Pour comprendre le modernisme actuel dans l’église conciliaire et la pensée moderne en général , il est important de s’intéresser à la cabale et au gnosticisme. Il y a en effet un fond gnostique dans le modernisme -condamné par Saint Pie X- et la politique moderne. La révolution moderniste depuis Vatican 2 se traduit aujourd’hui notamment par le subjectivisme, l’immanentisme, l’historicisme, la déification de l’humanité, la réduction de la grâce à la nature, la réduction de l’Église au monde et de Dieu à l’homme, ainsi que la doctrine de la rédemption universelle et la doctrine de la présence du Christ et du Saint-Esprit non seulement dans toutes les religions mais dans tous les individus.
Or, toutes ces doctines, nous explique l’abbé Julio Meinvielle, prennent leur source dans le gnosticisme et constituent donc une subversion de la doctrine catholique authentique. Cette influence gnostique aboutit à une véritable inversion dans l’église conciliaire post Vatican 2, par laquelle l’Église et la foi qui sont normalement au service de Dieu, se mettent au service de la cité naturaliste, humaniste, révolutionnaire.
« Dans toute l’histoire humaine, la pensée et la vie n’ont que deux formes fondamentales : LA CATHOLIQUE ET LA GNOSTIQUE. » écrit Julio Meinvielle. Un catholique aujourd’hui, s’il ne veut pas se faire contaminer par ce gnosticisme si prégnant de nos jours et in fine perdre progressivement la foi, doit donc être en mesure de savoir identifier les formes de pensée gnostiques afin de s’en tenir à la pensée intégralement catholique.
Voici quelques extraits de l’ouvrage de Julio Meinvielle: « De la cabale au progressisme » mettant en évidence la différence entre ces deux traditions : judéo-catholique versus gnostico-cabaliste.
« Ce livre se propose de démontrer que, dans toute l’histoire humaine, il n’y a que deux modes fondamentaux de penser et de vivre : l’un est catholique, c’est la tradition reçue de Dieu par Adam, Moïse et Jésus-Christ, et dont saint Thomas d’Aquin a été le commentateur inégalable ; l’autre, gnostique et cabalistique, alimente les erreurs de tous les peuples, dans le paganisme et dans l’apostasie d’abord du judaïsme puis du christianisme même, comme on le constate particulièrement dans le monde moderne »
« Ces deux conceptions déterminent deux cultures diamétralement opposées : l’une, la culture catholique, qui est essentiellement contemplative et dans laquelle l’homme, en perfectionnant ses facultés, tend à contempler Dieu et ses œuvres ; l’autre, la culture moderne, essentiellement magique, opératrice et fabricatrice, dans laquelle l’homme exerce une action principalement transitive et transformatrice, cherchant l’utilité pratique des choses. »
« Le deuxième mystère de la tradition catholique est celui de l’Incarnation, selon lequel la Deuxième Personne de la Très Sainte-Trinité se communique comme un don à l’homme afin que celui-ci à son tour puisse s’élever jusqu’au Créateur. L’Humanité de Jésus, qui réunit toutes les perfections de la Création, s’unit en unité hypostatique avec la divine personne du Verbe et, à travers cette union, élève toute l’humanité prédestinée jusqu’à l’intérieur même de la vie trinitaire. C’est l’union la plus haute, sans qu’il y ait confusion, de créature à Créateur. Jésus-Christ, en qui s’accomplit cette union, rachète et sauve l’Humanité pécheresse.
Dans la tradition ou Cabale perverse, au contraire, la créature humaine a l’insolence de s’élever jusqu’à Dieu et, par son propre effort, d’obtenir la divinisation. Ce n’est pas Dieu qui sauve l’homme en Jésus-Christ, mais l’homme qui complète et termine Dieu »
“la tradition orale judéo-catholique enseigne que Dieu a daigné communiquer la révélation des grands mystères divins à l’homme et que celui-ci peut les connaître par l’acte de foi, c’est-à-dire par un acte d’assentiment ferme et certain à l’enseignement de Dieu. Ainsi donc, par la raison et par la foi, l’homme peut connaître la tradition judéo-catholique. Dans cette tradition l’homme reçoit par la raison et par la foi, les vérités naturelles et surnaturelles dont l’acceptation et l’accomplissement lui assurent le destin éternel de son existence.
Au contraire dans la tradition gnostico-cabaliste, l’homme, loin de recevoir, échafaude et construit tout un système de fictions qui se réfèrent à Dieu, au monde et à l’homme. Fictions qui ne partent pas de la réalité mais de la construction subjective de l’intelligence et de l’imagination humaine. C’est pourquoi, dans la tradition gnostico-cabaliste, le subjectif et l’immanent prédominent sur l’objectif et le transcendant.”
Contenu fondamental des deux traditions:
” à travers l’histoire se sont développées deux conceptions fondamentales par rapport à Dieu, au monde et à l’homme. L’une, en définitive, place en un Dieu personnel et transcendant la source de tout bien (Jac.,I,17), face à laquelle l’homme et le monde ne sont en soi que créateurs de désordre et de ruines; aussi, afin d’être bons et d’obtenir le salut, leur faut-il se subordonner à une Eglise-institution qui est la loi des peuples. L’autre, en définitive, fait de l’homme et du monde, en la racine ultime et profonde de leur être, quelque chose de divin, dont Dieu serait seulement comme une imagination et un épiphénomène. Dans cette seconde conception, l’Eglise n’a pas de raison d’être, et si elle existait pour des causes historiques, elle ne serait que comme un épiphénomène ou une émanation du monde.
Dans cette perspective, il se présente deux systèmes de pensée dont les vérités où les erreurs respectives sont spécifiées ci-après :”
Tradition judéo-catholique | Tradition gnostico-cabaliste |
a) Existence d’un Dieu personnel, libre, transcendant au monde. | a’) L’ immanence de Dieu au cœur de l’homme et du monde. Athéisme ou panthéisme qui divinise le monde ou fait du monde une apparence de divinité. |
b) Dieu, cause efficiente de l’homme et du monde dont il tire du néant la réalité. | b’) Le monde et l’homme faits de la substance de la divinité. |
c) Dieu destine l’homme à la divinisation, lui donnant par grâce un destin qui dépasse toutes les exigences de son être. | c’) L’homme est divinisé dans sa nature. L’homme est Dieu |
d) L’homme ayant perdu sa divinisation primitive, peut la recouvrer en adhérant à Jésus-Christ, Dieu fait homme, qui, en vertu de sa passion et de sa mort, lui rend cette divinisation. | d’) L’homme tire sa divinisation de soi-même, mais Jésus-Christ peut lui indiquer le chemin par où la tirer de soi-même. L’homme est de soi, un gnostique. Jésus Christ, premier gnostique, est un paradigme de la divinisation de l’homme. |
e) Jésus-Christ a institué en l’Eglise son Corps mystique, un moyen de salut pour l’homme qui, par soi-même et de soi-même, vient en état de créature et de péché. L’homme, de soi, va au péché et à la ruine. | e’) L’homme se sauve par soi-même et en soit en s’en remettant à l’autonomie et la liberté de sa réalité intérieure, qui est divine. Il n’a pas besoin de l’Eglise. Du moins d’une Eglise opposée au monde. |
f) Il existe nécessairement, en vertu de l’ordre établi par Dieu, deux réalités, l’une qui ne sauve pas l’homme et l’autre qui le sauve. L’homme a dans la conjoncture actuelle deux dimensions, l’une profane et naturelle, l’autre sacramentelle et surnaturelle. | f’) L’ Eglise n’étant pas nécessaire au salut de l’homme, il n’ existe pas d’autre réalité ni d’autre dimension que celle purement humaine et celle du monde. |
g) L’Eglise existe comme institution hors et au-dessus du monde, en vertu des mérites de Jésus-Christ, ainsi qu’il est nécessaire pour sauver le monde. | g’) Il n’existe pas de société transcendante à l’homme lui-même et au monde. |
“En vertu de ces deux conceptions irréductibles qui, telles les deux cités de Saint-Augustin, se prolongent à travers l’Histoire, il sera facile de discerner la vérité de l’erreur.
La négation de l’Eglise comme société de salut transcendante au monde entraîne l’affirmation d’autres erreurs. Quiconque nie l’Eglise doit nier le Christ et par là même nier Dieu. Ce qui parfois n’apparaît pas dans l’immédiat apparaît dans la dynamique des siècles, qui opère et réalise progressivement la logique de la cité du mal. C’est ce qui se passe à la Réforme, qui en niant l’Eglise a préparé et ouvert la voie à la négation du Christ et de Dieu ainsi qu’ au processus actuel de sécularisation. »