelles – conduit inévitablement à la dissolution, précisément parce que toute entité se définit, entre autres, par ce qui la distingue de tout le reste.

En devenant transdisciplinaire, la théologie ne serait plus une science à part entière mais, dans un effort pour paraître pertinente aux yeux de l’homme moderne et de son obsession pour les sciences naturelles, elle serait noyée dans une mer de “dialogue” perpétuel qui ne produirait rien d’autre qu’une pseudo-théologie verbeuse destinée à semer la confusion chez tout être humain qui a les idées claires.

Le souhait de François que la théologie “utilise de nouvelles catégories élaborées par d’autres connaissances pour pénétrer et communiquer les vérités de la foi et transmettre l’enseignement de Jésus dans les langues d’aujourd’hui avec originalité et conscience critique” repose sur une erreur fondamentale de la Nouvelle Théologie condamnée par le Pape Pie XII en 1950, à savoir que le dogme pourrait exister indépendamment des concepts utilisés pour l’exprimer et que de nouveaux concepts – plus conformes à l’esprit moderne – pourraient être substitués aux anciens :

« En ce qui concerne la théologie, le propos de certains est d’affaiblir le plus possible la signification des dogmes et de libérer le dogme de la formulation en usage dans l’Eglise depuis si longtemps et des notions philosophiques en vigueur chez les Docteurs catholiques, pour faire retour, dans l’exposition de la doctrine catholique, à la façon de s’exprimer de la Sainte Ecriture et des Pères. Ils nourrissent l’espoir que le dogme, ainsi débarrassé de ses éléments qu’ils nous disent extrinsèques à la révélation, pourra être comparé, avec fruit, aux opinions dogmatiques de ceux qui sont séparés de l’unité de l’Eglise : on parviendrait alors à assimiler au dogme catholique tout ce qui plaît aux dissidents.

Bien plus, lorsque la doctrine catholique aura été réduite à un pareil état, la voie sera ouverte, pensent-ils, pour donner satisfaction aux besoins du jour en exprimant le dogme au moyen des notions de la philosophie moderne, de l’immanentisme, par exemple, de l’idéalisme, de l’existentialisme ou de tout autre système à venir. Que cela puisse et doive même être fait ainsi, de plus audacieux l’affirment pour la bonne raison, disent-ils, que les mystères de la foi ne peuvent pas être signifiés par des notions adéquatement vraies, mais par des notions, selon eux, approximatives et toujours changeables, par lesquelles la vérité est indiquée sans doute jusqu’à un certain point, mais fatalement déformée. C’est pourquoi ils ne croient pas absurde, mais absolument nécessaire que la théologie qui a utilisé au cours des siècles différentes philosophies comme ses instruments propres substitue aux notions anciennes des notions nouvelles, de telle sorte que, sous des modes divers et souvent opposés, et pourtant présentés par eux comme équivalents, elle nous exprime les vérités divines, sous le mode qui sied à des êtres humains. Ils ajoutent que l’histoire des dogmes consiste à exprimer les formes variées qu’a revêtues la vérité successivement selon les diverses doctrines et selon les systèmes qui ont vu le jour tout au long des siècles.

Or, il ressort, avec évidence, de ce que nous avons dit, que tant d’efforts non seulement conduisent à ce qu’on appelle le ” relativisme ” dogmatique, mais le comportent déjà en fait : le mépris de la doctrine communément enseignée et le mépris des termes par lesquels on le signifie le favorisent déjà trop. Certes il n’est personne qui ne sache que les mots qui expriment ces notions, tels qu’ils sont employés dans nos écoles et par le magistère de l’Église, peuvent toujours être améliorés et perfectionnés : on sait d’ailleurs que l’Eglise n’a pas eu recours toujours aux mêmes termes. Et puis, il va de soi que l’Eglise ne peut se lier à n’importe quel système philosophique dont la vie est de courte durée: ce que les docteurs catholiques, en parfait accord, ont composé au cours des siècles pour parvenir à une certaine intelligence du dogme, ne s’appuie assurément pas sur un fondement aussi caduc. En effet, il n’est pas d’autre appui que les principes et les notions tirés de l’expérience des choses créées; et dans la déduction de ces connaissances, la vérité révélée a, comme une étoile, brillé sur l’intelligence des hommes grâce au ministère de l’Eglise. On ne s’étonne donc pas que les Conciles oecuméniques aient employé et aussi sanctionné certaines de ces notions: aussi, s’en écarter n’est point permis.

Voilà pourquoi négliger, rejeter ou priver de leur valeur tant de biens précieux qui au cours d’un travail plusieurs fois séculaire des hommes d’un génie et d’une sainteté peu commune, sous la garde du magistère sacré et la conduite lumineuse de l’Esprit-Saint, ont conçus, exprimés et perfectionnés en vue d’une présentation de plus en plus exacte des vérités de la foi, et leur substituer des notions conjecturales et les expressions flottantes et vagues d’une philosophie nouvelle appelées à une existence éphémère, comme la fleur des champs, ce n’ est pas seulement pécher par imprudence grave, mais c’est faire du dogme lui-même quelque chose comme un roseau agité par le vent. Le mépris des mots et des notions dont ont coutume de se servir les théologiens scolastiques conduit très vite à énerver la théologie qu’ils appellent spéculative et tiennent pour dénuée de toute véritable certitude, sous prétexte qu’elle s’appuie sur la raison théologique. »

HUMANI GENERIS, LETTRE ENCYCLIQUE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PIE XII SUR QUELQUES OPINIONS FAUSSES QUI MENACENT DE RUINER LES FONDEMENTS DE LA DOCTRINE CATHOLIQUE. 12 août 1950 ; caractères gras ajoutés)

Il est assez révélateur que les mêmes personnes qui ont du mal à croire que les “catégories” établies de longue date par l’Église pour exprimer son dogme manifestent l’assistance du Saint-Esprit, n’ont par contre aucun problème à trouver “l’Esprit” à l’œuvre dans chaque dialogue synodal et œcuménique !

Nous omettons le sixième paragraphe. Nous passerons également sur le septième paragraphe, sauf pour noter que le “pape” François y annonce qu’une “théologie transdisciplinaire peut contribuer au débat actuel pour « repenser la pensée », ce qu’il considère apparemment comme une entreprise louable.

Voici le huitième paragraphe :

« Tel est le « cachet » pastoral que doit assumer la théologie dans son ensemble, et pas seulement dans son domaine particulier : sans opposer théorie et pratique, la réflexion théologique est invitée à se développer selon une méthode inductive, qui part des différents contextes et des situations concrètes dans lesquelles les peuples sont insérés, en se laissant sérieusement interpeller par la réalité, pour devenir discernement des « signes des temps » dans l’annonce de l’événement salvifique du Dieu-agapè, communiqué en Jésus-Christ. Il faut donc privilégier avant tout la connaissance du sens commun des gens, qui est en fait le lieu théologique où résident tant d’images de Dieu, qui souvent ne correspondent pas au visage chrétien de Dieu, qui n’est qu’amour et qui l’est toujours. La théologie est au service de l’évangélisation de l’Église et de la transmission de la foi, afin que la foi devienne culture, c’est-à-dire l’éthique sage du peuple de Dieu, une proposition de beauté humaine et humanisante pour tous. »

Au cas où François n’aurait pas été assez clair dans les paragraphes précédents, ici il ne laisse planer aucun doute : il veut une méthode théologique inductive, c’est-à-dire une méthode qui raisonne en partant du particulier pour aller vers le général. En d’autres termes, il veut que le point de départ de la théologie soit une expérience humaine particulière et qu’elle soit utilisée pour tirer des conclusions sur Dieu. Cette méthode s’oppose à la méthode déductive traditionnelle, selon laquelle le point de départ est la Révélation divine (telle qu’elle se trouve dans les Saintes Écritures et la Sainte Tradition), et dont on tire les conclusions quant à ce qu’il faut faire ou croire.

Par sa nature même, le raisonnement inductif aboutit à des conclusions plus ou moins probables parce qu’il affirme une connaissance générale à partir de ce qu’on n’observe que dans des cas particuliers. Le raisonnement déductif, quant à lui, fait le contraire : Il aboutit à des conclusions absolument certaines parce qu’il applique simplement au cas particulier ce que l’on tient pour vrai de manière générale. Il n’est pas nécessaire de deviner quelle est la méthode préférée du néo-moderniste.

Un exemple rapide permet de l’illustrer.

Si toutes les voitures sont bleues et que je possède une voiture, alors la voiture que je possède est bleue. En d’autres termes, je déduis que ma voiture particulière est bleue en connaissant la vérité générale selon laquelle toutes les voitures sont bleues. Il s’agit d’un exemple de raisonnement déductif. La conclusion ne peut être fausse si les prémisses sont vraies.

Voyons maintenant l’approche inductive. Si j’observe continuellement de nombreuses voitures différentes sur une longue période, et qu’elles sont toutes bleues, je peux faire le raisonnement selon lequel la prochaine voiture que je verrai sera également bleue. Finalement, je pourrais même croire que toutes les voitures sont bleues parce que toutes les voitures que j’ai observées jusqu’ici étaient bleues. Cependant, cette conclusion n’est en aucun cas certaine, elle est seulement plus ou moins probable. En effet, je tire une conclusion générale à partir de données particulières.

La méthode inductive est la méthode propre à la science empirique. Il en est ainsi parce qu’elle est basée sur l’analyse de phénomènes observables. Elle observe des faits et des événements, puis émet une hypothèse sur la base de cette observation. L’hypothèse est ensuite testée, encore et encore, pour voir si elle peut être falsifiée. Si elle tient la route, elle devient une théorie, et une théorie peut éventuellement devenir une loi. Cependant, toutes ces connaissances scientifiques sont toujours provisoires. C’est-à-dire que, par sa nature même, elle est toujours et nécessairement sujette à la falsification et à la révision, du moins en principe.

Il n’en va pas de même pour la théologie ; la méthode inductive ne peut donc jamais servir de méthode adéquate pour obtenir des résultats fiables et certains dans la science sacrée. Les résultats réels qu’elle pourrait produire ne seraient qu’accidentels, c’est-à-dire une coïncidence.

François le sait, bien sûr, et c’est précisément la raison pour laquelle il le fait. Si un changement de méthode théologique ne changeait rien, le faux pape n’insisterait pas autant là-dessus. C’est parce qu’il veut des croyances et des pratiques différentes qu’il impose une méthode théologique qui lui donnera les résultats souhaités.

Pour illustrer la différence entre la méthode déductive et la méthode inductive en théologie sacrée, nous utiliserons un exemple donné par le pape Pie XII (voir le discours Vegliare con Sollecitudine) :

« Méthode théologique déductive (VRAI)

Prémisse A1 : Dieu n’exige pas l’impossible. [connu par la révélation divine et la raison]

Prémisse A2 : Mais Dieu exige que les gens vivent dans la chasteté. [connu par la révélation divine et la raison]

Conclusion A : Par conséquent, vivre dans la chasteté est possible pour moi. [déduction infailliblement certaine]

*********

Méthode théologique inductive (FAUX)

Prémisse B1 : Vivre dans la chasteté est impossible pour moi. [expérience humaine concrète invoquée ; “réalité”]

Prémisse B2 : Mais Dieu n’exige pas l’impossible. [connu par la révélation divine et la raison]

Conclusion B : Par conséquent, Dieu n’exige pas que les gens vivent dans la chasteté.

[affirmation générale faite à partir d’une prémisse particulière ; déduction invalide ; contredit la révélation divine]. »

Notez que les deux approches sont incompatibles l’une avec l’autre : Si l’une est vraie, l’autre doit être fausse. En effet, la conclusion A contredit la prémisse B1 et la prémisse A2 contredit la conclusion B. Cet exemple illustre les résultats désastreux que peut avoir l’utilisation d’une mauvaise méthode théologique.

Le mème suivant présente la question de manière succincte (n’hésitez pas à le diffuser largement sur les médias sociaux) :

En ce qui concerne l’affirmation de François selon laquelle “le sens commun des gens” est un “lieu théologique”, il s’agit d’un non-sens complet, bien qu’il affirme cela dans le cadre de son nouveau paradigme théologique, où tout est permis.

Qu’est-ce qu’un “lieu théologique” (locus theologicus) ? Il s’agit essentiellement d’une source de données valide pour la théologie. Tout comme la science naturelle a besoin de données – telles que les propriétés observables d’un gaz dans une expérience chimique – la science surnaturelle de la théologie sacrée a besoin de sa propre “matière première” :

« Les sources de l’argumentation théologique, dont le nom a été emprunté à la rhétorique, De inventione dialectica (lieux dialectiques), sont appelées lieux théologiques. Ils sont donc les sources de la connaissance théologique, qu’il s’agisse de trouver ces données ou de porter un jugement sur ce qui a été trouvé ; ils sont comme des catégories d’arguments ou des bases d’arguments afin de prouver ou de réfuter un point donné. La plus célèbre et la plus classique est l’œuvre de Melchior Cano, De locis theologicis….

Certaines sources sont propres, d’autres sont complémentaires.

Les lieux théologiques propres sont les sources d’argumentation propres à la théologie, qui manifestent la doctrine révélée elle-même. Les sources fondamentales et constitutives sont celles qui contiennent la révélation et la constituent : L’Écriture et la Tradition. Le raisonnement théologique est une forme d’argumentation à partir d’une prémisse révélée et d’une prémisse rationnellement connue ; il montre les virtualités de la révélation.

Les lieux annexes sont ceux qui contribuent à une meilleure compréhension et à une confirmation de la doctrine révélée : Philosophie, histoire, etc. »

Révérend Michaele Nicolau, Sacrae Theologiae Summa IA : Introduction à la théologie, trad. par le révérend Kenneth Baker [original latin publié par la BAC, 1955 ; anglais publié par Keep the Faith, 2015], nn. 12-13 ; italiques dans l’original.

Bien sûr, François sait que sa révolution théologique sera grandement facilitée par la modification de ce qui constitue des données valides pour la théologie en premier lieu. C’est pourquoi il cherche à renforcer l’expérience humaine concrète, le bon sens des gens et d’autres critères subjectifs comme sources de la théologie. On ne compte plus les aberrations doctrinales et morales qui seront rendues possibles par cette approche.

Nous passerons sur les deux paragraphes restants, le neuvième et le dixième, et noterons seulement que François termine son Motu « Inapproprio » avec la formulation habituelle qui donne force d’autorité à son décret, l’emportant sur tout ce qui pourrait le contredire : “Tout ce que j’ai décrété dans cette Lettre apostolique Motu proprio, je l’ordonne pour que cela ait une valeur stable et durable, nonobstant tout ce qui pourrait lui être contraire”.

Commentaires finaux

Il n’est pas difficile de prédire que Ad Theologiam Promovendam fera encore plus de ravages dans ce chaos qu’est déjà devenu la théologie du Novus Ordo. En fait, cette “théologie existentialiste” est déjà pratiquée par beaucoup dans l’église conciliaire, mais il semble qu’elle soit désormais rendue obligatoire au moins pour l’Académie pontificale de théologie.

L’homme de main de Bergoglio, le “Père” Antonio Spadaro, S.J., est en train de se faire un nom. Antonio Spadaro, S.J., qui a récemment blasphémé Jésus-Christ dans un sermon, a un jour donné au monde un aperçu de ce à quoi ressemble la théologie inductive qui se préoccupe de la “vie réelle des gens” : “La théologie n’est pas une discipline mathématique. En théologie, 2 + 2 peuvent faire 5. Parce que cela a à voir avec Dieu et la vie réelle des gens…”, a-t-il tweeté le 5 janvier 2017, croyant sans doute avoir fait une remarque brillante. Même « avec Dieu » ou “dans la vie réelle” bien sûr que 2+2 n’est pas égal à 5. Mais ce que voulait dire Spadaro c’est que la théologie ne consiste pas à appliquer des vérités connues de manière déductive à des situations données, souvent avec des conséquences humainement indésirables mais prévisibles. Selon lui c’est plutôt l’inverse: réinterpréter l’Évangile à la lumière de situations concrètes de la “vraie vie” peut donner des résultats surprenants !

Pour en avoir la confirmation concrète, il suffit de lire l’odieuse exhortation Amoris Laetitia (2016) de François, dans laquelle il relativise l’interdit du sixième commandement (“Tu ne commettras pas d’adultère”) en fonction des circonstances extrêmement “complexes” imposées par la vie humaine quotidienne :

« Évidemment, il faut encourager la maturation d’une conscience éclairée, formée et accompagnée par le discernement responsable et sérieux du Pasteur, et proposer une confiance toujours plus grande dans la grâce. Mais cette conscience peut reconnaître non seulement qu’une situation ne répond pas objectivement aux exigences générales de l’Évangile. De même, elle peut reconnaître sincèrement et honnêtement que c’est, pour le moment, la réponse généreuse qu’on peut donner à Dieu, et découvrir avec une certaine assurance morale que cette réponse est le don de soi que Dieu lui-même demande au milieu de la complexité concrète des limitations, même si elle n’atteint pas encore pleinement l’idéal objectif. De toute manière, souvenons-nous que ce discernement est dynamique et doit demeurer toujours ouvert à de nouvelles étapes de croissance et à de nouvelles décisions qui permettront de réaliser l’idéal plus pleinement. »

Antipape François. EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE AMORIS LAETITIA.2016. N°303 ; caractères gras ajoutés)

Nous y voilà : Selon la théologie contextuelle de Bergoglio, non seulement le péché mortel est parfois permis par Dieu, mais il est même désiré par Lui ! C’est plus qu’une théologie qui “a l’odeur de la rue”. Elle est nauséabonde au plus haut point !

Avec cette approche existentialiste à la mode, le faux pape tente d’appliquer à l’ensemble de la théologie sa croyance dogmatique selon laquelle “les réalités sont plus grandes que les idées” (Evangelii Gaudium, n. 231), sans tenir compte du fait que cet adage est lui-même une idée, et plutôt une mauvaise idée.

En parlant de mauvaises idées, nous devrions noter certaines des erreurs condamnées que le Motu Proprio de François semble embrasser, refléter, encourager ou impliquer :

ERREURS CONDAMNÉES par le pape Pie IX, Syllabus des erreurs (1864) :

5. La révélation divine est imparfaite, et par conséquent sujette à un progrès continuel et indéfini correspondant au développement de la raison humaine.

9. Tous les dogmes de la religion chrétienne sans distinction sont l’objet de la science naturelle ou philosophie ;

13. La méthode et les principes d’après lesquels les anciens docteurs scolastiques ont cultivé la théologie ne sont plus en rapport avec les nécessités de notre temps et les progrès des sciences

22. L’obligation qui concerne les maîtres et les écrivains catholiques, se borne aux choses qui ont été définies par le jugement infaillible de l’Église, comme des dogmes de foi qui doivent être crus par tous

ERREURS CONDAMNÉES par le pape saint Pie X, Lamentabili sane exitu, Syllabus des erreurs modernistes (1907) :

6. – Dans les définitions doctrinales l’Église enseignée et l’Église enseignante collaborent de telle sorte qu’il ne reste à l’Église enseignante qu’à sanctionner les opinions communes de l’Église enseignée.

20. – La Révélation n’a pu être autre chose que la conscience acquise par l’homme des rapports existants entre Dieu et lui.

21. – La Révélation qui constitue l’objet de la foi catholique n’a pas été complète avec les Apôtres.

22. – Les dogmes que l’Église déclare révélés ne sont pas des vérités descendues du ciel, mais une certaine interprétation de faits religieux que l’esprit humain s’est formée par un laborieux effort.

24. – On ne doit pas condamner un exégète qui pose des prémisses d’où il suit que les dogmes sont historiquement faux ou douteux, pourvu qu’il ne nie pas directement les dogmes mêmes

53. – La constitution organique de l’Église n’est pas immuable ; mais la société chrétienne est soumise, comme la société humaine, à une perpétuelle évolution.

54. – Les doctrines, les sacrements, la hiérarchie, tant dans leur notion que dans la réalité, ne sont que des interprétations et des évolutions de la pensée chrétienne, qui ont accru et perfectionné par des développements extérieurs le petit germe latent dans l’Évangile.

58. – La vérité n’est pas plus immuable que l’homme lui-même, car elle évolue avec lui, en lui et par lui.

59. – Le Christ n’a pas enseigné un corps déterminé de doctrine, applicable à tous les temps et à tous les hommes, mais il a plutôt inauguré un certain mouvement religieux adapté ou qui doit être adapté à la diversité des temps et des lieux.

62. – Les principaux articles du Symbole des Apôtres n’avaient pas pour les chrétiens des premiers siècles la même signification qu’ils ont pour ceux de notre temps.

63. – L’Église se montre incapable de défendre efficacement la morale évangélique, parce qu’elle se tient obstinément attachée à des doctrines immuables qui ne peuvent se concilier avec les progrès actuels.

64. – Le progrès des sciences exige que l’on réforme les concepts de la doctrine chrétienne sur Dieu, sur la Création, sur la Révélation, sur la Personne du Verbe Incarné, sur la Rédemption.

Enfin, le Motu Inapproprio révolutionnaire de Bergoglio va également à l’encontre du serment contre le modernisme institué par le pape Pie X en 1910, qui stipule que :

« Moi, N…, j’embrasse et reçois fermement toutes et chacune des vérités qui ont été définies, affirmées et déclarées par le magistère infaillible de l’Eglise, principalement les chapitres de doctrine qui sont directement opposés aux erreurs de ce temps.

Et d’abord, je professe que Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être certainement connu, et par conséquent aussi, démontré à la lumière naturelle de la raison « par ce qui a été fait » [Rm 1,20], c’est-à-dire par les œuvres visibles de la création, comme la cause par les effets.

Deuxièmement, j’admets et je reconnais les preuves extérieures de la Révélation, c’est-à-dire les faits divins, particulièrement les miracles et les prophéties comme des signes très certains de l’origine divine de la religion chrétienne et je tiens qu’ils sont tout à fait adaptés à l’intelligence de tous les temps et de tous les hommes, même ceux d’aujourd’hui.

Troisièmement, je crois aussi fermement que l’Eglise, gardienne et maîtresse de la Parole révélée, a été instituée immédiatement et directement par le Christ en personne, vrai et historique, lorsqu’il vivait parmi nous, et qu’elle a été bâtie sur Pierre, chef de la hiérarchie apostolique, et sur ses successeurs pour les siècles.

Quatrièmement, je reçois sincèrement la doctrine de la foi transmise des apôtres jusqu’à nous toujours dans le même sens et dans la même interprétation par les pères orthodoxes ; pour cette raison, je rejette absolument l’invention hérétique de l’évolution des dogmes, qui passeraient d’un sens à l’autre, différent de celui que l’Eglise a d’abord professé. Je condamne également toute erreur qui substitue au dépôt divin révélé, confié à l’Epouse du Christ, pour qu’elle garde fidèlement, une invention philosophique ou une création de la conscience humaine, formée peu à peu par l’effort humain et qu’un progrès indéfini perfectionnerait à l’avenir.

Cinquièmement, je tiens très certainement et professe sincèrement que la foi n’est pas un sentiment religieux aveugle qui émerge des ténèbres du subconscient sous la pression du cœur et l’inclination de la volonté moralement informée, mais qu’elle est un véritable assentiment de l’intelligence à la vérité reçue du dehors, de l’écoute, par lequel nous croyons vrai, à cause de l’autorité de Dieu souverainement véridique, ce qui a été dit, attesté et révélé par le Dieu personnel, notre Créateur et notre Seigneur.

Je me soumets aussi, avec la révérence voulue, et j’adhère de tout mon cœur à toutes les condamnations, déclarations, prescriptions, qui se trouvent dans l’encyclique Pascendi et dans le décret Lamentabili, notamment sur ce qu’on appelle l’histoire des dogmes.

De même, je réprouve l’erreur de ceux qui affirment que la foi proposée par l’Eglise peut être en contradiction avec l’histoire, et que les dogmes catholiques, au sens où on les comprend aujourd’hui, ne peuvent être mis d’accord avec une connaissance plus exacte des origines de la religion chrétienne.

Je condamne et rejette aussi l’opinion de ceux qui disent que le chrétien savant revêt une double personnalité, celle du croyant et celle de l’historien, comme s’il était permis à l’historien de tenir ce qui contredit la foi du croyant, ou de poser des prémices d’où il suivra que les dogmes sont faux ou douteux, pourvu que ces dogmes ne soient pas niés directement.

Je réprouve également la manière de juger et d’interpréter l’Ecriture sainte qui, dédaignant la tradition de l’Eglise, l’analogie de la foi et les règles du Siège apostolique, s’attache aux inventions des rationalistes et adopte la critique textuelle comme unique et souveraine règle, avec autant de dérèglement que de témérité.

Je rejette en outre l’opinion de ceux qui tiennent que le professeur des disciplines historico-théologiques ou l’auteur écrivant sur ces questions doivent d’abord mettre de côté toute opinion préconçue, à propos, soit de l’origine surnaturelle de la tradition catholique, soit de l’aide promise par Dieu pour la conservation éternelle de chacune des vérités révélées ; ensuite, que les écrits de chacun des Pères sont à interpréter uniquement par les principes scientifiques, indépendamment de toute autorité sacrée, avec la liberté critique en usage dans l’étude de n’importe quel document profane.

Enfin, d’une manière générale, je professe n’avoir absolument rien de commun avec l’erreur des modernistes qui tiennent qu’il n’y a rien de divin dans la tradition sacrée, ou, bien pis, qui admettent le divin dans un sens panthéiste, si bien qu’il ne reste plus qu’un fait pur et simple, à mettre au même niveau que les faits de l’histoire : les hommes par leurs efforts, leur habileté, leur génie continuant, à travers les âges, l’enseignement inauguré par le Christ et ses apôtres.

Enfin, je garde très fermement et je garderai jusqu’à mon dernier soupir la foi des Pères sur le charisme certain de la vérité qui est, qui a été et qui sera toujours « dans la succession de l’épiscopat depuis les apôtres », non pas pour qu’on tienne ce qu’il semble meilleur et plus adapté à la culture de chaque âge de pouvoir tenir, mais pour que « jamais on ne croie autre chose, ni qu’on ne comprenne autrement la vérité absolue et immuable prêchée depuis le commencement par les apôtres.

Toutes ces choses, je promets de les observer fidèlement, entièrement et sincèrement, et de les garder inviolablement, sans jamais m’en écarter ni en enseignant ni de quelque manière que ce soit dans ma parole et dans mes écrits. J’en fais le serment ; je le jure. Qu’ainsi Dieu me soit en aide et ces saints Evangiles. »

Serment anti-moderniste contenu dans le Motu proprio Sacrorum antistitum, promulgué le 1er septembre 1910 par le pape Saint Pie X

La rumeur dit que le texte de Ad Theologiam Promovendam a été rédigé par le “cardinal” Victor Fernandez, l’homme que Bergoglio vient de nommer à la tête du Dicastère pour la destruction de la foi, ce qui semble probable.

Ce document est le cinquantième ( !) Motu Proprio que François a publié en dix ans et demi de règne. Pour quelqu’un qui ne cesse de prêcher la fraternité, la collégialité, la synodalité et l’église en tant que “pyramide inversée” (voir ici, n. 57), c’est un nombre excessif.

Mais évidemment il ne s’agit pas du tout d’être une église de l’écoute ou du service. Il s’agit de détruire le catholicisme dans les âmes ; et si cela ne va pas assez vite en utilisant un processus synodal-démocratique, alors la voie autocratique-cléricaliste fera l’affaire – « nonobstant tout ce qui a pu être dit de contraire ».


Source image: barnhardt.biz License: fair use
Traduction: Brice Michel

Notes

Notes
1 Motu Proprio signifie en latin : « de sa propre initiative”

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2 Commentaires

Benoît YZERN 17 décembre 2023 - 8h52

Merci beaucoup pour votre texte. Le pape François est le pape de la subordination du catholicisme à la postmodernité, alors que ses prédécesseurs conciliaires puis post-conciliaires ont été les papes de la réconciliation entre le catholicisme et la modernité, avant tout en matière religieuse, d’où le dialogue interconfessionnel, le dialogue interreligieux, ainsi que la “réforme” de la liturgie et des sacrements de l’Eglise.

Mais on peut dire que cette subordination a commencé, en réalité, dès la fin des années 1970, quand Jean-Paul II a commencé à donner au dialogue interreligieux des dimensions et des proportions extravagantes et obsessionnelles, au moyen de fondements philosophiques non maritainiens mais levinassiens.

La dynamique intellectuelle qui est à l’oeuvre est une dynamique de conciliation entre la conception catholique de l’Écriture et de la Tradition et telle ou telle conception dominante, non catholique, et même non chrétienne, de la conscience de l’homme et du devenir du monde, voire une dynamique de conformation de cette conception catholique à l’une ou l’autre de ces conceptions dominantes des aspirations de l’homme et de l’orientation du monde.

Globalement, tous les quarante ans, les modernistes vont un peu plus loin dans la mise en oeuvre de cette dynamique : ainsi, il y a eu successivement

– la première vague moderniste, à partir du début des années 1890, id est le modernisme stricto sensu,

– la deuxième vague moderniste, à partir de la fin des années 1920 (avec, notamment, Maréchal et Maritain),

– la troisième vague moderniste, à partir de la fin des années 1960 (avec, notamment, l’intrusion du courant herméneutique dans le catholicisme, cf. Geffré et Moingt),

– avant la quatrième vague moderniste, depuis le début des années 2010, une vague notamment inclusiviste, non seulement en matière religieuse mais aussi en matière morale, et synodaliste dans sa conception de l’organisation et du fonctionnement des structures et de relations de l’Eglise.

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Benoît YZERN 17 décembre 2023 - 10h15

Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir que, encore plus depuis Francois que depuis Jean XXIII, nous subissons les conséquences d’un dévoiement ou d’une subversion du mouvement liturgique, du mouvement oecuménique, du renouveau biblique et du renouveau patristique qui a commencé à se concrétiser dès l’entre deux guerres mondiales, et qui a redoublé d’intensité à partir de 1945, au point de l’emporter, au Concile.

Mais nous subissons aussi les conséquences d’un courant de pensée, ou d’un état d’esprit, ou encore d’une vision des choses qui est placée sous le signe du “concordisme” philosophico-théologique entre l’Eglise catholique et le monde contemporain, ou plutôt entre la vision de l’Eglise catholique et celle du monde contemporain propre à certains philosophes et à certains théologiens catholiques anti-tridentins.

Depuis la première vague du modernisme, il y a souvent eu deux tendances, différentes sinon divergentes, au sein de ce courant “concordiste” : ainsi, il y a eu la tendance représentée par Blondel et celle symbolisée par Loisy, puis la tendance inspirée par Balthasar et de Lubac et celle symbolisée par Rahner et Schillebeeckx.

Or, depuis le début du pontificat actuel, on ne voit pas très bien qui sont les clercs qui ont à la fois le potentiel pour modérer et la volonté de modérer les ardeurs décatholicisantes de François et de ses complices ou disciples, alors que ceux-ci et celui-là veulent manifestement continuer à “déconstruire” l’Eglise catholique.

C’est la raison pour laquelle il est possible de faire remarquer ce qui suit à ceux qui misent sur une amélioration de la situation de la Foi dans l’Eglise et de l’Eglise dans le monde, à l’issue du pontificat actuel : une amélioration, mais avec quels fondements philosophico-théologiques, avec quel contenu doctrinal, et avec quel déploiement pastoral, incarnés, d’une manière à la fois alternative, crédible et reconstructrice, par QUI ?

Une alternative crédible et reconstructrice incarnée par QUI, alors que François a tout fait, non sans cohérence, depuis mars 2013, pour “consolider la déconstruction”, non seulement au sein de la Curie romaine, mais aussi au sein du Sacré Collège ?

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